A lifetime of wandering in a maze Rendezvous, diziness | Remus, James & Peter

   

Ça faisait un petit temps que Sha' était là, maintenant. Et, ça faisait aussi un petit temps maintenant que le Chelsea Potter commençait à avoir du succès. Et, que je devais embaucher malgré moi. Même si, j'avais pour habitude de gérer mon commerce seul. Bien que mon entreprise avait été créée avec une partie de l'argent laissé par mon oncle Alphard, -acte qui l'avait fait être lui aussi répudié de la famille Black-, et que celui-ci avait tout de même un droit de regard sur cette entreprise, qu'il ne s'octroyait pas. En gros et pour faire simple : j'avais les pleins pouvoirs.

Et ça m'arrangeait grandement. Parce qu'il n'y avait que moi qui embauchait mes collaborateurs les plus proches. Ceux et celles en qui, j'avais le plus confiance. Évidemment, on me soupçonnait d'employer des serveuses, parce qu'elles étaient jolies et faisaient augmenter le chiffre d'affaires. En même temps, c'était pas vraiment innocent. Bien que celles qui œuvraient dans mon établissement, n'y restaient pas longtemps. C'était transitoire. C'était la jolie rouquine, qui restait et qui était mon bras droit. Et qui, se faisait un malin plaisir à me dire qu'elle me connaissait bien mieux que tout le monde.

Cependant, je mettais toujours un bémol à ses propos. En lui souriant, parce qu'elle savait tout comme moi, qui étaient les mieux placés pour prétendre à cet exploit. Même si, j'étais largement silencieux sur ce que je pouvais ressentir. Ne dévoilant que la surface. C'était amplement suffisant. Et, James, Remus et Peter, ne le savaient que trop bien.
En parlant de ce cher Worm's, il était convié à me rejoindre. Parce qu'il avait besoin d'un boulot et que moi, j'avais besoin de mains pour faire tourner mon commerce. Même si, je le savais maladroit, j'étais en mesure de lui donner sa chance.

- Il arrive quand ? Que me demandait Shannon Mayfair, tout en sirotant sa tasse de thé noir à la bergamote, pour une pause bien méritée.
- Il devrait plus tarder, mais bon ... c'est Peter. Rien que ces deux mots, à eux seuls, ils résumaient tout. C'était Peter.
- Tu comptes être tyrannique avec lui ? Ou tu comptes lui laisser sa chance ? Un sourire en coin, assorti d'un coup d'épaule de la rousse incendiaire. J'avoue qu'au taff, j'étais peut-être un peu différent. Mais, Peter était un ami.

... et je me disais que peut-être, il trouverait sa place ici ?

- Ose le dire, que je suis un patron inflexible ! Que je m'exclamais en riant, tout en servant des verres d'alcool et les essuyant quand ma serveuse, me les ramenait vides. Je suis exigeant. Nuance. Et ... Peter, a besoin d'un boulot pour se payer des trucs. Puis, ça me fait plaisir qu'il soit là. Parce qu'entre James et Remus, aucun des deux ne serait apte à bosser avec moi. James, parce que trop casse-couilles, y'a déjà son nom dans mon bar et Remus, parce qu'il prônerait des mois sans alcool à base de thés, et qu'il me ferait chuter mon affaire en moins de temps qu'il ne faut pour dire Cognard.
- Je vois. Un petit rire, avant que les iris verts de la rousse ne s'illuminent violemment. Parce que j'avais parlé du Lycan et qu'il fallait pas être con, pour comprendre qu'elle avait littéralement flashé dessus. Remus ... il va venir, tu penses ? Et James, aussi ?

J'haussais mes épaules, parce que j'étais pas encore Dictamens avec l'un de mes potes. Bien que ça pourrait. On était déjà des Animagi pour permettre à Moon's de supporter chaque pleine Lune, alors ça m'étonnerait peut-être pas de développer ce don, un jour prochain.

- Je suis pas dans la tête de Remus, tout le temps hein. Mais, c'est clairement pas impossible. Et quant à James, c'est certain qu'il vienne. Parce que, c'est aussi l'anniversaire de notre pote et que j'ai prévu un truc. Mais ... chut ... c'est un secret. Peut-être qu'ils viendraient tous les deux encourager notre ami commun (ami qui va être ultra stressé vu que c'est un jour ultra important ?) ? J'en avais aucune idée. Mais, c'était clairement pas impossible, tels que je les connaissais.
- En tout cas, j'ai hâte de voir comment il va se débrouiller ici ! Et, je l'épaulerais du mieux que je peux !
- Sha', c'est pas à moi qu'il faut le dire ça ! En parlant du loup, du rat, je venais d'en voir la queue. Enfin, métaphoriquement parlant.

   

L’heure a approché tout doucement, tout l’après-midi, minute après minute, défilant que le cadran de l’horloge, dans un coin de la librairie. Inconsciemment, ses yeux y sont toujours retournés, mais les aiguilles n’ont pas ralenti leur course pour autant.

Tic-tac, comme un compte à rebours impossible et implacable. Tic… Tac…

Remus n’a jamais redouté l’anniversaire de Peter. Le sien propre, oui, parfois, quand il signifiait de nouvelles règles concernant son Statut. Celui de James ou de Sirius, aussi, à Poudlard, parce qu’ils pouvaient s’accompagner de plans un peu trop risqués, un peu trop fous, un peu trop audacieux, pour ne pas signifier que certaines choses reposeraient ensuite sur sa capacité à mentir dans le bureau du Directeur ou pour ne pas signifier que Mme Pomfresh aurait ensuite un peu de travail, à l’infirmerie.

Mais celui de Peter, jamais. Il a pour lui une affection sincère, un instinct qui le pousse à vouloir le voir réussir. Ses sourires sont contagieux, ses maladresses attachantes. Et puis, il a son cadeau, du chocolat venant du meilleur chocolatier de Londres, qui a représenté quelques semaines d’économies pour le Lycan. La figurine représente un rat tout fait de cacao, un tour de maître, tant en termes de quantité de cacao utilisé que de qualité de la sculpture réalisée.

Cependant voilà, l’anniversaire de Peter signifie un rassemblement de Maraudeurs, et de sa dernière rencontre avec Sirius reste un souvenir cuisant, brûlant.

Il aurait pu miser sur un retard de Sirius tandis que lui serait arrivé extrêmement tôt et reparti de même ; le destin n’a pas fait preuve de mansuétude, l’a privé de la stratégie de la fuite : l’anniversaire sera célébré au Chelsea Potter. Dans le royaume de Sirius. Lorsqu’il a lu le parchemin de Peter, le sourire de Remus s’est figé.

L’option de ne pas s’y présenter n’est pas plus envisageable. Il sait que Peter ne lui transmettra aucun reproche, mais il sait, également, qu’il enverra un signal détestable. Il risque de lui faire croire qu’il ne compte pas, et il devine, pour l’éprouver lui-même parfois, que Peter se sent parfois à l’écart. Les relations, même amicales, même dans un groupe aussi soudé qu’ils ne furent, ne sont pas toujours aisées. Avec un soupir, il a renvoyé un message à Wormtail pour confirmer qu’il serait là.

Il a donc opté pour une variante de la stratégie de la fuite. Ne pouvant venir en avance, il viendra en retard, juste assez pour espérer que d’autres détourneront l’attention. Il s’est porté volontaire pour faire la fermeture de la librairie, a assuré avec un sourire doux que ça ne le dérangeait pas d’échanger les emplois du temps, cette semaine. Pas du tout, au contraire. Réellement.

Il est, actuellement, en train de faire la caisse, avec une attention certaine, une méticulosité qui lui permet de ne pas gagner de temps. Il fera peut-être un peu de ménage, de rangement.

Tout pour arriver alors que le Chelsea sera plein, et que le maître des lieux aura les mains prises

   

J’ai largué avec pertes et fracas, mon baby-sitter. Issa Bangura. Je crois qu’il était entrain de m’expliquer la théorie sur la fabrication d’un cours. Ou peut-être qu’il me montrait juste son cours sur les sortilèges de transfert. En vrai, cela faisait longtemps que je n’écoutais plus ce qu’il me racontait. J’étais en retard. A cause de lui. Et y’avait des choses pour lesquelles, on ne se devait pas d’être en retard. Les pleines lunes. Et les anniversaires. En plus, là c’était un anniversaire particulier. J’espérais juste que le big boss allait pas faire son big boss. Peter, c’était comme un éléphant dans un magasin de porcelaine – ouais c’est Alexis qui m’a appris cette expression moldue – pas très à l’aise et un peu maladroit mais on l’aimait comme ça notre petit Rat des Champs. Je suis repassé par mes quartiers, prendre mes clopes – très important les cigarettes – une bouteille de whisky-pur-feu – parce que même si on était dans un bar fallait honorer l’hôte de la soirée – des prunes changeantes – parce que c’est toujours drôle de parler avec une voix de canard, ouais je m’amuse de pas grand chose - le paquet cadeau pour Peter - parce que pour un anniversaire fallait pas venir les mains vides, c’était toujours ce que m’a mère me disait. Faudrait que j’envoie un paquet rempli de bombabouses pour l’anniversaire de Servilus. J’crois que ça lui ferait plaisir.

Le paquet sous le bras – pour faire un bon barman fallait un bon carnet de commande et une bonne plume, celle-là elle avait de l’encre éternelle, elle se tarirait jamais et n’avait pas besoin d’encrier – j’ai traversé les couloirs de Poudlard. Le château avait réouvert depuis huit jours. Il grouillait d’aurors et de tireurs d’élites. Je voyais pas bien l’utilité de ces hommes de main, à part faire flipper les gamins. Même moi, cela ne me rassurait pas. Mais bon, le Ministère avait des lubies étranges. Habillé d’un jean, de mon sweat des Gryffondor – on renie pas sa patrie même quand on est prof – mon sac en bandoulière sur l’épaule gauche, j’ai transplané jusqu’au Chemin de Traverse. C’était le seul avantage à être professeur à Poudlard. On pouvait sortir du château à n’importe quel moment de la journée ou de la nuit. L’heure n’était pas si tardive et il y avait encore du monde dans les ruelles du village sorcier. J’ai stoppé devant les marches du bar de mon meilleur ami. Le nom me faisait toujours sourire, et gonfler légèrement mon égo. Et en ce moment, j’en avais besoin d’avoir l’égo qui s’affole. J’ai terminé la clope qui brûlait entre mes doigts. Sans mandragore aujourd’hui. J’étais toujours accro à cette substance, mais j’avais largement diminué ma consommation. La cigarette écrasée sous le bout de ma basket, je l’ai récupéré – j’aime pas polluer le sol – et je suis entré à l’intérieur du Chelsea Potter.

« Salut les limaces ! » ai-je hurlé en levant les bras – comme le vainqueur du marathon qui passe la ligne d’arrivée. J’ai lancé le paquet à Peter. « Ça c’est pour toi mon chou ! » J’ai posé avec un peu plus de délicatesse la bouteille sur le bar. « Ça c’pour notre hôte de la soirée, pour faire tes meilleurs cocktails ». J’ai posé mes fesses sur le tabouret haut juste à côté de moi. « Notre Moony national n’est pas encore là ? » Oui, j’aime énoncer des évidences.

   

J'étais presque à deux doigts de me fumer une clope à l'extérieur du Chelsea Potter, pour me détendre. Mais, celui dont la journée était exceptionnelle venait alors de pointer le bout de son museau. Et, comme je le pensais : il était anxieux et stressé. Y'avait pas un jour où Peter était serein. Pas un seul jour de son existence. Lors, de nos prouesses en tant que Maraudeurs, j'aurais pu avoir un peu de remords à le voir extrêmement tendu lors de nos inventions à James et à moi, mais il était toujours partant et je me disais que le jeu en valait clairement la chandelle. Alors, je m'étais pas plus emmerdé que ça, après tout. Il disait jamais 'non', à nos idées, -il aurait pu hein ; mais à l'époque ç'aurait peut-être été très mal vu par le Leader et par moi-même ...-. Oupsie.

Dans le groupe, y'avait toujours eu Remus qui avait une pensée pour lui. Quoi qu'il puisse se passer de dangereux. Quoi qu'il puisse advenir de la suite. Le Lycan, s'était toujours senti plus proche du petit Rat, que de nous deux avec James. Parce qu'avec Potter, on formait une seule et unique entité. Parce qu'il était mon frère. Pas de sang mais de cœur. Et que jamais ô grand jamais, je ne parviendrais à lui rendre tout ce qu'il m'avait offert. Durant toutes ces années, et cette rencontre dans le Poudlard Express qui avait été le commencement d'une amitié forte, qui ne souffrirait à l'heure d'aujourd'hui, d'aucune ombre.

Sauf que ...
... sauf que, dans ce paysage idyllique, j'avais merdé avec Moony. On se parlait plus vraiment et j'avais pas envie d'amener cet état de fait sur le tapis. Ni James, ni Peter n'étaient au courant. Et, j'avais pas l'intention de m'épancher sur le sujet. Bien que le cadeau que j'avais prévu pour Wormtail allait m'atteindre, plus que de raison ... quand tout le monde se sera éclipsé et que je n'aurais alors, aucun compte à rendre. À personne.
En parlant de rendre des comptes, fallait que j'en rende à mon invité. Qui, s'il se demmerdait assez bien, allait probablement bosser pour moi.

J'en connaissais une, qui était extatique d'ailleurs. Présente à côté de moi, Shannon essayait tant bien que mal de ne pas paraître hystérique. Je lui signalais, à la fois par un regard sombre et un sourire, dans sa direction, que ouais, c'était bien mal engagé tout ça.

- Worm's ! Ça va. Et toi ? Je lui offrais, une tape amicale dans le dos, assortie d'un large sourire. Mais ... c'est qu'il était un peu pressé, dis donc ! Tout doux, tout doux. Pas de stress ! Pas avec moi.
- Bonjour Peter, moi c'est Shannon Mayfair ! Enchantée de te rencontrer et peut-être, que l'on sera des futurs collègues à l'avenir ! Un clin d’œil de la rouquine qui eut tôt fait de disparaître entre les tables, telle une Nymphe. Afin de prendre les commandes et de les servir, par la suite.
- Faut observer Sha', si jamais. Mais sinon, t'as à aller aux tables. Demander aux clients, ce qu'ils consomment. Et ... c'est peut-être con, mais toujours le demander aux demoiselles en premier. C'est une règle de politesse, souvent assortie d'un sourire. Et, même si tu fais une erreur ou si tu casses des trucs, c'est pas grave. Okay ? Ça se répare.

Un silence, avant un autre sourire :

- Puis, c'est en faisant les choses qu'on apprend. C'est, quand tu fais que dalle, que tu n'apprends rien. Même Shannon, en est passée par là. Crois pas, qu'elle ait rien cassé hein. J'ai dû user de Reparo, dans son dos. Je continuais mon discours, avant de voir apparaître James Potter. Le seul et l'unique ! Mais putain, quel égo ! Je pouvais pas m'empêcher de rire, en le voyant faire. Les limaces ?! Oooooh, mais c'est que t'es adorable mon chou ! Pour un peu, je t'embrasserais ! Viens lààààà ! Je faisais mine de l'embrasser, avec un nouvel élan d'hilarité, parvenant à glisser sur le comptoir, ce que j'avais prévu pour Peter Pettigrow.

Une photographie encadrée, de nous quatre. Animée. Prise à l'un de ses anniversaires, justement. Dans le dortoir des Gryffondor, qu'on avait subtilement décoré pour l'occasion. En espérant, que ça plaise au principal intéressé.
Alors, que j'empoignais la bouteille, pour apparemment faire les meilleurs cocktails du tout Londres, -Sorcier et Moldu-, je suspendais mon geste. À l'évocation de celui qui était absent. Serrant les mâchoires, je donnais le change en arborant un sourire plus que contrôlé, occupé déjà à préparer les cocktails, en conséquence.

- Il a sûrement du boulot. Il devrait pas tarder. C'était du pur conditionnel, parce que je savais pas, honnêtement, s'il se pointerait. Bien qu'il n'avait jamais manqué un évènement de cette teneur. Qu'est-ce que je vous sers ? Attends, passe derrière le comptoir Peter ... je vais te montrer comment faire. Autant m'occuper tous les sens, hein.

   

Il a, clairement, passé plus de temps que jamais à épousseter le comptoir, à ranger les stocks, à s'assurer que tout soit impeccable pour les collègues qui officieront demain. Il hésite un peu à se lancer dans la mise en stocks puis en rayon de la livraison du jour.

Ce serait une tâche idéale, mais la propriétaire de la librairie aime voir les nouveaux arrivages, contrôler par elle-même les contenus et l'état des livres, feuilleter voir emprunter les tomes avant qu'ils ne prennent place sur les rayonnages. La stratégie d’évitement arrive à son terme.

Avec un petit soupir, il coupe la lumière de la boutique, ferme à double tour les serrures de sécurité. La route jusqu'au Chelsea, il la fait à pieds, son petit sac cadeau à la main. Il laisse l'odeur du bitume et des échappements et des fatigues chasser le parfum rassurant de son cocon professionnel. Le monde est une cacophonie de bruits de pas, de moteurs, de voix, bribes de conversation à l'existence éphémère. Il enfouit à demi son visage dans son écharpe..

Le périple n'est pas si long qu'il puisse arriver avec des heures de retard, même sans hâter le pas.

Il reste un instant, sur le trottoir, observant l'intérieur du pub, depuis la pénombre nocturne. A l'intérieur, dans l'univers de dorures cuivrées et de boiseries rutilantes, Trois silhouettes attirent immanquablement le regard.

Les trois Maraudeurs jouent une scène muette, dont il ne capte que les échos. Tout est familier dans ce tableau, dans les postures et les gestes de chacun, l'exubérance de James, la maîtrise de Sirius, la timide hésitation de Peter. L'absent, l'observateur invisible, sourit de le voir passé derrière le comptoir, clairement intimidé, mais manifestement sous le patronage de Sirius, si bien que Remus en est persuadé, soudain : il ne ressortira que du bon de tout cela.

Le maître des lieux, lui, officie avec efficacité et son aura habituelle, fascinante. Mais, peut-être de l'avoir suffisamment regardé, Remus perçoit une forme de tension, une rigidité dans le sourire.. A-t-il parlé, de sa liaison avec Circé Travers ? Dans les mêmes termes que cette nuit à l'hôpital ? L'abcès est-il crevé ? ou empoisonne-t-il tout. en silence, sous la surface, dévorant l'âme de Sirius, avec ses conflits de loyauté et ses complexités qui n'en finissent pas de torturer le cœur ?

Quelque chose dans le visage relaxé de James lui souffle que ça n’est pas le cas. Qu’il n’y a que Sirius, qui est conscient de toute la situation, de ce qu’elle a de dangereux et d’un peu fou, pour eux tous. Est-ce une sorte de satisfaction, de comprendre qu’au moins, Sirius n’est réellement, ni sous influence, ni aveugle ? ...satisfaction n’est pas un terme approprié. Rassurant, sans aucun doute.

Sirius est un être d’instincts, mais son intelligence est brillante. Lucide. Il ne se laissera pas manipuler. Et il est manifestement conscient de ce qu’il risque.

….ou Remus ne fait-il que plaquer sur une scène muette ce qu’il aimerait comprendre, des conclusions qui ne se basent sur rien d’autre qu’un espoir.

Il soupire, et cherche la force de passer la porte du Pub. Parce que Peter sourira.

   

Les anniversaires, c’étaient des moments qu’on ne loupait jamais. C’était important dans la vie de chacun d’entre nous, et c’était la meilleure occasion de s’amuser. Encore et encore. Oublier un peu le monde qui nous entourait. Moi j’en avais un peu gros sur le cœur. Entre l’attaque de Poudlard, celle du Picses, les aurors qui grouillaient dans les couloirs de Poudlard, je n’étais plus bien sûr de croire encore en la magie. Il y avait une atmosphère lourde dans les rues de Londres. Innocemment, j’avais cru que les deux mondes pouvaient vivre en harmonie. Je crois que j’étais un peu trop utopique. Paix trop fragile, tout c’était écroulé en une explosion. Poudlard avait, certes, réouvert ses ports mais plus rien ne serait pareil.

Alors fêter l’anniversaire d’un des Maraudeurs me donnait le sentiment de sécurité qui me manquait. Ce raccordement à ce que je connaissais, et qui me rassurait. J’avais encore envie de croire que l’on pouvait sauver le monde sorcier lorsque l’on se trouvait assis devant le zinc du Chelsea Potter, même s’il en manquait un. L’absence de Remus était étrange, mais il avait sans doute été retenu au travail, et il finirait par passer les portes du bar, privatisé pour l’occasion. La photo de nous quatre me fit sourire. Y’en avait pas beaucoup des photos où nous étions tous les quatre. On y était juste des adolescents boutonneux, avec toute l’innocence qui incombait à notre statut social. Aujourd’hui, on avait grandi. Un peu trop vite, j’crois. Surtout moi, je me sentais tellement plus l’âme d’un enfant quand je me retrouvais devant le tableau noir de la salle de classe.

Je voulais profiter de la soirée, rendre l’accolade de Sirius, gouter encore et encore à ses meilleurs cocktails, et surtout voir Wortmail évolue derrière le comptoir. Quelque chose d’épique s’y annonçait, lui avec son manque d’assurance et son stress légendaire. J’étais sûr, pourtant, qu’il ferait des étincelles. Parce qu’il cachait bien son jeu, le rat des champs. Et que même en prétendant le contraire, il était capable du meilleur. Ça, j’en étais persuadé.

« J’veux le spécial James, double dose, j’ai soif Patron » ai-je lancé avec un grand sourire, défiant l’hôte des lieux. Quand on possédait un bar à mon nom on se devait d’avoir le cocktail qui allait avec. Voilà, une soirée comme je les aimais. Même si je savais que le lendemain allait être rude, et que j’allais encore donner un bon argument à mon baby-sitter de me dire que je n’étais pas fait pour être prof, mais la raison, je la faisais taire d’un revers de main. Y’avait que mes potes qui comptaient et le verre que Peter allait servir. En espérant que Remus ne tarde pas trop, c’est qu’il allait avoir beaucoup de choses à rattraper.

   

J'étais content de laisser sa chance à Peter. Il le méritait plus qu'un autre. Parce que Peter, il s'exprimait jamais beaucoup. C'était l'effacé de la bande, le suiveur. Celui qui n'osait pas élever la voix, tant il avait une peur panique d'être jugé par ses pairs. Alors, je faisais en sorte de faire tourner le Destin en sa faveur, -même si par principe ; j'y croyais pas à cette notion absurde-, et de le mettre sur le devant de la scène. Après, je m'en fichais royalement qu'il en vienne à me péter des verres. C'était que du matériel, ça. C'était franchement pas important. Puis surtout, ça se réparait assez facilement. Et, il était clairement pas le premier à en passer par là. Sha', pouvait l'attester.

Shannon, elle en avait brisé des verres. Et mieux, elle avait réussi à de nombreuses reprises, à renverser sur les clients du Chelsea Potter, l'entièreté de ce qu'ils avaient commandé. Moi, ça m'avait fait pouffer de rire en coulisses, derrière le zinc. Tout en tentant de garder une âme professionnelle, toutefois. J'étais le Patron de ce lieu, et j'avais de ce fait, aidé mon employée à s'en sortir et à faire en sorte d'avoir une meilleure version d'elle-même. Et, j'étais pas peu fier, parce que j'avais réussi. Manquait plus que pousser Wormtail, dans cette idée et on serait bons.
Mais ... il était stressé. Trop.

- Normal. Je serais un bien mauvais patron, si je le faisais pas. La rouquine, elle, eut un rire tendre quand mon ami se mit à la saluer, appréciant en demi-teinte, l'encouragement qu'elle lui avait alors offert. Sha', sera là pour t'épauler, tu sais. Elle est aussi passée par là. Et, elle te dira certainement que c'est pas insurmontable tout ça. Une autre tape dans son dos, pour manifester mon enthousiasme quant à l'idée de bosser avec lui, en équipe.

Or, il manquait quelqu'un. Quelqu'un d'important. Qui, vu son retard équivoque ne viendrait peut-être pas. Et, ça, c'était dû aussi à ce qui s'était passé entre nous. Comment pouvais-je l'en blâmer hein ? Je pouvais pas lui en vouloir, de toute façon. Avec un sourire toujours des plus factices et des plus contrôlés, rien ne devait transparaitre. Tout était parfait dans le meilleur des mondes, tandis que j'acquiesçais à la demande de James et de son cocktail qu'il me demandait avec le sourire. Un clin d’œil destiné à l'intéressé alors que je cherchais les bouteilles, m’accroupissant derrière mon zinc. Car, les plus onéreuses étaient en-dessous.

J'allais lui mettre double dose, jusqu'à ce que j'entende un bruit. Signe de la porte du Chelsea Potter qui s'ouvre et ... une odeur familière. Odeur familière, qui me fit lâcher la bouteille d'alcool, qui se répandit en des débris épars sur le sol.

- Merde ! Au moment, je me mis en tête de les ramasser à la main, et sans l'aide de ma baguette, je me blessais. C'était moi, qui cassais visiblement les trucs ce soir, -ça changeait pas de d'habitude ça-. Avec un soupir, je me redressais. Faisant ma réapparition debout derrière le comptoir. Deux minutes. Je m'absente deux minutes. Et de filer vers les toilettes du Chelsea Potter, pour passer ma main gauche sous l'eau froide.