Tous les matins du monde • Nour [UC]

Que pensez-vous de la situation et du climat actuel qui règne sur le Royaume-Uni ? Pour être totalement honnête, elle trouve que c’est de pire en pire. Sans doute parce que de façon plus égoïste, elle à de plus en plus de mal à l’ignorer.  Nour n’avait jamais été confronté à la violence de la plupart des réalités avant de quitter sa famille pour s’installer au Royaume-Uni. Au début, elle à pu ignorer cette tension qui montais , parce qu’elle ne connaissait personne, parce qu’elle était une ressortissante étrangère de plus dans un grand système éducatif.  Parce qu’elle appartenait à cette caste de Sang-pur qui se trouvait de fait protégée de cette monté de violence. Sauf que la violence , ne s’est pas arrêtée, et Nour si étrangère qu’elle soit n’est pas repartie ;  et qu’elle ne s’y habitue pas. L’angoisse monte en elle et la tristesse et le chagrin aussi. Parce qu’elle avait tant d’espoirs et de rêves en venant ici. Parce que surtout maintenant , il y à des gens qu’elle connaît ; qu’elle aime, qu’ils sont de tous les horizons et qu’elle pourrai les perdre. Quelques fois elle pense à rentrer. Ses parents aimeraient qu’elle le fasse, elle ne peu pas leur en vouloir , mais une part d’elle s’en sent incapable. Une part d’elle pense que ce serai lâche, que ce serai céder à la panique et elle pense à ceux qui ne peuvent pas fuir. Ne pourraient fuir. Alors Nour reste.  Parce que c’est le moins qu’elle puisse faire.

Quels sont vos idéaux ? Votre vision de ce que le monde devrait être ? Chez Nour , dans les communautés nomades sorciers et moldus se mélangent. Si la plupart des gens des villes ignorent l’existence de la sorcellerie dans beaucoup de clans nomades elle fait partie de la vie commune. On fréquente le chaman pour toutes sortes de raisons, médicales, spirituelles, religieuses ...alors même si la pureté des lignées est conservée autant que possible, même si tous les sorciers ne vivent pas avec des moldus au quotidien, Nour à elle , souvent eu l’occasion de cohabiter en harmonie.  Alors pour tout dire, elle ne comprend pas comment les choses ont pu tourner de cette façon au Royaume-Uni. Ses conviction c’est que moldus et sorcier devraient cohabiter et pas coexister. Qu’ils devraient échanger car de ce qu’elle peu en voir , chacun à quelque chose a apprendre, a apporter a l’autre.  Elle en dit rien , pas fort en tout cas. Et en ce qui la concerne elle fréquente des sorciers de tous horizon et à même des amis , dans le monde moldu , bien qu’elle se montre beaucoup plus discrète a ce sujet aux vues de la situation et de ce que cela pourrai lui faire risquer.

Caractère« Tu es trop facilement nostalgique.
– Même si je t’expliquais, tu ne comprendrai pas. »
Elle ne le regardait pas ; ses yeux comme du chocolat étaient fixés sur le ressac de la mer. Le temps était gris, il faisait froid et il pleuvait sur eux cette sorte de crachin microscopique qui gelait les os. Pourtant , elle ne bougeait pas, elle restait assise sur cette plage humide face à la grisaille et dans sa voix, il pouvait sentir le sourire ténu qui était le sien. Non, même si elle lui expliquait : Nurbek savait qu’il ne comprendrai pas. Ainura et lui étaient nés des mêmes parents et ils avaient reçus la même éducation, pourtant il songeait avec une curiosité qu’il ne cachait pas qu’il n’existait pas deux êtres plus différents.

Nour était pareille à son nom.
Peut-être était-il lui même conditionné par le sien. Pourtant quand il la regardait , il savait. Elle était discrète et délicate comme un clair de lune. Elle laissait derrière elle un étrange sentiment de clarté. Toute en délicatesse, elle était douce et par dessus le reste : tendre. Elle avait toujours été de nature plutôt introvertie, du genre à observer, souvent silencieuse, elle n’avait pas pour habitude de parler pour ne rien dire et elle savait écouter. Malgré le fait qu’elle ne soit pas du genre à prendre de la place , elle était le genre de personne dont on remarquait la présence. En fait non, c’était son absence qu’on remarquait. Comme si l’air changeait de consistance quand elle quittait une pièce, quand elle y entrait. Éthérée , elle avait cette présence et ce sens des mots. Peut-être parce qu’elle parlait peu en temps normal, mais quand elle disait les mots qu’elle disait, ils étaient précis. Aiguisés quelques fois, toujours choisis.

Assurément , Nour avait le verbe agile. Elle aurai été une bonne oratrice si ça n’avait pas été pour son apparence timidité. Elle s’ouvrait avec le temps , révélant une personnalité joviale, optimiste, pleine de rire. Le coeur sur la main, c’était une personne sincère. Il supposait qu’elle était capable de mensonge , comme tout le monde, mais il ne l’avait jamais pris en flagrant délit. De toute façon elle n’était pas malveillante. Incapable de malice , parce qu’elle avait été trop couvée ; trop protégée, par leurs parents, puis par lui, il ne mentirai pas. Personne n’avait préparé cette enfant à vivre comme une adulte, à vivre dans le vrai monde. Il se souvenait la première année qu’elle avait passé au Royaume-Uni, seule. Loin de sa famille, loin du cadre rassurant de son école. Elle avait failli abandonner. Elle avait failli rentrer et c’était lui qui l’avait convaincue de se battre et que la vie serai la même n’importe où. Pourtant , ça lui avait brisé le cœur de la voir dans cet état.

Parce qu’elle avait été si protégée de tout, Nour était retenue malgré son âge , quelque part encore dans les ancrages mystérieux de l’enfance. Il y avait chez elle , cette fragilité, cette innocence qui menaçait de tout briser sur son passage en s’effondrant. Sujette a des crises d’angoisse paralysante et d’une ampleur peu commune, il avait du lui-même la conduire un jour aux urgence psychomagique de Sainte-Mangouste pour qu’on lui vienne en aide. Et Nour s’en était remise, malgré la nervosité, malgré l’angoisse qui cohabitait avec elle au quotidien. Sous cette innocence, cette apparente naïveté, Ainura restait semblable à son nom.

Semblable à la lune ;
une force de la nature. Capable de créer des marées. Elle se relevait , elle apprenait de ses erreurs, elle s’épanouissait. C’était une étudiante brillante, une femme perspicace, cultivée et elle savait créer une émulation positive autour d’elle quand elle se sentait en sécurité. Son rire raisonnait comme du cristal. Elle était pleine de cette envie de vivre, d’avancer. Nour avait toujours été capable de transporter les autres dans son monde fantasmatique. Peut-être parce que beaucoup d’adultes avaient envie de fuir leur réalité et qu’il leur était plus facile de jouer le jeu de la jeune femme ; sécurisant. Attachant. Touchant. Rempli de cette joliesse. Et puis c’était une bonne conteuse et sa lumière ne brûlait ni les yeux , ni la peau, il était doux de se baigner dedans. Elle révélait tellement de choses chez les autres. Quelques fois, elle semblait terriblement vieille. Derrière l’enfant , derrière cette fragile coquille protectrice, il y avait une femme , une adulte conscience, trop sensible à la réalité , une certaine sagesse et sans doute un peu de lâcheté face à l’horreur.

Quelques caprices.
Des lubies.
Des obsessions.
Une incapacité évidente à prendre soins d’elle-même.

Nour n’avait jamais supporté la solitude, il ne savait pas comment elle avait pu développer une telle peur de l’abandon elle qui justement avait toujours été tellement entourée. Trop entourée . C’était peut-être ce qui avait causé cette tendance à l’excès. Nour détestait avec rage et aimait avec tout le feu du désespoir. Et elle se consumait silencieusement. Nurbek savait , combien elle était secrète et combien personne ne savait rien de ses peurs, de ses chagrins , elle s’était toujours cachée pour pleurer, comme si elle avait toujours pensé , quelque part qu’elle n’avait pas de raison de le faire , aucune raison légitime d’être malheureuse. Alors pour les cacher , elle riait. Elle inventait un autre monde.

Et les autres y croyaient.
Parce qu’elle était si jolie. Il ne parlait pas de son visage, non. Il parlait de cette façon qu’elle avait de vous sourire , et de vous voir. Parce que Nour vous voyait. elle ne se contentait pas de vous regarder. Non , elle semblait scruter quelque chose a l’intérieur de vous et d’une façon ou d’une autre : le chérir.

« Rentrons, tu va attraper froid …
– Laisse moi rester encore un peu.
– Non ; ce n’est qu’une plage, et tu n’a plus 15 ans. Cette personne t’a oubliée et tu l’a oubliée aussi.
– Je ne dis pas que je la veut, je dis que j’aimerai juste ...apprécier encore un peu ce fantôme de souvenir. »

Il avait soupiré mais s’était relevé et lentement tourné les talons pour la laisser seule dans son songe.

La pleine lune s'est campée à la lisière des nuages, Une blanche rosée cisèle les orchidées parfumées.
L’été était bien avancé.
Pourtant les températures frôlaient le négatif en cet après midi. Les rives de Song-kol étaient toujours particulièrement froides, l’eau était glaciale elle aussi mais d’une clarté invraisemblable. Il y avait des vaches qui pâturaient et la steppe , immense s’étendait sur des kilomètres à la ronde. Malgré le froid, elle avait les pieds enfoncés dans l’onde, jusqu’au dessous du mollet et ses yeux cherchaient avidement quelques poissons. Elle n’avait aucune intention d’en attraper un , mais elle aimait regarder leurs corps souples s’agiter. La lande était parsemée de plusieurs campements , mais le leur était le plus isolé. C’était sans doute parce que c’était dans le leur qu’il y avait le moins de moldus. Plusieurs famille sorcière se réunissaient à cet endroit, depuis des siècles et siècles pour autant que la jeune fille le savait. Quatre ou cinq mois par an du moins , ils montaient les yourtes, ici, aux alentours d’Issyk-kol ou plus loin à la frontière Ouzbek, aux abords de Tash Rabat, un ancien caravansérail qui étaient loin d’être aussi déserté que le pensaient les moldus qui venaient encore ci et là pour le visiter , tel un vestige. En fait c’était même un des lieux privilégiés du commerce magique , ici, sur l’ancienne route de la soie.

Ainura aimait particulièrement ces mois passés dans les montagnes et les steppes ; le reste du temps sa famille vivait en ville. À Frounze ou à Osh dépendant des affaires des uns et des autres. Et il y avait quelque chose dans les ambiance de ces quartiers sorciers qui l’oppressait. C’était peut-être parce que dans ce petit pays qui était le leur la communauté magique était encore plus petite, plus étroitement liée, tout le monde y connaissait tout le monde et avait sur tout un chacun des attentes. La petite Ainura neuf ans et demi en avait déjà déçu de nombreuses. Peut-être pas au sein de sa cellule familiale la plus stricte, mais elle était assez grande pour entendre ce que les autres adultes pouvaient raconter. Son frère aîné par exemple, avait rejoint Koldovstorez à l’âge de 11 ans après avoir reçu un enseignement a domicile d’une intensité qui avait tout à fait enchanté le tout Frounze sorcier.

En général, les jeunes sorciers, d’une même communauté et d’une même tranche d’âge se partageaient un précepteur, qui leur apprenait à lire , à écrire mais aussi les premiers préceptes de la magie et de son histoire, du chamanisme et de tout ce qui était propre à leurs us et coutumes et Nurbek avait brillé au sein de son propre cercle, tout comme il avait brillé en suite en Sibérie. Ainura , elle, était différente.

C’était quelque chose qui s’était sentie dès le jour de sa venue au monde ; sa mère disait qu’ils lui avaient donné ce prénom parce qu’elle était née au cours d’une nuit anormalement froide et sans étoile, à peine éclairée d’une lune plus grosse de d’ordinaire. Elle était née fragile, inattendue, de parents vieillissant qui n’espéraient plus de second enfant. Alors , naturellement , ça avait été un évènement. Plus tard, l’anniversaire de ses «  cent jours » donnerai lieu à une grande fête et ses premiers pas avait aussi permis de réunir plusieurs autres familles de sang-pur des environs autour de son « Tushoo kesuu »*. malgré toutes ces choses là, Ainura n’avait jamais fait montre d’une personnalité qui aurai pu plaire à leur entourage.

Trop réservée, trop timide, trop fragile et en réalité trop terrifiée , bien souvent. Elle n’avait pas été capable de rejoindre un de ces « cercles » de jeunes sorcières et cette incapacité d’intégration avait commencé à mettre en exergue des divergence d’opinion au sein même du clan Osor. Ses parents n’en avaient pas fait cas. Son père comme sa mère avaient tournés leur attentions sur les solutions de lui venir en aide et avaient pourvu à cette pré-éducation eux même , puis avec l’aide d’un professeur particulier dont les méthodes, plus douces semblaient convenir à l’enfant. En fait sans doute que jamais plus rien n’aurai été remis sur le tapis si cet été là, son oncle aîné n’avait pas subitement commencé à penser que son avis sur la question était sollicité. Il avait envoyé ses propres enfants à Mahoutokoro, des leurs 7 ans , et il tirait de l’élitisme de cette école une sorte de fierté qui hérissait particulièrement les parents d’Ainura. Il insistait tellement pour qu’ils fassent la même chose, et obligent finalement , cette petite fille qui se complaisait dans le confort de sa famille, à se confronter à la réalité et aux règles. Des disputes d’adulte.

Les pieds dans l’eau, écoutant le bruit de la rivière au loin et le cri des rapace dans les airs, la petite Nour espérait quelque part échapper à cette réalité. Habituellement cela fonctionnait bien. Les autres années Nurbek l’emmenait avec lui a travers les infinies étendues vertes , et ils lui montrait toutes sortes de choses qu’il avait appris à l’école ...mais pas cette année. Âgé de 19 ans , il avait décidé de passer du temps en Corée, dans leur famille paternelle ou il poursuivait des études supérieures afin de prendre la suite des affaires familiales ; un jour prochain.

D’autres pas dans son dos.
Nour ne s’était pas retournée ; elle n’en avait pas envie. Et pourquoi faire de toute façon ?
« Tu vas vraiment pas venir à l’école ? Gulmira Ailoo dit que tu vas même pas aux classes de ..
– Elle dit la vérité ; j’y vais pas ; et j’irai pas non plus au japon. »

elle avait coupé court en osant enfin faire volte face. Bermet était sa cousine germaine. Elles étaient nées la même année, le même mois. C’était la fille de la sœur cadette de sa mère. Bermet portait si bien son nom. Elle était jolie comme une perle colorée. Vraie kirghize, son visage aux pommettes hautes était parsemé de tâche de rousseurs et ses cheveux étaient clairs, ses yeux aussi bridés que ceux de Nour brillaient d’un vert mélangé d’ocre. Un visage de leur ethnie ; un visage de leur peuple ; quelques fois, Nour enviait ce dernier.

« Mon père dis que ça viens de ton mauvais sang ; celui de ton père à toi. Que c’était une erreur de laisser une femme de ton clan se marier avec un-...
– pourtant ton père...chante partout que Nurbek Kwon est le sorcier le plus doué qu’il connaisse ...Nurbek est aussi le fils de mon père. »

Bermet avait serré les dents et émis un sorte de cri. Comme un hennissement de fureur pure. Et Nour avait été tétanisée. Elle n’avait même pas réagis quand sa cousine l’avait poussée violemment , la faisant tomber dans l’eau gelée du lac. Sous le choc. Elle n’avait même pas réussi à assimilé la raison de cette colère démesurée ; le grondement de rage de l’autre fillette avait finalement attiré les adultes, hors de la yourte.

Ensuite, elle ne se souvenait de rien ; elle savait juste qu’elle pleurai quand son père l’avait ramassée pour la sortir de l’eau ; il l’avait consolée.

Comme il le faisait toujours.
En suite.

Ensuite on avait plus jamais reparlé de sa scolarité.
Grand-mère Osor l’avait interdit ;
elle était dure, Grand mère.

Mais elle aimait Ainura au moins autant qu’elle aimait râler.



(* Tushoo kesuu est une cérémonie les plus importante dans la vie d’un bébé au Kirghizistan, on attache les jambes du bébé avec deux cordes une blanche qui représente le bien et une noire qui représente les mauvaises choses, les adultes invités se livrent alors à une compétition ( ici on va dire magique) et le gagnant avait l’honneur de libérer les entraves du bébé pour le laisser marcher et donc entrer dans ce nouveau monde.)
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