Trystan Robards - Rien n'est sérieux s'il ne peut être durable.

Que pensez-vous de la situation et du climat actuel qui règne sur le Royaume-Uni ?
C’est à la fois déplorable et peu étonnant. Que nous puissions parvenir à une telle dégradation, menaçant la société sorcière de façon aussi globale…. Cela montre bien que certaines têtes pensantes devraient être remplacées. Malheureusement, il lui semble plus facile de pointer les raisons qui amèneraient les candidats potentiels à échouer dans leur tâche, que de trouver un candidat approprié…

Quels sont vos idéaux ? Votre vision de ce que le monde devrait être ?
L’ordre est sa valeur principale. Ainsi qu’une certaine vision de la réussite. Dans un monde idéal, tout s’écoulerait sans anicroche, on nous épargnerait la présence des crétins, il jouirait d’un certain confort de vie et de prestige social, son fils ferait le peu qu’on lui demande (réussir sa vie), et Trystan coulerait une existence de quiétude satisfaite.

Caractère

Trystan est un homme que l’on pourrait qualifier de dur. Il ne sourit que de façon rare, et son assistante vous le confirmera, il est plus habituel de le voir arborer les signes d’un certain mécontentement, qu’un air satisfait. Rude, l’homme l’est aussi au regard de son expression : spécialiste des tournures cassantes, sèches, il a l’instinct d’appuyer là où risque de faire le plus de dégâts, avec une froideur et un mépris efficaces.

Il n’en a pas toujours été ainsi, mais disons qu’il y avait un terrain favorable à cette attitude, terrain que le temps s’est chargé de faire fructifier.

Trystan Robards se caractérise également par son exigence. Envers lui-même, bien sûr, s’astreignant à une discipline dont sa dureté de caractère n’est qu’un des avatars. Mais aussi exigeant envers les autres ; il ne tolère pas la médiocrité, et entend bien que son fils (et sa femme) se montrent dignes. ….peut-être en raison d’un complexe d’infériorité vis-à-vis de son frère aîné, soigneusement enterré et dissimulé, mais que verra malgré tout quiconque observant de plus près les dynamiques familiales. Sans doute aussi trouverez-vous, derrière la dureté de ces yeux argentés, une forme d’amertume. Et la conviction (peut-être fondée) que la vie ne lui a pas donné les moyens d’exprimer son plein potentiel.

Pour parachever ce tableau, le monsieur a des vues très traditionnelles sur la société. Chacun joue un rôle et occupe une juste place dans le monde tel que vu par Trystan. A commencer par les femmes, qui sont bien évidemment des créatures dont on doit veiller à la protection et aux besoins, tandis qu’en retour, elles assureront les tâches pour lesquelles elles sont les plus douées. Il ne les méprise pas, il éprouve au contraire pour elles une sorte de bienveillance paternaliste et leur reconnait des compétences naturelles qui leur sont attribuées parce que c’est dans l’ordre des choses et que les hommes les surpassent dans d’autres domaines. Nulle honte que cela. C’est une juste répartition, et il ne saurait de toute façon cuisiner quoi que ce soit (et n’a pas de temps à perdre à récurer des tâches). …..bref, Trystan est né dans les années 30.

Dernier détail : il a l’habitude que personne ne le challenge, ni son épouse, ni son fils, ni sa secrétaire. Et ceux de ses collègues qui s’y sont risqués deviennent la cible d’une ire durable.

Paperasse

Pour pouvoir ranger ce dernier document, il a ressorti son porte-vue en cuir. Celui qui lui a été offert par son père, à ses seize ans, un grand classique de la Maison Robards. Si un individu non autorisé tente de l’ouvrir, il projette à la ronde quelques litres d’encre indélébile. Il l’a utilisé toute sa vie d’adulte, parce que l’item est fiable. Qu’importe l’amertume qu’il ressent en l’ayant en mains.

Les premiers documents qu’il y a placés furent ses diplômes. Ceux de Poudlard, ornés de l’éternel blason de Serpentard, puis de l’Ecole Supérieure du Ministère. Ses doigts courent sur le papier couleur crème, filigrané ; ce sont les premières preuves de reconnaissance officielles qu’il ait reçues, et elles ont une valeur particulière à ses yeux. Peu de temps après, suit son arrêté de recrutement et son contrat d’embauche. Qu’il était jeune, alors ; sans doute un peu immature, même s’il avait une vision très claire de ses projets d’avenir. Pourtant, il lui arrivait de s’échauffer un peu trop, de ne pas se borner à une réplique assassine et une vengeance impossible à prouver.

Le jeune fonctionnaire ambitieux, heureusement, a eu l’occasion d’apprendre à domestiquer des basses pulsions. Les années sont des présents.

Bien lui en avait pris : le papier suivant est l’arrêté le nommant aux affaires galloises, un sujet sur lequel il oeuvrait déjà depuis plusieurs années, dans ses premières fonctions, au suivi des commerces sorciers. C’est le pic de sa carrière, pour l’instant.

Il s’apprête à classer le nouveau document, faisant état d’une promotion plus symbolique, mais qui lui vaut une reconnaissance financière, dont il est assez satisfait. Mais ce faisant, il aperçoit les documents qui suivent, conservés dans un rabat du porte-documents.

Ce sont ses papiers de famille. L’acte de mariage avec Ceiwen, la photo les représentant, lui, jeune bureaucrate promis à un bel avenir, et elle, douce et polie, qui a trouvé au détour des couloirs du Ministère, alors qu’elle déposait son dossier d’ouverture de commerce, un partenaire solide pour construire sa vie. Vient après le contrat de mariage ; il aurait dû refuser la donation de cette foutue ferme de famille galloise, mais il a voulu faire plaisir à Ceiwen, à l’époque. Il regrette régulièrement cette décision. Chaque fois que l'allée menant à la maison est boueuse. Et chaque fois qu'il croise les membres de sa belle-famille au réveil ou alors qu'il ne voudrait que profiter d'un calme mérité.

Ensuite, se trouve dans le porte-document leur livret de famille, qui ne comporte que quelques pages ; enfin, l’acte de naissance de Gauwain.

Comme un sentiment oublié, il lui semble se rappeler de la fierté d’alors, d’avoir enfin un héritier. Un enfant qui porterait son nom et sa lignée et marcherait dans ses pas. Il se trouve dans le hall de Saint Davids, il vient d'envoyer quelques hiboux. Et il se sent fier.

Le souvenir s'étiole.

Pensif, il arrange les papiers.

Sans un mot, il referme le porte-documents.

Ah il nous manquait un padré légèrement condescendant mettant la pression à son gamin Rebienvenue avec ta nouvelle trombine


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