[BATEAU PIRATE] Team 1 : SerpyGreene

Je ne suis pas un gros fêtard, je ne l’ai jamais été et fêter halloween est pour moi quelque chose de très abstrait. Mais aujourd’hui, j’avais décidé de me rendre à la fête foraine moldue qui célébrait Halloween. La relation que j’entretenais avec ma nièce n’était pas la meilleure du monde mais on s’apprivoisait. Petit-à-petit. Et au fond, même si je n’y étais pas pour grand-chose, j’aurais voulu faire plus pour elle. La sortir bien plutôt de ce qu’elle avait pu vivre avec sa mère. Moi, ça me laissait encore pantois. Même si cela ne m’étonnait pas tant que ça, ma sœur avait toujours été très spéciale et en exact opposé de ce que j’étais. Parfois, je m’étais même demandé si je faisais réellement parti de cette famille, tant je n’étais pas sur la même longueur d’onde que mes parents et ma frangine. C’était étrange de me retrouver avec la garde d’une gamine qui ne m’appartenait pas, alors que je n’avais pas vu les miens pendant vingt-quatre ans. J’ignorais si je rattraperais le temps perdu – sûrement que non – mais je ferais au mieux pour qu’elle se sente le mieux du monde. Ça m’avait fait bizarre de l’entendre dire qu’elle ne voulait plus aller à Poudlard – cela dit avec l’attaque que l’école avait subi, je ne pouvais pas lui en jeter la pierre. Mais l’école restait quand même une institution pour tous les sorciers du Royaume-Uni. Et pour ma part, j’y avais vécu les meilleures années de ma vie. Mais pour tout dire, je n’avais pas vécu mon enfance de la même façon qu’elle, et je pouvais parfaitement comprendre sa réticence quant au monde sorcier, et lorsqu’elle m’avait demandé d’entrer dans un lycée moldu, plutôt que de retourner à Poudlard, j’avais accepté sans me poser plus de question que ça. Si c’est ce qu’elle voulait, alors c’est ce qu’elle aurait. Je ne voulais que son bien-être et si cela se résumait à s’éloigner du monde sorcier, je n’allais certainement pas ni l’en blâmer, ni la forcer. Ce n’était pas mon genre, pour commencer. Et puis, si ça pouvait lui permettre d’aller mieux, ce n’était déjà pas si mal.

Ce week-end, j’avais donc décidé d’aller chercher ma nièce à son internant. Kingsbury High School l’avait accueilli au début du mois. Je crois qu’elle s’y plaisait, d’après les nouvelles que j’en avais. Un peu, c’était déjà ça. Et puis, ce n’est pas comme si on se connaissait parfaitement, on s’apprivoisait, je ne pouvais pas lui en demander tous les jours, et quant bien même on se connaitrait depuis quarante ans, je ne lui demanderais pas plus. J’avais décidé de laisser Anatole à la maison, la fête foraine n’était pas un endroit pour les animaux. Il y avait bien trop de monde pour lui, je n’avais clairement pas envie qu’il se fasse marcher dessus. Et puis, Anatole n’était pas fan du bruit, il préférait le calme, il était donc bien mieux à l’appartement, entrain de ronfler, bien allongé sur le canapé, profitant de mon absence pour s’y vautrer allègrement. Lorsque j’étais arrivé à son lycée, je n’étais même pas sûr qu’elle accepte de partir avec moi. J’avais appelé dans la semaine pour avoir l’autorisation de l’emmener pour le week-end, et je lui avais laissé un message mais sans avoir la certitude qu’elle viendrait. J’ignorais encore ce qui pouvait lui faire plaisir ou non, cela viendrait avec le temps – comme dirait un proverbe moldu, Rome ne s’est pas faite en un jour. Mon sourire a éclairé mon visage lorsque je l’ai vu débarquer dans le hall d’entrée avec son sac, un peu soulagé aussi. « Comment se passe le lycée ? » lui ai-je demandé, alors qu’on marchait en direction du quartier où se situait la fête. « Pas trop difficile de suivre les cours ? » Les cours moldus étaient drastiquement différents des cours que l’on nous enseignait à Poudlard. Et se mettre dedans alors que l’on n’avait pas suivi les années précédentes, cela ne devait pas être simple. « Je t’emmène à la fête foraine… parait qu’il fête Halloween, je me suis dit que ça pouvait être sympa de faire ça tous les deux » Ou peut-être pas. Moi, en tout cas cela me faisait plaisir de passer du temps avec Luna. J’avais envie de la connaitre bien plus, et même si je ne serais jamais le plus proche, je voulais juste qu’elle sache qu’elle pouvait compter sur moi, à tout moment. Un moyen, pour moi, de me racheter d’avoir laisser mes gamins à un connard pendant vingt-quatre ans, et de ne rien avoir fait pour ma nièce depuis le décès de son père. Il y avait du monde à la fête foraine, les décors étaient dignes d’un bon film d’horreur, ils s’étaient surpassés. Je me suis arrêté devant l’attraction intitulé « Bateau-Pirate » J’en connaissais le principe mais je n’en avais jamais fait. Cela n’avait jamais été mon genre que de faire ce genre de choses. Les fêtes foraines, je les avais toujours préférées de loin. Je préfère de loin, lire un bon bouquin dans mon canapé que de crapahuter dans tous les stands d’une fête. Mais maintenant que l’on était là, j’avais cette petite âme d’enfant – que je n'avais jamais eu – qui me disait de ne pas partir de la fête sans avoir testé le bateau-pirate. « T’as pas envie d’y aller ? » Je reconnais que je n’aurais pas imaginé qu’elle puisse dire oui. Et pourtant, nous voila assis, tous les deux, côte-à-côte, dans l’énorme bateau qui allait se mettre en branle. Le sac à dos devant mes pieds m’attira le regard, je l’ai attrapé du bout de la basket pour le caler sous mon siège, me disant que je le ramènerais à l’accueil une fois sorti d’ici. Ou peut-être que j’allais moi-même l’oublier là. « Je suis content de faire ça avec toi, tu sais. » ai-je lancé avant que le bateau ne prenne de la hauteur, en me disant que j’étais content de ne pas avoir le vertige. Cela dit, j’étais déjà claustrophobe, cela me suffisait amplement.

J’étais d’une humeur un peu guillerette. Cela me faisait plaisir de passer ces deux jours en compagnie de ma nièce. Je ne sais pas si cela nous apporterait quelque chose, et si elle, cela lui faisait vraiment plaisir, mais une chose est sûre c’est que moi, pour rien au monde je ne voudrais être ailleurs. Pendant longtemps, j’ai cru qu’elle ne sortirait pas de son internat, qu’elle préférait rester avec ses copines du lycée, que passer deux jours en compagnie de son oncle – qu’elle ne connaissait pas – devait la saouler, et la voir sortir son sac à la main m’avait grandement soulagé. Je ne sais pas si ça lui plairait d’aller à la fête foraine, mais il fallait bien commencer quelque part. Et honnêtement, elle était libre de dire non, de décider d’aller autre part. Personnellement, du moment que je passais du temps avec elle, je crois que tout m’allait. Cela dit, la fête foraine, était – peut-être – aussi un bon prétexte pour trouver un sujet de discussion. Pas que j’étais timide, loin de là, mais je reconnais que je n’avais jamais vraiment su m’y prendre avec les enfants, et avec Luna, je ne savais pas trop comment faire. Et les questions basiques, qui incombaient à son statut de lycéenne, étaient pour le moins pratique pour engager la conversation. Et j’imaginais sans mal qu’elle devait avoir énormément de travail. Je ne doutais absolument pas de ses capacités, mais rattraper cinq ans de lycée, ce n’était pas – pour ainsi dire – facile. Bien au contraire. Je savais ce que l’on y apprenait et franchement, je trouvais ça bien courageux, de se plonger dans ces matières à seize ans, sans jamais en avoir eu avant. J’ai souri à ses paroles. J’avais lâché les mathématiques en dernière année d’école primaire, avant d’aller à Poudlard et j’avais toujours trouvé cette matière bien difficile. Oserais-je dire que j’étais fier d’elle ? Oui. Enormément. « Je suis content, tu sais. » ai-je commencé, j’admets que je n’étais pas sûr de savoir comment la féliciter. « Si tu as besoin d’aide, n’hésite pas. Je ne sais pas si je serais le mieux placé, mais je peux toujours essayer » Bon, ok, je n’avais pas le niveau qu’ils demandaient au lycée, même si j’évoluais dans les deux mondes sans que cela me pose de souci, les maths et la physique, je n’en avais jamais réellement fait, et si cela devenait un peu trop spécifique, je n’étais pas sûr de lui être d’une grande aide, mais sait-on jamais. « Je connais au moins mes tables de multiplications » ai-je ajouté, en émettant un petit rire, un peu idiot. Et je trouvais que ce n’était déjà as mal.

Sa façon d’être m’était un peu étrange. J’avais fini – ou presque – par m’habituer à sa non-expression mais même si je savais qu’elle n’était pas expansive, je n’étais jamais sûr si ce que je faisais – ou je ne faisais pas – lui plaisait réellement. C’était un peu perturbant. J’espérais juste qu’elle me le dirait si cela ne lui convenait pas. Je ne voulais la forcer à rien, déjà qu’elle avait accepté de sortir de son internat pour passer le week-end en ma compagnie, je ne voulais pas qu’elle se sente obligée de faire quelque chose parce que je lui avais demandé. Et j’avoue, que cette option m’avait traversé l’esprit, qu’elle ait accepté de sortir juste pour me faire plaisir. Mais c’était compliqué de satisfaire les envies d’une gamine que je ne connaissais pas. Je ne savais même pas si, elle, elle fêtait Halloween. Fête que l’on ne faisait pas avec mes parents. Cela dit, je n’étais pas un gros fêtard, j’avais toujours préféré mes bouquins au reste, même gamin. Et puis, lorsque ma mère m’avait envoyé aux Etats-Unis chez son grand oncle Eddie, j’avais découvert ce qu’était Halloween. On appelait ça Trick or treat. Eddie, il avait toujours des kilos de bonbecs dans son placard, juste pour ce jour-là. Il se déguisait en Jack l’Eventreur pour ouvrir aux gamins qui sonnaient à la porte. J’avais fini par jouer le jeu, et je me déguisais en loup-garou pour ouvrir la porte. « Je le faisais chez mon grand-oncle Eddie, quand j’habitais chez lui, quand j'étais gamin. Aux États-Unis on appelait ça le Trick or treat. » ai-je répondu, un peu morose. Je n’y étais resté que trois ans pendant la guerre mais je crois qu’au fond de moi, c’était l’endroit où je m’étais le plus senti chez moi, même si étrangement je faisais toutes les tâches ménagères qu’il ne voulait pas faire. Je devais lui parler d’un inconnu, je doutais fort que Deborah lui ait une seule fois parlé d’Eddie, l’oncle de ma mère. Elle n’avait déjà pas parlé de moi à sa fille, ce n’était sans doute pas pour évoquer un mec qui vivait dans une bicoque d’un village en pleine cambrousse dans le Montana.

La fête foraine était bien arrangée, les organisateurs avaient tout fait pour faire peur au visiteur. Cela dit, aujourd’hui, je trouvais que tout était beau. Peut-être étais-je un peu sur un petit nuage de me retrouver en tête à tête avec Luna. J’imaginais ses pensées, qui devaient être les mêmes que j’avais eu lorsque je m’étais retrouvé chez Eddie. Le grand-oncle de ma mère, plus vieux que mes deux parents réunis, qui faisait l’office du fou du village. Les sorciers faisaient souvent cet effet-là, aux moldus. Mais je crois que cela lui convenait. Je n’étais jamais monté dans un bateau pirate, ni dans aucune autre attraction. Le fêtard de la famille, ce n’était clairement pas moi. J’espérais juste – déformation professionnelle oblige – que l’après-midi se déroule sans encombre. On était tous un peu frileux depuis l’attaque de Poudlard, et celle du Picses. Entre les Mangemorts, les Chasseurs, les Anteawwichs, je reconnais que je commençais à en avoir un peu marre des attentats fomentés contre tout le monde, et n’importe où. J’ai secoué la tête de gauche à droite. « Je ne sais pas… sûrement que quelqu’un l’a oublié avant, on le ramènera à l’accueil de l’attraction tout à l’heure ». J’avais coincé le sac à dos dans ma basket, histoire qu’il ne chute pas au moment de la mise en branle du manège. Je trouvais qu’il montait très haut, d’ailleurs et nous offrait une vue sur les toits de Londres assez jolie, avec la Tamise en arrière-plan. J’ai eu un petit sourire à sa réponse. Ça me faisait rire sa façon d’être, si peu expansive, et j’avais toujours l’impression d’être un peu de trop. Mais si elle était là, c’est que cela lui faisait plaisir, non ? Tout du moins je l’espérais. J’espérais réellement qu’elle ne faisait que ce dont elle avait envie, et tant pis si cela me plaisait pas. Je crois qu’elle avait souffert dans sa courte vie pour lui imposer encore quelque chose, surtout d’un gars qu’elle ne connaissait qu’à peine. Le bateau prenait un peu plus de hauteur, et donnait une impression de vertige. « Ça te plait le lycée ? » ai-je finis par lui demander, pendant les mouvements réguliers du bateau. Je suis resté silencieux quelques secondes avant de reprendre la parole. « Je ne t’oblige à rien, je veux que tu le saches mais j’aimerais bien que tu rentres à Noël… je voudrais te présenter Ana et Sydney, tes cousins » Je sais que j’aurais pu choisir un autre moment, mais en y’aurait jamais réellement de bons moments pour ça, et puis, même si l’on était pas la nièce et l’oncle les plus porches du monde, elle faisait partie de ma vie et oui, j’avais envie de lui présenter mes enfants. Il m’a fallu plusieurs secondes avant de me rendre compte que l’attraction s’était arrêtée. « C’est long cet arrêt, non ? » ai-je lancé, plus pour moi que pour elle. Je ne sais pas si c’est mon instinct d’auror qui m’a fait me lever mais rester assis là, sans bouger, je me sentais comme pris au piège. Je crois que je vois le mal partout. « Viens Luna, on va voir ce qu’il se passe » La sortie de secours était à notre droite. Et je préférais l’emprunter que rester ici, à découvert.

J’aimais bien cette sortie avec Luna. Cela me faisait plaisir de passer du temps avec elle. J’avais envie de la connaitre bien plus. Pourtant, je savais ce que je pouvais représenter à ses yeux. Le frère de sa mère avec qui elle n’avait que de mauvaises relations. Mais je lui laisserais le temps qu’il lui faudrait pour que l’on s’apprivoise. Halloween n’était pas ma fête de prédilection, mais j’avais toujours bien aimé le faire aux Etats-Unis. C’était marrant de le faire avec mon grand-oncle, le mec le moins fêtard que je connaissais mais qui adorait faire plaisir aux enfants. C’était un mélange très surprenant. J’ai acquiescé d’un signe de tête. Je n’avais jamais eu de télévision avant longtemps. « Une fois, mais je n’ai pas la télévision depuis très longtemps » ai-je répondu. « Tu en as déjà vu, toi ? » Je supposais que la réponse était oui. Peut-être qu’un jour, on s’en materait un ensemble. Je la sentais plus sereine que lorsqu’on l’avait retrouvé après l’attaque de Poudlard. J’étais content que le lycée lui plaise. J’avais du mal à comprendre pourquoi elle rejetait autant la magie, et je crois qu’au fond, je ne voulais pas réellement savoir ce que ma sœur avait pu lui faire subir. Mais tant qu’elle, elle était bien, qu’elle soit à Poudlard ou dans son lycée, peu m’importait. Tant qu’elle y était heureuse. « Tu m’en vois ravi ».

J’ignorais si cette après-midi allait nous rapprocher, mais je savais une chose, je voulais lui faire rencontres mes enfants. Peut-être qu’elle n’accepterait pas tout de suite, et je composerais avec, mais j’avais espoir qu’elle accepte. J’ai eu un léger sourire à ses propos. Cela me faisait plaisir, qu’elle préfère mon appart’ de vieux au centre qui l’avait hébergé pendant l’été. En réalité, j’ignorais si cela lui faisait vraiment plaisir à elle, où si c’était juste pour moi qu’elle acceptait. Mais c’était un début. « Ils seront ravis de te rencontrer ». Ils connaissaient son existence, je leur en avais parlé sans entrer plus dans les détails. Cela ne les regardait pas. J’ai hoché la tête dans la négative. « Non. Ce n’est pas à moi de le faire. Tu le feras si tu en as envie… » Et si elle ne le faisait pas, cela n’était pas un problème. Je pouvais comprendre qu’elle ne voulût pas parler de ce qu’elle avait vécu.

L’arrêt brutal du manège nous a fait stopper la conversation. Je trouvais l’arrêt un peu trop long. Si de prime abord, cela aurait pu passer pour quelque chose de normal, là, je commençais à m’inquiéter. Un peu. Peut-être que j’exagère. Cela dit entre toutes les attaques que nous avions subi depuis plusieurs années, j’avais le droit, non ? La sortie de secours s’avérait être la meilleure option en cet instant. Je ne suis pas du genre à rester sur place, même si nous étions en plein air, je détestais être coincé quelque part. Je me suis levé de mon banc, attrapant le sac que j’avais aux pieds – par pur réflexe, sans vraiment m’en rendre compte. Je ne sais pas pourquoi j’ai regardé dedans. Le nécessaire à chignon dans la main – ça peut être utile pour ouvrir une porte à la manière moldue.

La salle devant nous était plutôt bien décorée, le vieux pirate ne m’inspirait pas trop confiance. En même temps, peu de monde ne m’inspirait confiance. Déformation professionnelle, je crois. Bon, je commençais légèrement à me poser des questions. Certes, nous étions à Halloween, dans une attraction prévue pour ça, mais quand même. Tortuga ?! Rien ne m’inspirait dans cette histoire, mais avions-nous un autre choix que de prendre cette barque face à nous ? « Monte Luna, j’ai besoin de faire un peu de sport » ai-je lancé, en me frottant le ventre – un peu rondouillard en ce moment. Je suis comme Anatole, je grossis. Fallait juste que je me souvienne de comment on rame… je pourrais utiliser ma baguette pour faire avancer la barque, mais je crois que Luna n’aurait guère apprécié. J’ai pris les rames et la barque c’est mise en branle en direction de Tortuga, laissant le pirate sur son tonneau de rhum.

Je sais pas dans quoi on s’embarquait. Honnêtement, j’y allais totalement à la free style. C’était un manège, y pouvait rien nous arriver, non ? Même si j’étais quand même pas tout à fait sûr de moi. Le pirate, il m’avait absolument pas inspiré confiance. Son embarcation non plus, cela dit. J’savais pas ce qu’on allait trouver à Tortuga. Mais fallait bien qu’on sorte d’ici, on allait pas rester dans cette pièce, sans bouger, autant prendre la barque, et ramer jusqu’à destination. Si c’était dangereux. J’pourrais lui dire non. Mais cela n’aurait sans doute pas été honnête. Mais je ne voulais pas non plus la faire flipper en lui disant que si, c’était dangereux mais que l’on avait guère le choix maintenant que nous étions là.

J’ai hoché la tête dans la négative avec une conviction certaine. « T’en fais pas Luna. Tout va bien se passer » Voilà, c’était ainsi que cela devait se passer. Bien. J’ai ramé. En direction de… je n’en avais aucune idée. Tortuga, c’était… loin, peu connue, et ce n’était clairement pas avec nos rames qu’on allait y aller. Bizarre, oui. Plus que bizarre. Etrange, limite, angoissant. Pourtant, j’étais auror, j’étais sensé avoir peur de rien mais j’admets que là je n’étais pas des plus sereins. C’était un piège, peut-être ? Avec ce qu’il se passait en ce moment en Grande-Bretagne, tout était possible. « C’est halloween non, c’pas censé être bizarre ? » ai-je répondu. Pour me rassurer aussi, que non ce n’était pas un piège, et que c’était juste l’attraction. N’empêche que je la trouvais quand même bien louche cette attraction.

J’ai acquiescé d’un signe de tête, sans cesser de ramer. « C’est une île dans les Caraïbes, pas très loin du Mexique… » ai-je répondu. La légende disait que c’était le fief des pirates à l’époque des conquistadors. Je n’en avais strictement aucune idée, je n’avais fait que lire des livres sur le sujet. Pour le reste. Les remouds de la barque me firent stopper dans mes mouvements. Cela ne m’indiquait vraiment rien de bon. Instinctivement, j’ai levé les rames comme une arme. J’crois que mon instinct d’auror il s’est mis en branle. Le rugissement m’a fait sursauter.

C’était quoi ce truc ?!

Si au départ, l’attraction m’avait paru une bonne idée, là je n’en étais plus très sûr. « Allonge-toi dans le bateau » ai-je lancé à ma nièce. J’ai tapé sur les tentacules du monstre qui sortait de l’eau. Dans les légendes pirates, ça s’appelait un Kraken mais un Kraken à Londres ?

C’était pas possible.

Toi tu meurs ! Toi tu meurs ! Toi tu meurs ! Toi, tu meurs pas !
Dowey

Pendant une fraction de secondes, j’ai observé l’eau. Calme. « Mais nooon » avais-je répondu à Luna. Y’avait pas de tueur ici. C’était un manège. Etrange, certes, mais un manège tout de même. L’eau était calme et on allait ramer jusqu’à ce que l’on trouve la rive de l’autre côté. Et une fois, là-bas on pourrait sortir de cet endroit sans encombre et regagner le monde extérieur. Voilà, comment cela allait se passer. La question de ma nièce me fit un peu sourire. Elle n’avait pas tort, ce n’était pas notre embarcation qui allait nous emmener à Tortuga. La barque ne tiendrait jamais le choc sur l’Atlantique, c’était une certitude. Et j’avais dans l’idée que sur la rive d’en face, une réplique de l’île serait faite. « Je doute que nous nous retrouvions au Mexique, je pense surtout que nous allons nous retrouver dans un lieu qui ressemblera à Tortuga… tu sais, comme une réplique de l’original mais ici. Une simple copie de l’île, ou un décors qui ressemblait à Tortuga.

Mais si j’avais envie de continuer la conversation, les énormes tentacules qui jaillirent de la barque me firent stopper net. Ça, ici, à Londres c’était carrément impossible et pourtant. Mon arme de prédilection n’était pas la rame de bateau, loin de là. Je me suis surpris à viser plutôt juste, les tentacules qui me faisaient face. Mais leur nombre était conséquent, et je n'ai pas eu le temps de repousser celles qui s’en sont pris à ma nièce. Son cri m’a fait me retourner, et sans réfléchir j’ai envoyé un coup de rame sur les tentacules qui s’en étaient pris à elle. J’ai relevé Luna, de la main gauche alors que j’éclatais un autre tentacule de la main droite. « Rien de cassé ? » lui ai-je demandé, assénant un dernier coup, avant qu’il ne réplique. « Reste derrière moi, ok ? »

Points de vie Luna : 6/15
Points de vie MJ : 15/15

Tentacules restantes du Kraken : 5/20

Cette attraction était de plus en plus étrange. J’ignorais où tout cela allait nous emmener, mais une chose était sûre, je la trouvais drôlement bien faite. Quoiqu’un peu dangereuse. Le combat contre le Kraken ne me plaisait guère, et je fus rassuré lorsque Luna affirma qu’elle n’avait rien. C’était déjà ça. Mais le combat n’était absolument pas loyal, nous n’avions que des rames contre toutes ses énormes tentacules, c’était totalement inégal et pourtant, lorsque Luna a hurlé en tendant sa rame, j’en ai sursauté de stupeur. « Nice shot ! » ai-je envoyé, un grand sourire aux lèvres alors que le dernier tentacule rejoignit toutes les autres, que ma nièce venait d’éclater. Avec beaucoup de brio.

Je tenais toujours ma rame à la main, en observant les remouds de l’eau, que faisait le Kraken en replongeant sous l’eau. Cette attraction était vraiment étrange. Je me suis rassis dans la barque. « Très bien joué Luna ! » J’ai repris les deux rames, l’invitant à s’asseoir. « Tu vas bien ? T’as pas la tête qui tourne ? » J’étais pas médicomage, loin de là, mais bon vu le coup qu’elle s’était pris dans le crâne, elle pouvait parfaitement être un peu sonnée. L’arrivée dans la réplique de Tortuga fut assez rapide. J’étais quand même content de sortir de l’embarcation. Pourtant, elle était bien plus solide qu’elle n’y paraissait. Elle avait résisté avec brio à l’attaque du Kraken.

J’ai aidé Luna à descendre de la barque. « On trouve la sortie, et je t’offre une barbe-à-papa ou ce dont tu as envie, okay ? » ai-je lancé, en regardant autour de moi. Le panneau indicatif devant moi nous donnait deux noms. Pour ma part, rien que de lire le premier lieu il était clair que je n’y mettrais pas les pieds. Hors de question que je me retrouve dans une grotte. Peu importe si elle était éclairée, fausse ou je-ne-sais-quoi, jamais de la vie, je ne m’enfoncerais là-dedans. Quant à me rendre à la forge ? De toute façon, nous n’avions guère le choix. Entre la grotte ou la forge, moi, je prenais la forge. Sans réfléchir. « A ton avis, quel est l’endroit le plus susceptible de nous faire sortir ? » ai-je, quand même, demandé à Luna, priant pour qu’elle me réponde : la forge.

J’étais un peu inquiet face à la santé de ma nièce. Le coup qu’elle avait reçu avait été plus que violent et le fait qu’elle se mette à vomir n’avait rien de rassurant à mes yeux. Ou était-ce réellement le bateau qui lui avait donné cet effet-là ? Je me suis rapproché d’elle en lui tendant un mouchoir, pour qu’elle puisse s’essuyer. « Tu veux qu’on attende cinq minutes ? » Une chose était sûre si on sortait de cette attraction, je la conduisais directement à l’hôpital la gamine. J’avais toujours appris que les coups sur la tête ne devaient pas être pris à la légère.

Je crois qu’au fond de moi, je fus soulagé, et de la voir reprendre des couleurs, et – surtout – qu’elle veuille, elle aussi, se rendre à la forge et non pas dans la grotte. Déjà j’aimais pas le nom. Les naufragés, ça n’indiquait rien de bon et puis un endroit clos, jamais de la vie j’y mettais les pieds. Plutôt mourir que d’entrer là-dedans. On s’est donc rendu à la forge. Je reconnais que je commençais un peu être impatient de trouver la sortie. Pas que je n’aimais pas passer du temps avec ma nièce, bien au contraire, mais je commençais doucement à en avoir marre de cette attraction. Cela dit, je ne pouvais pas dire que les moldus manquaient d’imagination. « Elle est quand même sacrément bien faite cette attraction, tu ne trouves pas ? »  

Le type m’a fait un drôle d’effet. Ou était-ce plutôt la hache qu’il avait entre les mains ? Lui, il était pourtant assez sympathique. Et apparemment, d’après les villageois, il savait tout sur tout sur l’ile. J’espérais juste qu’il pourrait nous indiquer la sortie. « On est coincé sur l’île mais… » Je n’ai pas eu le temps de finir ma phrase que deux gars, beaucoup moins agréables, firent irruptions dans l’atelier. J’ai attrapé un sabre qui se trouvait à mes côtés, instinctivement je me suis mis devant Luna. Si moi, je maitrisais pas le sabre, ce n’était pas mon arme de prédilection, cela ne devait totalement pas l’être pour ma nièce. Même si on ne se connaissait pas entièrement, si elle pratiquait l’escrime, elle me l’aurait dit. Quand même. Et puis, elle s'était déjà pris un sacré coup, j'voulais pas qu'elle s'en prenne un second.

Même si mon attaque ne fut pas la plus fameuse – donnez-moi une baguette, je les aurais atomisés en deux-deux - cela permis de faire relâcher ce pauvre forgeron. J’en avais presque mis un à terre. Entre le Kraken et les brigands, j’avais vraiment hâte de sortir d’ici. Réellement.

Points de vie Luna : 6/15
Points de vie MJ : 15/15

Points de vie des brigands : 4/10 & 10/10