Bodyguard (Pristina)

Bodyguard

Ça la gonfle. Par Merlin, ça la gonfle. Cantonnée dans son bureau du Département des Mystères, Charlie lorgne l’horloge au-dessus de son gramophone, voyant l’heure de son rendez-vous arriver. Et le petit air de blues qu’il diffuse dans la pièce n’y changera rien. Elle était excitée à l’idée d’accomplir sa première mission pour le Service des Renseignements et voilà que le boss lui a claqué un garde du corps dans les pattes. Comme si elle ne savait pas tenir sur ses jambes après ces longs mois de rééducation. Comme si ce n’était pas assez humiliant d’être affublée de cette canne. Charlie est en colère contre son nouveau boss. Elle a le sentiment qu’on ne lui fait pas confiance, tant sur ses compétences que sur le plan physique. Elle va forcément se sentir fliquée pour sa première mission, et ça, la franco-britannique n’aime pas. Vraiment pas. Et le pire, c’est que statistiquement, ce sera sûrement un mec qu’ils vont lui coller aux basques pour assurer sa sécurité. Comme si elle avait besoin d’un mec pour ça… A la limite, un canon pour passer la soirée, elle dirait pas non mais pour bosser c’est hors de question. Il lui reste encore un peu d’égo, tout de même.

A l’heure prévue, l’ancienne Serpentard décide de se lever de sa chaise pour éviter que quiconque la trouve affalée derrière son bureau. Histoire de montrer à son garde du corps qu’elle tient seule sur ses jambes, pas besoin d’un déambulateur. Elle fait mine de s’affairer quand soudain, on frappe à la porte. Vite, Charlie se retourne face à l’armoire métallique qui contient ses parchemins pour se donner un genre. Le genre “occupée, rien à foutre de ta gueule”. "Entrez," lance-t-elle d’un ton pas franchement aimable. Toujours dans l’optique de se donner une certaine contenance, elle fait mine de farfouiller parmi ses dossiers sans accorder un seul regard à la personne qui vient d’entrer. "Je suppose que vous êtes le garde du corps envoyé par mon chef ?" demande-t-elle d’une voix sarcastique. Dans son dos, elle entend le son de ses pas, puis plus rien. Un arrêt devant son bureau, dans l’attente qu’elle daigne enfin se retourner, probablement. Charlie prend son temps. Un brin hautaine, elle aime montrer qu’elle maîtrise toujours la situation malgré cette canne qui soutient chacun de ses pas.

Quand enfin elle se décide à faire face à son invitée, elle découvre avec surprise qu’il s’agit d’une femme. Et que son boss n’a pas choisi la plus moche pour l’escorter. Ça détend immédiatement la jeune femme. La petite voix dans sa tête souligne que si on lui avait dit qu'elle était si canon, elle aurait moins rechigné à se faire escorter. Un petit sourire en coin à peine refoulé, elle s’avance pour lui tendre la main. "Agent Charlie Standford," précise-t-elle sans pour autant lui demander son nom en retour. Elle suppose que l'intéressé lui révèlera d’elle-même. Cela étant, même si la blonde a l’air franchement badass, Charlie refuse de lui faciliter la tâche. Canon ou pas, elle ne veut pas d’un garde malade pendant qu’elle bosse. "La mission d’aujourd’hui nécessite une intervention rapide et discrète, faudra pas me ralentir, je compte sur vous." Dans son état, c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité mais Charlie a toujours été hyper gonflée et vaniteuse quand on lui faisait comprendre qu’elle n’était pas à la hauteur. Hyper casse-couille, en gros. "Mon supérieur vous a fait le topo de la mission ou je vous explique avant de partir ?"

@Pristina Sahatçiu

Bodyguard

Son mentor l’avait rencardée sur une affaire et pas des moindres. Bien que Pristina Sahatçiu fût à des lieues d’écouter des ordres. Ou de s’y plier. La Lionne était ainsi : sauvage et indomptable. Prête à mordre ou sortir griffes et crocs, si le besoin s’en faisait sentir. Son ‘patron’, du moins, c’était ce qui se rapprochait le plus d’un supérieur hiérarchique au demeurant, lui avait stipulé d’être le garde du corps d’une autre jeune femme. Qui, selon les dires du type en question, était bien impeccable d’apprécier quelqu’un se trouvant dans ses pattes.

Or, la personne en question ne connaissait point encore la Serbe et son furieux répondant. Celui-ci, qui lui avait même valu au sein de Norma, une guerre ouverte avec Isaac Wellington. Le fameux joueur de Quidditch, encensé par la foule et des supporters qui ne savaient pas la réelle essence de l’énergumène en question. Ce connard était pire que tout. Et, si un jour, on lui propose un tel contrat sur la tête de ce grand et gros connard, l’ancienne Rouge et Or, démissionnera. Jamais, la blonde ne s’abaissera à obéir aux ordres d’un enculé pareil. Y’avait ‘folle’ et ‘folle’. Et, elle n’était clairement pas dans la deuxième catégorie. Faisant éclater une bulle de chewing-gum à la fraise contre son palais, la meilleure amie de Mayra Alushi était prête à se rendre au lieu et à l’endroit voulu.

Département des Mystères.
Bureau de Charlie Standford.
Nulle directive en plus concernant la mission, en devenir.

Avec un sourire aux lèvres et une sucette à la fraise à la place du chewing-gum au même goût mais qui n’en avait plus vraiment, Pristina Sahatçiu se mit en tête de transplaner. Réajustant au préalable son tailleur pantalon noir et blanc, où trônait la cravate aux couleurs de son ancienne Maison. La meilleure : la Rouge et Or. Disciplinant à peine ses mèches blondes et bouclées, la fille unique de l’Ambassadeur de Serbie au Royaume-Uni consentit enfin à se rendre sur le lieu de rendez-vous, moyennant une envie curieuse de voir cette personne qu’elle va devoir protéger. Et ainsi, botter énormément de culs. Là, était son travail premier. Fidèle à cette idéologie, tout comme elle l’était à ses éternelles Dr. Martens noires, bien chaussées à ses pieds. Et elles aussi, prêtes à défoncer des culs, pour le boulot. Rien que pour le boulot.

Évoluant dans les interminables couloirs du Département des Mystères, la Serbe s’arrêta à un endroit précis de son périple. Un sourire sur les lèvres, une sucette à la fraise en dedans. Et de s’annoncer en toquant trois coups vifs et brefs à la porte, une main dans l’une des poches de son pantalon large. Peu surprise de la voix peu avenante qui venait de lui parvenir. Et surtout, d’avoir comme première et réelle vision : un dos. Il y avait peut-être mieux comme première impression, n’est-ce pas ? Attendant que la jeune femme lui adresse, ne serait-ce qu’un coup d’œil, la blonde s’approche. Telle une Lionne. Ne laissant qu’une distance courte, entre elles deux.

- Ouais. Exactement. Un bruit de succion fruitée plus tard. Mais, je dois avouer que parler à un dos, c’est pas dans le cadre de mon boulot. À peine ses mots furent sortis d’entre ses lèvres, que l’ancienne Gryffondor vit enfin son interlocutrice, pour pouvoir prétendument la regarder droit dans les yeux. Ou du moins, dans ses lunettes aux verres teintés. Enchantée. Garde du corps, Pristina Sahatçiu. C’est bien moi qui vais vous assister toute cette mission. Un rire, alors que la sucette elle, passait les meilleurs instants de sa vie, logée entre les lèvres suaves de la garde-du-corps. Je serais aussi rapide et discrète que le veut mon job. Vous ne me verrez même pas. Un silence, assorti d’un sourire en coin, les bras croisés sous sa poitrine généreuse, enveloppée dans une chemise blanche. Non. J’attends votre topo, Miss. Avec la plus infime des attentions. Vous pouvez me croire. Cela était la stricte vérité, connaissant la Lionne et sa franchise qui n’était pas si légendaire que ça, en fin de compte.

Bodyguard

La déception de Charlie est vite éclipsée par le spectacle qui lui est offert au moment où elle se retourne. Une chose est sûre : ça la fait chier qu’on la déclare faible au point de la faire escorter mais si c’est pour être assistée par une nana aussi canon, elle rechignera moins. Canon et avec du répondant. Ça ne manque pas, elle la tacle tout autant. Charlie sourit, c’est de bonne guerre. La vérité, c’est que si on lui avait envoyé un ec, elle aurait été terriblement chiante tout le long. Là, ça la radoucit un poil. Un poil, on a dit. "Pardon, j’étais de mauvaise humeur parce que j’étais persuadée qu’on allait m’envoyer un mec. Pour… vous savez, jouer les gros bras avec rien dans le crâne." Le vouvoiement la gonfle un peu, surtout qu’en face, la dénommée Pristina semble jeune et peu embarrassée par les conventions. "Enchantée Pristina. On se tutoie, c’est mieux, non ?" Plus pratique si après ça, elle a envie de l’inviter à boire un verre.

Appuyée sur sa canne, elle contourne son bureau pour se planter devant elle et qu’elle constate un peu à quel point son corps est brisé. "Rapide et discrète, ça me va…" La jeune femme répond avec une rigueur presque militaire mais tout dans son regard indique à Charlie qu’elle est bien plus que ça. Un aura rebelle émane d’elle sans que l’ancienne Serpentard ne puisse se l’expliquer. Comme ses supérieurs ne l’ont pas encore briefée, Charlie s’exécute. Mais soyons honnêtes, si on lui avait présenté un gros bourrin, elle n’en aurait même pas pris la peine, lui laissant découvrir les surprises au fur et à mesure. "Très bien alors pour te la faire courte, on m’a balancée du haut d’un toit il y a deux ans quand j’étais encore Tireuse d’élite. Et ça, c’est ce qu’il en reste." Par “ça”, elle entend son corps qu’elle désigne d’un geste presque rageur. Et c’est à cause de “ça” qu’elle en est là. Elle pose ses fesses sur le bord de son bureau avant de poursuivre.

"Mon nouveau patron a accepté de me confier une mission à la seule condition que je sois accompagnée. C’est là que t’entres en scène. Personnellement, je n’en vois pas l’intérêt car il s‘agit d’une mission de reconnaissance mais si je ne me plie pas aux ordres, j’imagine que je serai virée de l’équipe. Donc on va essayer de s’entendre pendant quelques heures." Voire plus, si affinités, mais Standford n’en est pas encore là : le devoir avant tout même si les jolies courbes de son interlocutrice ne la laissent pas indifférente. "Venons-en à la mission. Un de nos indics nous a signalé un possible repère de Mangemorts dans un hôtel à Londres avec quelques noms à vérifier. L’objectif est simple : on se pointe là-bas, on jette un œil, on constate ou pas et on rentre à la maison. Ça te va ?" L’indic en question, c’est Isaac Flint, un mec qui fait le tapin dans une agence élitiste où un paquet de Puristes veulent s’offrir du bon temps et avoir une oreille attentive pour tous leurs petits soucis d’extrémistes. Charlie ne comprend pas comment il peut se taper de pareilles ordures mais bon, chacun son métier.Et même s’il est plutôt mignon, ses conquêtes, Charlie préfère les attirer dans son lit par son charisme et pas par le tintement des pièces de monnaie.

"Une dernière chose avant de partir, je ne peux plus transplaner, c’est dangereux vu mon état. Réseau de Cheminette, c’est ok ou tout autre moyen de transport tant qu’on ne transplane pas. C’est bon pour toi ?" Ses fesses quittent le bureau et elle emprunte le chemin de la sortie pour gagner le hall du Ministère où s’alignent des dizaines de cheminées. Le réseau va les déposer tout près de l’hôtel de luxe dont l’arrière boutique renferme des passages secrets et des salles servant aux réunions des Mangemorts présumés. "Ça fait longtemps que tu fais ce métier ?" demande-t-elle plus par curiosité que pour s’assurer de la légitimité de son interlocutrice. L’ancienne Tireuse d’élite s’engouffre dans une cheminée en piochant un peu de cendres au passage. "On se retrouve de l’autre côté. Vesper hill hotel." Et pouf. La Gardienne des prophéties disparaît dans un nuage de fumée émeraude.

Bodyguard

Sa cliente du jour, semblait être une forte tête et Pristina Sahatçiu, adorait cela. Une femme forte et résiliente, qui n’avait pas échappé aux crasses de la vie. Pire, elle les avait surmontées et elle était toujours de ce monde pour en parler. Et pour envoyer chier cette satané vie, qui l’avait mise dans cet état. La garde-du-corps, s’en était aperçu et rien ne pouvait troubler la Lionne à ce propos. Mais, elle n’en fit rien. Préférant écouter les paroles de sa patronne avec un petit sourire en coin. Parce qu’il était sensiblement véridique, qu’on avait comme image imprimée, que la sécurité rapprochée, -autant sorcière que moldue-, n’était dès lors orchestrée que par des gros bras en uniforme. Et, l’employée des Services Secrets marquait un point de plus : sans cerveau, qui plus était.

- Souvent, c’est cette image qu’on a des garde-du-corps. Les mecs musclés et totalement décérébrés. Qui savent juste faire de la gonflette et se battre avec leurs muscles. Un rire de la Serbe, qui là encore, n’était pas opposée à cette proposition, qu’elle venait d’entendre. On peut se tutoyer Charlie. Surtout si on est amenées à se revoir ou … à bosser ensemble ? À nouveau ?

Néanmoins, l’ancienne Rouge et Or devait faire ses preuves. Montrer pourquoi son mentor, l’avait mise sur ce contrat. Et pas un ou une autre. Bien que les concurrentes féminines demeurassent rares dans ce métier, que l’ancienne Gryffondor adorait. Parce que botter des culs, ça restait sa spécialité. Et, qu’elle se savait faite pour ça. Depuis Poudlard, notamment. À foutre des dérouillées au Serpentard, qui se prenait pour le nombril du monde : Isaac Wellington. Mais, qui ne la laissait jamais sur une victoire. Rendant la Lionne encore plus hargneuse, surtout quand ce dernier s’approchait (à raison) de Mayra Alushi, qui était l’innocence incarnée dans leur histoire.

- Ouais. Même quand je dois botter des culs. Un clin d’œil, alors que la fille unique de l’Ambassadeur de Serbie écoutait avec une certaine attention, et pouvait enfin mettre une raison pour laquelle, son interlocutrice était dans cet état. Une canne et un corps brisé. Et, sûrement un mec futur qu’elle étranglerait à mains nues ou dont elle s’emploierait à lui broyer les parties, la Serbe. Un petit plus dans le contrat, ça. Putain, du haut d’un toit ? Et … t’as des couilles pour être encore là. Et ancienne Tireuse d’Elite, en plus … Un sifflement appréciateur, alors que le regard brun foncé, toujours occulté par les verres teintés, ne se détachait point de sa vis-à-vis. Je serais ton ombre, durant la mission. Pour la mission, ça me va. On fait comme t’as dit. Sans débordements.

Évidemment, cela était mal connaître le caractère incendiaire de celle qui avait porté durant sept années consécutives, les préceptes de Godric Gryffondor sur ses épaules. Un bottage de cul en règle, cela passait généralement par quelques dommages collatéraux. Et, tant qu’elle ramenait Charlie Standford saine et sauve dans son bureau, cela n’avait nulle importance, n’est-ce pas ? Si ça déviait un tout petit peu, des sentiers battus. Et après tout … c’était joindre l’utile à l’agréable. Parce qu’une mission où Pristina Sahatçiu s’emmerdait, ce n’était pas à proprement parler une mission. C’était un calvaire.

- Je comprends pour le fait de transplaner. Et la poudre de cheminette, me va très bien. Je m’adapte. Un sourire tendre et bienveillant de la part de l’ancienne Rouge et Or, prête à en découdre et faire ce pour quoi, elle est ici. Et payée. Bien qu’un verre en tête-à-tête avec sa charmante débitrice serait une très bonne rétribution. Depuis que je suis sortie de Norma, en gros. Ça me détend, de faire ce que je fais. Cette fois, sa sucette terminée, la Serbe garde le bâton en bouche. Mais le retirant, le temps d’énoncer sa destination prochaine.

Le Vesper Hill Hotel.
Il y avait sensiblement du monde qui pénétrait dans cette immense bâtisse. Et si en plus au milieu de tout ce beau monde, il y avait des adeptes du Lord noir, c’était banco. Mains dans les poches de son pantalon de costume, la Lionne étudiait les différentes possibilités. Appuyée contre un mur, en face de l’établissement prestigieux. Elle, elle favorisait d’y aller sans gants. Pour parler vulgairement : de taper dans le tas. Mais après tout, s’il y avait suspicion … c’était qu’elle pouvait y aller franco, non ?

- On y va. Et on s’en tient à ton plan. Mais, si je sens que la potion tourne, j’interviens. Même si me faire cogner pour tes beaux yeux, serait une belle prise de risque, j’entends bien. Un sourire, parce que justement ces beaux yeux, elle ne les voyait pas la Serbe, mais elle les imaginait très bien. Tout en faisant éclater une bulle de chewing-gum à la fraise. Let’s go. Pour botter des culs, bien évidemment.

Bodyguard

Hinhin. Ça lui donne toujours envie de ricaner quand elle bitche entre filles sur les mecs et leurs égos surdimensionnés. Surtout que son interlocutrice a l’air d’être du même avis qu’elle. En soi, Charlie l’a toujours dit, il y a très peu de choses qu’une femme ne peut pas faire comme un homme. Et pour l’instant, sa liste se résume à “mettre une autre nana enceinte” et “pisser debout”. Pour le reste, elle ne veut pas en entendre parler. Son orgueil la laisserait crever de faim plutôt que de demander à son voisin de lui ouvrir un bocal au couvercle trop serré. Quand on a besoin de force, on recherche des muscles, pas un zgeg. "Heureusement que tu sors du lot pour casser ce cliché ! Bien sûr, si la mission se passe bien, je te recommanderai à mes supérieurs." Charlie sait que Daniel n’est absolument pas sexiste en la matière et qu’il recrute autant d’hommes que de femmes au Bureau Apolitique de la Constellation d’Astrée. Lui-même ayant fondé les services secrets du Ministère avec Moira, il n’attache pas de valeur de genre au sein de son groupe d’espions. Seulement ce qu’ils peuvent apporter à l’organisation. D’ailleurs, il a embauché Charlie peu après son transfert au Département des Mystères, voyant au-delà de sa canne et de son corps fracassé, un instinct de guerrière et le pouvoir de la résilience. Et il est certain que Daniel et Moira accepteront un nouveau contrat avec Pristina si elle parvient à convaincre l’ancienne Tireuse d’élite de ses compétences.

Avant d’expliquer à la Serbe le contenu de sa mission, Charlie est obligée de préciser un bout de son histoire. Pour justifier les inquiétudes de son patron et faire passer ça pour un excès de zèle (parce qu’ici, ya pas de mauviettes !). L’ancienne Serpentard déteste ça parce qu’elle a l’impression que ça pousse les gens à s’apitoyer sur son sort. Cependant, elle a l’agréable surprise de constater que l’effet inverse se produit, au son d’un sifflement d’admiration. Elle commence à bien l’apprécier, cette nana, finalement. Charlie esquisse un sourire en coin quand l’autre blonde lui dit qu’elle a eu des couilles de revenir après ce traumatisme. Même s’il y a une certaine forme de sexisme à déterminer que le fait “d’avoir des couilles” rend une personne incroyable, elle adore ce genre de compliment. Dans une autre vie, elle aurait adoré être un mec. En fait, elle consacre toute sa vie de femme à prouver qu’elle peut être aussi douée et forte qu’un homme. La grande classe pour Standford. "Ouais, faut croire qu’on ne se débarrasse pas si facilement de moi ! J’ai demandé à mes parents de me prendre en photo sur mon lit d’hôpital en train de faire un fuck pour l’envoyer au mec en tôle. J’aurais payé pour voir sa tête quand il a ouvert l’enveloppe, tiens !" Cynique à souhaits, l’acidité coulait dans ses veines depuis ce jour maudit.

En demandant plus d’informations à sa nouvelle partenaire, Charlie comprend que sa profession est le job de ses rêves et qu’elle adore cette fonction de garde du corps. "Ancienne Gryffondor ?" demande-t-elle avec un sourire en coin. Parce qu’il n’y a que les Rouge et Or pour aimer foncer dans le tas comme ça. Il en faut, après tout. Et s’il y en a une des deux qui doit se farcir des indésirables aujourd’hui, autant que ce soit la Serbe.

Après l’utilisation du réseau de Cheminette, les deux femmes se retrouvent enfin devant l’hôtel qui sera le théâtre de leur enquête. Charlie prend le temps d’étudier la façade du bâtiment et toutes les issues visibles qu’il comporte. Histoire de savoir pas où sortir si ça commence à chauffer. Bien sûr, elle sera protégée par Pristina mais elle préfère éviter de se faire remarquer. Même si la blonde lui affirme qu’elle n’hésitera pas à se jeter dans la bagarre pour ses beaux yeux. Intéressant… Charlie lui coule un regard amusé et teinté de charme avant de traverser la route. Si sa garde du corps manie aussi bien sa langue que ses poings ou sa baguette, cette journée risque d’être intéressante. Sans compter que depuis le début de leur entrevue, le doux parfum de ses bonbecs rend la Serbe d’autant plus attirante. "T’en aurais un pour moi ?" demande Charlie juste après qu’elle ai fait éclater sa bulle de chewing gum. Elle en aurait bien goûté le parfum directement sur ses lèvres mais ce n’est pas ce que les gens bien élevés font d’habitude. Et c’est pas hyper pro non plus.

Guidées par Charlie, les deux femmes traversent le hall sans même jeter un regard aux gens qui les entourent. Visiteurs ou personnel du Vesper Hill sont d’ailleurs occupés à leur tâche et ne les remarquent pas vraiment. En vérité, la démarche assurée et le regard fixe sur la cible de Standford ne laisse le doute à personne : elle sait où elle va et il faut que cela semble normal. Après tout, c’est ce que font les grands de ce monde à qui l’on ne demande pas de comptes. Qui donc oserait demander à un directeur où est-ce qu’il pense aller où s’il a le droit de pénétrer dans des pièces réservées au personnel ? C’est précisément ce que font les deux jeunes femmes. De mémoire, Charlie retrace le chemin dicté par Isaac pour trouver le chemin vers les salles de réunions mises à disposition des invités. En l’occurrence, c’est une entrevue de Mangemorts que vise la Gardienne des prophéties. Lorsqu’elle la trouve, l’ancienne Serpentard donne quelques explications à son invitée. "J’ai deux Mangemorts potentiels qui vont se rencontrer ici dans quelques minutes. On va écouter et enregistrer leur conversation pour prouver que c’est pas juste deux Sang Pus un peu fachos, tu vois ce que je veux dire ?" Et pour les espionner, il leur faut une planque. Juste à côté de la salle de réunion se trouve une petite pièce à peine plus grande qu’un placard à balais. Charlie en ouvre la porte et avise du matériel d’entretien, justement. "On va se planquer là." Tant pis pour le confort, elle en a rien à carrer. Elle avise une caisse sur laquelle elle pourra s’asseoir et tire de sa poche un objet magique ressemblant à s’y méprendre à une oreille argentée. L’agent Standford la colle au mur les séparant de la salle de réunion et attend que leurs invités se présentent. Grâce à un enchantement, l’oreille enregistrera chaque seconde de la confrontation et elle la donnera ensuite à Daniel. Une invention du BACA incroyablement utile. "Faut pas faire de bruit sinon ça va perturber l’enregistrement, mais je pense qu’en se collant au mur, on pourra entendre, nous aussi," explique-t-elle.

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La Serbe adorait ce genre de femmes : forte, libre et totalement indépendante. Celles qui foutaient des doigts d'honneur au monde, parce que ce dernier leur avait chié à la gueule ou craché dessus. Parce que la société, elle était juste un duel de queues, pour savoir laquelle serait la plus grosse. Et ça, ça emmerdait vraiment l'ancienne Gryffondor. Pristina Sahatçiu, n'appréciait pas ce genre d'états de fait, parce qu'elle détestait ce que le microcosme du patriarcat pouvait engendrer. Des jeunes femmes, avec des complexes plus grands que l'Univers lui-même. Parce que les hommes aimaient faire en sorte d'asseoir leur domination sur ces jeunes femmes, qui pourtant, avaient toute la force du monde pour les réduire à néant, ces imbéciles.

C'était aussi pour ça, qu'elle avait choisi ce métier essentiellement réservé aux hommes, la garde du corps. Se rappelant son premier jour de mission, où, comme à l'armée -elle en était sûre et certaine du moins-, ses collègues masculins transpiraient à la fois la misogynie et la testostérone un brin trop prononcées. Et, elle ne s'était pas gênée de leur montrer que leurs préjugés, c'était juste du vent. Parce qu'ils voulaient se rassurer en se sentant supérieurs ? Parce qu'ils avaient peut-être (sûrement) un sentiment d'infériorité à combler. Alors, cette femme qui se trouvait en face d'elle : elle avait toute son admiration. Pleine et entière.

- Je te remercierais, en t'invitant à prendre un verre. Ou à tester des nourritures de mon pays. Et tu testerais la rakija, c'est de chez moi. Et quelque chose, me dit ... que tu vas adorer. Un petit rire satisfait assorti d'un clin d’œil complice. Qui n'aimait pas la rakija, franchement ? La blonde était sûre et certaine que sa comparse allait apprécier, vu ce qu'elle était en train de lui dire. Ou de lui confesser. Le genre, qui méritait encore un sifflement d'admiration, venant de la fille unique de l'Ambassadeur de Serbie. Il a sûrement dû débander aussi sec, ce fils de pute. En tout cas, chapeau. T'as bien fait de le faire !

Elle, pour sûr, qu'elle aurait fait pareil. Pour sûr qu'elle aurait montré à ce connard de quel bois, elle se chauffait. Quitte à ce qu'elle se rende jusqu'à la prison où il se trouvait, pour lui botter le cul. C'était tout ce que ce fils de pute méritait. C'était presque à la hauteur de Wellington fils et de ce que l'ancienne de Norma éprouvait envers lui, quand elle savait que sa meilleure amie, n'était pas indifférente aux prouesses du Boucher Vert. À cette pensée, un haut-le-cœur qui fut étouffé dans un rire. Parce que Charlie Standford l'avait cernée. Immanquablement. Ancienne Gryffondor et fière de l'être.

- Ouais. C'est exactement ça. Je ne me voyais pas ailleurs de toute façon. C'était l'exacte vérité ça. Il n'y avait bien que chez les descendants de Godric Gryffondor, qu'il y avait des têtes brûlés. Habitués à foncer dans le tas, et à réfléchir après. C'est pour ça que son interlocutrice, elle ne venait pas de cette Maison. La Lionne se rappelant à juste titre, que sa vis-à-vis avait endossé les couleurs de la Maison rivale, pendant l'utilisation du réseau de Cheminette, qui les conduisaient toutes deux jusqu'à leur destination.

Avec un souffle, son regard brun foncé observant la devanture du bâtiment avec un certain intérêt, l'ancienne Rouge et Or élaborait déjà un plan dans son esprit. La priorité : protéger cette femme qui l'accompagnait et qui était de ce fait, mandatée pour une mission. Qui était la suivante : aller écouter aux portes sans se faire remarquer. Sortie de ses pensées, par l'employée du Ministère elle-même, la garde du corps céda à sa requête. Qui était d'avoir un chewing-gum, tout comme elle. Un sourire mutin, venait de s'afficher sur ses traits, alors que la blonde incendiaire, sortait une gomme à mâcher rose bonbon de son emballage métallisé pour la proposer à la trentenaire en face d'elle, qui, devait entrouvrir ses lèvres, afin que la friandise lui soit donnée.

Chose faite, l'ancienne Gryffondor suivait son acolyte à travers le dédale que constituaient les couloirs de l'hôtel, sans prêter attention aux autres âmes qui circulaient dans cet édifice. Il y avait un objectif certain et elles se devaient de l'atteindre. Étant dans une salle réservée au personnel et à l'abri des regards, la Serbe écoutait avec circonspection les dires de son interlocutrice, bras croisés sous sa poitrine. Écouter et enregistrer, une conversation ? C'était sûrement dans ses cordes. Même si, elle devait se l'avouer : ça manquait cruellement d'action, tout ça ! Se déplaçant de cette salle immense à un simple placard à balais, la Serbe eut un rire bref mais néanmoins tendre.

- Si c'est un plan drague que tu me fais, j'avoue ... je suis preneuse. Redevenant sérieuse, la blonde venait d'entrouvrir légèrement la porte de leur geôle, -juste assez pour y jeter une œillade-, histoire de voir, si elles ne seraient pas inquiétées dans l'immédiat. Et que Charlie Standford obtienne les informations, qu'elle était venu chercher.