On the sunny side of the street - Pristina / Regulus

Depuis la mission catastrophique, suivi par le réveil catastrophique de Sirius à l’hôpital, il n’a pas cherché à entrer en contact avec ce dernier. Le souvenir de la blessure émotionnelle cuisante, de la colère, est encore trop vif. Pour autant, il n’a pas ébruité ce qu’il a surpris, à personne, hormis auprès d’Albus Dumbledore. Et le cas est de force majeure, devant la gravité du risque pris ; il fait confiance au vieux sorcier pour s’assurer que Sirius ne soit pas sous une quelconque influence, ce qui épargnerait les vies de femmes et d’hommes courageux. Lui a le sentiment de ne pouvoir faire grand-chose, présentement.

Sur ce front, du moins.

Car sur un autre…

Il n’a pas exactement partagé tous les détails de leur mission ratée. Malgré le regard clair, pensif, que lui a lancé Albus Dumbledore, il a tenu sous silence leur rencontre avec l’elfe de maison, et, de fait, il n’a pas mentionné la présence de Regulus Black. Ca n’a aucun sens ; cependant, il lui a semblé qu’il a une dette à l’égard du cadet des Black, et qu’en retardant le moment de révéler sa situation, il la rembourse. D’une certaine manière ? Peut-être Regulus Black n’en aurait-il pas la même définition.

Sirius ne semble pas s’être inquiété de la façon dont ils s’en sont sortis, trop intéressé par… d’autres formes (de divertissement). S’il a parlé entre-temps avec d’autres membres de l’Ordre, a-t-il été étonné que Remus n’ait pas fait état de la dernière chose à laquelle il a assisté avant de sombrer dans l’inconscience ? A-t-il perdu le souvenir de ces derniers instants ? A-t-il simplement conclu que son camarade les avait sorti de là seul, avec les honneurs ?

Peut-être. Peut-être, instinctivement, sentait-il que les réponses ne lui plairaient pas ? L’aîné des Black a, souvent, des pressentiments qui tendent à l’instinct animal, comme si la plasticité du cerveau humain et animal se mêlaient, au fil des transformations.

Quoi qu’il en soit, Remus Lupin, lui n’oublie pas l’identité de celui qui est sorti des ténèbres pour leur prêter main forte. Il sait tout ce que cela signifie, de la tenue que portait le jeune homme, de son arrivée providentielle alors que tous ignoraient la situation périlleuse des résistants. C’est le premier niveau. La première trahison, celle que Sirius n’est pas à même d’affronter. Mais…. Regulus les a sauvés, et il y a là, une deuxième trahison, plus lumineuse.

Sur ce front là, Remus veut avancer.

Il n’est pas naïf au point d’y aller seul, cependant.

D’où la présence du lycanthrope aux traits tirés et à l’air plus malade que d’ordinaire, à une table d’un pub tout ce qu’il y a de plus moldu, dans Londres. Attendant sa coéquipière du jour.

A elle, il a expliqué. Il l’a choisie parce qu’il a confiance en elle, malgré tout ce qui les sépare en âge, en caractère, et… autres. Pristina garde les secrets. Tous. Quels qu’ils soient. Et, ce qui était un atout supplémentaire pour ce qui allait suivre, la Lionne est douée, sans avoir froid aux yeux.

L’horaire, en plein après-midi, est inhabituel, mais Remus a un jour de congés. On utilise les opportunités que l’on peut. Et Pristina est manifestement disponible. Il lui fait un signe.

« Merci d’avoir accepté de venir. Toujours prête à retourner sur les bancs de l’université ? »

Pristina Sahatçiu était connue généralement pour son caractère flamboyant et des plus remuants. Celui, qui, lui avait obtenu la place parmi les Lions. Ceux, dont elle en portait fièrement l’étendard comme un signe de ralliement face à ce qui se tramait dans l’univers. Celle surnommée la Lionne par ses pairs et par une meilleure amie, qui parfois pouvait être des plus singulières (tomber amoureuse de ce connard d’Isaac Wellington ; par exemple), appréciait quelques congénères qu’elle avait retrouvé tout naturellement pour défendre une cause commune. L’Ordre du Phénix. Il était le repère de ces âmes résistantes en quête de bottage de culs. Pour la Serbe, du moins. Et … il y avait notamment quelques corps masculins qui lui avaient été donnés d’introduire au plaisir de la chair. James Potter et Sirius Black, faisaient partie de ceux-là.

Et, il y avait eu Remus Lupin.
Emporté par ses deux meilleurs amis qui avaient voulu que le grand mince à l’allure timide suive le même chemin qu’eux. Or, ce dernier n’était pas de cet acabit là. Préférant une tout autre forme de volupté que le corps de la blonde ne lui offrirait jamais. Alors, elle avait emporté ce secret, lors de cette drôle journée, qui avait fait en sorte qu’elle développe pour son ancien camarade de maisonnée commune, une affection somme toute assez particulière. Le plus calme des quatre, avait ce quelque chose en plus que l’ancienne Rouge et Or, appréciait réellement. Une sagesse, que parfois, elle-même ne possédait pas. Surtout lors des Missions, où la fille unique de l’Ambassadeur de Serbie brillait plus par ses coups d’éclat je-m’en-foutiste que par une stratégie élaborée en amont.

Alors, quand l’ancien Gryffondor avait eu besoin d’aide, la meilleure amie de Mayra Alushi devant l’éternel avait répondu présente. Avec un clin d’œil et un sourire. Les mêmes, que son futur interlocuteur aurait dès lors qu’elle rejoindrait celui-ci dans ce Pub, qui serait momentanément leur lieu de rendez-vous pour fomenter un plan. Qui serait mené à la perfection, n’est-ce pas ? Même si pour l’instant, elle n’en connaissait que les prémices et non les réels tenants et aboutissants. Or, le jeune homme ne renoncerait pas à tout lui expliquer, au moment opportun. Avec un sourire assorti d’une sucette à la fraise et d’un vêtement efficacement pratique vantant les mérites de son métier à la fois côté moldu et sorcier, la Lionne pénétra dans l’établissement. Son sac à dos sur les épaules et ses éternelles Dr. Martens aux pieds. Un sourire bien plus large, alors que son futur vis-à-vis lui fait signe, assorti toutefois, d’un léger froncement de sourcils.

Il n’avait pas l’air en très bonne santé. Et très fatigué, si elle en jugeait par le teint plus blafard et les cernes gris. Se glissant sur la banquette, tout en posant son sac à dos à côté d’elle, le regard brun foncé étudia les stigmates de fatigue qui étaient pour le moins préoccupants. Parce que là aussi, la Serbe connaissait la relation étroite entre l’aîné des Black et celui qui l’avait invitée. Aîné des Black, qui d’ailleurs, n’était pas vraiment assidu aux réunions de l’Ordre. Ce qui était pour la peine, un peu plus inquiétant. Était-ce, ce qui torturait le jeune homme brun, à raison ? Toujours souriante, Pristina Sahatçiu se pencha en avant pour ouvrir la fermeture éclair de son sac et en sortir deux sachets, qu’elle fit glisser devant Remus Lupin.

- J’ai pensé à toi. Du thé Shumadian, qui provient de Serbie. Mon père le fait venir, parce que le goût de sa contrée lui manque. Et qu’il ne la retrouve pas, dans les thés londoniens. Un sourire. Tu me diras, ce que t’en penses. Et sinon, j’ai du chocolat qui lui aussi, vient de mon pays natal. Un autre silence. Et toi, ça va ? Et pour répondre à ta question : toujours prête pour faire un petit retour dans le passé, à l’université ! Une exclamation rieuse, alors qu’il lui faudrait bien un café, pour amorcer tout ça. On chope ce petit avorton et on le cuisine ? Parce que c’était bien de ça, dont il s’agissait, non ?

La démarche de Pristina a la souplesse et l’élégance d’une véritable Lionne. Elle dit son pouvoir et la conscience de son pouvoir, et pourtant, sans mépris ou dédain. Le monde est son terrain de jeu ou de chasse, peut-être les deux tout à la fois. C’est une sensation qu’elle partage, qui irradie et se communique au monde qui l’entoure. Il accepte les sachets qu’elle lui offre avec un sourire reconnaissant. Parce que ce sont des cadeaux, bien sûr, mais aussi pour le réconfort réel qu’ils vont offrir, tout au long de leur dégustation. Mais c’est bien une pirouette, qu’il offre d’abord, en réponse :

« Ai-je l’air si mal en point que ça ? »

Parce qu’il a vu, dans le regard de la Lionne, cette expression. Cette émotion fugace, qu’il a vue déjà, dans des dizaines d’autres regards. Jamais encore dans celui de Pristina, ce qui indique sans doute sa dégradation physique actuelle, qu’il ne peut entièrement nier. Les cellules du Ministère ne lui réussissent pas, particulièrement avec les événements récents. Ceci étant, elles ne réussissent à personne – un homme s’est crevé l’oeil avec ses propres griffes, dans la cellule mitoyenne à la sienne. Cependant, les autorités ont l’impression d’exercer ainsi un contrôle juste et bénéfique à la société ; il serait inutile de s’épuiser dans un débat stérile. Remus se soumet, respecte les règles imposées aux siens, et si cela signifie de l’épuisement et des blessures durables, eh bien ce sera leur lot. D’autres les traiteront de fous, mais pour l’instant, il s’accommode des conséquences.

Et il a la compassion de ses amis.

« Je te remercie, Pristina. Ce thé sent très bon, il semble avoir une identité très marquée. J’ai hâte de le goûter. Et le chocolat me remettra sur pied en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. »

Quand au reste, sans doute son état physique a-t-il répondu mieux qu’il ne le fera à la question qu’elle vient de poser, dans laquelle il perçoit non seulement de la politesse mais une réelle inquiétude. Il offre un sourire rassurant, sachant très bien qu’il serait plus convaincant avec un teint plus frais.

« Les derniers jours ont été éprouvants. Mais je ne suis pas encore à terre. Ne t’inquiète pas. »

Il fait ce commentaire d’une voix posée, rassurante, à même de repousser les inquiétudes. Sur le froid avec Sirius, sur les amis aux abonnés absents, il ne dit rien. Après tout, ils ont plus crucial à accomplir, du moins du point de vue de l’intérêt général. Et il est plus simple de se concentrer sur cette part de son existence. Bien plus simple.

En l’occurrence, leur objectif, que Pristina semble prendre sans trop d’inquiétude.

« J’aimerais que ça soit aussi simple… Mais Regulus n’est pas à prendre à la légère. Tu le sais, c’est le frère de Sirius - »

Il parvient à prononcer ce prénom sans aucune émotion particulière, malgré une torsion, dans ses entrailles.

«  -ses parents ont été tout aussi exigeants avec lui qu’avec son aîné. Peut-être plus. Et ses intérêts… divergent de ceux de son frère. »

C’est le moins qu’on pouvait dire, au vu de la situation qui les avait amenés à le croiser.

« Il n’a eu aucun mal à nous créer une diversion que je qualifierais d’explosive. Nous devons rester prudents. D’autant que je doute qu’il ait envie de me voir. »

La main qu’il avait tendue n’avait pas été saisie. Comment Regulus s’en tirait-il à présent ? Avant-il des regrets ? Et si oui… de quelle sorte ? Les avoir aidés ? Ou n’avoir pas suivi son frère… ?

« Cela étant dit, je crois que ça peut être exploité à notre avantage. Son dernier cours de la journée prend fin dans une heure. Il cherchera en toute vraisemblance à me fuir s’il m’aperçoit. Il ne te connaît pas. Nous n’avons besoin que d’une salle vide ou d’un endroit suffisamment discret. Et d’un bon sortilège de mise sous silence. »

Sur la table, il a posé les emplois du temps qu'il a pu récupérer via Meredith Hawthorne, sans lui expliquer clairement la finalité de sa demande, bien sûr. Le regard du lycan, en cet instant, est intense, malgré les traces de fatigue et les cicatrices à vif.

« Les entrées sont contrôlées au sein de l’UME. Mais pas les locaux annexes, comme les toilettes des cours extérieures ou les hangars à balais. C’est là que nous devons réussir à lui mettre la main dessus, avant qu’il ne parvienne à une air où le transplanage est autorisé. Ca va se jouer à très peu de choses. Il y a beaucoup d'incertitude et de flou, dans ce plan. Et une fois qu’il m’aura vu... »

Il secoue la tête. Ils n’auront pas de seconde chance.

Jamais ô grand jamais, l'autre membre de l'Ordre ne lui avait semblé si abattu ou fatigué. Quelque chose dans la posture de son interlocuteur confirmait à la Lionne, qui lui aurait été préférable de prendre un peu de repos, plutôt que de se retrouver, là, avec elle. Or, elle avait bien évidemment accepté cet état de fait. Consciente que celui envers qui, elle avait une profonde affection amicale, avait besoin de son aide. Et, Pristina Sahatçiu ne refusait jamais de tendre la main. Sauf si celle-ci était de nature à sauver Wellington d'une mort certaine, geste, qu'elle refoulait au plus profond de son être. Mais ici, la donne était différente. Remus Lupin, avait besoin d'une main tendue. Et, il était somme toute assez évident, qu'elle la lui offrirait.

Un sourire tendre, à l'évocation de cette mine affable qui avait dû accueillir de plus belles journées. De cela, elle en était certaine, l'ancienne Gryffondor. Cependant, elle ne faisait aucunement partie de celle-ci. Néanmoins, la Serbe ne pouvait cacher cette profonde tendresse qui naissait dans les orbes brun foncé, dûe à ces années à se côtoyer et cette Maison commune qui avait été partagée.

- Serais-je soumise à du Véritaserum, si je ne réponds pas honnêtement à cette question, Remus ? Un léger rire, alors que la fille unique de l'Ambassadeur de Serbie au Royaume-Uni, avait disséminé quelques présents. Certaine, que ces derniers plairaient à son interlocuteur et feraient passer cette affliction qui donnait l'impression d'affliger son être tout entier. Tu m'en diras des nouvelles. Et si les deux te plaisent, je ferais en sorte que mon père en vienne à doubler ses commandes. Et un autre sourire, toujours empreint d'une infinie tendresse. Oh ... mais je le vois, que tu es toujours là. Bien debout. Et, j'aime ça. Un clin d’œil. Un sourire.

Avant d'entrer petit à petit dans le vif du sujet. Celui de sa venue en ces lieux. Visiblement, la cible prioritaire semblait être Regulus Black. Le frère cadet de Sirius Orion Black, aussi tête brûlée qu'elle. Si ce n'était plus. Toutefois, le jeune homme qu'ils devaient tous deux rencontrer avait fait ses classes parmi les Serpentard. Et, il avait mérité cette maisonnée, durant sept longues années consécutives. L'attaquer de front, ne serait peut-être pas si efficace en fin de compte ? Mais ... louvoyer, comme ses congénères ? Si ?  

- Je vois très bien Sirius et la différence avec son petit frère. Un froncement de nez. Tout comme je me doute de ces intérêts qui divergent. Et qui font, qu'on doit aller le choper par la peau de ses jolies fesses. À nouveau, un rire. Bien. Cette diversion, c'est la fâmeuse débâcle au Manoir des Selwyn ? Où Sirius a pris cher ? C'est ça ? Elle se rappelait très bien des blessures et des dégâts physiques qu'elle avait entendu lors des réunions de l'Ordre suite à l'absence de l'un de ses membres clés. Alors, tu ne te montreras qu'à la dernière seconde. Et, j'aurais le temps de le mettre en confiance. Juste assez pour qu'on le chope.

Mais, l'individu serait rusé. Il demeurait un Black, et l'Héritier, désormais.

- S'il demeure des incertitudes, tergiverser nous met en défaut plutôt que de nous faire gagner du temps. Est-ce qu'il côtoie des amis ? Des personnes de sa promotion ? Ou on verra sur place ? Elle aurait aimé largement, enfoncer des barrières comme une Lionne farouche et féroce, mais au lieu de ça, c'était en Serpent qu'il fallait ruser. Et ça, c'était clairement désagréable. Mais, il n'y avait dès lors, plus le choix. Et il faudrait dès lors, s'y plier.

Il n’a pas besoin de Veritaserum pour faire confiance à la jeune femme qui se tient devant lui, et peut-être est-ce un manque de prudence. Mais l’humour piquant avec lequel elle répond, esquivant une question qui les forceraient à reconnaître qu’une partie du duo choisi pour cette mission a du plomb dans l’aile… bref, son culot amusé face à la fatalité a tout de la signature de la Serbe sans peur. Et ses présents sont, tout de même, statistiquement difficiles à trouver au Royaume-Uni.

« Tu es une déesse. Merci, Prisina. »

Les précieuses offrandes sont prestement rangées, et si tout cela se passe sans encombres, il se fera un plaisir de déguster thé et chocolat le soir même, en guise d’auto-rcompense. Peut-être, si elle l’autorise, avec sa propre complice. Ils verraient cela.

Petit à petit, le ton se fait plus sérieux, plus concentré. A un observateur extérieur, qui ne percevait pas leurs mots, ils continueraient de paraître tels deux amis plongés dans une conversation tantôt sérieuse, tantôt plus légère. Sans distinguer leur conversation, il est impossible de savoir qu’il se joue des vies, ici.

L’ancienne Gryffondor est déterminée mais surtout, elle comprend aisément les enjeux de tout cela, reçoit les informations avec concentration, les assimile avec efficacité. Ce genre de choses fait d’elle un binôme précieux, qui, lui semble-t-il, facilite les interventions. Or, ils vont avoir besoin de mettre toutes les chances de leur côté.

« C’est bien ça. Nous ne nous en sommes sortis que grâce à lui. Il y a peut-être quelque chose à exploiter ici, au profit de l’Ordre. Je ne sais pas réellement ce qui l’a poussé à nous fournir cette aide, mais... »

Il laisse la fin en suspens. Elle complétera à sa guise, et tout ce qu’elle devinera sera tout aussi valide que n’importe quelle explication que Remus pourrait fournir. Sur Regulus, il ne connaît finalement pas grand-chose, des images rapportés, des miroirs déformants. On se trouve rarement capable de dire tout ce qui se passe dans l’esprit de ses plus proches – chacun a ses zones d’ombres, ses silhouettes sur lesquelles on ment, ses baisers que l’on tient secrets dans l’espoir qu’ils ne soient pas découverts à l’improviste par un ami ; se projeter dans l’esprit d’une vague connaissance est chose impossible. Il ne prétend pas comprendre Regulus ; cependant les doutes sont suffisamment permis pour tenter quelque chose.

Il hoche la tête, lorsque Pristina rebondit sur sa suggestion, mettant en mots ce que Padfoot aurait simplement traduit en actions.

« C’est l’idée. Je ne ferai que, disons… lui fermer des portes de sortie ou le motiver à avancer dans la direction opposée à la mienne. Pour le reste, tout reposera sur toi. Mais si les choses tournent mal, je serai à même d’être à tes côtés instantanément. »

Quant au reste, aux détails pourtant cruciaux, il a un soupir, secouant la tête :

« Je l’ignore. Il y a une part importante d’improvisation dans tout ça. Mais…. Si ça ne te décourage pas… en route ? »

Il offre un sourire, ramassant les feuilles, pour les mettre dans sa sacoche élimée, et se relever. En cet instant, il a tout de l’étudiant un peu épuisé par une nuit de fête ou de révisions. Il ne devrait pas attirer l’attention, hormis de leur cible. C’est tout ce qu’il souhaite. Et c’est donc en lui tendant la main qu’il se prépare à transplaner pour le campus et ses étudiants traînant sur les pelouses extérieures.

À défaut d'avoir été une conquête antérieure de la Lionne, Remus Lupin est devenu un ami précieux, au sein de l'Ordre. Partageant une Maison identique mais des caractères différents et peu semblables. Mais, pour Pristina Sahatçiu, son compagnon appartenait bien évidemment aux Lions. De par son tempérament qui parvenait par moments à freiner les ardeurs un brin trop inventives de James Potter et de son acolyte de toujours, Sirius Black. La Lionne, ne les avait certes pas connus à Poudlard, mais pouvait aisément s'en rendre compte au sein de ce groupuscule militant dans lequel, ils pouvaient être.
En soi : ils n'avaient pas tant changé que ça.

Or, face aux prunelles brun foncé, l'ancien Gryffondor quant à lui, semblait recevoir sur ses épaules, toute la misère du monde. Dont il avait, malgré lui, bien du mal à se défaire. Peut-être que les douceurs apportées par la fille unique de l'Ambassadeur de Serbie, pourrait alors en amoindrir le mal ? Il semblerait. Il y avait toujours moyen que ça fonctionne. Même si les souffrances se montraient parfois, un peu trop insistantes.

- Merci, mon louloup. Un clin d’œil appuyé et un baiser volant. Assortis d'un rire léger, parce que cela était une plaisanterie née sous un fond de vérité. Venant de toi, c'est charmant. Et ... après notre petite intervention, je te proposerais bien qu'on déguste ensemble tout ça. Si ça, te dit ? Il fallait bien ça, n'est-ce pas ? Vu ce qui les attendait, après tout.

L'Université Magique d'Écosse donc. Et une cible qui leur était dès lors, plus que prioritaire. Regulus Arcturus Black, qui ne devait aucunement leur échapper mais, il se méfierait sûrement. Étant donné que c'était une capacité malheureuse inhérente aux Serpents. Et ça, la Serbe, elle n'appréciait que moyennement cet état de fait. Elle, qui adorait être dans l'action pour botter des culs, -même si celui du petit Black serait charmant à fesser-, elle se devait d'être stratège. Malheur.

- Il était donc étrangement là, au bon endroit et au bon moment. Un silence empreint d'une forme de sérieux. Malgré ce qui doit sûrement les séparer, Sirius demeure son frère. Quoi qu'ils puissent tous deux en penser. On n'efface pas comme ça, les liens du sang. Ce serait un brin trop facile, sinon. Après, elle pouvait se tromper, la Lionne. Bien sûr. Le cadet des Black, n'avait peut-être pas fait ce geste par pure mansuétude envers son aîné, après tout.

C'était cela, qu'ils avaient à découvrir. Et pour tout dire, elle avait grand hâte de le confronter, le petit.

- Bien. M'en dis pas plus. J'attaque le petit Black, tu restes en soutien. Enfin, attaquer ... on se comprend. Frontalement ? Il en était hors de question, alors qu'à l'intérieur de la garde du corps, ça bouillonnait. Et, j'opte pour l'improvisation. Il y a une part de challenge dans celle-ci ! Une exclamation rieuse avant d'harponner la main de son comparse, pour disparaître et se matérialiser quelques secondes, ensuite. Sur la pelouse extérieure du Campus, où certains groupes d'étudiants s'étaient formés.

À première vue, il n'était pas ici, le Black. Avec un petit sourire, -elle était tout de même polie-, la fille unique de l'Ambassadeur de Serbie au Royaume-Uni, s'empara d'un ouvrage négligemment posé dans l'herbe et qui pouvait peut-être servir. Après tout, ils pouvaient se faire aisément passer pour des élèves de l'UME.

- J'ai encore des souvenirs de l'agencement du bâtiment. Dans ses moindres détails. On devrait pouvoir le coincer, s'il nous échappe. Ça ne devrait pas être trop contraignant. D'un index, elle désignait à son partenaire l'entrée principale. On va déjà tenter par ici. On devrait atterrir sur un long couloir ainsi que différentes salles.

Emboîtant le pas, d'un air plus que décidé, l'ancienne Gryffondor se saisit du bras de cet ami, pour le soutenir. Car, elle savait que cette épreuve lui serait peut-être délicate ou peu aisée. Ardue, même. Et ... alors qu'ils avançaient dans ce premier couloir, la blonde se mit à repérer la Proie. Plus loin, qui discutait. Alors que tout dans son attitude désignait une volonté de couper court à la conversation mais qu'il restait à sa place.
Afin de donner le change.

- Il est là-bas. Et, je dois reconnaître que les gènes Black sont à même de produire quelques miracles. Quelques mots soufflés dans un rire, car jusqu'à présent, l'objet de leur venue, ne les avait pas remarqués. Et ça, c'était sensiblement parfait.

Pénible avait été cette journée, qui, pourtant, était encore loin de toucher à sa fin.
Ce n’était pas la première fois que Regulus avait dû, depuis cette rentrée, prendre sur lui pour se rendre en cours. Là où il n’était pas contraint de le faire contrairement à ses années passées à Poudlard. Ici, il était libre de ses mouvements et de ses décisions, mais restait conscient de l’impact de chacune d’elle. Or, s’il appréciait ce qui pouvait être enseigné ici, c’était bien pour donner le change qu’il s’était inscrit au cursus Norma. Et c’était bien un élève sérieux, assidu et investi qu’on voyait en lui. Une image qu’il polissait, car elle servait ses intérêts : ceux de tromper ses potentiels ennemis. Regulus n’était pas dupe, le Lord avait des yeux et des oreilles partout, même ici. Surtout ici. Car il était plus aisé de recruter parmi les jeunes têtes aux idées révolutionnaires et à l’avenir encore flou, que de convaincre des sorciers déjà bien établi de mettre en péril leur confort. Et ça… le Seigneur des Ténèbres l’avait bien prouvé, le jeune Black étant lui-même tombé dans le panneau quelques années plus tôt.

Alors, nonobstant la douleur qui tiraillait son flanc, et la tourmente habitant son esprit, l’étudiant s’était présenté à chacun de ses cours, recueillant d’ailleurs une oeillade de ces iris bleutés qui, eux, savaient. Ils savaient dans quel état avait été le Black, la veille. Et, faute de comprendre la profondeur vertigineuse de l’enfer dans lequel se trouvait le garçon, ils avaient pu en effleurer la surface. Sans doute aurait-elle compris, cette fille, si Regulus s’était porté absent ce jour-là. Et sans doute se questionnait-elle encore sur les raisons de cette sotte ténacité, alors que l’esprit de celui qu’elle avait aidé la veille semblait plongé dans d’autres préoccupations que les cours qu’ils suivaient conjointement.

Au fond… ces cours qui auraient dû accaparer toute son attention d’étudiant ne faisaient office que de parenthèses. Une pause, dans une réalité trop étouffante, qui pouvait dès lors offrir un sentiment ténu de sécurité au jeune sorcier. Car dénué de cette baguette qu’il avait dû abandonner face à Rosier, c’était un profond sentiment de vulnérabilité qui étreignait Regulus. Et s’il n’avait pas souvent eu à en faire usage en dehors d’un cadre quotidien, l’incartade de la veille avait été une cuisante exception. Or, tout laissait à penser que son comparse mangemort n’en resterait pas là, et chercherait à atteindre son objectif, quelle qu’en soit la manière. A partir de là, il n’y avait pas meilleur endroit que l’UME pour être en sécurité.

Le dernier cours venait de toucher à sa fin, et malgré ce que ça impliquait, Regulus était pressé d’en finir et de regagner cette chambre faisant office de studio. Il était tout bonnement épuisé, ses résistances tant mentales que physiques ayant été mises à rude épreuve, à tel point que, cette fois, le Black concédait à l’idée qu’il avait besoin de repos. C’était sans compter ses camarades qui l’avaient interpellé à la sortie, pour débriefer de ce cours qui avait déchaîné les passions. Or, pour une fois et à la surprise générale, l’ancien Serpentard s’était montré étonnamment silencieux. Aussi lui demanda-t-on, bien évidemment, son avis. Car s’il n’avait rien dit, c’était sans doute pour ménager le professeur et éviter de le confronter avec des idées tranchées et une verbe caustique dont le garçon faisait si souvent preuve. Mais ses camarades, eux, avaient soif de savoir ce qui s’était tramé dans l’esprit du Black. Et Regulus réprima un soupir, ses iris glissant vers le couloir qu’il aurait aimé emprunter sans détour, avant de revenir à ses comparses pour leur répondre d’une voix quelque peu traînante.

« Le débat était stupide, il n’y avait rien à en dire. Je préfère garder mon  énergie pour des exercices plus intéressants et des professeurs plus aptes. »

Regards échangés, certains incrédules alors que d’autres ricanaient face à l’arrogance de l’ancien Vert et Argent. Aussi ce dernier en profita pour trouver sa porte de sortie.

« Vous feriez bien d’y songer. » Un pas en arrière, annonçant un retrait. « Et d’aiguiser vos prochains arguments pour le cours de déontologie. »

La provocation était lancée, en la promesse de futurs discussions pour le moins vives, que Regulus se devrait, dès lors, d’honorer. Un exercice qui prenait place de sinécure, pour l’héritier, qui espérait simplement avoir récupéré un peu de son aplomb d’ici là.
Aussi, sur ces mots, s’enfonça-t-il dans les couloirs sans prêter une réelle attention aux personnes sur sa route. C’était à l’extérieur que se tenait le danger, et plusieurs minutes de marche le séparerait du bâtiment dans lequel il résidait. Aussi, ce fut un mouvement qui attira son regard, dans un coup d’oeil particulièrement vif compte tenu de la dégaine détachée qu’il affichait l’instant précédent, et trahissant des sens bien trop alertes. Une paranoïa exacerbée.