Convenances et faux-semblants - Opale

Convenances et faux-semblants
& @Livia Rowle
Juillet 1980

Certains sangs-purs vont à des réceptions une fois le soir venu, toi tu pars en mission à ces mêmes réceptions. Invitée par les Beurk à célébrer la cérémonie de la marque de leur héritier, tu comptes bien profiter de l'occasion pour recueillir un maximum d'informations au sein de cette petite élite sélectionnée pour festoyer aujourd'hui. Des Mangemorts, marqués ou non mais l'esprit rongés par leurs idéaux puristes et leur volonté de purification. Ce que tu es censée être, puisque tu es ici – ta petite-amie pourra témoigner que c'est qu'entre le masque et ton vrai visage il y a un fossé.

Ton esprit soigneusement fermé par l'Occlumancie – une précaution que tu juges nécessaire à de tels événements, la légilimancie étant un apprentissage courant dans la communauté des sangs-purs –, un verre de champagne entre les doigts, tu fais la conversation avec trois hommes et une femme que tu connais plus ou moins. Enfin tu écoutes, surtout. Les Black parlent beaucoup, c'est une des raisons pour lesquelles tu te trouves à leurs côtés ce soir, comme cela arrive assez régulièrement. Leur côté loquace ne peut qu'être utile à ta mission pour le Ministère, par conséquent tu veilles à ne pas rater la moindre information de ce qu'ils racontent. D'autant plus qu'ils parlent de leur traque de certains chasseurs de l'attentat de Poudlard, un sujet que le Ministère prend très au sérieux. Tu n'es pas étonnée qu'ils se soient lancés dans cette quête en solitaire, c'est le cas de plusieurs autres Mangemorts depuis deux jours. Un crime commis par des moldus contre une école de sorcellerie, ils estiment qu'ils sont les plus à même d'obtenir une vengeance dignes de ce nom pour les sorcières et sorciers tués ce jour-là. Ils se voient comme de véritables justiciers, il n'y a qu'à voir la façon dont les Black en parlent. Que Travers n'en fasse pas partie, ça ne te surprend pas : il tend plus vers le beau parleur que vers le héros à la cape et l'épée.

Ce à quoi tu ne t'attendais pas, c'est à ce que la Rowle affirme avoir des informations sur le sujet. Tu ne t'étais jamais vraiment intéressée à elle avant. Pas qu'elle te semblait dénuée d'intérêt, mais pour le Ministère il valait mieux repérer et se renseigner sur les membres qui consacraient plus de temps à leurs activités pour le groupuscule. De ce que tu en sais, ce n'est pas le cas de la Rowle – elle a les mêmes idéaux qu'eux, tu n'en doutes pas, mais elle ne semble pas avoir autant de temps à leur consacrer que certains. Tu supposes qu'elle est très prise par son travail, n'ayant jamais vu le moindre bambin arriver ou repartir à ses côtés lors d'une réception, pas plus qu'un mari. Après vous avoir fait languir tous les quatre, elle finit par révéler ce qu'elle sait sur l'un des chasseurs dont l'attentat de Poudlard ne serait pas la première attaque contre le monde sorcier. Un grand brun aux cheveux bouclés, souvent accompagné. Un grand brun aux cheveux bouclés, souvent accompagné.

La Rowle n'a pas énormément d'informations, mais c'est assez pour que ton cerveau s'y accroche. Peut-être parce qu'il y a quelque chose de similaire entre ses paroles et ce que t'a dit Tamsin après avoir été agressée. Tu te trompes peut-être, après tout il en existe des tas de moldus qui pourraient correspondre à cette description, d'ailleurs c'est ce que tu te dis au début. Mais lorsque la Rowle s'éclipse l'instant d'après, sans doute contrariée par l'accueil que les trois hommes à vos côtés ont fait à ses exclusivités, tu sens immédiatement un certain regret t'envahir. Tu aurais voulu en savoir plus. Juste pour être sûre. C'est pour ça que tu ne tardes pas non plus à t'éclipser à ton tour de la conversation, laissant ces messieurs à leurs récits de péripéties qui leur font croire qu'ils sont des héros plutôt que des meurtriers.

D'un pas souple et assuré, tu suis le chemin que ta cible a emprunté un peu plus tôt. Sur le chemin, tu déposes ta coupe de champagne vide et en attrapes deux, espérant avoir vu juste sur sa destination – le balcon. Et effectivement, c'est là que tu la retrouves sur le balcon, une fumée grisâtre s'échappant de ses lèvres lorsqu'elle expire. Les Mangemorts qui fument des cigarettes moldues, c'est bien quelque chose qui te fait ricaner. Ils se prétendent en tout point supérieurs aux moldus, veulent les asservir voire les massacrer, mais ils sont transis d'amour pour un petit bâtonnet de nicotine. C'est moldu comme invention, il faudrait peut-être le leur rappeler. S'ils veulent vraiment faire leurs élitistes, qu'ils s'intéressent à ce que produisent les sorciers en terme d'addictions néfastes pour la santé – et certains ne sont pas à court d'imagination à ce sujet, tout le monde le sait.

Cela dit, tu n'es pas là pour ça, alors c'est sans une once de jugement pour la cigarette entre ses doigts que tu t'approches d'elle – enfin en ce qui concerne ton visage, intérieurement bien sûr que tu juges. « Ce n'était pas très délicat de leur part, » affirmes-tu en lui proposant l'une des coupes de champagne. Certes les indices que possèdent la Rowle sont minces, mais il n'y a pas de quoi lui rire au nez – ce n'est pas exactement ce qu'ils ont fait, c'est vrai, mais leur sourire en coin avait cette exacte signification. Pourtant tu veilles à ce qu'il n'y ait dans ton regard aucune pitié qui pourrait être vexante, seulement cette connivence de femmes habituées à être prises de haut par ces messieurs qui se croient tout puissants. « Je ne pensais pas que vous seriez si investie dans la traque des chasseurs. » Tu dis ça sur le ton de la conversation, comme si vous parliez du dernier article paru dans la Gazette du Sorcier. « Un de vos proches a été touché par l'attaque ? » demandes-tu avec un air plus empathique. Ça expliquerait son implication qu'elle a tenu à mettre en valeur tout à l'heure. À moins que ce soit simplement une façon de prouver sa valeur aux yeux du Seigneur des Ténèbres. Ou alors elle tient juste à massacrer un chasseur. Pas comme toi. Toi tu t'y intéresses pour le Ministère. Uniquement pour le Ministère.

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Convenances et faux-semblants
& @Livia Rowle
Juillet 1980

Peut-être que si Livia n'avait pas été une puriste et une Mangemort aussi convaincue, vous auriez pu vous entendre. Deux femmes avec des postes à responsabilité qui doivent passer beaucoup trop de leur temps à rappeler aux hommes qu'elles ont bien leur place ici et que ces messieurs, bien qu'ils s'en targuent aisément, n'ont pas le monopole du mérite. Un temps que vous consacreriez volontiers à autre chose, mais le monde est ainsi fait que votre légitimité est sans cesse remise en question sous prétexte que vous possédez des ovaires – merci le patriarcat. Tu es sûre que vous auriez pu vous entendre, si seulement la Rowle n'avait pas des idées si... disons rétrogrades, pour ne pas se montrer vulgaires.

Évidemment, ce n'est par amitié que tu la rejoins au balcon avec deux coupes de champagne. Et tu serais idiote de le faire croire : Livia et toi ne vous connaissez pas plus que cela, n'ayant jamais eu de véritables occasions de discuter outre durant les conversations en petit groupe comme celle qu'elle vient de fuir. L'amitié, ce n'est pas ce que tu prétends. La sororité en revanche, tu n'as pas vraiment besoin de faire semblant pour qu'elle résonne dans ta voix sans pour autant s'accompagner de pitié. Tu comprends ce que ça fait de se faire rire au nez par des imbéciles, et le fait que tu exècres les idées de la Rowle ne change rien à ça. Ce que tu dois feindre, en revanche, c'est ta neutralité face à la cigarette que tu remarques immédiatement entre ses doigts – sans parler de la fumée odorante et peu discrète qui s'échappe de ses lèvres. Par Morgane, ces puristes et ces Mangemorts qui veulent voir les moldus réduits au statut de moins-que-rien et exècrent les nés-moldus mais consomment leur drogue... Vraiment, ça te fait ricaner.

Enfin, ce n'est pas pour te moquer de l'absurdité du raisonnement puriste que tu as rejoint Livia sur ce balcon. En quête d'informations, tu lui tends une coupe de champagne tout en exprimant ta solidarité face au comportement ridicule des Black tout à l'heure. « Non c’est sûr, ils sont aussi fins qu’un veaudelune dans un magasin de porcelaine. Merci pour le champagne. » Tu fais un léger signe de tête pour signaler que ce n'est rien, buvant une gorgée en même temps qu'elle. À défaut d'idées acceptables, les Beurk ont de bons crus à proposer ce soir – c'est déjà ça, mais tu préférerais amplement l'inverse. « C’est facile de critiquer quand on ne fait rien de ses journées. Ils sont planqués dans leurs bureaux au Ministère et croyez-moi, je les ai vus à l'œuvre une fois, ils se reposent sur d’autres employés bien plus méritants pour ne pas montrer qu’ils se la coulent douce. Moi les Impurs, je les cherche sur mon temps libre et je n’en ai pas beaucoup ! » Tu hoches la tête avant d'afficher un air agacé. « C'est comme ça que fonctionnent les hommes depuis la nuit des temps, c'est navrant. » Se reposer sur leurs lauriers et sur d'autres personnes – notamment des femmes – pour ne pas avoir à lever le petit doigt, ça les connaît, les grands gagnants du patriarcat. Et puis s'ils font l'effort d'accepter de converser avec une femme d'égal à égale dans un cadre professionnel, ils sont presque applaudis comme des héros. Et puis pour ce qui est du cadre personnel et notamment du rôle de parent, tu sais – parce que tu l'as vécu – que le père est bien plus loué pour la moindre tâche accomplie que la mère. C'est parfaitement ridicule. Là-dessus au moins, Livia et toi êtes d'accord. Sur ça, et puis sur le manque de temps libre – bien que, pour ta part, tu en aies plus depuis que tes enfants ont grandi... Et encore plus depuis qu'ils ont quitté le pays, malheureusement. Il faut dire qu'un emploi à responsabilité au Ministère prend du temps – au grand dam de ta compagne qui est habituée à t'attendre lorsque tu restes une voire deux heures de plus au Ministère. Et c'est d'autant plus le cas lorsqu'on est trop régulièrement remise en question dans son travail. Pour ta part, tu sais que cette pression impacte ta façon de fonctionner, qu'il y a toujours un coin de ton esprit qui te rappelle que tu dois absolument faire les choses bien, peut-être pour leur prouver qu'ils ont tort. Tu supposes qu'il en est de même pour son travail à elle. « Vous travaillez à l'hôpital, c'est ça ? » Ça te dit quelque chose en tout cas. Sans doute qu'elle l'a déjà mentionné au détour d'une conversation et que tu as simplement retenu l'information au vol, en tout cas tu l'espères, n'aimant pas l'idée de te planter et d'avoir l'air à côté de la plaque.

À présent débarrassées des Black et de Travers qui ne faisaient de toute façon que vous encombrer, tu te montres curieuse quant à sa volonté de participer à cette traque, veillant à ce que ta voix reste neutre pour ne pas paraître suspecte. « Mon travail à Sainte Mangouste me prend énormément de temps, la recherche scientifique ne s’arrête jamais vraiment. J’ai décidé de me lancer à la recherche de ce Moldu parce que tous les bruits de couloir de l’hôpital me mènent à lui. » Tu hoches la tête, doutant cependant qu'il n'y ait que les bruits de couloir qui la pousse à agir. Si ce n'était que ça, elle aurait sans doute fait comme Travers : elle aurait laissé les autres faire. « C'est vrai que l'attaque a dû faire parler d'elle à Sainte-Mangouste, avec tous les blessés qu'il y a eus. » Tu n'imagines pas l'état d'agitation dans lequel devaient être les services d'urgence et de soins le jour de l'attentat et ceux qui ont suivi. Ça devait être absolument catastrophique. « Et ce sont des patients qui ont parlé de ce moldu ? » Des élèves effrayés et sous le choc d'avoir vu leur école exploser, à n'en douter traumatisés. Cette idée te révulse d'autant plus que ta fille aurait pu en faire partie, si elle avait fini sa dernière année ici – heureusement que tu as veillé à ce que ça ne soit pas le cas. Tu as déjà vécu l'affreuse sensation d'apprendre que la chair de ta chair était à l'hôpital suite à une attaque perpétrée contre des adolescents de façon totalement injustifiée, pour rien au monde tu voudrais revivre ça. « Oh non pas du tout, heureusement. C’est terrible ce qui s’est passé là-bas mais ma motivation est purement altruiste. Je veux servir le Seigneur des Ténèbres et offrir une fois pour toute un monde sûr aux futures générations. » Cette idée-là aussi te révulse, mais bien entendu ton visage n'en montre rien tandis que tu bois une gorgée de champagne. En parfaite comédienne, tu hoches simplement la tête, comme si tu saluais cet altruisme dont elle parles. Au moins cette fois, c'est un véritable danger qui est ciblé – en tout cas si l'idée que tu as en tête se confirme –, et pas de pauvres nés-moldus qui ont simplement le malheur d'exister au lieu des puristes. « Et vous ? Votre famille a été épargnée ? C’est tout de même exaspérant de voir que nos enfants ne sont même pas à l’abri dans leur école, non ? » « Oui, par chance mes enfants ne sont plus à Poudlard. » Comme souvent tu restes vague à leur sujet, sans doute à cause de l'angoisse sourde qui t'anime à chaque instant : celle que ta position risquée dans cette guerre puisse un jour leur porter préjudice, les mettre en danger. C'est ta plus grande crainte, indéniablement. « C'est surtout terriblement inquiétant. Je ne serais pas étonnée d'apprendre que le nombre d'inscription à Poudlard en septembre aura chuté, après un tel incident. » Une explosion dans une école couplée à une attaque venue de l'extérieur et perpétrée par des moldus, c'était aussi terrifiant qu'alarmant. Comment est-ce qu'un tel drame a pu se produire ? Tu espères que les services compétents du Ministère pourront bientôt vous donner la réponse, cherchant quant à toi à faire le maximum pour aider par ta mission d'espionnage. « Et vous, à quoi vous vous dédiez exactement ? On n’a jamais eu l’occasion de faire plus ample connaissance… » Nouveau hochement de tête pour confirmer que c'est vraiment dommage que vous n'ayez pas pu réellement discuter avant, suivi d'une gorgée de champagne. « Je travaille au Ministère. Je suis négociatrice d'accords internationaux. Je vous épargne le titre complet qui n'a pas vraiment d'intérêt si ce n'est prendre beaucoup trop de place sur la plaque de la porte de mon bureau, » ajoutes-tu avec un sourire et un soufflement du nez. Il paraît que c'est un problème typique en politique, les titres à rallonge. Au Ministère, les postes vont de ceux en cinq lettres – Auror – à ceux qui en comportent presque cent – quatre-vingt-neuf, pour le tien. « C'est de la politique. J'essaie de faire en sorte que les autres gouvernements continuent de relationner avec nous malgré ce qu'il se passe actuellement sur notre territoire. » Et autant dire que l'image du Royaume-Uni à l'international est loin d'être reluisante ces temps-ci, bien au contraire. Pas étonnant que tes journées se rallongent et que tes négociations soient de plus en plus complexes : difficile de convaincre tout un chacun que votre pays est parfaitement fiable en tant que partenaire d'échanges alors que tous les trois mois une attaque fait grand bruit et terrorise un peu plus encore votre population. « Et vous ? Sur quoi portent vos recherches, si ce n'est pas un secret ? » Tu ne sais pas s'il existe une version du secret médical adapté aux recherches, mais si ce n'est pas le cas c'est de nouveau une parfaite occasion de collecter des informations pour le Ministère.

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Convenances et faux-semblants
& @Livia Rowle
Juillet 1980

Tes véritables idéaux bien trop progressistes pour ce genre de réceptions enfouis tout au fond de ton esprit barricadé par l'occlumancie, tu feins à merveille l'intérêt que tu portes à toutes ces personnes imbues d'elle-même et sûres d'une supériorité qui a tout d'illusoire. Tu souris, hoches la tête, échanges brièvement avec certains, semblable à un poisson dans l'eau qui a toujours fait ça. Tu es douée à ce petit jeu, sang-pur à l'enfance ponctuée de ces soirées de paraître devenue politicienne expérimentée dans l'art de faire croire. Faire croire que tu penses comme eux, que tu craches sur les moldus qui ne sont bons à rien, que tu méprises les impurs souillant la magie par leur ascendance. Ici, personne ne pourrait se douter qu'en secret c'est une née-moldue qui partage ta vie, que tu vomis leurs discours puristes, que tu te bats chaque jour pour que chute leur organisation meurtrière qui n'est vouée qu'à faire sombrer ton pays d'adoption dans le chaos. Dans l'esprit de tous ces gens, tu es comme eux. Pourtant, plutôt mourir que l'être réellement et te mettre à ton tour à t'en prendre à des innocents.

Livia Rowle a tout d'une femme brillante et intéressante avec qui tu pourrais t'entendre si seulement son esprit n'était pas gangréné par des idéaux abjectes. Elle affirme que ses motivations sont altruistes mais ne rêvent sans doute que d'une chose : s'attirer les bonnes grâces de l'ordure qu'elle nomme Seigneur des Ténèbres et gravir les échelons grâce à cela. Cette servitude dont font preuve tous ces Mangemorts te débecte. Ils croient que cet homme, qui n'a de particulier que sa folie assassine et un certain talent pour attirer les foules, vaut la peine de tuer, torturer, piller. Ils sont prêts à tout pour se faire bien voir par ce monstre, pour obtenir une place plus prestigieuse au sein de leur mouvement terroriste, pour s'en revendiquer plus digne représentant que leur voisin. La Rowle, sous ses airs savants, ne fait pas exception. L'attentat de Poudlard n'a fait que lui donner une raison de plus de chasser ceux qu'elle considère comme inférieurs. Mais s'il avait été commis par des Mangemorts, là elle n'aurait pas été si vindicative bien sûr. C'est toujours deux poids de mesure, avec ces gens-là. Au bureau d'Astrée, au moins, tous les terroristes sont traités de la même façon : ils méritent de finir leurs jours à Azkaban. « Je ne doute pas que le Ministère trouvera un arrangement pour mettre Dumbledore au placard. Lui qui aimait tant les Moldus, il s’en est fait des amis et voilà qu’ils viennent poser des bombes sous le toit de sa propre école. Quelle incompétence. » Tu approuves d'un hochement de tête. « Il va perdre sa place de directeur, c'est certain. Personne ne peut cautionner qu'il reste à Poudlard après ce qu'il s'est passé. » Certes, ce n'est pas lui qui a posé les bombes qui ont ravagé le château et provoqué la mort de tant d'élèves, mais il était le directeur des lieux au moment des faits : il va de soi que sa responsabilité entre en jeu. Bien trop de morts sont à déplorer pour que la société sorcière passe outre et accepte qu'il conserve sa place, c'est évident. Le geste du menton de ton interlocutrice en direction de sa cigarette te sort de tes pensées. Reprenant une gorgée de champagne, tu l'écoutes tergiverser. « L’invention de la nicotine, c’est la seule vraie valeur qu’on peut reconnaître aux Moldus. » Tu esquisses un sourire comme si sa remarque t'amusait, comme si tu étais d'accord avec ses mots alors qu'à tes yeux ils sont simplement la preuve d'une mauvaise foi absurde. C'est toujours quelque peu divertissant, d'écouter des sangs-purs justifier leur addiction à la cigarette. Enfoncés dans leurs idéaux ridicules, ils se droguent avec des substances créées par des personnes qu'ils méprisent, insultent et tuent et revendiquent ensuite l'exception qui confirme la règle. Par Morgane, que cette attitude digne d'adolescents immatures te semble ridicule.

Bien que fière de ta position au Ministère, tu as bien conscience que le nom de ton poste est excessivement long et, pour des personnes qui ne sont pas familières avec le fonctionnement des instants, qu'il manque de sens. Alors par habitude tu le simplifies, épargnant les appellations à rallonge à ceux que ça ferait simplement souffler. Ton auto-dérision à ce sujet semble d'ailleurs faire sourire la Rowle. « Oui, j’imagine bien qu’il doit être difficile de négocier avec des Etats puriste quand ils voient les crimes que notre gouvernement autorise les Nés Moldus à commettre… » Tu approuves d'un hochement de tête, roulant intérieurement des yeux sans rien laisser paraître. Aux yeux de personnes comme elle, le simple fait d'exister est un crime commis par les nés-moldus – qu'elle ne traite pas de sang-de-bourbe, à ta grande surprise. Leur déni est aberrant : ils ne réalisent pas que leur groupuscule fait bien plus de morts que les nés-moldus qui se contentent d'essayer de vivre une vie stable entre deux mondes capables de se déchirer. « Disons qu'en ce moment je ne manque pas de travail, c'est certain. » Bien plus à cause du chaos créé par les terroristes sorciers et, plus récemment, les chasseurs moldus que la simple volonté des nés-moldus de vivre dans un monde en adéquation avec la magie coulant dans leurs veines. La Rowle non plus ne doit pas manquer de travail puisqu'elle a affirmé n'avoir que peu de temps libre. Le fait qu'elle t'interroge sur ton propre métier te semble alors être une occasion parfaite de lui retourner la question pour récupérer quelques informations supplémentaires sans éveiller les soupçons. Après tout c'est pour ça que tu es là : tu travailles pour le bureau, pas pour tes aspirations personnelles à venger ta compagne. « En ce moment, je me concentre sur deux types de recherches. La première étant celle de ce Moldu qui ne se montre pas soucieux d’assurer sa discrétion visiblement. Il n’en est pas à son premier coup d’essai… Mais plus sérieusement, mes recherches se doivent d’être confidentielles. Je ne peux que rester vague et vous révéler que je travaille sur un antidote contre un virus sorcier assez virulent. » Tu hoches la tête d'un geste respectueux, pour signifier que tu comprends qu'elle ne puisse pas t'en dire plus. « Je comprends oui. J'espère que vous parviendrez à le trouver. » Peut-être devrais-tu l'interroger malgré cela, la questionner de façon plus subtile, essayer d'en savoir un peu plus... Mais malgré ton professionnalisme habituel, la mention de ce Moldu et du fait qu'il n'en soit pas à son coup d'essai attire bien plus ton attention que ses recherches médicales. Tu revois Tamsin baignant dans son propre sang le jour où cet homme a failli la tuer et tu ne peux décemment pas penser à autre chose : tu ne vois qu'elle, ses cheveux d'or tâchés de carmin, son visage en sang et son corps brisé d'avoir été tant violenté. « Cela ne doit pas vous laisser beaucoup de temps libre pour vous renseigner sur ce moldu, j'imagine. C'est impressionnant que vous ayez réussi à trouver autant d'informations à son sujet malgré votre emploi du temps chargé, bien plus que le travail de ces messieurs. » Tu désignes d'un geste vague l'intérieur de la bâtisse, faisant référence aux Black et au Travers trop prétentieux qui se sont moqués d'elle tout à l'heure, avant de porter à nouveau ta coupe de champagne à tes lèvres. Tu espères qu'un peu de flatterie et une aversion commune pour le comportement indélicat des cousins Black suffira à la mettre en confiance. Les chevilles enflées et l'ego rassurée, peut-être te révélera-t-elle plus facilement ce qu'elle a pu obtenir et comment elle s'y est prise. Peut-être que tu en auras finalement assez pour coincer cette ordure et t'assurer qu'il ne fasse plus jamais de mal à qui que ce soit.

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