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& @Isaac Flint
Avril 1980

Tes talons claquent sur le pavé avec un rythme régulier qui est presque rassurant. C'est une constante qui te plaît, le bruit répétitif de tes escarpins qui te suit partout : dans les couloirs du Ministère, durant les soirées mondaines, et même pendant tes balades en ville où tu admires chaque robe en vitrine. Il n'y a qu'en mission pour le gouvernement que tu te permets de mettre d'autres chaussures hors de chez toi, mais celle-ci est particulière. Pour infiltrer une soirée de la haute société sorcière organisée par un riche sang-pur de l'Europe de l'Est aux idéaux bien conservateurs, il était absolument inenvisageable que tu portes des baskets. Alors ce sont tes habituels escarpins noirs qui accompagnent l'élégante robe noire que tu as décidé de porter ce soir. Rien de trop extravagant, ni de trop inconfortable, même si tu doutes de pouvoir courir sans tenir d'une main la longue jupe qui couvre tes jambes. La hauteur gagnée grâce à tes talons évite qu'elle traîne au sol, mais un brin d'inattention suffirait à ce que tu marches dessus – heureusement que cela ne t'arrive jamais.

La mélodie de tes pas s'interrompt lorsque tu repères le lieu de rendez-vous que t'a donné le Ministère. Tu replaces lentement tes cheveux derrière tes épaules tout en toisant ce qui t'entoure d'un regard circulaire. On t'a donné le nom de ton escort pour la soirée ainsi qu'une photo, mais pour l'instant personne ne lui ressemble. L'heure convenue approche, tu oses espérer qu'il ne sera pas en retard. Ton regard est concentré sur ta récente manucure, fixé sur les ongles de ta main droite tandis que ta main gauche joue distraitement avec l'un des cristaux de ton collier, lorsque des pas s'approchent de toi. Tu relèves la tête et esquisses un sourire en réponse à celui que le jeune homme t'offre. « Bonsoir, madame Marceau. » Tes sourcils s'arrondissent, trahissant ton étonnement face à la langue qu'il utilise. « Bonsoir monsieur Flint. » Soit les Flint ont des origines françaises que tu ignorais, soit ton interlocuteur s'est dit qu'une cliente française – Marceau laisse peu de doute sur ce point – apprécierait forcément qu'on lui parle dans sa langue natale. « Sorry my french is so bad, I’m afraid I won't be able to keep up this conversation in your mothertongue tonight. » Son humour élargit ton sourire et un certain amusement brille dans tes iris. « It was a good try, » lui assures-tu sans aucune moquerie. Sa tentative te fait penser que sa présence au cours de cette soirée sera moins désagréable que tu le supposais lorsque le Ministère t'a contrainte à te rendre à cette réception avec un escort. « And really, your French is not that bad, » Ce n'est pas la première personne qui tente de te parler Français simplement parce que tu es née de l'autre côté de la Manche. Et c'est loin d'être le plus mauvais interlocuteur que tu aies eu, certains politiciens ayant un accent incompréhensible en plus d'un ego qui les empêche de reconnaître qu'ils n'ont absolument pas le niveau d'entretenir une vraie discussion dans ta langue maternelle. Qu'importe, au moins ce n'est pas le cas d'Isaac.

Isaac qui sort de son smoking un paquet de cigarettes et te le présente. S'il espérait pouvoir fumer en ta présence, c'est manqué, d'autant plus que ce soir il est payé pour t'accompagner. L'idée est loin de te plaire, mais c'est ainsi que ça fonctionne après tout, et le Ministère ne t'a pas vraiment laissé le choix. Il paraît que c'est moins suspect, de se joindre aux parties fines déguisées en mondanités de Karkaroff en étant accompagnée par l'un des employés de l'agence qu'il emploie pour ces événements. Une agence d'escort – ce qui transforme ces soirées de la haute en soirées de dépravation, à ton humble avis. « Cigarette ? Or does the smell bother you ? » « Please don't. It does bother me. » Tu n'as aucune envie de sentir la cigarette, surtout que ce genre d'odeur insupportable colle aux vêtements. Très peu pour toi.

Le jeune homme te tend finalement son bras, preuve que le temps tourne et qu'il est temps d'y aller. Isaac est ponctuel, tant mieux. « Ready to go to the party ? » As-tu vraiment le choix ? Non, alors tu hoches la tête, avant de lever la main pour capter son attention et qu'il comprenne que tu as encore besoin d'une petite minute. « Before we go, I must clarify one thing. » Tu te redresses légèrement, une main se posant naturellement sur ta hanche. « All I ask is that you come with me to this party. You're not allowed to touch more than my arm during the whole reception. And I won't say it again. » Comprendre que malgré ta robe, tu ne laisseras pas impunie une main baladeuse. Et le ton que tu emploies, sévère voire froid, devrait suffire à Isaac pour que l'idée reste bien dans sa tête. Tu te moques bien de ce que demandent ses habituels clients, toi ça ne t'intéresse absolument pas. « Now I'm ready. » Tu attrapes alors son bras, afin d'éviter d'arriver à cette soirée en ayant l'air de deux inconnus qui seraient rapidement suspectés.

Une fois arrivés devant le manoir de Karkaroff, tu tournes la tête vers Isaac, comme pour le toiser une dernière fois avant d'entrer. « Not enough people wear bow tie. This one suits you well. » Tu esquisses un sourire, le compliment étant sincère même s'il a aussi pour but de détendre l'atmosphère. Vous devez avoir l'air à votre aise ici, l'un comme l'autre, sinon vous allez attirer les regards suspicieux et c'est ce que tu voudrais éviter ce soir.  « Shall we ? » demandes-tu en désignant d'un regard l'immense bâtisse qui vous fait face, ton bras toujours accroché au sien même si cette attitude ne te semble pas naturelle du tout. Beaucoup trop de choses pourraient être suspectes ce soir, ce qui implique tout autant de risques pour cette mission, mais il vaut mieux que tu n'y penses pas avant d'être en face du problème. Facile à dire pour une femme qui a besoin de tout anticiper.

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Avril 1980

Lorsque tes supérieurs du bureau t'ont expliqué que tu devrais te rendre à cette soirée accompagnée d'un escort, tu avais un très mauvais pressentiment à ce sujet. Des préjugés évidemment – ce n'est pas un métier que tu voudrais voir ton fils exercé, très honnêtement – mais aussi des appréhensions à l'idée d'être entravée durant ta mission. Le travail d'équipe n'est pas ta spécialité, mais tu préfères encore ça au travail en solitaire tout en devant cacher ce qu'il se passe à un type lambda qui va rester accroché à ta jambe. Alors tomber sur un jeune homme aussi charmant et poli, qui s'essaie même au Français tout en restant modeste, te fait presque un choc – tu as vraiment une terrible image du métier qu'il exerce, en fait.« Thank you ! Please, call me Isaac. I hope you don’t mind if we speak english tonight, I didn’t practice enough. » « It's fine, I'm used to it, » assures-tu avec un sourire amusé. Évidemment que passer une soirée à parler dans ta langue natale t'aurait plu, mais tu vis au Royaume-Uni depuis presque vingt ans alors tu es plus qu'habituée aux conversations en Anglais. Ce qui te poserait problème, par contre, c'est qu'Isaac fume à tes côtés. L'odeur, l'haleine, les dents jaunes... tant de raisons de désapprouver la cigarette – par Morgan, pourvu que tes enfants ne tombent pas là-dedans. « No problem, you’re the boss tonight ! » affirme-t-il, rangeant aussitôt son paquet.

Même si le Flint ne peut pas faire disparaître tes a priori simplement avec son attitude sympathique, tu arrives à te dire que tu pourras quand même passer une soirée agréable en sa compagnie, sans oublier ta mission initiale qui se passera forcément mieux si tu n'as pas un boulet dans les pattes. Cependant, il convient tout de même d'instaurer maintenant certaines limites, ce que tu prends le soin de faire avant que vous rejoigniez le lieu de la réception. Le message semble passer puisqu'il lève même les mains comme pour prouver sa bonne foi. « Don’t worry ma’am, I’m an escort, not a perv. » You better not be – tu n'as pas besoin de le dire à voix haute, ton regard est amplement suffisant. « I will do whatever you want even if you ask me to stay quiet in the corner of the room all night long while you are talking to the other guests. » Il est vrai que tu as une image négative de ce métier, mais tu ne t'attendais pas à ça. Elles doivent avoir une drôle d'allure ses soirées si c'est vraiment ce que lui demande ses clients. « One already asked you to do so ? » que tu demandes, assez intriguée. Quel est l'intérêt d'engager un escort pour qu'il reste dans un coin de la pièce toute la soirée ? Ça revient à jeter de l'argent par la fenêtre, ni plus ni moins. Ou à ne vouloir de lui qu'à des fins plus perverses dont tu ne veux même pas entendre parler. « But it’s okay, no touching except your arm. Please don’t kill me if I accidentally step on your feet, I might be clumsy sometimes and it won’t be a vicious way to touch you. » Tu sens bien qu'il tente de détendre un peu l'atmosphère – faut dire que t'as un peu plombé l'ambiance, avec tes règles à respecter – alors tu esquisses un sourire. « I won't. But please don't spill your wine on any guest. » La maladresse de l'escort, ça serait un coup à ce que tout le monde vous regarde de travers pour le reste de la soirée, et ça réduirait à néant la discrétion dont tu voudrais profiter. « First time with an escort ? I won’t do anything that makes you feel uncomfortable, I promise. » Is it that obvious ? « Thank you, » Tu ne sais pas si tu dois le remercier puisque c'est quand même ce pour quoi il est payé, mais dans le doute tu préfères être polie. Ce n'est pas comme si tu avais l'habitude d'avoir un escort avec toi pour te rendre à une réception, et malgré tes allures confiances typiques de politicienne ça te perturbe un peu.

Un transplanage et l'immense manoir dans lequel a lieu la réception de ce soir se dresse à présent devant vous, ce qui signifie notamment que vous êtes censés avoir l'air d'un couple – ou au moins de ne pas vous être rencontrés il y a moins d'un quart d'heure. Alors, à ton tour, tu tentes de détendre un peu l'atmosphère pour qu'une ambiance étrange ne règne pas entre vous. Ce qui te vient en premier, c'est un compliment sur sa tenue. Ça a l'avantage de ne pas être feint, puisque tu trouves les nœuds papillon très élégants, et puis ça change des cravates. « Thanks ! I’m a huge fan of Fred Astair, and I like to dress like him when I can ! With your wonderful dress, you might be my Ginger Rogers tonight ! » La référence accompagnée de son clin d'œil te font sourire tandis que vous avancez vers l'entrée du manoir. Pas du genre à faire des clins d'œil, tu te contentes d'une réponse amusée. « What a wonderful couple we would make, » affirmes-tu temps que vous êtes suffisamment loin de l'homme qui veille à ne pas laisser passer n'importe qui. Il ne contrôle qu'à l'allure : les vêtements, le port de tête et la richesse entourant les poignets de ses dames comme de ses messiers, c'est ça qui compte pour se retrouver à l'intérieur du manoir. Parce qu'il paraît que vous, les sangs-purs, vous vous distinguez des sangs-mêlés et des nés-moldus ainsi. Et si tu trouves cette affirmation parfaitement idiote, tu réponds aussi totalement aux clichés sur les femmes de ton rang. C'est peut-être ça qui est le plus ridicule, que tu te fondes si bien dans la masse de ceux que tu veux voir tomber de leur piédestal. « You're a dance enthusiast ? » Vous avancez au sein de la salle côte à côte, ta main accrochée à son bras, jusqu'à croiser un serveur portant un plateau avec des coupes de champagne. Tu te détaches du jeune homme pour en saisir deux et lui en tendre une, avant d'observer discrètement les invités qui vous entourent. La crème de la crème de la haute société sorcière – la crème de la crème des idéaux à vomir. Tu ne te rends pas compte qu'Isaac se tend à tes côtes, occupée à saluer de loin un collègue du Ministère que tu reconnais. « So… Why did you need someone like me to attend this party ? » Tu tournes la tête vers lui, remarquant qu'il a perdu le sourire qu'il arborait quand vous discutiez un peu plus tôt – tu as perdu le tien durant ton analyse des convives, cela dit. « I didn't want to go alone, » commences-tu avant de boire une gorgée de champagne – qui a le mérite d'être bon, au contraire des mentalités ici. « When you're a widow, people talk. But when you're a widow and you come alone to one of those receptions, it's worse. » Les ragots, ça fait partie intégrante des réceptions de sangs-purs, surtout lorsqu'on est une femme. Et s'il y a une chose que tu as remarqué, c'est que les femmes qui s'en sortent le mieux sont souvent celles qui baignent là-dedans. Elles ont la main mise sur tout ce qui se dit, et elles répandent des rumeurs aussi aisément que leurs maris crachent leurs idéaux en coulisse. « You're kind of a shield, if you want, » ajoutes-tu pour que ça ait l'air moins dramatique. Nouvelle gorgée de champagne, tu prends le temps de lisser un pli de ta robe – qui n'existe possiblement que dans ta tête – avant de relever les yeux vers le Flint. « Pureblood parties aren't your favorite, are they ? » Si seulement il savait à quel point tu es de son avis. Tu donnerais tout pour passer une soirée plus tranquille avec ta véritable compagne que tu dois cacher au monde entier, ou même avec un plaid et un livre. Mais ce soir tu as une mission, et tu n'y dérogeras pas. « Have you seen the buffet ? » demandes-tu comme pour l'aider à relativiser, et surtout pour qu'il ait l'air un peu plus détendu. Parce qu'il y a tout de même des points positifs à ces grandes réceptions dans ces manoirs drapés de richesses : le buffet généralement bien garni. Et le champagne.

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Avril 1980

Tu es pleine d'a priori sur le métier qu'exerce ton cavalier de ce soir, et à vrai dire ils sont tous négatifs. Pour être tout à fait honnête, même si un de tes enfants se retrouvait embourbé dans des problèmes financiers, tu préfèrerais lui envoyer une enveloppe toutes les semaines qu'apprendre qu'il est tombé là-dedans – t'es bloquée dans tes vieilles idées rétrogrades qu'on ne peut pas faire ça par choix, c'est surtout ça la vérité. Tu ne sais pas comment on peut accepter d'avoir un travail qui consiste à dire oui à toutes les requêtes, même les plus dégradantes. Parce que c'est ce que te fait comprendre Isaac lorsqu'il te dit que tu peux tout à fait lui demander de passer la soirée dans un coin pendant que tu restes auprès des invités. Ça te semble insensé, au point que tu lui demandes si ça lui est déjà arrivé – peut-être que ce ne sont que des on-dit comme il en existe en politique ou dans n'importe quel métier. « Yes ma’am, she introduced me as her “thing” to the other guests and made me serve her some food and champagne before sending me away. She asked me to stand in the corner until the end of the reception before taking me to her room and the end of the party. » Tes sourcils s'arrondissent doucement, ton visage traduisant à la fois ton incompréhension – qui peut bien vouloir faire ça, et pourquoi ? – et une certaine compassion. C'est ça son métier, vraiment ? Encaisser des manques de respect terribles sans rien dire, pendant une réception, et ensuite devoir suivre la personne dans sa chambre ? Qu'on ne te fasse pas croire que c'est un choix, tu trouves ça invraisemblable. « I mean… She had the right to do so but it wasn’t the funniest party I’ve ever gone to. » La phrase customer is king n'a jamais été aussi vraie qu'à cet instant précis, lorsqu'Isaac tente de dédramatiser les faits sans doute par peur de te perdre comme cliente – voire d'être sanctionné par sa hiérarchie, tu ne sais pas comment tout cela fonctionne exactement. Par Morgan, ce que c'est triste à voir. « But you have my word, I won’t spill the wine on your friends tonight ! » Tu esquisses un sourire, comme lui faire comprendre que tes exigences ne seront pas plus élevées que ça. « I won't ask you much more than that. » Le Flint est simplement censé t'assurer plus de discrétion durant la réception, car des escorts y sont fréquemment employés et qu'en avoir un à ton bras te permettra de te fondre au milieu des autres et d'atteindre ta cible plus aisément. D'ailleurs vous devriez vous y rendre, il est temps. Mais avant de transplaner, il y a une chose que tu as besoin de lui dire. « Honestly, I don't know how you can deal with that kind of job. » Il y a une sorte de respect dissimulée dans tes mots – mélangée à de la pitié, s'il faut être tout à fait honnête. Même si certains de tes collègues – des hommes, évidemment – se permettent de te prendre de haut ou de te manquer de respect sous prétexte que tu es une femme, tu as généralement la possibilité de rétorquer, ou de leur faire regretter leurs mots en leur prouvant que tu n'es pas qu'un joli visage. Lui, il doit hocher la tête et se laisser malmener sans avoir son mot à dire. Rien que l'idée t'insupporte. Tu ne sais vraiment pas comment il peut encaisser ça.

L'idée que vous pussiez être un couple aussi élégant que Fred Aister et Ginger Rogers t'amuse, faisant naître sur ton visage un sourire bien plus naturel que ceux que tu devras esquisser ce soir. Isaac est de bonne compagnie, c'est ça de pris pour compenser les idéaux des invités qui pullulent à l'intérieur du manoir. « Sure ! We could dance if you want to ! And if they put on some music too ! » Tu hoches la tête, tes lippes toujours étirées. « No spill and a dance, it seems great to me. » C'est tout de même un programme bien plus respectueux qu'une soirée passée dans un coin, non ?

Le fait que tu n'aies pas d'autres requêtes pour lui semble intriguer Isaac qui se demande pourquoi tu as eu l'idée d'embaucher un escort pour cette soirée. Il finit par formuler la question à voix haute après que tu vous aies attrapé deux coupes de champagne. Ton explication n'est pas des plus joyeuses, c'est vrai, mais lui répondre quelque chose comme I need a cover because I got work to do here, in the name of the secret service aurait été encore pire. Et puis ça t'aurait tuée, puisque tu as fait un serment inviolable en t'engageant. « Sorry I shouldn’t ask. » D'un geste de la main, tu lui fais comprendre que ce n'est rien. Il avait le droit de poser la question, d'autant plus que si tu n'avais pas voulu répondre tu ne l'aurais pas fait. En parler ne changera pas le fait que ton mari n'est plus de ce monde, c'est ainsi. Tu t'es faite à cette idée – difficilement, mais par la force des choses tu n'as pas vraiment eu le choix. « Sure, I can be your shield. Whenever you want. » « Thank you. » Tu esquisses un sourire, d'autant plus amusée qu'il n'a pas idée d'à quel point c'est supposé être son rôle ce soir.

Ta coupe de champagne entre les doigts, tu observes l'assistance à la recherche d'une personne bien particulière, mais salues tout de même au passage les invités que tu connais – question de politesse, et puis aussi de couverture à préserver même si tu détestes les idéaux qui tournent en boucle dans leurs esprits intolérants. Isaac aussi, semble peu apprécier les convives, mais il le cache moins bien que toi. « My job is to attend these parties, no one cares if I like them or not. If it pleases you, I’ll stay. If you came here because of your social obligations and you don’t like it, we can go. » À nouveau, cet étrange mélange de respect pour sa résistance et de pitié te traverse. Tu n'oses pas imaginer le nombre de soirées barbantes qu'il a dû passer sans y trouver le moindre intérêt selon le principe du client roi. « Not yet, but we won't leave late, » lui assures-tu, espérant quant à toi que tu réussisses à exécuter ta mission rapidement pour ne pas t'éterniser des heures ici. « You hate it, don’t you ? » Tu te doutes bien qu'il aimerait que vous soyez deux dans ce cas, parce que c'est toujours plus agréable d'être avec quelqu'un qui comprend pourquoi on déteste telle ou telle chose. Mais toi tu as une image à tenir en public, particulièrement ici. « I don't. But they're not my favorite social obligations, » te contentes-tu de répondre avec un haussement d'épaules, nuançant pour que ça n'ait pas l'air complètement incohérent avec ton attitude assez peu enthousiaste. Mais oui, tu les détestes. Voir ces potentiels mangemorts en liberté sans pouvoir les envoyer derrière les barreaux te frustre, d'autant plus lorsque tu entends leurs discours de haine à vomir ou perçoit le regard faussement chagriné de leurs femmes qui apprennent que tu es veuve désormais. Sans parler du fait que parfois tu reçois des avances, et que tout le monde voit ça comme la meilleure nouvelle du monde – ça aussi ça t'agace. Pourtant tu n'as pas le choix : aux yeux de tous tu es veuve et célibataire, et ça doit rester ainsi. Si une seule des personnes présentes ce soir savait qui partage ton lit, tu ne donnes pas cher de ta place dans ces réceptions si élitistes. Les rumeurs vont vite parmi les sangs-purs, et tu préfères qu'elles te lient à Isaac qu'à ta véritable compagne.

Pour contrebalancer les idéaux écœurants qui vous entourent, vous cherchez le buffet – les petits fours seront sûrement de meilleure compagnie que les convives. « Here it is, let’s go, I bet there’s great stuff to eat ! » Tu te saisis du bras d'Isaac de ta main libre, l'autre restant accrochée à ta coupe de champagne, puis le suit jusqu'au dit buffet. Et effectivement, il est bien garni. Tu remercies d'un sourire Isaac lorsqu'il te tend une assiette pleine d'amuses-bouches et en saisit un que tu manges aussitôt. L'hôte a bon goût pour la nourriture, à défaut de tout le reste. « What are you looking for in this party ? Like… really ? » Tu relèves les yeux vers lui, te demandant s'il est toujours aussi curieux lorsqu'il travaille ou s'il est simplement content d'être respectée par une cliente et souhaite donc prolonger le dialogue. « I have to see someone. » Tu hésitais encore à lui donner le nom de ta cible, jusqu'à ce qu'une idée te traverse. « Piotr Karkaroff, he's our host tonight. » Des escorts sont fréquemment embauchées pour les soirées qu'organise Karkaroff, alors peut-être que ton cavalier a déjà assisté à l'une d'elles. Et si son oreille traîne un peu, il a pu récupérer une ou deux informations que tu pourrais innocemment récupérer avant d'exécuter ta mission. « Do you know him ? » Avec un peu de chance, Isaac sera coopératif et tu n'auras pas à utiliser la légilimancie pour en savoir plus. Tu as bien vu qu'il n'apprécie pas particulièrement les sangs-purs, alors tu te dis qu'il devrait sans mal dévoiler leurs petits secrets.

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& @Isaac Flint
Avril 1980

Le récit que t'offre Isaac d'une de ses soirées de travail te fait froid dans le dos. Cette femme l'a rabaissé à être une chose à son service et tu trouves ça ignoble. Être objectifié comme il l'a été, c'est littéralement inhumain. Tu ne peux pas croire qu'on puisse vouloir d'un boulot dans lequel on est traités avec si peu de respect. Tu ne sais même pas comment il peut supporter de faire ça, ce que tu lui fais remarquer dans un mélange de respect et de... pitié, oui. Pourtant, le jeune homme ne semble pas vraiment s'en offenser. Il semble même vouloir te rassurer sur ses conditions de travail. « Don’t worry about this, I’m fine. And I have boundaries too, you know. » Tu ne veux pas l'insulter mais tu as quand même de gros doutes sur ses limites après ce qu'il vient de te raconter. « Being considered as a human isn't one of them ? » demandes-tu, tes deux iris reflétant le fait que tu es perplexe. Perplexe sur le fait que ses limites soient respectées avec ce métier, qu'il avait le choix pour cette soirée-là et puis qu'il puisse être épanoui dans ce boulot.

Restant d'abord aux côtés d'Isaac, tu commences déjà à repérer les invités qu'accueillent cette réception. Des puristes à la pelle, allant de Mangemorts se vantant de leurs actes à des lâches qui se contentent de cracher sur les nés-moldus. Tu en reconnais plein, en salues certains d'un sourire, d'autres d'un geste de la tête, mais toujours aucun signe de Karkaroff. Or, c'est pour lui que tu es là. Il est ta mission, et ça va commencer à t'embêter de ne pas savoir où il est. S'ajoute à la frustration le fait que tu es loin d'apprécier ce genre de soirées. Pourtant tu fais tout pour ne pas avoir l'air agacée. Tu ne voudrais pas griller ta couverture auprès d'Isaac, qu'importe qu'il te soit sympathique. Alors lorsqu'il te suspecte de détester ces réceptions, tu te montres plus modérée. Bien sûr que si tu les détestes, mais tu ne peux pas le montrer ni le dire. « Sorry, didn’t mean to be so intrusive. » « Never mind. » Tu assortis tes mots d'un sourire en réponse au sien, d'un geste de la main signifiant que ce n'est rien. Il est curieux mais il ne pense pas à mal, ça se voit.

Isaac et le buffet ont beau être de bien meilleures compagnies que Karkaroff et la grande majorité des invités de cette réception, ce n'est pas en restant auprès d'eux que tu vas accomplir ta mission. Et si tu veux partir rapidement, il faut que tu te bouges. Alors lorsque ton cavalier s'interroge sur la raison de ta présence ici, tu en profites pour essayer de lui soutirer quelques informations sous couvert d'une simple discussion. Après tout, il suffit qu'il ait eu l'oreille qui traîne un peu pour que ce qu'il sait soit intéressant. « I don’t know him personally but I’ve met him several times. He uses to hire a lot of escorts from my agency for his parties. » Tu hoches la tête. À son tour, Isaac cherche le Mangemort dans l'assemblée. Il va forcément en venir au même constat que toi : l'hôte de la soirée n'est pas dans la pièce principale. « I can’t see him right now but I guess he’s in his office. I can introduce you if you want. » Lorsqu'Isaac te tend son bras, tu l'attrapes malgré les quelques réticences qui émergent dans ton esprit. Tu aurais voulu le mêler le moins possible à ce qui va suivre, mais tu ne connais pas suffisamment le manoir pour te permettre de fouiller à l'aveugle à la recherche de Karkaroff. Grâce à son intervention, tu gagneras du temps et vous rentrerez tous les deux plus tôt chez vous.

Tu suis ton cavalier dans les couloirs et escaliers du manoir en restant accrochée à son bras, t'en détachant lorsqu'il s'arrête devant une porte massive aux poignées dorées. Son bureau, à n'en douter. Tu te tournes vers Isaac pour le remercier, et c'est là que tu as l'impression de lire de l'inquiétude dans ses yeux. « Do you want me to come with you ? » Il n'a aucune idée de tes intentions que tu as pris le soin d'occulter de ton discours toute la soirée, sans parler de ton esprit cadenassé à double-tour depuis que tu as quitté ta maison pour le rejoindre. Alors la seule raison pour laquelle il pourrait se faire du souci, c'est si le sang-pur derrière cette porte est de ceux à avoir des comportements déplacés. En tout cas tu supposes que c'est pour ça qu'il t'a posé la question. Mais ce qu'il sait de Karkaroff ne change rien au fait que ta mission est censée rester secrète. Particulièrement auprès d'un escort qui fréquente autant de sangs-purs, bien qu'il ne semble pas les apprécier. « No thank you, I'm fine. » Tu lui offres un sourire poli avant de frapper à la porte, l'ouvrant lorsqu'une voix grave t'y invite de l'autre côté.

* * *

La mission devait être simple, pourtant le fait que ton corps entier soit propulsé contre la porte du bureau de Karkaroff et que ta tête s'y heurte violemment prouve bien qu'il y a eu un imprévu. Tu ne sais pas comment tout a pu dégénérer si vite. Tu avais réussi à entamer avec le sang-pur une discussion qui l'intéressait suffisamment pour qu'il commence à baisser ses gardes. Et même si tu sentais son regard immonde sur toi – comment ne pas le remarquer alors que ce pervers ne prenait même pas la peine de le dissimuler un minimum –, tu t'évertuais à faire comme si cela n'existait pas. Ce qui comptait, c'était ta mission, c'était de protéger l'identité d'une de tes collègues qui risquait de se retrouver avec une cible dans le dos dès ce soir, une fois que Karkaroff aurait parlé d'elle à ses chers amis marqués. Tu devais simplement ôter ce souvenir de sa mémoire, et c'est ce que tu t'apprêtais à faire lorsqu'il s'est soudainement retourné et t'a vue. C'est peut-être ton sort qui manquait de délicatesse, ou alors tu l'as simplement raté, mais lorsqu'il s'est retourné il n'a assurément pas apprécié que tu ait ta baguette pointée sur lui. Raison pour laquelle tu t'es retrouvée propulsée de l'autre côté de la pièce trop brusquement pour que tu aies le temps de t'amortir d'un sortilège, le tout assorti d'un charmant « Bitch » qui t'était évidemment destiné.

Au début, tu en es sûre, tout se passait bien. Mais maintenant que ta tête a douloureusement rencontré le bois de la porte et que, malgré ta vision trouble, tu parviens à distinguer qu'il attrape sa baguette, tu n'es plus vraiment sûre que tout va bien se passer.

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