Stealing is against the law but, you know…
Laws are made to be broken.
Fireworks in the darkness
We trust in the light-show to take us home
Afraid of the sirens
All looking for faces we might know
Août 1945
— Orphelinat sorcier, Londres (UK)Le silence de la pièce n’est brisée que par la respiration régulière d’un bébé endormi et de l’homme qui le tient dans ses bras. La petite s’est assoupie, enfin. Les yeux clos et un peu de bave au coin de la bouche, elle ressemble à une petite poupée, enroulée dans sa couverture grisâtre. Même si le tissu a l’air d’avoir connu des jours meilleurs, ils n’ont pas voulu l’en séparer, après tout, c’était l’une des seules choses qui se trouvaient dans le panier où elle pleurait lorsqu’ils l’ont récupérée. Ça, et puis un papier qui n’a pu être récupéré que lorsque la petite a desserré les poings en cessant de hurler.
Hemera, 31/07/1945. Rien de plus n'était écrit par l’encre baveuse, seulement quelques lettres et quelques chiffres. Hemera n’était rien de plus que cela, un prénom et une date. Aucune famille. Une orpheline de plus, enroulée dans un vieux plaid gris.
Août 1950
Orphelinat sorcier, Londres (UK) —
Ses deux mains jointes dans son dos, Hemera tente de rester toute droite comme on lui a appris, pourtant elle ne peut pas s'empêcher de se dandiner. Elle n'aime pas rester immobile, elle n'aime pas attendre, elle n'aime pas cette robe. Mais on lui a dit qu'elle aurait une famille, alors elle veut bien se tenir à carreaux pour l'heure à venir – en tout cas elle va essayer.
« Tu penses qu'ils vont m'aimer ? » qu'elle demande, son regard empli d'espoir se plongeant dans celui de l'éducatrice qui a fini de nouer le nœud de sa ceinture.
« Ils vont t'adorer, » assure l'adulte en posant sa main sur sa joue pour la caresser doucement avec son pouce, un sourire rassurant aux lèvres. Elle réajuste la chevelure de la gamine qui triture les bords de sa robe, puis se redresse.
« Ne la tiens pas par les cheveux, tu vas l'abîmer. » Hemera baisse les yeux vers le problème. C'était pour qu'elle n'ait pas la tête à l'envers, mais si c'est ça elle va changer : voilà, maintenant elle la tient par les pieds.
« Je peux pas avoir une voiture ? » qu'elle demande en relevant la tête, agitant brièvement la poupée qu'on lui a donné pour son premier entretien.
« Elle est très bien la poupée. » La gosse affiche une moue sceptique, n'étant pas du même avis. Ses cheveux sont trop blonds, ses yeux trop bleus, sa robe trop rose...
Très bien, ce n'est pas ce qu'elle aurait dit.
« Je préfère la voiture. » Pas moyen de négocier, pourtant : elle est une fille, elle aura la poupée. Finalement, la gamine laisse retomber son bras, le jouet qui ne lui plaît pas pendant à son bout.
Avril 1955
— Orphelinat sorcier, Londres (UK)Les deux mains sur le dossier du canapé, Hemera s'élance aussi haut qu'elle le peut pour passer ses jambes par-dessus et, lorsqu'elle y parvient, un immense sourire de fierté éclaire son visage. Mais pas le temps de faire une pause ou de réclamer des applaudissements – bien qu'ils soient mérités – : elle est poursuivie.
« Hemera, reviens ici tout de suite ! » Alors la gamine reprend sa course, saute sur une table – en se moquant évidemment d'y poser sa chaussure –, contourne deux chaises et file par la porte arrière.
« Non ! » piaille la gamine, avant de refermer la porte – si elle avait la clef, nul doute qu'elle s'en serait servie. Il y a moins d'obstacles dans le jardin, mais c'est moins facile d'y semer quelqu'un parce qu'il n'y a ni portes ni meubles.
« Hemera ! » Ce n'est pas la première fois qu'elle tourne en bourrique un des éducateurs de l'orphelinat, d'ailleurs plus personne ne s'en étonne vraiment. La gamine est ingérable, le mot est sûrement écrit en toutes lettres sur son dossier tant c'en est récurrent. Ça explique sûrement le fait qu'aucun de ses entretiens avec de potentielles familles d'accueil n'aboutisse : qui voudrait d'une enfant aussi turbulente, bruyante et...
« Va te faire foutre ! » Vulgaire, par-dessus le marché.
La course s'arrête lorsque la gamine se retrouve face au portail fermé de l'orphelinat. Elle l'aurait bien escaladé, d'ailleurs c'était son intention, mais l'éducateur l'a rattrapée avant et l'a forcée à descendre les deux mètres qu'elle était parvenue à grimper.
Nul, super nul, en témoignent la moue mécontente qu'Hemera affiche à présent et les regards noirs avec lesquels elle le foudroie. Elle ne fait absolument pas le poids face à l'adulte qui la soulève comme si elle ne pesait rien.
« Hé, j'suis pas un sac à patates, » se plaint-elle comme si c'était tout ce qui comptait, agitant vivement les pieds même si ça ne sert à rien. Ça n'empêche pas l'homme de la reposer par terre et de la maintenir en place en la tenant par les épaules.
« Où as-tu appris à parler comme ça ? » Croisant les bras sans cesser de tirer la tronche, elle se demande si jouer l'idiote peut l'aider à s'en sortir mais réalise vite que ça ne servirait à rien. Personne ne peut penser que
sac à patates soit le genre de mots qui ne font pas joli dans la bouche d'une fille.
« C'est Stephen qui l'a dit. » C'est pas vrai, mais elle l'aime pas celui-là donc c'est bien fait pour lui s'il se fait disputer. De toute façon, elle sait qu'elle va encore finir au coin, ou à écrire des lignes, ou à attendre le repas sans pouvoir jouer avec les autres enfants – avec elle le jeu finit souvent en bagarre, cela dit. Ou à se coltiner n'importe quelle punition qu'ils auront imaginé parce qu'ils sont à court d'idée avec cette gamine. Tout ça pour un stylo qu'elle a volé à Cynthia, c'est vraiment injuste.
We're stronger than we think we are
Cause nothing that we're made of is built from glass
And we'll push until our bodies break
Cause love will always heal our broken backs
Janvier 1957
Poudlard, Écosse (UK) —
Morphée s'est fait la malle pendant les vacances de Noël, Hemera le remerciant de deux doigts d'honneur tournés vers le plafond avant de quitter ses draps rouges et ors. Elle abandonne l'idée de mettre des chaussures après trois secondes de recherche, attrape seulement une cape dans laquelle elle s'enroule et s'en va visiter le château. Il doit être joli, de nuit, et puis ce sera toujours mieux que ressasser ce retour merdique à l'orphelinat. Salle commune quittée, couloir rejoint illico, il fait frais et elle est en chaussettes mais elle s'en moque. Ignorant évidemment le règlement de l'école, elle décide que parcourir les différents étages de l'école seulement éclairé par un petit
Lumos est l'idée la plus brillante qui soit. Un truc qui traîne par terre attire son attention, la faute aux reflets que fait la lumière dessus, et elle met un coup de pied dedans comme si ça allait lui passer les nerfs efficacement, sans réfléchir au bruit que cela va faire. Elle réalise sa connerie lorsqu'elle relève la tête et croise un regard clair, mais c'est déjà trop tard pour revenir en arrière et regretter. A la place, la brune décide, du haut de ses onze petites années et de ses quatre mois à Poudlard, de montrer les crocs.
Dents serrées, regard noir, air agressif, Hemera grogne contre celle qu'elle voit comme une potentielle balance, la menaçant même de la retrouver si elle cafte. Elle n'a même pas besoin d'y aller au bluff, ayant toujours eu une tendance à tout régler avec les poings plutôt que la discussion.
Serdaigle, rousse, yeux verts... elle note tout ça dans un coin de sa tête, se dit qu'elle n'aura pas de mal à l'identifier pour lui faire passer un sale quart d'heure si elle a des problèmes suite à cette escapade nocturne. Plan contre-carré par la réflexion de son interlocutrice qui lui prouve qu'elle n'a pas regardé plus loin que le bout de son nez. L'adolescente en face d'elle a le même âge qu’elle, elle n’est par conséquent pas préfète et n'a donc pas plus le droit d'arpenter les couloirs la nuit que la Gryffondor. Donc aucune raison de la dénoncer. Donc aucune raison pour Hemera de la menacer. Hemera qui se sent un peu bête maintenant qu'elle est face à son ânerie. Elle n'aime pas ça, ne sait plus quoi dire, shoote à nouveau dans le truc qui traîne.
« C'est quoi ton nom ? » Voyant la rousse froncer les sourcils d'un air méfiant, elle se sent obliger de préciser.
« Pas pour te taper. » Bizarrement, ça n'a pas l'air de la convaincre. Ils sont intelligents à Serdaigle ou juste chiants ?
« Moi c'est Hemera. » C'est plus juste comme ça, peut-être ?
« Alana. » La Gryffondor esquisse un sourire.
« Viens, on va chercher des passages secrets, » qu'elle propose, un air malicieux illuminant bien vite ses traits seulement éclairés par la lumière de leurs deux baguettes.
Juillet 1957
— Orphelinat sorcier, Londres (UK)À peine une semaine qu’elle est rentrée et déjà elle veut partir. Tout Poudlard lui manque, même les retenues et les cours d’Histoire de la magie elle serait prête à les supporter si ça pouvait lui permettre de retourner là-bas. Ici tout lui semble moins joyeux et plus froid, qu'importe que Londres ait enfilé son manteau bleu et arbore un grand soleil en ce mois de juillet.
« Pourquoi je ne peux pas rester à Poudlard ? » Hemera tente de capter le regard de son aînée, comme si elle restait animée de ce petit espoir qu'elle lui dira
l'an prochain, tu pourras.
« Parce que ce n’est pas ta maison, » répond l'autre en tournant la tête vers elle. Elle a son habituel sourire, celui qui se veut rassurant avec tout le monde, celui qu'elle offre à tous les orphelins qui sont encore ici.
« Mais je n’ai pas de maison. » Et elle n'a pas eu besoin d'entrer à Poudlard pour commencer à perdre espoir. Aucun parent ne veut d'elle, elle l'a bien compris – elle a trop de caractère, trop de répondant, trop de franchise. La gosse est trop pleine de défauts pour eux, mais dans le château certains l'ont acceptée comme ça. Avec ses colères à la noix, ses refus d'obéir, son manque de délicatesse. Alors a-t-elle vraiment besoin de plus ?
« Tu finiras par en trouver une. » Douze ans, c’est encore jeune pour être adoptée, qu’ils disent. Mais Hemera elle ne sait pas si elle en a vraiment envie, maintenant : sa maison c’est Poudlard, elle en est certaine. Parce qu’il y a Alana, parce qu’il y a les Gryffondors, parce qu’il y a le Quidditch – encore mieux que les simples cours de vol parce qu’elle peut frapper dans des cognards ! – et les clubs. Parce qu’il y a tout à Poudlard, tout ce que l’ orphelinat n’a pas.
Avril 1959
Londres (UK) —
« Hemera, qu'est-ce que tu fais ? » Qu’importe la connerie – parce que c’en est forcément une – qu’elle prépare, on peut au moins dire que la brune y va à grand renfort d’idées tant elle semble concentrée. Pas que cela rassure sa meilleure amie qui la regarde toujours comme si elle avait décidé d’aller affronter un troll des montagnes toute seule – et pourquoi pas, après tout ?
« Je dois te faire un dessin ? » se moque l’autre, ne lui jetant qu’un bref regard avant de s’élancer vers son obstacle. Prenant tout l’élan possible, elle saute et s’étire autant qu’elle peut pour attraper le sommet du mur avec assez de prise pour ne pas glisser. Puis elle cale précipitamment ses pieds contre les briques irrégulières dans une volonté de monter jusqu’en haut. Le tout sous le regard critique et les commentaires pertinents de son accompagnatrice.
« T'es tarée. » « Peut-être, » rétorqué, le souffle un peu court à cause de la cage thoracique comprimée par tant de proximité avec le mur lorsqu’elle hisse son corps par-dessus. Lorsqu’elle parvient enfin à s’installer à califourchon sur l’obstacle franchi – elle n’a plus qu’à sauter de l’autre côté, un vrai jeu d’enfant, elle a un sourire béat aux lèvres. Elle a les mains sales, le pantalon un peu abîmé et aucune autorisation d’être là –
lieu désaffecté, quelque chose dans ce goût-là – , mais rien de tout cela ne semble la déranger. Au contraire, son regard malicieux vient happer les yeux trop bleus qui la toisent d’en bas.
« Bon, tu viens ? » Lueur de défi dans les yeux : la petite demoiselle au sang si
pur osera-t-elle ?
Si la Gryffondor est la plus inconsciente des deux, Alana ne manque pas pour autant d’audace, et finalement elles sont deux à sauter de l’autre côté du mur censé les empêcher d’atteindre la bâtiment convoité par la brune. Plus cassée qu’ouverte, la porte leur offre un accueil étrange et plein d’adrénaline, pourtant Hemera fait demi-tour et retourne se percher au-dessus du premier obstacle.
« Tu te dégonfles ? » La commanditaire de l’expédition roule des yeux, se hisse sur ses jambes et commence à marcher sur le dit mur pour se rapprocher de celui du grand bâtiment.
« Allez descends de là, espèce de clown. » Hemera en est un, à n’en douter, pourtant ce mot n’avait jamais semblé aussi bon que prononcé par Alana.
Clown, ça lui va bien, mais par fierté il faut bien qu’elle réplique. Une assurance indécente brûle dans ses prunelles qu’elle glisse vers sa meilleure amie.
« Calme-toi Alananas, tu vas te faire des cheveux blancs. » Préméditer toutes leurs aventures, très peu pour elle : n’en déplaise à sa comparse, Hemera a besoin de cette dose d’imprévu et d’improvisation qui lui donne l’impression d’exister. Et le plus beau dans tout ça, c’est que rares sont les fois où elle fait ses bêtises seule, même si elle est indéniablement celle des deux qui se fait le plus prendre.
It's not paradise
But if you look close enough you'll see
The sunrise in our eyes
Let the ocean set you free
Décembre 1960
— Poudlard, Écosse (UK)Jetant un dernier regard agacé à l'escalier menant à la Tour d'Astronomie, Hemera finit par accepter de s'asseoir sur les marches sur lesquelles sa meilleure amie a posé son dévolu. D'habitude elles s'installent au sommet du château, mais ce soir il y avait deux idiots en train de se bécoter. La Gryffondor voulait les dégager à coups de pied, mais Alana n'était pas super d'accord avec l'idée donc elle s'est retenue. Résultat ? Elle doit exposer ses plans géniaux sans pouvoir regarder les étoiles – et en ayant mal aux fesses.
« Tu vas aller où ? » La brune hausse les épaules. C'est vraiment important, de savoir où elle va aller, tant qu'elle se barre ?
« Je sais pas. Chez toi ? » qu'elle propose pour la blague. La vérité c'est qu'elles vivent chacune dans leur propre enfer et que troquer l'un pour l'autre n'est pas ce qu'il y a de plus judicieux. C'est même carrément stupide.
« J'pourrais me balader dans Londres. Manger des fish & chips, écouter du rock aussi fort que je veux, ça serait cool. » Avec à peu près quatre gallions en poche, c'est super crédible, et ce n'est pas comme si c'était le seul problème.
« Et pour dormir ? » « T'es chiante, » qu'elle grommelle, moue agacée parce si Alana lui a prouvé quelque chose en deux ans, c'est que Serdaigle rime avec trop de réflexion et donc avec casseuse d'ambiance. Parce que dans sa tête il était génial son plan : se casser de Poudlard juste avant les vacances de Noël, vivre à Londres jusqu'à la rentrée et revenir au château ensuite.
Par-fait, comme ça elle n'a pas à retourner dans sa famille d'accueil pour les fêtes de fin d'année qu'elle déteste.
« T'as pas besoin de démonter mes supers idées pour me dire que je vais te manquer. » Elle ricane face au regard que lui offre la rousse et lui tire la langue.
« Je reviendrai à la rentrée, comme ça tu pourras me voir. Peut-être. Si t'es sage, » ajoute-t-elle, comme s'il y avait le moindre doute sur le fait qu’elle serait tout bonnement incapable de tourner le dos à sa meilleure amie.
Mars 1961
Poudlard, Écosse (UK) —
« Fiancée ? » Pour sûr, Hemera s’attendait à tout sauf à cette réponse lorsqu’elle lui a demandé ce qu’elle avait fait depuis la dernière fois. C’est presque devenue une tradition entre elles, le concours de celle qui a passé les pires vacances ou les pires week-end en-dehors de Poudlard. Aucun doute sur qui a raflé la victoire cette année, la brune en reste même bouche-bée.
« Mais on a 15 ans. » Faux, Alana en a seize, mais ça ne change rien : qui se fiance à seize ans ? Ca n’a aucun sens aux yeux de la plus jeune. Elle qui n’a déjà pas de famille autre que l’école, elle est incapable de comprendre comment on peut se fiancer – c’est-à-dire s’unir pour toujours, non ? – si tôt. Elle ne pige pas, tout ce qu’elle a envie de faire c’est écraser son poing sur la tronche de l’abruti qui rend le regard de sa meilleure amie si triste. Plusieurs fois. Elle lui péterait bien volontiers une ou deux dents, en fait.
Août 1961
— Orphelinat sorcier, Londres (UK)Elle n’aime pas l’été, Hemera, et ça ne va pas en s’arrangeant avec les années. Celui-là est pire que d’habitude, parce qu’en plus de n’avoir aucun entretien pendant ces huit semaines – elle a beau toujours connaître le résultat à l’avance, au moins ça l’occupe, ça fait de l’animation –, en plus elle en passe une grande partie consignée pour sa dernière idée de génie : fuguer de sa famille d’accueil pendant les vacances de Pâques. Il paraît que c’est aussi à cause de ça qu’il n’y a pas eu d’entretien cet été : plus personne ne veut l’adopter, maintenant. Parce que c’est
rédhibitoire, de faire un truc pareil – c’est ce que disent les responsables de l’orphelinat en tout cas. La Gryffondor n’est pas de cet avis : elle a été drôlement forte pour se barrer sans que personne ne la voit, et puis elle a quand même tenu trois jours toute seule en ville. Mais eux ils n’étaient pas de cet avis, et ce ne sont pas des félicitations que l’adolescente a reçues lorsqu’elle a été retrouvée par des tireurs d’élite. Elle ne comprend quand même pas pourquoi ils sont si sévères avec elle alors qu’elle a simplement fait comme font tous ces futurs parents qui adoptent : elle a
choisi. Elle ne s’y plaisait pas, dans cette famille, alors elle avait bien le droit d’en partir comme certains l’ont laissée tomber après une semaine d’entretiens. Et puis c’est ce qu’Alana a dit – ou elle l’a sous-entendue et sa meilleure amie l’a surinterprété, allez savoir –, et Hemera elle préfère l’écouter elle plutôt que les adultes.
We’ll run through the fire
We’ll team up with water and make our move
Won’t get lost in the silence
Not something our voices know how to do
Décembre 1961
Maison de la famille Briggs, Londres (UK) —
Ça ne sent jamais bon, d'être adopté pour les vacances de Noël. Les adultes veulent se sentir charitables, ils font un joli geste pour pouvoir en parler à chaque fois qu'un invité apparaît sur le seuil et blablatent pendant des heures sur ô combien c'est important d'aider les plus démunis. Mais le mois d'après, c'en est déjà fini : la gosse ne convenait pas, elle n'aurait jamais réussi à s'intégrer, elle ne se sentait pas à sa place. Mais eux ils ont fait une bonne action, alors tout va bien. Au final, c'est toujours
elle la responsable de l'échec. Elle ne voit pas pourquoi cette fois-ci serait différente des autres. Et puis la dernière adoption a été si terrible qu'elle ne veut pas retenter l'expérience, préférerait même rester à l'orphelinat jusqu'à sa majorité plutôt que subir ça une deuxième fois. Pourtant elle n'a pas le choix : cette après-midi elle rencontre une nouvelle famille, et protester ne sert à rien.
Avril 1962
— Maison des Briggs, Londres (UK)Si elle s'était faite attrapée en pleine période scolaire, elle aurait pu y échapper. Au mieux ils n'auraient pas pris la peine de lui accorder de l'intérêt – ce qui, honnêtement, aurait arrangée Hemera. Au pire, elle aurait reçu une beuglante qu'elle aurait aisément ignorée, aurait possiblement cogné les camarades qui auraient eu la mauvaise idée de lui faire une remarque à ce sujet, aurait râlé au côté d'Alana que c'était trop injuste. Ouais, c'est ça qui aurait dû se passer. Manque de chance, elle s'est faite prendre la veille des vacances scolaires. Et elle n'a reçu aucune lettre signée Briggs lui indiquant qu'elle était contrainte de rester à Poudlard pour Pâques, en guise de punition – ça c'était dans ses rêves, en fait. Au lieu de ça, la voilà dans le salon de la maison, une main sur la poignée de sa valise, l'autre tenant la cage de sa chouette. Et en face, deux pupilles qui ne la lâchent pas.
C'est maintenant que les choses vont dégénérer, Hemera le sait. Parce que ses parents adoptifs vont réaliser qu'elle n'est pas juste une gamine un peu bruyante et agressive en pleine crise d'adolescence.
Turbulente, c'est le mot qu'ils utilisent à l'orphelinat. Pour ne pas dire insolente, vulgaire, irrévérencieuse. Mais ce qu'ils ne disent pas, surtout, c'est qu'en plus de toutes ces qualités, elle vole. Enfant on trouvait presque ça mignon :
oh, qu'elle est chapardeuse cette petite. Maintenant, ça l'est beaucoup moins. Certains disent qu'elle est cleptomane, d'autres qu'elle cherche juste à attirer l'attention, mais le résultat est le même : la sale gosse vole, et ça c'est très mauvais sur le dossier. Alors sûrement qu'ils ne savaient, les Briggs. Sûrement qu'ils sont déçus, agacés, en colère, et que c'est tout ce que trahit ce regard posé sur elle depuis qu'elle est entrée. Mais elle ne tente même pas de l'interpréter, Hemera, parce qu'elle sait comment ça se passe.
« J'ai compris, je vais dans ma chambre. » Les dents sont serrés tandis qu'elle se dirige vers la bonne pièce où elle risque de rester enfermée un moment le cœur partagé entre la rage et l'angoisse profondément ancrée du placard.
« Qui t'a dit que tu étais punie ? » La jeune fille s'arrête et tourne la tête, sa main se serrant un peu plus fermement sur la poignée de sa valise.
« C'est pas le cas ? » L'incompréhension se lit sur les yeux de la brune, son palpitant battant la chamade.
« Pourquoi tu t'es faite attraper ? » Sa bouche s'entrouvre et s'assèche, sensation très étonnante pour une adolescente qui n'a pas sa langue dans sa poche.
« Je sais pas. » Enfin si, peut-être qu'elle n'aurait pas dû conserver le bijou aussi long avant de le revendre, mais elle le trouvait tellement joli.
« Réfléchis. Pourquoi tu t'es faite attraper ? » Hemera pince les lèvres, ses ongles tapotant sa valise comme exutoire.
« J'aimais bien le bijou. » La réponse est presque grognée, car s'il y a une chose qu'Hemera déteste plus que se planter, c'est le reconnaître.
« Tu as encore beaucoup à apprendre. » Les sourcils se froncent, suspicieuse, pourtant les lippes s'étirent naturellement en réponse au sourire qui lui est offert. Et l'idée de fuguer à nouveau s'évapore en un instant.
Mars 1963
Poudlard, Écosse (UK) —
« Je vais le tuer ! » Le poing serré, la haine dans la voix, Hemera a la rage au ventre et de véritables envies de meurtre qui bouillonnent. De la dynamite à qui on a flanqué deux jambes, littéralement prête à exploser. Pourtant, c’est toujours la même voix de la raison qui la retient.
« Non, tu ne vas rien lui faire du tout. » Sauf que cette fois, elle ne comprend pas pourquoi. Son regard absolument scandalisé fusillant le vert des yeux de sa meilleure amie, elle sent sa colère monter encore d’un cran et serre les dents. À elle, l’ancienne Gryffondor ne ferait jamais de mal, c’est une chose certaine. À lui par contre, elle lui arracherait bien les yeux, la langue et tout le reste.
« Pourquoi tu le protèges ? » peste-t-elle, furieuse car elle ne comprend pas comment Alana peut prendre la défense d’un tel monstre. Il est horrible, ne la traite pas comme il le devrait et se croit au-dessus du monde parce qu’il est un soi-disant sang-pur. La brune rendrait service au monde entier en le faisant disparaître.
« C’est toi que je protège, imbécile. Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose. » La tempête qui l’agitait se calme en une seconde, et soudain Hemera se retrouve pantelante, les poings desserrés et l’air perdue.
« Ah… » Elle se sent bien con maintenant, c’est malin.
« C’est gentil. » Constat stupide de l’évidence ou remerciement maladroit, impossible de savoir. Toujours aussi mauvaise pour exprimer ce qu’elle ressent, elle se contente alors de se rapprocher de son aînée et de la serrer contre elle. Elle trouvera une solution, elle refuse de laisser Alana souffrir comme ça. Ça fait déjà trop longtemps.
Juin 1971
— Salle de boxe, Londres (UK)Les coups sont trop violents pour ne pas refléter la haine qui brûle dans les veines d'Hemera, pourtant ce n'est pas à son adversaire qu'elle est destinée. Elle irradie depuis des mois, faisant d'elle une bombe humaine qui menace de se déclencher à tout instant. Il n'y a qu'ainsi que la brune parvient à la contenir : en cognant. Alors les impacts résonnent dans la salle de sport, traduisant toute l'amertume de celle qui est redevenue orpheline depuis que des barreaux la séparent des seuls parents qu'elle ait jamais eus. Et lorsqu'enfin elle parvient à atteindre le visage de l'homme qu'elle affronte suffisamment fort pour le déstabiliser, on ne l'arrête plus. Qu'importe la douleur qui se lit dans ses yeux, le sang, les cris de la troisième personne sur le ring.
« Stop ! » Toujours aucune réaction de la part de la brune, il faut que l'homme intervienne et attrape son bras pour que cette folie cesse.
« Hemera, arrête ! » La brune relève brusquement la tête, le souffle court, ne réalisant encore qu'à moitié ce qu'elle a fait.
« Il n'a pas le niveau, » peste-t-elle en se relevant. Elle ne prend même pas la peine d'aider l'homme au sol à faire de même, s'approche plutôt des cordes du ring.
« Je rentre, j'ai des trucs à faire. » C'est faux, sa vie tourne autour de la boxe bientôt un an, seule façon qu'elle a d'évacuer toute cette rage qui noircit son palpitant. Il y a bien Alana qui parvient à l'alléger, mais elle est occupée maintenant qu'elle sont deux jolies rousses, alors les deux amies ne se voient pas non plus tous les deux jours.
Retirant de ses mains tremblantes ses gants, elle les laisse tomber dans un coin du vestiaire avant d'aller s'accouder à l'un des éviers. Une fois ses mains propres, elle glisse de l'eau sur son visage, comme si ça allait l'aider à redescendre. Pas vraiment, dans le fond. Il y a toujours cette rage qui brûle et lui donne envie de bouffer le monde, même les personnes qui n'ont rien à faire là-dedans. C'est sûrement pour ça que malgré son niveau on dit qu'elle ne passera jamais pro. Parce qu'elle est trop instable, dépasserait les bornes, n'écouterait pas l'arbitre. Parce qu'elle perd pied, Hemera, mais on a beau le lui dire pour l'instant elle ne le réalise pas vraiment. C'est instinctif pour elle d'exprimer tous ces ressentiments avec ses poings. Tellement plus simple que d'accepter le manque et la souffrance qu'il engendre. Ca fait trop mal, cette impression d'être redevenue orpheline à vingt-cinq ans.
It's not paradise
But if you look close enough you'll see
The sunrise in our eyes
Let the ocean set you free
Mai 1972
Appartement d'Hemera, Londres (UK) —
Sourcils froncés, regard suspicieux braqué sur Alana qui semble aller beaucoup trop bien comparé à la gueule de bois que sa colocataire se paie, verre d’eau porté à ses lèvres en se demandant très sérieusement si elle ne devrait pas soigner le mal par le mal. Un shot dès le petit-déjeuner, ça devrait la rebooster, non ?
« Pourquoi c’est moi qui dois préparer le petit-déjeuner ? » grommelle la brune en rabattant ses cheveux en arrière.
« Parce que tu l’as dit. » Elle, cuisiner ? Ses souvenirs sont si embrumés qu’elle est incapable de savoir si la Serdaigle lui ment. Cependant, son réveil la tête dans le
cul, l’cul dans l’brouillard laisse supposer une explication évidente à des paroles aussi insensées.
« J’étais bourrée. » Défense en béton armé, on ne se sert pas des paroles de sa meilleure amie totalement ivre contre elle…
« Oui, mais tu l’as dit. » Ah si, apparemment. Alors de toute évidence Hemera a perdu cette bataille et est de corvée petit-déjeuner.
Retour à la cuisine, une quinzaine de minutes plus tard. Hemera est toujours aussi décoiffée, mais ce qui a change c’est l’odeur de la cuisine : ça sent un peu le cramé, non ? Tartines glissées dans deux assiettes, la première posée devant la princesse de l’appartement, l’autre devant sa maman.
« Il est brûlé le pain. » Le regard de la brune se pose sur le dit pain puis sur son amie.
« J’ai pas dit que le petit-déjeuner serait bon. » Il n’y a que Maïa qui semble s’en moquer, ses petits doigts attrapant la tartine malgré sa couleur.
« Maïa, ne mange pas le pain brûlé. » Le regard de la petite rousse se pose sur sa mère, empli d’incompréhension.
« Ta mère a raison. Donne-lui les tartines, nous on va commander un burger » Joignant le geste à la parole, la Gryffondor pousse l’assiette de la fillette en direction d’Alana puis la prend dans ses bras. Évidemment, elle n’échappe pas au regard de cette dernière qui semble désapprouver son idée de petit-déjeuner improvisé.
« Tu préfères des céréales à la vodka ? » C’est russe la vodka, ça pourrait être une tradition familiale des Dolohov. Ou alors elles n’ont qu’à l’inventer. Ouais, Alana n’a pas l’air super d’accord quand même. Donc le burger c’est mieux. Donc ce sera burger.
Novembre 1975
— Foyer sorcier, Londres (UK)Le poing manque de s'abattre sur son visage, mais les réflexes d'Hemera sont suffisants pour parer l'attaque du jeune homme et se décaler d'un pas. Il y a ce petit sourire qui s'est glissée sur son visage depuis qu'elle est entrée, signe qu'elle est dans son élément. Elle a troqué ses habits du jour trop classiques – une nécessité pour le travail, paraît-il – pour une tenue de sport, ses chaussures trop hautes pour des baskets, son stylo trop silencieux pour des gants de boxe. Elle l'aime son nouveau boulot, elle se sent utile au travers de ses enquêtes, elle peut enfin protéger les enfants à la recherche d'un vrai chez eux de ces gens qui ne méritent pas le titre de parents. Pourtant nul doute que c'est ici qu'elle se sent le plus à sa place : au foyer, avec les gamins, les aidant à évacuer le trop plein d'émotions par les poings comme elle l'a elle-même toujours fait.
« Plus fort. » La voix est ferme, emplie d'une volonté de pousser l'adolescent à se surpasser.
« Je vais pas te faire mal ? » Les lèvres de la jeune femme s'étirent de plus belle tandis qu'elle secoue la tête. Il n'y a que les nouveaux pour lui demander cela, les anciens savent qu'Hemera n'a pas de limites, même quand un coup l'atteint.
« Essaie pour voir. » Mais les coups de l'adolescent sont encore ténus, si bien qu'elle se sent obligée de le pousser un peu en frappant à son tour, touchant son épaule.
« Allez, je sais que tu peux faire mieux. » Les coups s'enchaînent jusqu'à ce que le souffle manque, un sourire satisfait éclairant les deux visages.
« A la semaine prochaine ? » L'adolescent hoche vivement la tête avant de disparaître vers les vestiaires.
« A la semaine prochaine ! »Avril 1977
Appartement d'Alana, Londres (UK) —
C'est dans le salon de sa meilleure amie qu'Hemera laisse tomber son sac après avoir refermé la porte. Elle y est bien passée, à son appartement, mais s'est contentée d'y attraper les essentiels pour la soirée qui l'attend. Impossible pour elle de rester dans son propre appartement en sachant ce qui est arrivée à sa filleule.
Elle va bien ? demandé sans un mouvement de lèvres, son regard se posant sur la chevelure rousse qui dépasse du canapé. C’est quand même pratique, la dictamencie, pour discuter entre adultes.
Je crois. Elle ne m’a rien dit. L'ancienne Gryffondor esquisse une grimace puis contourne le sofa pour s'installer à côté de Maïa.
« Hé princesse. Ca va ? » Elle entend des pas derrière elle, signe que la maman les a laissées en tête à tête.
« Oui. » L'impression désagréable que quelque chose cloche malgré les lippes étirées de la fillettes. L'impression qu'elle ment, pourtant elle n'a jamais été de ces enfants-là.
« Tu veux en parler ? » Elle secoue la tête, et en réponse sa marraine dépose un simple baiser sur sa chevelure rousse. Bien sûr qu'elle s’inquiète, qu'elle voudrait savoir ce qu'il s'est vraiment passé, que la cause de sa frayeur n’en sortira pas indemne si Hemera la retrouve. Pourtant elle sait que ça ne sert à rien d'insister aujourd'hui. Si un jour Maïa veut parler, elle sait qu'elle aura toujours une oreille pour l'écouter.
« On regarde un film ? » Il n’en faut pas plus pour que le visage de Maïa se vêtisse d’un large sourire. Après avoir remis en place une de ses mèches rousses, l'adulte se lève du canapé et va récupérer son sac à main. Elle l'ouvre, en sort les deux boîtes récupérés chez elle avant de venir, les montre à la gamine.
« Robin des Bois ou Peter et Elliott le Dragon ? » Remettant à sa place le malheureux film qui n'a pas été choisi, elle va ensuite s'asseoir en tailleurs devant la télé – volée – d'Alana pour lancer le visionnage.
« Maman regarde avec nous ? » Hemera hausse les épaules et constate d'un regard que sa meilleure amie n'est pas revenue dans la pièce.
« Alana, tu veux voir un Disney ou rester sur ton livre chiant ? » gueulé avec toute la discrétion qui caractérise Hemera – à savoir
aucune. Ca suffit à amuser sa filleule, les éclats de rire allégeant le cœur de la brune qui se relève enfin pour s'installer à ses côtés. Puis d'un coup de baguette, elle attire à elles un plaid qu'elle déplie pour les couvrir.
Mai 1979
— Le Golden Clover, Londres (UK)Accoudée au bar, Hemera esquisse un sourire quand son verre lui est tendu.
Elle ne s'en lassera jamais, songe-t-elle en attrapant son verre, buvant une gorgée tout en observant de haut en bas le jeune homme qui lui fait face. Un clin d'œil joueur plus tard, la voilà qui délaisse le bellâtre pour se diriger vers l'arrière-boutique. La porte poussée comme si elle était chez elle – c'est un peu le cas, après tout le bar appartient à Alana –, son verre qu'elle a déjà entamé toujours dans la main, elle sourit en guise de salutation.
« J'avais besoin d'un verre. » Et à y réfléchir, elle aurait dû en prendre deux. L'affaire qu'elle poursuivait aujourd'hui lui a retourné l'estomac, elle doit noyer ça dans le whisky. Elle ne veut plus penser à la douleur qui lui a vrillé le cœur durant l'entretien, aux traits de cet homme qu'elle espère voir tomber au plus vite, à tout ce qui peut encore se passer tant que les juges n'ont pas rendu leur verdict. Elle a songé à envoyer son poing dans la tronche de cet homme plusieurs fois au cours de l'après-midi, c'est presque un miracle que ça n'ait pas eu lieu. Elle est incapable d'appeler ce monstre un
père, il n'en est pas un pour le gamin auquel elle a parlé et ne devrait en être pour aucun autre.
« Tu pourras être là lundi ? » La voix de la rousse la sort de ses pensées, elle cligne des yeux avant de hocher la tête. L'enquête devrait être close dans les jours à venir au vu de tous les éléments qu'elle à amasser : la semaine prochaine sera plus tranquille.
« Une mission spéciale ? » qu'elle demande après avoir pris une gorgée de sa boisson. Merde, son verre est presque vide.
« Une grosse mission. » Hemera arque un sourcil, piquée à vif dans sa curiosité. Ca arrache un sourire à sa complice qui sort sa baguette et l'agite pour faire apparaître tout ce qu'elle a déjà préparé. Un travail que l'ancienne Gryffondor serait bien incapable de faire – c'est là tout l'avantage d'être un duo, elles se complètent à merveille. Alors la brune s'approche du panneau en liège pour regarder les notes et photos épinglées par son amie, son sourire se faisant naturellement malicieux à l'idée du cambriolage qui les attend.
« Le nouveau barman est mignon. » Alana lâche un ricanement, ne semblant qu'à moitié surprise par les propos hors contexte de sa comparse.
« Vraiment, c'est à ça que tu penses là ? » L'autre hausse les épaules, ses yeux glissant vers un autre bout de papier qu'elle lit en diagonale.
« Je faisais juste un innocent constat. » Ce n'est qu'à moitié vrai : certes elle s'est contentée d'énoncer un fait, mais son innocence est des plus incertaines.
It's not paradise
But if you look close enough you'll see
The sunrise in our eyes
Let the ocean set you free
Paradise by Anderson Rocio
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