Qu'est-ce qui croustille sous le dentier et fait gerber les enfants ? - Hemera

Magouilles & co

Le Chemin de Traverse, c’est bien pratique mais on n’y trouve pas tout. Du moins, pas tout ce qui relève de la légalité. Après l’avoir longé dans tous les sens, Livia a réalisé qu’elle devra basculer du côté obscur de la Force en s’aventurant dans l’Allée des Embrumes. Non pas que ça lui fasse peur mais il serait fort déplaisant que quelqu’un la reconnaisse et aille cafter ça au big boss. Et par big boss, elle entend Lazlo Zeitmann, Môssieur le Directeur de Sainte Mangouste. L’épidémiologiste ne craint rien ni personne, entendons-nous bien sur le sujet, cependant ce serait déplaisant de perdre tous les avantages de son beau laboratoire. Elle y a accès à tous types de composants (sauf les trucs pas légaux), de la main d'œuvre et des ressources financières quasi illimitées lorsqu’elle a besoin de matériel. Le confort de sa position à Sainte Mangouste serait inenvisageable ailleurs, d’où l’intérêt de conserver son poste. Livia a tellement travaillé pour gravir les échelons et imposer l’intelligence de ses travaux auprès de son service qu’elle ne veut pas dégringoler et perdre tous ses privilèges. Cela reviendrait à faire une croix sur ses projets annexes également, ceux qu’elle prépare à l’abri des regards indiscrets lorsque sonne la fin de son service.

Elle mijote des trucs pas très nets, lorsque ses collègues rentrent chez eux. Elle, elle n’a pas de famille à entretenir, pas de mioches à doucher, nourrir et pouponner avant de les coucher. Elle a refusé de fonder son propre foyer parce que ça ne l’intéresse pas. Elle n’abandonnera son amour à personne, flemme. Elle a d’autres ambitions dans la vie. Faire avancer la science, c’est bien mieux ! Quand Livia pense à toute la reconnaissance qui accueillera ses travaux, elle en frissonne d’avance. Parce qu’elle est en train de concocter un vaccin pour anéantir la dragoncelle. Ce virus décime une bonne partie de la population chaque année et les antidotes existent, bien sûr, mais ils ne sont efficaces que lorsqu’ils sont ingérés au bon moment. Livia rêve de trouver la recette de l’injection parfaite qui immuniserait les sorciers et éradiquerait cette maladie de leur monde. Ils le font bien chez les Moldus, alors pourquoi pas chez les sorciers ? L’ancienne Poufsouffle a beau mépriser la race de ceux qui sont dépourvus de pouvoirs, elle leur reconnaît au moins cette qualité.

Pour l’instant, la scientifique n’en est qu’au stade des expérimentations. Elle a déterminé une liste de composants qui pourraient lui assurer le succès mais avant cela, il faudrait se les procurer pour pouvoir tester ses théories. L’un de ses ingrédients est introuvable dans le commerce légal des sorciers et Livia n’a pas d’autres solutions que de se tourner vers le marché noir. Sauf que ça fait tâche de passer commande en son nom… Il lui faut un intermédiaire. Et c’est justement ce qu’elle attend en cette fin de journée. Elle a entendu parler d’un gang de voleurs qui sillonne la capitale pour s’emparer des biens les plus précieux et les revendre aux plus offrants. Elle a réussi à choper un de ses petits Gavroches il y a quelques jours. Après lui avoir tiré les oreilles, elle l’a sommé de convoquer un de ses supérieurs pour qu’elle puisse lui causer de sa requête. Parce que Livia Rowle ne va pas s’abaisser à marchander ce qu’elle s’apprête à bazarder avec des mômes. Le gosse lui a promis qu’une certaine Hemera l’attendrait au même endroit deux jours plus tard. Et la voici donc, poireautant à l’emplacement indiqué pour passer commande pour l’ingrédient mystère. Le genre de truc qui lui vaudrait une petite correction à Azkaban et la perte de son job, certainement. Cependant, le jeu en vaut la chandelle. Quand ils verront les prouesses de la Rowle avec son sérum, ils se prosterneront à ses pieds en oubliant ses méthodes peu orthodoxes. Après tout, comme elle le dit souvent, mieux vaut demander pardon que la permission.

Soudain, une silhouette attire son attention à quelques mètres de là. Une brune la fixe tout en se dirigeant vers elle d’un pas sûr. Livia s’immobilise et la laisse venir à elle. "Hemera je suppose ?" Elle attend la confirmation avant de poursuivre. "On peut discuter dans un coin à l’abri des oreilles indiscrètes ?" Non parce que négocier des trucs illégaux à-même la rue, on a vu mieux pour la discrétion. Et puis bon, si la brune en question est connue dans le quartier, on va vite faire le rapprochement avec sa gueule si ça fuite.

@Hemera Briggs

Juillet 1980
Qu'est-ce qui croustille sous le dentier et fait gerber les enfants ?
@Livia Rowle

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La discrétion n’a jamais été le fort de Livia parce qu’elle estime qu’elle est toujours dans son bon droit même quand elle dépasse les bornes. Alors déambuler dans l’Allée des Embrumes, c’est une promenade de santé pour elle. En soi, il n’y a rien d’illégal (pour l'instant) même si le coin est mal famé. Sa réputation, elle s’en cogne un peu. Qui donc s’en souciera le jour où elle débarquera avec le sérum qui anéantira les plus gros virus sorciers ? Elle va commencer par la dragoncelle et qui sait, ce sera peut-être compatible avec d’autres fléaux de la sorte. Ce serait une belle manière d’enfoncer la porte de la gloire vu le nombre de victimes qu’elle fait chaque année. Oh Livia ne le fait pas par empathie pour soulager les malades, ça elle s’en fout complet. C’est la renommée qu’elle cherche, qu’on valorise enfin son travail et ses compétences. Et que ce grand coincé de Zeitmann ferme un peu sa gueule. Qu’il lâche la bride au monde de la recherche, aux vrais scientifiques pour faire avancer le monde. La science s’apprête à faire un sacré pas en avant grâce à elle ! Mais avant tout, il lui faut quelques ingrédients illicites pour poursuivre ses expérimentations. Et pour ça, elle a décidé de faire appel à cette catégorie de gens qui baignent comme elle dans l’illégalité parce qu’ils n’ont plus rien à perdre. Le gang des Dissidents.

En attrapant ce gamin dans la rue, Livia avait douté que sa requête soit réellement satisfaite. Elle savait que son air froid pouvait en impressionner plus d’un et surtout les enfants. Le risque était que le marmot prenne la poudre d’escampette et décide de ne plus repasser par ce coin de l’allée des Embrumes pendant quelques mois sans faire la commission à ses supérieurs. Peut-être qu’il avait inventé ce prénom, Hemera, juste pour qu’elle lui lâche la grappe et le laisse repartir. Et pourtant, aujourd’hui, une jeune femme vient à sa rencontre, répond même par l’affirmative lorsque l’épidémiologiste demande une confirmation de son identité. Finalement, ce garnement était digne de confiance.

Comme ce qu’elle s’apprête à demander au gang de voleurs n’est pas le genre de trucs à crier sur tous les toits, l’ancienne Poufsouffle réclame un peu d’intimité. Ça tombe bien, son interlocutrice connaît un endroit où l’on ne pourra pas les entendre négocier le prix d’articles fort douteux. Les deux femmes traversent l’allée des Embrumes jusqu’à une porte que pousse la brune, un truc qui ressemble à un débarras. "Charmant," lâche Livia d’un ton sarcastique. Bon, comme elle est peu regardante sur les moyens d’obtenir ses ingrédients, elle ne va pas faire la fine bouche sous prétexte qu’elle ne négocie pas dans un cinq étoiles. Et enfin, la brune s’enquiert de la requête qu’elle compte formuler, faisant naître sur les lèvres de Livia un petit sourire en coin. Droit au but, c’est parfait. Comme ça elle n’y passera pas toute la journée. "J’ai besoin d’un ingrédient illégal à la vente et qui est même difficile à trouver sur le marché noir. Des viscères de dragon séchées, ça vous parle ?" En réalité, il lui faudrait de la poudre de viscères de dragon, mais comme c’est encore plus compliqué, elle ne fera pas la difficile. Les broyer à la main sera un jeu d’enfant si elles sont sèches.

Livia se moque bien de savoir si sa demande étonne la voleuse ou si cela irait à l’encontre de ses principes (car le commerce de viscères de dragon est interdit au nom de la protection animale). Il lui faut cet ingrédient, c’est tout. On ne va pas épiloguer. "Il m’en faudrait au moins 2 mètres. S’il le faut, je vous en recommanderai plus tard." A vrai dire, la scientifique ignore si ses essais seront fructueux du premier coup, alors autant demander une quantité suffisante pour ses expériences. Si elle constate que c’est la combinaison gagnante, elle saura où trouver la brune.

Juillet 1980
Qu'est-ce qui croustille sous le dentier et fait gerber les enfants ?
@Livia Rowle

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C’est pas compliqué : tout ce que Livia veut, elle l’obtient. Certains vous diront que c’est à cause de son éducation de sale petite bourge depuis que les Rowle l’ont adoptée, d’autres affirmeront que c’est bien là le strict minimum à exiger pour une femme de son rang. Pour l’épidémiologiste, une raison supplémentaire s’ajoute à l’équation : elle se crève le cul pour le progrès de la science et de la médecine, donc on lui doit bien ça. Elle ne veut rien pour elle, elle n’est pas vraiment matérialiste, tout ce qu’elle souhaite, c’est être à l’origine de cette avancée spectaculaire et en récolter toute la gloire. Rien que ça. Si l’ancienne Poufsouffle avait consulté un psychomage, on lui aurait dit que cette soif de statut social était un manque créé pendant l’enfance parce qu’en étant adoptée par la famille Rowle, elle ne s’y sentait pas complètement à sa place et souhaitait conquérir ce droit à être considérée comme légitime. Mais ça, elle trouve que ce sont des conneries. De la psychologie de comptoir, tout au plus. Elle n’a pas besoin d’une thérapie pour justifier ses actes, elle les assume pleinement. Et imaginez la réaction du Seigneur des Ténèbres quand il apprendra qu’une femm si brillante figure dans son armée. Il lui assurera une promotion digne de ses plus hauts lieutenants, c’est certain. Elle sera enfin considérée à sa juste valeur et sera tenue en exemple pour servir cette cause si noble.

Mais avant d’arriver là, il faut commencer par les marches les plus basses. D’autant plus grande sera sa gloire. Livia accorde une véritable importance à la valeur du travail, à l’acharnement et au don de soi et elle sait qu’à force de s’échiner, elle parviendra à ses fins. Tout commence donc par multiplier les expérimentations pour élaborer ce remède contre la dragoncelle. Après tous ces siècles d’existence, la société sorcière n’a pas été foutue de trouver un vaccin ou un médicament assez combatif pour l’anéantir, c’est dingue, ça ! La scientifique a décidé d’utiliser des ingrédients jugés illégaux pour ouvrir son champ d’opportunité et travailler sur des molécules auxquelles nul autre n’aurait pensé pour un résultat efficace. Et pour ce faire, rien de tel que le marché noir. C’est comme ça qu’elle en est arrivée à se traîner dans les ruelles mal famées de l’allée des Embrumes. Et pénétrer dans ce taudis avec l’une des reines des voleurs pour marchander l’achat si onéreux de viscères de dragon séchées. Sa remarque cinglante sur l’accueil de ce lieu ne tarde pas à trouver du répondant chez la brune. "Les apothicaires de bourges, comme vous dites, ne vendent pas ce que je cherche. Je ne me contente pas de la légalité ni de la médiocrité de leurs services." Il lui faut quelqu’un qui ait les couilles de se procurer pour elle cette marchandise illicite. Et pour le coup, le statut social lui importe peu. Qu’il s’agisse d’un prince ou d’un va-nu-pied, ce qui compte à ses yeux est de récupérer ce qu’elle souhaite. "Que tout soit clair entre nous : je me fiche des manières peu orthodoxes auxquelles vous pourriez recourir pour obtenir ces viscères. Faites le nécessaire et agissez comme bon vous semble." L’éthique lui importe si peu que les Dissidents pourraient bien tuer un homme ou un dragon pour récupérer le précieux ingrédient que ça lui serait égal. Elle s’en tamponne, ça l’empêchera pas de dormir la nuit. Elle compte expérimenter ses potions sur des êtres vivants et si ses échecs se soldent par des décès, elle fulminera parce qu’elle ne sera pas arrivée à ses fins, inutile de pleurer pour les morts. Le reste n’est que statistique.

L’avantage, c’est que son interlocutrice n’a même pas cillé à l’évocation des viscères de dragon. Là où d’autres se seraient insurgés au nom de la cause animale, la brune a seulement estimé un tarif et des délais. Une discrétion qui ravit l’épidémiologiste parce qu’honnêtement, elle n’a ni la diplomatie ni la patience d’argumenter. De même, les trois cent gallions que lui impose la voleuse n’impressionne guère Livia. Elle aurait pu lui dire le double que ça ne l’aurait pas fait boiter. Ces trois cent gallions, ils ne sont pas à elle. C’est l’argent de Zeitmann qu’elle dépense, ou plutôt celui de l’hôpital. Elle a un budget qu’elle dépense sans compter même si ça grince parfois un peu plus haut lorsqu’elle leur présente de fausses factures justifiant ses achats inconsidérés. Parfois, elle a l’impression d’être la poule de luxe du directeur de Sainte Mangouste, à force de dépenser tout son frics dans des trucs de luxe qui n’amusent qu’elle. "Deux cent cinquante," propose-t-elle histoire de marchander. "Parce que je compte bien en recommander ou à défaut, requérir à nouveau à vos services pour d’autres achats de ce genre. Si j’en suis satisfaite." A l’heure actuelle, Livia mise tout sur les viscères de dragon car tout dans le métabolisme de ce noble animal tend à l’orienter sur la clé de ses recherches. Si ça marche, elle lui en commandera toutes les semaines, c’est certain. Si c’est à nouveau un échec, elle se rabattra sur d’autres solutions illégales et testera d’autres options en laboratoire. "La moitié maintenant, le reste à la livraison, ça vous va ?" Faudrait quand même pas se faire entuber non plus.

Lorsque la voleuse lui demande ses délais, l’ancienne Poufsouffle sourit. Y a-t-il un délai pour le monde de la recherche ? Pas vraiment puisque personne ne s’attend à son succès. En revanche, l’impatience de Livia à expérimenter ce nouvel ingrédient, elle, elle a des délais plus serrés. "La fin de la semaine." Elle n’ajoute pas de “si c’est possible” ou ne se demande même pas si c’est raisonnable pour de telles emplettes parce qu’elle s’en fout. C’est pas son problème.

Juillet 1980
Qu'est-ce qui croustille sous le dentier et fait gerber les enfants ?
@Livia Rowle