• • • Je faisais les cents pas dans mon bureau, depuis, presque trente minutes. Eliane se reposait à l’étage. Il faut dire que le gamin d’un an qui égayait cette maison chaque jour par sa simple présence, était des plus épuisants. Une petite boule d’énergie infatigable. J’avais même pensé à lui donner une potion de sommeil, juste pour qu’il soit calme pendant une heure. Juste une heure. Eliane, elle était fatiguée et ronchon. Sa principale cible, c’était moi. Et j’en prenais pour mon grade à chaque fois que j’entrais dans son champ de vision. Comme si j’étais le principal fautif de l’énergie de James. Au moins, il mettait de la vie. Arkos était dans la chambre du petit. Depuis qu’il était né, il s’était doté d’une mission de ne jamais le quitter des yeux. J’admets cela me rassurait de savoir l’elfe aux côtés de mon fils. James marchait depuis cinq mois mois, et j’admets qu’il fallait toujours être derrière pour éviter qu’il ne fasse une connerie. Et pour tout dire, Eliane ne profitait guère de ses vacances. Mais gare à celui qui s’approcherait trop près de son petit chéri. Ça faisait longtemps que je n'étais plus le numéro un dans son cœur. Un an et deux mois, très exactement.

J’attendais avec impatience – ou pas – le retour de mon abruti d’élève. Le gamin, je lui avais donné ma confiance – et beaucoup étaient bien placés pour savoir que je ne la donnais pas à n’importe qui. Mais lui, il m’avait touché quand je l’avais rencontré, et j’étais persuadé qu’en lui donnant un peu d’aide, il allait se transformer. C’était un chouette gamin, plein de bonne volonté, et bien plus intelligent que la moyenne – même s’il ne s’en rendait pas compte – mais que la vie n’avait absolument pas épargné. Je ne voulais pas qu’il gâche sa vie pour des conneries. Je lui avais donné sa chance, Eliane, elle avait un peu tiqué. Je n’avais jamais pu lui cacher ce qu’il avait fait et d’où il venait. J’ai jamais su mentir à ma femme – et puis, je savais que ce n’était pas elle qui irait le balancer à n’importe qui. Ma femme savait garder un secret. Le gamin, il avait juste besoin d’aide, pas qu’on l’enfonce plus. Mais là, j’avais juste envie de l’étrangler le môme. Un futur auror, qui plus est. Bogrod, le directeur de Girngott’s, avait trouvé ça totalement con d’envoyer un voleur - qui selon lui ne méritait qu’Azkaban – à l’ESM, mais j’étais le Directeur des Aurors, et à ce titre, je recrutais qui je voulais au sein de mon bureau.

« Tu vas finir par faire un trou dans le sol à marcher ainsi » La voix de ma femme m’a fait sursauter. « Qu’est-ce qui te contrarie à ce point pour ne pas m’avoir entendu arriver ? » J’ai soupiré, m’arrêtant de marcher. Elle avait les traits tirés, des cernes sous les yeux, les cheveux en bataille. « Tu as l’air fatigué », en lui remettant une mèche de cheveux derrière l'oreille. « La faute à qui, hein ?! » Son agressivité m’a fait reculer d’un pas. « A moi, je sais. James dort ? » « A ton avis ?! ». Au moins, on se complétait dans notre mauvaise humeur. « Tu reprends quand le travail ? » ai-je osé demander. Je lui ai attrapé la main avant qu’elle n’atteigne ma joue. « Ely… s’il te plait… Prends une potion de sommeil et va te reposer » « Et qui va s’occuper de James s’il se réveille ? » J’ai arqué un sourcil, je me sentirais presque vexé. « Je sais comment m’occuper du gamin. Va dormir » J’ai failli ajouter « et laisse-moi tranquille » mais je crois qu’elle n’aurait guère apprécié. « Matthew rentre quand ? » « Dans précisément cinq minutes trente. » « Ne sois pas trop sévère avec lui » « Mais j'ai rien... » Elle m'a coupé la parole en mettant son index sur ma bouche. « Mon cher petit mari, je te connais par cœur. Je le vois rien qu’à ton regard que tu vas l’enguirlander. Je sais pas ce qu’il a fait, je m’en fiche, mais non, ne sois pas trop sévère avec lui. Et par pitié, j’aimerais que James ne soit pas réveillé par tes hurlements ». Je n’ai pas pu m’empêcher de lui lancer un regard noir. J’aime pas qu’on se foute de ma gueule, et là clairement c’était le cas. Je l’ai pas sorti de la merde dans laquelle il était pour qu’il y retourne à pieds joints.

Ma femme venait de fermer la porte de la chambre quand j’ai entendu la porte d’entrée du Manoir se fermer à son tour. Qu’il ne vende pas ses amis, ça je pouvais le comprendre. Et je l’avais laissé tranquille à ce sujet, parce qu’au fond, tant que lui il arrêtait ses conneries, le reste m’importait peu. Ses copains finiraient par se faire chopper un jour où l’autre. Mais qu’il continue son trafic, et sous mon toit en plus, ça je n’étais absolument pas d’accord. Je lui avais évité bien des désagréments lorsqu’il s’était fait chopper à Gringott’s. Je l’avais toujours défendu, même lorsque Bogrod disait qu’il avait volé un précieux vase d’un des coffres – parce qu’il me l’avait toujours assuré qu’il n’avait rien pris. Bon, je reconnais la métamorphose était belle. Il était doué le gamin. C’était Arkos qui avait fini par s’en rendre compte, y’avait un verre à vin supplémentaire dans le vaisselier. Et le sortilège « finite incantatem » nous avait montré qu’il avait parfaitement raison. Je l’avais retransformé en verre à vin, et je l’avais posé sur mon bureau.

J’avais pas encore décidé si je lui arrachais les yeux ou si je lui filais une baffe. En tout cas, il avait plus qu’intérêt à avoir une très bonne explication à la présence de ce vase – datant de la guerre des Gobelins, l’une des dernières reliques de leurs ancêtres – dans mon vaisselier. Je me suis assis sur mon bureau, cachant ainsi le verre, face à la porte, les bras croisés sur la poitrine. « Matthew, tu peux venir s’il te plait » ai-je lancé à son intention. Il était intelligent, et j’étais persuadé qu’il connaissait suffisamment le ton de ma voix, pour comprendre qu’il n’avait pas intérêt à faire de détour pour venir s’asseoir sur la chaise face à moi. Et qu’il n’avait pas non plus intérêt à être avare d’explications, s’il ne voulait pas arrêter là, ses études.

• • • Matthew a commencé sa formation d’auror en septembre dernier. Il a encore du mal à réaliser. Parfois, il ne se sent pas à sa place et à peur de merder. Il ne veut pas décevoir monsieur Potter qui l’a sorti de la rue et la galère sauf qu’il reste un délinquant qui a eu affaire à la justice là où la plupart de ses camarades sont propres sur eux, venant pour beaucoup de famille respectable et pas de la rue. Il ne leur dit rien sur son passé, mais il ressent souvent cette distance par rapport à eux. Ce genre de distance qu’il n’a pas avec ses potes qui viennent du même groupe social que lui. Pour autant, il ne veut pas abandonner. Il veut réussir pour prouver qu’il peut. Un truc avec son égo qui ne supportera pas qu’il échoue et du coup il charbonne à fond, visant les premières places du classements. Pour lui c’est un concours et il compte bien être premier. Les premiers résultats se font déjà ressentir sur son travail en cours. Il est bon même excellent dans certaine matière et ce n’est que le début, puisqu’il a bien l’intention d’exceller dans toute ses études juste pour prouver qu’il peut.
A défaut de se départir de ses mauvaises fréquentations, il rendra fière son mentor avec ses études. Ce soir là, il a décidé de passer à la bibliothèque prendre un livre sur la métamorphose avancé pour voir s’il trouve des informations sur un sujet parlé rapidement en cours. Il veut voir s’il peut y arriver ou plutôt quand il va y arriver. Il prend donc un peu de retard sur son heure de rentré, mais c’est pour travailler un peu plus et puis en soit c’est plus lui qui s’impose des heures pour rentrer que Dimitri Potter.
Il est vers 18h40 quand il pousse la porte des Potter. Il pose son sac sur le porte manteau avec sa veste. Il garde juste le livre qu’il garde sous le bras. Il avance dans le couloir et se fige quand il entend monsieur Potter l’appeler. Le ton de la voix ne le rassure pas du tout. Il hésite avant de se diriger vers le bureau, blème, le cœur battant et les mains moites. Bouquin toujours sous le bras, il vient s’asseoir devant monsieur Potter en se demandant ce qu’il a fait.

« Bonsoir monsieur, il y a un problème ? »

Dimitri se doute qu’il parle toujours avec ses potes malfrats et ne lui à jamais rien dit sur ça. Après il a peut être décidé qu’il en avait marre. Ou alors il a trouvé autre chose. Matthew essaie de réfléchir à quoi, mais il n’arrive pas à savoir quoi. Il a des notes qui sont bonnes voir excellente en métamorphose par exemple. Il a pu tomber sur un peu de drogue dans sa chambre et ça ce serait effectivement un gros problème. Dimitri Potter lui a fait confiance et pourtant il fait encore des conneries ou des mauvaises fréquentations. Il est nerveux de savoir ce qu’il lui reproche et ce qu’il va en découler comme conséquence.

• • • Je lui avais cherché des noises pour qu’il me balance les noms de ses complices. Et j’avais fini, par lâcher l’affaire. Enfin, presque. Je restais quelqu’un de têtu et même si je ne l’emmerdais plus, je n’avais jamais cessé de chercher. Et j’aurais pu le laisser réellement tranquille, me dire qu’il avait réellement cessé ses conneries, que j’avais eu raison à le pousser à faire autre chose de sa vie, que délinquant. Il gâchait sa vie, même si sa vie d’enfant et d’adolescent n’avait pas été toute rose, il méritait bien mieux que ses combines à deux ronds dans l’Allée des Embrumes.

Mais, j’y avais cru. Vraiment cru. Et quand je voyais cette belle métamorphose – j’en étais presque fier – je me disais que je n’avais sans doute pas été suffisamment clair dans mes propos à son égard. Qu’il continue de voir ses copains, je pouvais l’entendre – une amitié comme la leur était forte et je ne pouvais pas lutter contre ça – mais se servir de MON manoir pour planquer SES larcins, là, je n’étais absolument pas d’accord. Et je le voyais à sa tête, et à sa posture qu’il cherchait ce qu’il avait bien pu faire. Qu’il cherche un peu ça lui fera les pieds. Je déteste que l’on me prenne pour un con, et là, c’était clairement le cas. Mais je reconnais que cela aurait pu fonctionner. Je ne suis pas du genre à ouvrir mon vaisselier tous les quatre matins, et si Arkos n’avait pas décidé d’y mettre son nez, ni Eliane, ni moi, nous nous en serions rendu-compte qu’il y avait un verre à vin en plus.

Appuyé contre mon bureau, les bras toujours croisés, je l’ai observé s’asseoir, l’air un peu penaud. Je suis resté silencieux. Le livre qu’il portait m’aurait presque fait sourire, si je n’étais pas aussi en colère contre lui. Pendant de longues secondes, je ne l’ai pas quitté du regard, sans un mot. « Je ne sais pas… à toi de me le dire, Matthew » ai-je fini par répondre, en insistant bien sur son prénom. J’osais espérer qu’il ait une parfaite explication à ce que nous avions trouvé ici. Parce qu’au-delà de planquer des objets de valeur volés, j’allais devoir – moi – aller le rendre à Gringott’s, et je doutais que Bogrod soit aussi conciliant que moi. Le gobelin l’avait déjà mauvaise contre Matthew parce qu’il n’avait fait que des Travaux d’Intérêt Général, et non Azkaban comme il l’avait demandé, je ne pouvais décemment pas lui dire que le vase de leurs ancêtres se trouvait depuis tout ce temps dans mon salon, à la vue de tout le monde. Et j’allais devoir trouver une très bonne explication de l’endroit où nous l’avions retrouvé. Explication qui ne donnerait rien à redire. Et mon inventivité dépendrait, clairement, de ce qu’allait me dire Matthew Ripper.

Je me suis décollé de mon bureau, laissant apparaitre le verre de vin. J’ai tourné autour de Matthew, d’un pas lent, et silencieux. « Je dois reconnaitre que la métamorphose est belle » ai-je fini par articuler en m’arrêtant juste devant lui. « Je te conseille de me donner une excellente explication si tu veux obtenir ta première année » lui ai-je indiqué, d’un ton ferme. « Et surtout, évite de me prendre pour un con. » J’ai horreur que l’on me prenne pour un con. « Merde ! » ai-je crié d’un ton sec. « Sous mon toit ! » Et je crois que c’est ce qui me faisait le plus mal. Qu’il continue ses conneries, à vrai dire, c’était son problème, lui qui mettait sa carrière en jeu avant même qu’elle ait commencé, mais qu’il se serve de MON manoir pour les continuer, ça je ne pouvais pas l’admettre.

J’ai attrapé le verre d’un geste vif. « Je vais te donner un scoop, Matthew » ai-je repris, plus calme, tournant le verre entre les doigts. « Ma parole vaut bien plus chère que la tienne auprès de notre cher Bogrod. Je lui dis quoi ? Qu’il eût raison de t’accuser du vol OU qu’au contraire, c’est l’œuvre d’un gars de chez eux ? ». Sans prévenir, je lui ai lancé le verre. Avoir de bons réflexes était une capacité importante chez un auror.

• • •
Matthew a rarement vu Dimitri aussi en colère et le fait qu’il lui retourne sa question n’est pas bon signe. Il réfléchit encore à ce qu’il a pu faire et que Dimitri aurait pu découvrir. La liste peut être assez longue entre ses potes qui lui parlent encore de leur larcins, la drogue qu’il fume encore un peu ayant une petite quantité caché dans sa chambre, ses visites au chemin de traverse, le bouquin emprunté sans demandé dans la bibliothèque de l’école. Il en a beaucoup des choses qui ne vont pas, c’est difficile de se défaire de ses mauvaise habitude. Et pourtant il aimerait ne pas décevoir son protecteur sauf que c’est ce qui est en train de se passer et il n’ose rien dire de peur de dévoiler quelques choses que Dimitri ne sait pas le décevant encore plus.


« Je ne sais pas monsieur… »

C’est plus un murmure qu’un parole assumée d’une voix forte. Il ne sait pas si Dimitri Potter l’a entendu. Et quand il dévoile ce qui ne va pas en se déplaçant et en laissant place au verre métamorphosé, il espère qu’il n’a rien entendu de son je ne sais pas. Il est devenu blème d’un coup incapable de parler. Il a eu un léger mouvement de sursaut quand Dimitri à crier. Il sait qu’il a intérêt à bien tout expliquer s’il ne veut pas perdre plus que le toit offert et sa chance de faire des études. Il peut et doit faire une croix là-dessus, jamais Dimitri ne continuera à le protéger avec ce qu’il vient de faire, mais il ne voudrait pas finir en prison pour une connerie comme ça. Il s’humidifie les lèvres et cherche ses mots.

« Je suis désolé monsieur. Je … je ne voulais pas vous mettre dans l’embarras. Je comptais le ramener, je cherchais juste comment l’expliquer à monsieur Bogrod. »

Et le pire c’est qu’il dit la vérité, mais il n’est pas très convaincant et convaincu lui-même. Encore un truc qu’il a grâce à son père qui le fait bégayer même quand il sait qu’il a raison. Il n’était que rarement cru chez lui et s’attendait à vivre la même chose ailleurs. Surtout maintenant qu’il est affiché comme voleur avéré avec son casier judiciaire. Il rattrape le verre avant qu’il ne tombe un peu maladroitement et se mord la lèvre.

« Je ne l’ai pas volé. Je comptais réellement le ramener, mais je ne savais pas quoi dire. Je l’ai caché dans un placard pas trop utilisé le temps de trouver quoi dire. »

Il prend sa baguette pour redonner sa forme initiale au vase. Il ne sert à rien de le garder sous sa forme initiale, maintenant que le chef des aurors sait ce que c’est. Il se sent coupable d’avoir tenté de dissimuler ça dans un des placards de sa cuisine. Il aurait dû s’abstenir de faire ce genre de connerie pour couvrir son pote qui a volé ce truc en pensant le revendre alors que ça l’aurait juste trahi auprès des tireurs à la baguettes sur l’enquête.

• • • Je le vois dans son regard qu’il cherche ce que je lui reprochais à cet instant. Ainsi donc, pensait-il être réellement hors de danger lorsqu’il avait planqué le vase dans mon vaisselier. Peut-être. Mais c’était sans compter sur Arkos, toujours là, lorsqu’on l’y attendait le moins. Même si je reconnais que pour le coup, j’aurais préféré ne rien voir, rien savoir sur ce qu’il se tramait dans mon vaisselier. J’en dormirais bien mieux. Je sais que les mauvaises habitudes ont du mal à partir, et je ne pouvais pas lui en vouloir – ou presque. Mais faire ça, sous mon toit, ça me crispait légèrement. Je suis le seul à avoir vraiment cru en ses capacités, le seul qui l’avait poussé à faire autre chose de sa vie, peut-être que j’y avais mis un peu trop d’espoir et qu’il n’était pas fait pour ça, que ce qui lui collait à la peau, c’étaient les larcins avec ses potes. Je ne voulais pas croire que je m’étais autant planté sur son compte. Je voulais réellement croire que j’avais eu raison, croire en lui, et lui offrir un autre avenir que celui qu’il avait. Mais quand je voyais le verre à vin, je commençais à avoir des doutes. Et je déteste avoir des doutes.

J’ai apprécié ses réflexes. Cela dit, sans vase, aucune accusation. Problème réglé. Honnêtement, je ne savais même pas quelle justification donner à Bogrod le jour où j’irais lui rendre le vase. Et je ne pouvais, clairement pas, fomenté un vol à Gringott’s, juste pour y replacer le vase bien au chaud dans son coffre. Le regard noir lancé indiquait clairement que ses paroles ne me convenaient pas. Même s’il disait la vérité, cela ne me suffisait pas. « Le mieux aurait été, peut-être, de ne pas le prendre ? » ai-je répliqué, sèchement. Il était clair que si Matthew se rendait à Gringott’s pour rendre le vase, le gamin il était mort. Bogrod ne laisserait jamais passer ça, et il finirait sa vie à Azkaban, et je ne pourrais rien y faire. Bogrod avait pas mal de relations au ministère, et même si l’on s’entendait plutôt bien lui et moi, le gobelin ne laisserait jamais Matthew s’en sortir avec un simple « désolé, m’sieur ». Et j’avais pas l’intention que cela arrive. Le gamin, il avait le droit à une seconde chance. Je le sentais qu’il avait la rage de s’en sortir, cette assurance qui faisait de lui sa différence, et la raison pour laquelle j’avais cru en lui. Et pour tout dire, même si j’étais en rogne contre lui, je n’avais clairement pas envie que tout s’arrête, maintenant. Pas comme ça.

Je me suis appuyé, à nouveau, contre mon bureau. Silencieux. Mon regard appuyé sur lui. Je le sentais un peu fébrile le gamin. « Tu comptes payer jusqu’à quand pour tes copains ? » ai-je fini par demander, coupant le silence qui s’était installé. J’ai croisé les bras sur mon torse. Il avait toujours refusé de donner les noms de ses copains avec qui il faisait ses vols. Et ça m’avait toujours énervé. Mais, il tenait bon le gamin. Un jour, peut-être, le saurais-je. J’avais lâché, plus ou moins, l’affaire mais s’il continuait ses conneries, sous mon toit, j’allais – peut-être – reprendre mes investigations en ce qui concernait ses copains. « Tu m’as assuré que tu n’avais rien volé là-bas. Je t’ai cru, Matthew. Alors, soit tu m’as menti et tu n’as plus rien à faire ici. Tu le sais, je n’aime pas les menteurs. Soit, tu protèges tes potes. » Pour un futur auror, cela la foutait mal. « Que tu ne les balances pas, ça, je peux l’entendre… mais que tu planques des objets volés, pour eux, chez moi. Là, je ne suis absolument pas d’accord. » J’ai repris le vase des mains de l’apprenti-auror, pour le reposer sur le bureau. Honnêtement, je ne savais même pas quoi en faire de ce vase. Je suis resté appuyé sur le bureau, dos à lui. « Ils t’ont promis quoi ?! » ai-je lancé, en élevant la voix, en tapant le bureau de mon poing. « La moitié du fric ?! De la drogue ?! Un nouveau casse ?! » Je me suis retourné vers lui, l’œil noir. « Est-ce que je dois envoyer Arkos fouiller ta chambre ? Ou c’est réellement la seule chose que tu caches ici ? » S’il était capable de me planquer un vase vieux de plus de six cents ans, je n’osais imaginer ce qu’il était capable d’avoir d’autre. « Alors, on fait quoi ? »

• • •
Matthew garde le silence sans doute un peu trop longtemps. Affronter la colère de ses géniteurs c’est une chose simple tant c’était commun, mais Dimitri est le premier adulte à lui avoir vraiment tendu la main et il n’a respecté ça. Il aurait pu -et sans doute du- lui apporter le vase une fois qu’il l’avait récupéré, mais ne l’avait pas fait. Il la planqué pendant presque quatre mois dans un placard du manoir Potter en espérant ne pas se faire prendre. La situation actuelle était inévitable, complètement stupide et entièrement de sa faute. D’où ce silence qui s’allonge.

Ne pas prendre le vase aurait été une idée possible, mais pas viable. Son pote se serait fait prendre si facilement. Rien de ce casse ne devait réapparaître, jamais. Ses amis en prendraient pour leur grade avec des peines lourdes et rien ne dit qu’il n’aurait pas lui-même de nouveau ennui. Sauf que récupérer ce vase n’était pas une bonne chose. Bogrod veut le voir tomber et avec ça il y arrivera c’est une certitude.


« Je ne paie pour personne monsieur. J’ai fais mes propres conneries et je paie pour ce que je fais. Je suis désolé, je vous le jure monsieur. »

Même s’il est le seul à payer, il n’a rien pris pour ses amis. Il a juste été pris et en a subi les conséquences. Dans son malheur, il a été chanceux puisqu’il a croisé la route de Dimitri Potter lui évitant la prison à long terme. Ses amis plus vieux pour certains et surtout plus enfoncé dans le crime n’aurait pas eut cette seconde chance. Il laisse Dimitri récupérer le vase en gardant les yeux baissé sur le sol.

« Je n’ai pas menti. Je n’ai rien volé, je le jure. J’ai récupérer le vase pour le rendre. »

Matthew insiste là-dessus sans donner la moindre information sur ses potes , ni confirmer que ça vient d’eux. Il ne veut rien dire sur eux, même pas à Dimitri Potter. Il sait que l’homme ne sera pas aussi clément avec eux qu’avec lui. Il ne prendra pas de risque et tant pis s’il perd le toit au dessus de sa tête et sa formation, ce ne serait pas la première fois. Il sursaute quand il élève la voix puis frappe le bureau de son poing.

« Non… non … je ne veux pas de ça. Je le jure que j’ai juste récupéré pour le ramener. C’est tous ce que je voulais faire avec ce vase. J’avais pas l’intention de le revendre ou de le cacher pour qui que ce soit. »

Il est désemparé, les yeux humides devant les accusations de Dimitri. Il ne comprend pas pourquoi ça lui fait aussi mal que l’homme lui disent ce genre de chose. Il déteste le voir en colère contre lui. Il aimerait n’avoir rien fait pour l’énerver, mais il ne peut pas changer sa décision a posteriori. Le vase est là et ce n’est pas sa seule connerie.

« Il… il trouvera de la drogue… pas beaucoup… mais j’en ai encore. Et un livre emprunté à la bibliothèque qui ne devrait pas être là. Il n’y rien d’autre. »

Avoue Matthew parce qu’il a assez menti à son protecteur. Et puis de toute façon s’il envoie Arkos, il trouvera la drogue rapidement et le livre. Vu le contenu du livre et son niveau, Dimitri Potter saurait qu’il l’a emprunter sans demander la permission.

« Je vais le ramener, je suis désolé du temps dépensé pour moi et de la déception que vous éprouvez par ma faute. »

• • • « Evite de jurer Matthew ! » ai-je répliqué, sèchement. Il l’avait déjà fait, et je me retrouvais avec un vase vieux de six cents ans sous mon toit. Et je détestais ça. J’en aurais presque ri de ses aveux. Bogrod ne l’aurait jamais laisser partir sans dommage. Je connaissais suffisamment le gobelin pour savoir, qu’il n’aurait jamais laisser passer cela. Le gobelin avait toujours soutenu la disparition de ce vase et j’avais toujours soutenu le contraire, et je reconnais que le voir ici, aujourd’hui, m’agaçait profondément. Je détestais que l’on puisse remettre ma parole en doute.

« A quel moment tu as cru que c’était une bonne idée de « récupérer » ce vase ? » ai-je demandé lentement. Je ne l’avais pas sorti de la merde pour qu’il y retourne. Quand comprendrait-il qu’il ne devait plus rien avoir avec ses délinquants d’amis. Qu’il ne veuille pas les vendre, je l’entendais, mais il devait les laisser partir. Même si je comprenais la loyauté qu’il leur portait, et je ne pouvais pas lui en vouloir, mais il allait devoir faire un réel choix s’il ne voulait pas finir à Azkaban. J’y croyais aux secondes chances, mais il fallait aussi mettre toutes les chances de son côté, et ce n’était certainement pas en « gardant » les objets volés de ses amis qu’il allait y arriver. « Que tu ne veuilles pas balancer tes potes, okay, mais arrêtes d’agir pour leur compte ! » J’étais tellement en colère contre lui, et s’il avait été mon fils il s’en serait pris une. Ou peut-être deux.

« Tu comptais lui dire quoi à Bogrod avec le vase dans la main ?! Pardon m’sieur, je ne recommencerais plus ? » J’avais envie de l’étrangler le môme. Et je crois que si je n’avais pas été aussi en colère contre lui, j’aurais sans doute ri pour le bouquin. Il n’était pas le seul à avoir « emprunter » des livres de la bibliothèque de l’ESM. Je l’avais sans doute fait à l’époque de mes études. La drogue, cela me posait problèmes. Déjà parce que je n’aimais pas ça, et puis, la plus grosse raison, il y avait un gamin d'un an, qui cavalait partout dans le manoir. Et il était hors de question que mon fils tombe là-dessus. J’ai inspiré longuement, en silence. « Oui, tu m’as déçu Matthew. » C’était un fait, une réalité. « Mais, non, tu ne vas pas le ramener, JE vais le ramener ! » Il était évident que je n’allais pas le laisser aller à Gringott’s, il allait se faire bouffer par les gobelins. Même si je n’avais aucune idée de ce que j’allais pouvoir dire à Bogrod quant au vase que je ramènerais, il valait mieux que cela soi moi, plutôt qu’un ancien délinquant contre qui Bogrod avait un grief.

« Que cela soit bien clair entre nous, Matthew... » J’aimais bien insister sur son prénom « C’est la première et dernière fois que tu me fais un coup pareil. Plus jamais, tu m’entends, plus jamais tu caches quelque chose – même un porte-clé – dans cette maison. Je t’ai donné une chance, je peux encore la reprendre » Et pour être honnête, cela m’emmerderait royalement si je devais le renvoyer là où je l’avais trouvé. Je l’aimais bien le gamin, et j’avais foi en lui, je savais qu’il deviendrait quelqu’un de bien. Et c’était bien la raison pour laquelle je lui avais donné une chance. « Arkos fouillera ta chambre quand je le déciderais. » Je n’aimais pas ce principe mais il allait devoir redorer son blason et surtout, regagner ma confiance. Qu’il continue ses trafics avec ses potes, c’était son problème mais mon manoir n’était pas une succursale de ses conneries. « Ça te plait, au moins, l’école ? » Sait-on jamais, peut-être qu’il n’aimait pas les études qu’il faisait. Tout le monde n’était pas fait pour être auror, même si j’étais persuadé que lui, c’est ce qui lui conviendrait le mieux. Je n’étais, pourtant, pas infaillible et je pouvais me tromper.

• • •
Matthew reste silencieux un moment. Dimitri lui demande de ne pas jurer, il comprend. Ce n’est pas la première fois qu’il jure qu’il va faire quelques choses et au final il y a dans cette pièce un vase de six cent ans qui prouve qu’il a quelque peu dévié de sa promesse. Il comprend que Dimitri ne veuille plus l’entendre jurer sous son toit. Il a honte de ça et ne pourra le corriger, parce qu’on n’efface pas le passé et qu’il ne peut faire oublier à son mentor l’existence de ce vase.



« Je ne sais pas monsieur. J’ai agis et réfléchi une fois ici avec le rendant compte des risques avec les gobelins si je me pointais avec ça à Gringotts. Je me rends bien compte que c’est débile, mais je ne pensais pas à mal. »


Il n’aurait jamais dû récupérer ce vase ou trouver un moyen qu’il soit retrouvé par quelqu’un qui l’aurait ramené au gobelins. Ou peut être qu’il aurait dû immédiatement en parler à Dimitri Potter. Il n’arrive pas à savoir ce qui aurait bon de faire ou ne pas faire. Et plus il essaie de réfléchir et moins il y parvient.

« Je suis désolé monsieur. »

Bredouille-t-il encore une fois. Il sait qu’il se répète, mais il ne sait pas quoi dire d’autre pour ne pas tout perdre. Il sait qu’il ne le mérite pas, mais il voudrait avoir une autre chance juste une. Il ne devrait pas attendre ça et partir en remerciant Dimitri. Il a déjà obtenu de ne pas ramener ce fichu vase c’est beaucoup. Il doit partir. Il envisage de le faire quand monsieur Potter dit quelques choses qui lui cloue bec pendant quelques longues secondes. Il le regarde surpris.

« Je… oui monsieur…merci pour cette seconde chance, je ne m’y attendais pas. »

Matthew est prêt à accepter même une fouille corps tout les jours en échange de cette chance qui lui est offert. Il reste sous la protection de Dimitri Potter. Tout ce qu’il doit faire c’est regagner sa confiance et vu qu’il ne compte plus lui jouer des tours pareil ça devrait pouvoir se faire au bout d’un moment. Il n’arrive pas à y croire qu’il ait une chance de se rattraper. Il n’est pas habitué à ça avec sa famille. Après son enflure de géniteur est loin d’arriver aux chevilles de Dimitri Potter.

« Oui ça me plaît Monsieur. »

Matthew a toujours aimé apprendre, mais il n’a jamais été fan de cours. Ses bonnes notes c’étaient surtout dû au fait qu’il adorait apprendre de son côté, pas parce qu’il était assidu en cours. Et pourtant l’ESM l’a changé. Il prend plaisir à suivre les cours et à même prendre de l’avance dessus avec l’aide de certains professeurs. Il y a des cours qui sont plus appréciable que d’autre, ceux sur la magie noire par exemple. Les cours de duel sont aussi tellement parfait, il adore y aller et il aime parfois aller en salle d’entraînement observer des duel d’entraînement entre élèves d’année plus élevé.

• • • Il avait les épaules basses et l’œil triste. J’ai toujours cru aux secondes chances. Mais quand je le voyais là, assis devant, les épaules basses, je me demandais si j’avais réellement eu raison de la lui donner, cette seconde chance. Les bras croisés sur la poitrine, j’ai secoué la tête de gauche à droite, l’air désespéré. Il était clair que c’était totalement stupide. « Un bon auror réfléchi avant d’agir » ai-je lâché un peu froidement. Je sais que cela risquait de le blesser mais il devait comprendre qu’il avait fait une connerie en récupérant ce vase à la maison. Je ne savais toujours pas ce que j’allais inventer comme bobard à Bogrod pour qu’il nous laisse tranquille. Pendant une seconde, j’ai même pensé à ne pas le lui rendre. Je savais que Bogrod n’aillait sûrement pas en rester là, et s’il ne croyait pas à mes paroles, il chercherait. Et en cherchant encore et encore, il finirait par comprendre ce qu’il s’était exactement passé lors du casse de Gringott’s. Les gamins, ils étaient doués quand même. Ils avaient réussi à un sacré coup, et Matthew Ripper, ce crétin se faisait encore avoir. J’ignorais si un jour, le gamin comprendrait que ses copains n’étaient pas de bonnes fréquentations et qu’il devrait s’en défaire s’il ne voulait plus avoir d’ennuis.

Je le savais loyal envers eux, et même si je n’avais pas toute l’histoire – que ce qu’il avait bien voulu dire – ses copains l’avaient beaucoup aidé, mais aujourd’hui, il risquait de se faire plus tirer vers le bas que vers le haut, s’il continuait à se fréquenter. Et malheureusement, c’était lui qui s’était fait prendre pour le casse de Gringott’s, et si Bogrod comprenait ce qu’il s’était passé, c’était Matthew qui payerait. Encore. « Essaie de ne pas la gâcher. La prochaine fois, je ne pourrais rien y faire » ai-je répliqué. Tout le monde avait le droit à une seconde chance. C’était un fait. Et lui, il n’avait pas intérêt à la gâcher. Je n’avais pas fait ça pour qu’il termine à Azkaban. Je n’aimais pas l’idée de fouiller sa chambre, ce n’était pas mon style et j’aimais faire confiance aux personnes qui vivaient sous mon toit. Mais là, je ne pouvais pas laisser passer. Surtout s’il y avait encore de la drogue dans sa piaule. J’avais un gamin d’un an qui courait partout, et il était hors de question que James tombe là-dessus, même par accident.

J’espérais au moins que sa formation lui plaisait. Je l’avais un peu forcé à s’y engager, je ne lui avais guère laisser le choix et pour tout dire, j’en étais assez content. Je ne voulais pas qu’il retourne dans ses travers. Et quand je voyais le vase sur le bureau, je me demandais si cette formation lui plaisait réellement, et que finalement, il resterait un délinquant toute sa vie. J’ai chassé ses pensées absurdes. Le gamin, il avait un avenir, je le savais. J’en étais persuadé. J’ai eu un léger sourire à ses paroles. « Tu m’en vois ravi ». J’ai désigné d’un signe de tête le livre de métamorphose. « Qu’est-ce qu’il y a d’intéressant dans ce bouquin pour qu’un première année le pique à la bibliothèque ? » Même si j’en avais une petite idée, l’ayant déjà eu entre les mains lors de mes études. Et j’admets que cela me rendait presque fier de le voir entre celles du gamin.