Je n’ai jamais aimé l’administratif. Je ne suis pas un type qui aime rester le cul sur sa chaise à rédiger des rapports. Je préfère l’action, et de loin. Mais en ce moment, je n’avais pas trop la liberté de choisir ce dont j’avais envie pour exercer mon métier. Mark-Jefferson Greene choisissait pour moi. Depuis presque deux mois. Depuis ma bagarre dans le cimetière avec Lestrange, il ne me lâchait pas la grappe – même si depuis le début du mois il m’autorisait à partir plutôt que lui du Ministère. Quelle progression ultime. Ripper était parti en mission avec son coéquipier du jour, pas moi et ça m’énervait profondément. J’avais envie de bouger, aller bouffer du mangemort. Me dégourdir les jambes, et surtout ne pas penser à l’arrivée de la cousine d’Aaron dans notre maison. Et ce n’était pas en rédigeant mes rapports sur mes enquêtes que j’allais oublier cet évènement. Mais Greene m’avait obligé à rester ici, à prendre chacune de mes enquêtes et en rédiger un rapport circonstancier et complet. Et j’avais trois jours pour réaliser ça. Qu’est-ce que je pouvais le détester en ce moment, mon chef.

Ma plume a vrillé sur le parchemin lorsque sa voix m’a hurlé dessus. Sans comprendre pourquoi je me faisais presque engueuler, je me suis retrouvé debout en marmonnant un « Oui, chef », la tête observant le sol du bureau, en cherchant ce qu’avait bien pu faire Matt pour mettre Greene autant en rage. Je suis sorti de mon bureau pour aller préparer la salle d’interrogatoire, et j’ai observé Matt emmener son prisonnier jusqu’à l’infirmerie du service. Je ne l’avais jamais vu le jeune. Il n’avait pas la tête d’un mangemort – mais l’habit ne faisait pas le moine, comme disait un vieux proverbe moldu. « Londubat ! J’vous ai donné un ordre ! » J’ai sursauté quand la voix de Greene m’a vrillé les oreilles. « Qu’est-ce que vous attendez ? Votre cervelle, ne cherchez pas, elle n’est pas là ! » S’il n’avait pas été mon boss, je crois que je lui en retournais une. Je lui ai lancé un regard noir. « Allez ! Au boulot ! ». J’ai opéré un demi-tour et je suis descendu dans les salles d’interrogatoire, Matt m’y rejoindrait quand il aurait terminé à l’infirmerie. Il l’avait quand même bien amoché. C’était étrange venant lui. Il n’était pas du genre à frapper un suspect. C’était plutôt mon rôle.

Quand ils sont entrés dans la pièce, j’ai observé le jeune de haut en bas, pour m’imprégner un peu du personnage. Je suis resté collé au mur de la pièce, l’observant s’asseoir sur la chaise face à moi. J’ignorais tout du dossier, et vu comment Greene m’avait hurlé dessus, je n’avais même pas eu l’envie de lui poser la question. « Tu m’expliques ? » ai-je lancé – grogné serait plus juste - à l’encontre de mon coéquipier. Quitte à me faire engueuler, autant savoir pourquoi. La soirée s’annonçait longue. En même temps, vu mon envie de rentrer chez moi, ce n’était pas plus mal que je sois bloqué ici.

@Jayden Walker & @Matthew Ripper

J’ai écouté le résumé de la situation, un œil posé sur Matt, l’autre posé sur le jeune homme assis sur sa chaise. Au vu de ce qu’il me racontait, la conclusion de la facilité c’était effectivement qu’il soit bel et bien chasseur, le pépère. Mais j’ai toujours appris à ne pas me méfier de l’évidence trop évidente. Et au fond, rien n’interdisait le port d’arme. Le mec pouvait être u flic moldu – bon, il l’aurait sans doute hurlé si cela avait été le cas. Garde du corps de la Reine d’Angleterre. J’avais souvenir que certains ne devaient pas le révéler, pour plus de sécurité. En même temps, je n’étais pas au service de la Reine, et j’en ignorais beaucoup des conventions royales. Les agents secrets du MI-6 aussi portaient des armes à feu. J’en avais jamais rencontré mais mon ancien chef m’en avait parlé, un jour. Il disait que c’était une légende urbaine, mais vu la manière dont il en parlait, je n’étais pas persuadé que cela soit vraiment une légende. Et effectivement, il pouvait être chasseur.

Quoiqu’il en soit, il connaissait le monde sorcier. Ça c’était un fait avéré. Les blessures ne semblaient pas graves mais elles restaient tout de même importantes. Quelle idée aussi de se jeter par une fenêtre. Parfois, les gens m’étonneront toujours. Pour une fois, on ne pourrait pas m’accuser de m’être un suspect à mal. Ce n’était pas de mon fait. Mais je reconnais que j’étais capable d’aller aussi loin, surtout lorsque j’avais à faire à un mangemort ou un chasseur. Eux, ils ne méritaient pas que l’on soit sympa avec eux. C’étaient des tueurs invétérés, qui se fichaient de tout et de tout le monde. Tuer pour exister. J’ai croisé les bras et je me suis adossé au mur. Ce n’était pas mon affaire, mais celle de mon binôme et je ne comptais intervenir que si Matt me le demandait. Peu importe ce qu’avait pu dire Greene, j’allais pas interférer dans l’enquête. Et tant pis, s’il râlait, cela m’était totalement égale. De toute façon, en ce moment, Greene n’avait pas besoin d’excuses pour me hurler dessus. Le fait de me croiser dans le couloir en était une.

Je reconnais que sa réponse était tout à fait logique. Même si elle sonnait étrange à mes oreilles, il avait tout à fait le droit de vouloir se défendre. Et il était vrai que par les temps qui courraient, on ne pouvait pas l’en blâmer. Et je ne pouvais même pas le contredire, les sorciers étaient armés de leurs baguettes, et ce quelle que soit l’activité qu’ils réalisaient. Perso, même pour aller voir un match de Quidditch, je me sentais démuni si je n’avais pas ma baguette dans ma veste. « C’est ce que vous êtes, un cracmol ? » lui ai-je demandé. Même si la réponse me paraitrait étrange si cela était le cas. Je ne pouvais pas l’accuser tout de suite d’être un Chasseur, même si parmi toutes les possibilités qui s’offraient à nous, celle-ci était carrément la plus plausible. Mais sait-on jamais. J’étais bien auror, et beaucoup ne m’aurait pas donné ce titre rien qu’en me voyant.

@Jayden Walker & @Matthew Ripper