Né pour servir ~ Camille Evans.

Que pensez-vous de la situation et du climat actuel qui règne sur le Royaume-Uni ? A peur pour sa fille à Poudlard mais ne peut pas l’empêcher d’y retourner. Même si sa femme ne veut pas qu’il reprenne les armes, il le fera s’il en juge nécessaire. Son pays avant tout.

Quels sont vos idéaux ? Egalité pour tous. C’est un né-moldu et vampire de surcroit, il serait bien mal placé pour avoir d’autres idéaux que la tolérance.

Caractère combatif – loyal – courageux – modeste – suceur de sang – n’aime pas sa condition de vampire – stratège – intègre -

Je ne suis sur terre que pour servir ma patrie. Je crois profondément en la démocratie, et tous mes actes sont pour elle. Je suis très combatif, et ne lâche jamais l'affaire. Têtu, je suis très persévérant. J'aime apprendre, encore et encore. Je suis très patient, j'ai l'éternité pour arriver à mes fins, alors prendre mon temps, je sais faire. Je n'ai jamais aimé ma condition de vampire mais ai-je le choix ? Je me sens sale de faire partie de cette famille, et j'en veux énormément à Aurèle Leblanc, qui m'a transformé. Mais, je ne peux rien faire contre lui, c'est mon Créateur. Je fais tout pour ne pas le croiser car lui, peut faire ce qu'il veut de moi. Je ne peux rien lui refuser. Parait que c'est ainsi entre les Créateurs et les Créés. Même si j'ai un âge avancé, je n'ai pas oublié d'où je viens. Je connais la valeur de l'argent, et je ferais toujours en sorte que mes enfants ne manquent de rien - quitte à me priver moi.

un pour tous et tous pour un

On peut dire que j’ai eu une vie très longue et bien remplie. Elle ne m’a pas épargné, mais j’aime ma vie et je ne la changerais pour rien au monde. J’ai vécu tellement de choses depuis que j’ai vu le jour le 14 aout 1595 à Ambroise. Je suis né dans une famille de moldus française, on n’était pas riches mais on était heureux. Et à l’époque c’est tout ce qui comptait. Mon père travaillait au Château d’Ambroise en tant que jardinier, j’ai donc passé la moitié de mon enfance dans les jardins du château à jouer avec les enfants des châtelains, les Poincaré. Je suis l’ainé d’une fratrie de cinq enfants. J’ai trois frères, et une petite sœur. Autant dire que Charlotte était la fille la plus choyée du village, avec ses quatre protecteurs, personne ne lui cherchait des noises. A cinq ans, j’ai commencé l’équitation au château d’Ambroise, avec Philippe, parait-il que les enfants de la haute devaient savoir monter à cheval. J’ai appris plus tard que si nous avions tous les cinq été si bien reçus, et si bien éduqués par les Châtelains, c’est parce que mon père leur avait demandé, en moitié de son salaire. La vie n’était pas facile, mais nous mangions à notre faim, et nous n’avons jamais manqué de rien. J’ai commencé l’escrime à huit ans, en même temps que Philippe, mais c’est aussi cette année que des phénomènes étranges ont commencé à se voir autour de moi. Le prêtre de l’époque avait souligné à mes parents que j’étais possédé et j’ai commencé à être un peu le paria du village. Je ne m’étais jamais senti aussi seul que durant ces deux ans. Même mes parents n’osaient plus m’approcher. Je me suis plongé dans les livres, Philippe, lui ne voulait plus me voir, et à l’école du village, j’étais pris pour cible par tous les autres élèves. Démon qu’ils m’appelaient. A dix ans, quand les fenêtres de la maison ont explosé, mes parents ont fait venir un exorciste. Je crois que je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. Pendant un temps, j’ai cru que j’étais guéri, jusqu’à ce que je reçoive une lettre bizarre pendant que je pratiquais mon escrime. J’avais onze ans, et le mannequin avait bougé tout seul. Oui, j’ai flippé. Je crois que c’est ce jour-là où mes parents n’ont plus voulu me voir. Mais qu’est-ce que j’y pouvais, moi, si j’étais un sorcier. Ils m’ont mis à la porte de chez moi. J’avais onze ans et j’ai dormi sous les ponts de la Loire pendant les quinze derniers jours du mois d’aout, j’ai appris à pêcher avec mon épée d’escrime – la seule chose que j’avais emporté avec moi. Et je suis sûr que je devais être recherché pour vol par les Poincaré, mais je n’en avais que faire. C’est le 31 août que j’ai ressorti cette lettre. Me demandant, si c’était vraiment vrai. Elle était bizarre cette lettre, elle me parlait de l’Académie de Beauxbâtons, que j’y étais inscrit depuis que j’y étais né et que je devais acheter mes affaires scolaires dans les magasins spécialisés à Paris. Autant dire que lorsque je suis arrivé sur le quai de la gare où on nous donnait rendez-vous, je n’avais que mon épée et cette lettre. Et j’ai failli arriver en retard, les charrettes ça ne va pas vite, et je devais en changer souvent pour ne pas me faire repérer par les occupants. Bon, j’ai jamais eu aussi peur en arrivant à l’Académie de Beauxbâtons. Pendant tout le trajet dans cette énorme diligence volante, je me suis demandé si je ne rêvais pas. Que j’allais me réveiller, que c’étaient les effets secondaires de l’exorcisme que j’avais subi. J’ai flippé comme jamais.

Et en arrivant là-bas, j’ai été époustouflé par tant de beauté et de grandeur. Et pourtant, j’avais vécu dans un château toute mon enfance mais celui-là, dépassait tout entendement. Sorcier de mon état, j’ai été réparti dans la maison Scena. Je ne me suis jamais senti différent, même en utilisant les livres et une vieille baguette de l’école. J’avais l’impression de vivre une autre vie, et d’y être réellement à ma place. Mon épée a été enfermée dans le bureau du directeur. Je lui en ai voulu, parce que c’était mon arme pour pratiquer l’escrime mais c’étaient les règles. J’ai fini par l’accepter. En quittant l’école en juin, je ne suis pas retourné à Ambroise, mais à Biarritz, bien plus près de l’Institut. Et je ne suis pas fier de ce que j’ai fait mais ça a permis de me payer ma baguette, rien qu’à moi et mes livres pour ma deuxième année à l’école. J’ai volé. Les passants, les habitants de la ville, les touristes. Et je me suis fait prendre par un bandit – qui ne l’était absolument pas - bien plus expérimenté que moi. Je crois que j’ai vécu le meilleur été de toute ma vie. Jean, c’était un cireur de chaussures – c’était en ça que c’était un bandit, 15 francs le cirage c’était du vol – mais si je rameutais pleins de clients, il me filait le quart de son butin du jour. Autant dire que j’ai été d’une efficacité hors pair. En revenant en septembre à l’école, j’avais ma propre baguette et mes propres livres. Jean, j’ai continué à lui envoyer des lettres de mon « pensionnat à Paris ». On s’est revu tous les étés à Biarritz, on est même allé à Bordeaux avant ma septième année. Mais cette fois-ci, on ne cirait plus les chaussures, on vendait les journaux dans la rue. C’est d’ailleurs en vendant un journal à une petite blonde que je suis tombé amoureux pour la première fois. Eva était sublime. Elle avait un sourire à tomber, ses volants qui tournaient dans les airs m’avaient envouté dès qu’elle avait tourné les pieds, son journal en poche. Je l’ai rattrapé dans la rue ce jour-là. Et on ne s’est plus jamais quitté, sauf pour ma dernière année à Beauxbâtons. Je ne lui avais rien dit quant à ma condition, comme avec Jean. Vu comme Philippe et mes parents avaient réagi, je ne voulais pas les perdre, eux. L’année avait été longue loin d’Eva mais on s’est retrouvé en juin à la fin de mon année. On est monté tous les deux à Paris au cours de l’été, pour rejoindre l’Université de la Sorbonne. J’aimais le monde sorcier autant que le monde moldu, mais mon amour pour Eva était bien plus fort, j’ai mis de côté le monde sorcier, et je suis resté dans le monde moldu. J’ai repris l’escrime – le directeur de l’école m’avait rendu mon épée – et l’équitation, et j’ai étudié la théologie à la Sorbonne, pendant sept ans. J’ai toujours eu l’âme de servir, et de protéger les gens qui m’entourait – parce que j’aurais aimé que des gens se battent pour moi quand j’étais môme, et mon diplôme de théologie en poche, je suis entré dans l’Armée de France, dans la cavalerie – mon statut de théologien ouvrait beaucoup de portes à l’époque. J’avais 25 ans. Avec Eva, on s’est marié la même année. Et notre fille est née l’année suivante. Eléonore. Ma belle Eléonore. Une sorcière comme moi. Quand je me suis rendu-compte des phénomènes qui se faisait autour d’elle, j’ai dit la vérité à ma femme. Et même si Eva a eu peur, elle a quand même accepté. Je crois que je ne l’ai jamais autant aimé que ce jour-là. L’année suivante, la Compagnie des Mousquetaires a été créée, et j’y suis entré. Capitaine et cavalier, je sentais que c’était ma place. La pratique de l’escrime, je dois l’avouer, a bien aidé pour y faire mon trou. Isabelle est née l’année suivante. Mes deux filles, c’était tout pour moi. Elles suivaient mes pas de sorciers, et j’avais hâte de leur montrer ce monde auquel on appartenait. Quand mon fils est arrivé, je crois que ma femme aurait aimé qu’il soit moldu, comme elle. Pourtant, elle a toujours eu une relation fusionnelle avec Théodore. Comme quoi, le sang ne fait vraiment pas tout. Isabelle est morte de la diphtérie alors que j’étais en campagne pour le Roi de France. J’ai eu beaucoup de mal à m’en remettre, et j’aurais vraiment tout donné pour revenir en arrière.

C’est en 1643 que ma vie à drastiquement changé. Louis XIV venait d’être couronné Roi. Mousquetaire émérite, on partait souvent en campagne contre les contrées ennemies. Ici, les Anglais, mais je crois que ce n’était pas le plus important à ce moment-là. Les tirs de mousquets étaient précis et violents. Je n’ai pas réussi à l’éviter, mon cheval non plus. Je ne me souviens pas de grand-chose de ce qu’il s’est passé, une fois à terre. J’ai juste senti quelqu’un qui me forçait à boire un breuvage absolument dégueulasse, ferrique, et gluant avant de sombrer dans un noir total et immensément froid. La mort était, pourtant, agréable. La douleur avait disparu, je me sentais léger et apaisé. Ma fille, mon Isabelle était là. Elle m’attendait. Et j’étais heureux de la retrouver. Et puis tout a disparu. La chaleur m’avait envahi, et ma fille avait disparu aussi vite qu’elle m’était apparue. Je me souviens d’avoir hurlé. Je transpirais et je respirais vite. Assis sur le matelas, il m’observait avec un grand sourire. Il m’a fallu une éternité pour réussir à ne plus le voir flou. Et je me suis senti mal. Profondément faible. A ne plus pouvoir me lever. Ni bouger aucun de mes membres. « Calme-toi Callisto, tout va bien » La voix me semblait si lointaine mais je l’avais reconnu. Aurèle Leblanc, un mousquetaire. Io, son nom de Mousquetaire. « Tu dois boire ça, tu iras mieux après » m’a-t-il dit en me tendant un verre rempli d’un liquide rouge cramoisi. Je ne me souviens plus bien de ses paroles exactes, je crois que j’étais trop choqué pour les imprimer. Mais j’ai retenu. Vampire. Sang. Obligation. Mort. Je sais pas dans quel ordre, comment, pourquoi. Cinq jours. J’ai lutté cinq jours entiers, dans cette cave puante. A trembler de froid. Une fièvre qui m’envahissait l’esprit. Je crois que j’ai dû monter à 45°. Une douleur intense qui m’empêchait de me lever. Et cette faim qui me tiraillait les entrailles. J’avais l’impression qu’on m’arrachait l’estomac à chaque mouvement. J’ai même commencé à délirer, je crois. Je voyais du sang partout, une envie soudaine de bouffer les barreaux de la fenêtre en métal. Et quand la douleur fut tellement intense que je n’arrivais même plus à bouger, j’ai fini par céder et j’ai bu le verre qu’Aurèle me tendait. Parce que j’irais mieux.

Je n’ai jamais autant dormi que ce jour-là. Le gout du sang dans la bouche m’a fait vomir. Je me sentais tellement sale. Je l’ai détesté mon compagnon d’armes. Comme jamais je n’avais haï quelqu’un. J’étais devenu un vampire à cause de lui. J’ai eu du mal à reprendre ma vie d’avant. Impossibilité de vivre le jour sans être totalement recouvert de la tête aux pieds. Lorsque je l’ai enfin annoncé à Eva, ça l’a plongé dans une profonde dépression. Et le pire, c’est que je ne pouvais pas tuer Aurèle. J’ai fini par me faire recenser au Ministère de la Magie français, en tant que créature de la nuit. J’avais accès à la banque de sang – et je reconnais que je me nourrissais des cadavres sur les champs de batailles, refusant de tuer quelqu’un pour me rassasier. C’était étrange, je pouvais les tuer au nom du Roi de France, mais pas pour survivre.

Eva est morte de la malaria deux ans après ma transformation. Elle n’était jamais sortie de sa dépression et de son mutisme, et elle ne s’est jamais battue contre la maladie. Ce fut la seconde douleur de ma vie. J’ai quitté les Mousquetaires pour entrer à la Sorbonne en tant que Directeur. Le Cardinal de Richelieu venait de mourir, et il lui fallait un remplaçant officiel. J’ai pris la place, au titre de théologien et mousquetaire. Pendant ces cent années à diriger l’université, j’ai eu du temps. Beaucoup de temps. Voir mon fils prendre les armes. Le voir devenir père. Apprendre la biologie, la médecine, les sciences, le droit, la métamorphose, les sortilèges, les potions, l’alchimie et j’en passe. Tout. J’ai tout appris pendant ces années à régner sur la Sorbonne. J’ai pris plusieurs identités [Théodore, Paul, Jean, Philippe], fils, petit-fils, arrière-petit-fils de Camille Evans. Ce fut long. Très long. La solitude a fini par m’envahir, surtout après le décès de mon fils, en 1670 et de ma seconde fille, en 1675. J’ai arrêté d’interférer dans la famille de mes petits enfants au décès de ma fille, décidant de les laisser prendre leur envol, seuls. Je me suis fait déclarer mort, en 1676 et ce fut Jules Poincaré – ancêtre d’Henri Poincaré, mathématicien de renom de la ville de Nancy - qui fut le nouveau proviseur de la Sorbonne. J’aimais bien cette identité, j’avais l’impression d’être un Roi, tant le nom des Poincaré était connu. J’ai même été surnommé The Black Man. Pour les vêtements que je portais. Obligé de vivre la nuit, ou entièrement recouvert, ne plus profiter de la lumière du soleil sur la peau, je crois que c’est ce qui m’a le plus manqué dans ma condition de vampire. Et je ne souhaitais ça, vraiment à personne.

En 1746, j’ai fini par rendre sa liberté à Jules Poincaré, mort de vieillesse. J’ai repris les armes dans l’Armée du Roi, sous le nom de Pierre Sinclair. Identité de mon arrière-arrière-petit-fils. Je n’interférais plus dans ma famille, mais je continuais de les suivre de loin. Le gène des sorciers a fini par disparaitre de la famille Evans. A mon grand désespoir, mais je ne pouvais rien y faire. La Compagnie des Mousquetaires Gris m’a accueilli à bras ouverts. Nébuleuse, ma jument, a tout de suite compris que j’étais quelqu’un de différent, et nous avons passé les meilleures années de notre vie tous les deux. Elle me comprenait comme personne, tout comme je la comprenais. C’était très étrange mais elle m’a sauvé de beaucoup de situation au combat. Je suis resté au sein des Mousquetaires jusqu’en 1775 où notre Compagnie fut dissoute par le Roi de France. Je suis devenu Maréchal du Corps d’Armée de la Cavalerie, pour bravoure et service rendu au pays, jusqu’à la Révolution française en 1789. J’ai tout plaqué pour partir faire un tour du monde, en 1790. J’avais envie de voir autre chose. Oublier les horreurs des campagnes royales, ce que j’avais dû faire lors de la Révolution française pour protéger Louis XVI. Mon Roi. J’ai toujours été fidèle à la Royauté, et je n’ai jamais failli à mon devoir, mais ce qu’il s’est passé lors des combats de 1789 avec le peuple, je crois que j’aurais du mal à m’en remettre. Pendant mon tour du monde, j’ai appris toutes les cultures des pays que j’ai visités. Vivant de petits boulots – parfait cireur de chaussure, parfait vendeur de journaux, très bon professeur de théologie. Vendeur de rhum à Cuba, précepteur pour les familles riches. J’ai commencé à renouer avec le monde sorcier en devenant professeur de sortilèges dans certaines écoles de sorcelleries. Eva n’était plus là depuis bien longtemps, et je reconnais que le monde des sorciers commençait à me manquer. Ce voyage dura dix ans. Dix longues années à profiter de la vie. A ne pas penser au lendemain.

J’ai fini par arriver en Angleterre à l’aube de l’année 1800. Je me suis fait engager à l’Université d’Oxford sous ma vraie identité, Camille Evans. Professeur de droit, j’y ai exercé jusqu’en 1830, juste après ma rencontre avec Anne. Une petite sorcière aux yeux clairs. J’en suis tombé tout de suite amoureux, et pendant deux ans, nous n’avons vécu que tous les deux. Ensembles, sans personne, à vivre comme on dit, d’amour et d’eau fraiche. Je ne lui ai jamais caché ma condition, et en excellente potioniste, elle a passé sa vie à chercher un remède pour me faire vivre le jour. Deux ans après notre rencontre, je suis retourné à Oxford, sous l’identité de Paul Evans, fils de Camille Evans, en tant que professeur d’astrophysique. C’est en 1853 qu’Anne a trouvé LA potion qui allait changer – enfin – ma vie. Le Bracelet en argent fut plongé dedans. Lorsque je le porte, il me permet de vivre à découvert en plein soleil, pendant huit heures. C’est mieux que rien. Je me suis senti libéré en enlevant mon éternel manteau noir. En hiver et en automne, là où la luminosité est moindre, le bracelet est efficace durant douze heures. En revanche, en été et au printemps, il ne dure que cinq heures, et il lui faut minimum trois heures dans un endroit dans le noir total pour pouvoir ressortir. Les conditions ne sont pas optimales mais je ne vais pas m’en plaindre. Ressentir, même brièvement, le soleil me bruler la peau, cela m’a fait un bien fou. Je me suis senti enfin libéré de ma condition de vampire, et cette sensation d’être enfin moi-même. Mon ange est décédée un an après sa découverte, à l’âge de 120 ans. J’ai quitté Oxford la même année, je crois que je commençais à éveiller les soupçons au sein de la communauté moldue. Paul Evans fut donc déclaré mort, un mois après sa femme. Je crois que l’armée me manquait. J’étais né pour protéger ma patrie. Et je me suis fait enrôler chez les Horses Guards, sous ma vraie identité. Camille Evans renaissait enfin de ses cendres, définitivement. Chez les Horses Guards, avec un cheval prénommé Hamilton, j’ai fait la connaissance d’un jeune écossais du nom de James Ilton. Binôme puis meilleur ami, on a tout vécu ensemble. Il connaissait tout de moi, même l’impensable. Mais, jamais je n’aurais pensé qu’il puisse me faire cette demande, aussi soudaine qu’étrange. J’avais détesté ma transformation en vampire, et lui, en ce 25 septembre 1879, il désirait devenir un être de la nuit. J’ai toujours refusé sa requête. La vie de vampire n’était pas rose, et je ne souhaitais pas ça pour mon meilleur ami, mais le matin de son anniversaire, la vie en a décidé autrement. Les combats entre nos forces armées et les dissidents irlandais, et leurs mousquets me firent céder plus rapidement que je ne l’aurais voulu. James fut le seul et unique homme que j’ai transformé, et cela le restera. Je me sens si sale de l’avoir fait, mais c’était ça où le voir mourir, et je n’étais pas prêt à ça. Trop de morts à mes côtés, mes femmes, mes enfants. Je n’en pouvais plus des pertes de mes proches.

En 1880, un an après sa transformation, on a tous les deux quitté les Horses Guards. Je suis parti avec lui faire un nouveau tour du monde, où je lui ai fait découvrir tous les pays que je connaissais, et d’autres encore. C’est au Soudan qu’on a posé pendant dix ans nos valises. A soigner les enfants et les adultes de ce petit village paumé en pleine cambrousse. C’est la première fois de ma vie où je me suis senti réellement utile. Ou j’avais l’impression de faire quelque chose de bien. Au cours de l’année 1900, et avec le nouveau siècle, je suis retourné dans mon pays natal, laissant James au Soudan – il s’était même trouvé une femme là-bas. Je ne sais pas pourquoi mais je suis entré à l’Ecole du ministère français pour entretenir des études pour devenir auror. On m’a regardé étrangement, que j’étais bien trop vieux parmi les jeunes pour exercer ce métier. Mais je me suis accroché, même sous les dénigrements, et j’ai obtenu mon diplôme, huit ans plus tard. J’ai servi le ministère français jusqu’en 1914. Et là, où je pensais ne plus retourner sur les champs de bataille, la première guerre mondiale m’a rappelé à mes bons souvenirs, ma loyauté envers la royauté puis la démocratie. Je devais me battre pour mon pays. Je suis retourné à mes Premières Amours. La cavalerie de l’armée française. J’ai été élu pour recevoir la Légion d’Honneur des Sous-officiers pour mes faits d’armes, et nommé au Grade de Colonel des Armées, avec une immense fierté, je devais le reconnaitre. En 1918, après l’Armistice du 11 novembre, j’ai passé le concours pour devenir Professeur de Sortilèges à l’Académie de Beauxbâtons. École où je n’avais pas remis les pieds depuis que je l’avais quitté en 1620. La seule chose, pourtant, qui avait changé, c’était sa Directrice. Madame Maxime avait pris les rênes depuis quelques années déjà, et pour tout dire heureusement que je n’étais pas élève à ce moment-là, elle faisait un peu peur. Ma soif de sang a été régulée par un sorcier volontaire du nom de François de Saint-Exupéry. J’ai oscillé entre la banque de sang et les veines de François pendant plusieurs années. François, c’est le frère cadet d’un homme aux milles talents. Antoine de Saint-Exupéry, écrivain, aviateur, poète et reporter. Moldu de son état. François était le seul sorcier de sa famille. Avec Antoine, on est devenu très vite très proches. Il fut mon confident, et je fus le sien pendant ces années où l’on s’est côtoyé. En 1939, je suis retourné à la Guerre, en compagnie d’Antoine. Résistant et combattant, je me suis retrouvé sur les plages de Normandie le 6 juin 1944. Mais le 31 juillet 1944 fut pour moi un déchirement. Mon confident, mon frère, mon meilleur ami venait de disparaitre en mer sous les bombardements d’un avion allemand. La carcasse de son avion ne fut jamais retrouvée. En septembre 1944, et encore sous le coup d’un deuil, j’ai refusé la Légion d’Honneur – je ne m’en sentais pas digne - pour ma bravoure du 6 juin 1944, et pour l’accomplissement de ma carrière. Je fus nommé Général des Armées. Je suis resté dans l’Armée jusqu’en 1950 où j’ai fini par prendre ma retraite militaire, avec un sentiment – pourtant – d’un devoir inachevé.

J’ai vivoté pendant cinq ans, en tant que professeur de sortilèges à Beauxbâtons, toujours en compagnie de François – qui a fini par prendre la place qui lui était dû, celle du meilleur ami, restant toujours mon Calice officiel. En 1955, je suis parti m’installer en Angleterre. Envie de changement. J’ai repris le commerce Pirouette et Badin, sur le Chemin de Traverse à Londres. Envie de mettre de la gaité dans ma vie, j’en avais fini avec les armes et la guerre. La banque de sang anglaise offre un choix non négligeable en termes de nourriture – et j’admets avoir une toute petite faiblesse pour les AB- qui ont un petit gout d’orange, que je trouve absolument exquis. J’ai rencontré Charlotte Sanders en 1958, alors qu’elle postulait pour devenir vendeuse dans ma boutique. On s’est marié en 1960. Ensembles nous n’avons jamais eu d’enfants. Je suis un vampire, je ne peux plus en avoir. Ça a toujours été un regret pour Charlotte. Les gamins qui entraient dans notre boutique étaient les Rois du monde. A défaut d’en avoir bien à nous, on gâtait ceux des autres. En 1965, on se décide d’adopter un petit garçon de cinq ans, Maxens, sorcier, abandonné à la naissance dans un orphelinat. Et en 1967, c’est Selena, âgée de 4 ans, qui rejoindra notre famille. Pendant quelques temps, j’ai pensé reprendre mon métier d’auror pour aider le ministère à chasser les mangemorts, mais Charlotte m’a convaincu du contraire. Disant que j’avais suffisamment œuvré pour notre pays. Que je devais laisser la place aux jeunes, et que le commerce, elle n’y arriverait pas sans moi. Je suis resté à Pirouette et Badin, et je crois, au fond de moi, que ça me plait bien cette situation. J’ai hésité à renvoyer Selena en dernière année après l’attentat de Poudlard mais ma fille fut intraitable, elle fuguait si je ne la laissais pas y retourner pour sa dernière année. J’admets, j’ai hâte que l’année se termine. Mon fils est entré à l’école de journalisme, et j’en suis fier. Son livre de chevet, c’est le Petit Prince.

Bienvenue à toi, ô noble (et très vieux ) vampire !

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