nothing's gonna hurt you not while i'm around [Rasaben/Amaury]

Le manoir était calme. Trop calme. Rosaline était partie pour la journée avec une amie et m'avait fait comprendre a demi-mots qu'elle rentrerais sûrement tard. Il n'y avait dans l'immense demeure familial qu'Amaury et moi mais je ne l'avais pas entendu de la mâtiné. Il était chez nous depuis quelques semaines et j'avais beaucoup de peine pour ce gamin. Il ne parlait pas beaucoup et j'ai jamais été doué pour aider les gens a se confier. J'avais fermé la porte de mon bureau pour finir un dossier pour le ministre lui même mais mon esprit avait divagué bien loin de tout cela quelque part dans la salle d'interrogatoire de la nouvelle que j'avais commencée. Je m'en voulu immédiatement d'avoir presque oublié le garçon et je terminais le dialogue manipulatoire  de l'Auror Fréjus. Le suspect lourdement enchaîné face a lui n'avait aucune misérable chance. J'affichais le point final et regardait avec regret le dossier béant sur mon bureau. J'allais devoir le finir dans la soirée et j'allais sans doute terminé très tard mais il était urgent que je  passe un peu de temps avec mon neveu. A l'époque où mes propres fils étaient petits la maison était toujours pleine de cri mais ce gosse la était plus calme. Je savais qu'il avait souffert, beaucoup même et j'avais été heureux de recevoir quelques un de ses proches amis. Des gosses charmants au demeurant mais à qui on avait pas forcément expliqué la fierté de porter un sang pur.

Je passais par sa chambre, j'espérais du moins qu'il la considère comme telle, pas d'Amaury. Pas plus que dans la cuisine. A cet âge on a toujours faim non ? J'allais sortir dans le jardin quand je passais devant la porte entrouverte de la bibliothèque. Je jetais un oeil par l'entrebâillement et le vis, installer dans un fauteuil avec sur les genoux un ouvrage plus gros que sa tête. Si ma mémoire était bonne il s'agissait d'un vieil essais moyenâgeux sur la sorcellerie de la terre. Je me demandais un instant si il comprenais ce qu'il lisait mais il ne me fallut qu'un instant pour repérer a l'expression de son visage que oui. Il avait dût se planquer ici pour ne pas se faire remarquer. Je connaissais bien ce besoin de se montrer discret pour ne pas réveiller le monstre de la maison. Sauf que la le monstre c'était sans doute moi et ça me faisait beaucoup de peine. J'avais cette habitude de jouer dans le parc du manoir de mes parents quand j'avais peur de faire trop de bruit. Je me retrouvais en Amaury et j'avais envie de lui prouver qu'ici il n'avait rien a craindre. Ni de moi ni de sa tante. Je frappais doucement a la porte pour ne pas l'effrayer (apparemment il ne m'avait pas entendu arrivé)puis ouvris la porte.

" Salut mon grand ! Alors c'est la que tu te caches. Je commençais a me demander si j'allais manger seul ce midi."

Je m'approchais en m'assis dans le fauteuil face a lui avec un sourire.

" Tu es tellement sage que j'ai pas vu l'heure passer ce matin. Tu m'excuses? Tu aimes lire alors ? Tu sais que tu peux venir ici quand tu veux."

Amaury est du genre discret, à ne pas vouloir déranger. Son cousin a eu beau lui répéter qu’ici, il n’a pas besoin d’être si calme et qu’il ne dérangeait personne, il a encore du mal à agir autrement. Il aura sans doute du mal encore très longtemps habitué depuis des années à ne jamais se faire remarquer de son géniteur. Une chose qui s’est d’autant plus accentué à la mort de sa sœur Annabeth où son père ne voulait plus du tout le voir et où sa mère ne le protégeait plus vraiment. Amaury a appris à être une ombre dans sa maison et à s’occuper seul, sans adulte ou elfe.  Il ne devait pas prendre les employés ou serviteurs de son père aux risques d’en subir les conséquences douloureuses.
Alors quand il se lève, il va petit déjeuner puis disparait dans le manoir qu’il explore sans faire de bruit, sans rien cassé et en étant loin du bureau de son oncle. Il ne veut pas le déranger. Même si explorer n’est pas une activité que son géniteur aurait appréciée, c’est une activité que ses amis lui ont appris à faire souvent et qu’il pense ne dérangera pas trop son oncle. Néanmoins, après avoir manqué de faire tomber quelques et être tombé sur deux portes verrouillés, il a décidé qu’il était temps d’arrêter de faire n’importe quoi et à rejoint la bibliothèque qu’il a repéré très vite après son arrivé.
Il a fouiné un bon quart d’heure avant de trouver un ouvrage lui convenant pour s’arrêter : un essai sur la sorcellerie de la terre datant du moyen âge. S’il avait été à Poudlard la bibliothécaire lui aurait fait savoir que cet ouvrage été trop avancé pour un élève de son âge, mais ici il n’y a personne pour lui dire ça et ça lui va très bien. Il a toujours lu des choses bien plus avancées que ceux de son âge et tant qu’il comprend il ne voit pas le problème de lire un tel livre. Et il n’a pas de mal avec ce livre qu’il lit des heures durant pour rester calme et ne déranger personne.
Amaury a relevé la tête quand on a toqué doucement. Il a vu alors son oncle et c’est d’un coup demandé s’il a le droit d’être là ou pas. Il n’a jamais demandé. Il ne voulait pas déranger, mais même s’il ne voulait pas déranger peut-être qu’il serait puni pour avoir fait ça. Et pourtant il en doute. Là où son père était froid et pleins de haine à son égard, il ressentait une douceur extrême s’échappant de son oncle, de l’amour même. Le garçon sourit timidement et le regarde.


« Bonjour mon oncle. »

L’excuser ? D’avoir disparu le matin entier ? Pourquoi il devrait l’excuser ? Il n’a pas son mot à dire normalement, il n’est qu’un enfant. Il est surpris par cette demande qu’il reste un long moment silencieux, perplexe devant cette question. Son géniteur ne l’aurait posé et il ne s’attendait pas à ce que son oncle le fasse. Pourtant, il aurait dû s’en douter, cet homme est le père de Rodolphus. Son cousin si délicat avec les enfants et surtout une figure paternelle bien plus importante que son père ne l’était.


« Je ne vous en veux pas mon oncle, je comprends que vous soyez occupé. »

Amaury ferme le bouquin qu’il tient tout en le regardant un court instant. Il n’a pas encore répondu à toutes les questions posés par son oncle. Il a encore du mal à être facilement ouvert et à parler sans crainte avec lui. Il sait que l’homme ne lui veut pas de mal et l’aime. Il le ressent, mais parfois en le regardant il voit son père et c’est effrayant pour lui. Cela lui passera lui a dit le psychomage et c’est sans doute le seul point sur lequel le jeune homme est d’accord avec lui. Pour le reste, il n’aime pas son psychomage qui a trop de préjugé sur son nom de famille qui veut lui faire dire des trucs mal sur ses cousins sans qu’il ne sache pourquoi.


« Merci. J’adore lire. Maman me lisait beaucoup de livre de toute sorte le soir et en journée. »

Amaury gigote nerveusement sur le siège, parce qu’en réalité si ce livre l’a attiré ce n’est pas tout à fait innocent. Il voulait plus d’informations sur les magies élémentaires et il espérait en trouver là dedans, mais ça ne parle pas vraiment de ça. Le bouquin parle de la magie de la terre, mais il aborde aussi d’autre genre de sort en rapport avec la magie de la terre. Il n’y avait rien dedans parlant de la magie de l’eau, du feu ou de l’air. Rien encore une fois qui pourrait expliquer quelle magie était à l’œuvre quand sa sœur est morte et si c’était lui le fautif ou si c’était juste la malchance lié à la découverte des pouvoirs de son adorable petite sœur. Il pousse un soupir.


« Avez-vous des livres sur les magies élémentaires et la théorie disant qu’elles sont liés ? »

Ce n’était que des théories, rien de prouvé. Rien ne disait qu’un pyromancien était aussi aquamancien et aéromancien. A vrai dire il y a plus de sorcier qui pense qu’un élementaire de naissance aura plus de mal à maitriser une magie élémentaire en plus de celle qui lui ait inné. Sauf qu’il a du mal à croire que sa sœur était aeromancienne ou aquamancienne au point de créer un tourbillon dans l’eau et de se tuer elle-même et les deux autres enfants. Il a du mal à le croire et surtout ne veut pas le croire. Son père lui a répété que c’était de sa faute et Marguerite -sa tendre mère- n’a jamais contredit l’homme, alors c’est que c’est de sa faute. Il doit juste le prouver et pour ça il doit faire des recherches sur les magies élémentaires et c’est fameuses théories fumeuses. Il baisse les yeux sur le sol mal à l’aise.

« Bonjour mon oncle. Je ne vous en veux pas mon oncle, je comprends que vous soyez occupé. »

J'étais sûr qu'il comprenait et même qu'il avait peut-être trouvé ça rassurant de ne pas trop me croiser dans les corridors de ce manoir. Il m'avait semblé l'entendre vaguement visiter un peu les lieux tôt dans la matinée et puis il avait du finir par se réfugier ici. Ce calme et cette si grande discrétion revêtaient a mes yeux les atours de l'apathie et j'aurais presque aimé qu'il m'en veule et qu'il se rebelle un peu. Pas que j'ai envie de le voir souffrir mais j'avais la terrible impression qu'il ne se permettait pas d'exprimé sa colère et sa peur. J'aimerais me trouver a ses cotés pour l'aider le jours ou tout ça lui explosera entre les mains et qu'il s'en libéreras en fracassant tout les tableaux du manoir. J'aurais juste voulu en fait qu'il se sente assez en confiance pour s'exprimer parce qu'il avait sûrement tellement de chose a dire ou a hurler. La visite de ses petits copains progressistes avait eu l'air de l'apaiser un peu mais je savais trop ce que s'était de garder en sois tant d'horreur.

« Merci. J’adore lire. Maman me lisait beaucoup de livre de toute sorte le soir et en journée. »

Décidément ce gosse me ressemblait terriblement. Un gamin traumatisé qui se réfugie dans les mots et la littérature. C'était la première fois depuis son arrivé ici qu'il évoquait sa mère et les lectures qu'elle lui faisait pour s'endormir. Jamais Blanche, ma propre mère, n'aurait pris le temps de raconter une histoire a ses fils comme rituel du couché. Rosaline l'avais fait avec les nôtres mais Amaury était un peu grand maintenant pour qu'on le borde comme un tout petit. Quoi que ça l'aiderais peut-être a se sentir un peu plus chez lui ici. J'avais presque envie de lui poser la question mais il me fît une demande que je qualifierais de ... surprenante.

« Avez-vous des livres sur les magies élémentaires et la théorie disant qu’elles sont liés ? »

C'était donc ça qui l'intéressait ? La magie élémentaire ? Je me demandais ce qu'un garçon de douze ans pouvait trouver de passionnant dans ce sujet théorique et un peu (beaucoup) trop avancé pour son âge. Mais Rodolphus avait su qu'il était pyromencien. Je n'avais pas encore abordé ce sujet avec lui et je voyais la une excellente excuse pour le faire.  Je me laissais glisser en arrière le dos contre le dossier du fauteuil puis ramenais mes mains a ma mâchoire dans une expression de réflexion.  

" On va regarder ensemble mais j'imagine que tu as déjà fouillé un peu ici? Très franchement je ne sais pas tout ce qu'il y a dans cette bibliothéque. Peut-être que la haut tu trouverais ton bonheur."

Je désignais du mentons le meuble le plus haut de la pièce avec de vieux ouvrages que je n'avais même jamais touchés. Je me rendis compte alors que ce très jeune garçon était sans aucun doute permis plus curieux et plus érudit que moi sur ce sujet. Je sorti ma baguette de ma poche en me relevant puis la brandit en direction du dît meubles.

" Accio livre sur la magie élémentaire "

Trois livre s'envolèrent avec grâce pour se poser en douceur sur le bureau au fond de la pièce et, avec ma baguette en chef d'orchestre. Je rejoint d'un pas leste le bureau et jetais un oeil sur les trois livres. Trois livres théoriques comme je m'y était attendu.

" Tiens viens voir mon garçon. Ces trois là devrait répondre a tes questions. "

J'attendis qu'il me rejoigne avant de baisser les yeux sur lui et de lui demander, plus pour engager la conversation que parce que je n'étais pas au courant.

" Comment ça se fait que ce sujet te passionne ? Tu sais faire ce genre de magie ? "

Amaury est mal à l’aise. Il aurait préféré ne demander aucune aide, pas sûr de la réaction qu’aurait son oncle. Son cousin Rodolphus sait pour ses pouvoirs empathie comme Pyromancie, mais il n’en a jamais parlé ouvertement avec son oncle et sa tante. L’empathie, ils savent c’est le don des Lestrange et il est très présent dans la branche de son oncle avec un fils et une petite fille l’ayant. La pyromancie c’est autre chose. Son grand père maternel avait ce don, mais aucune de ses filles ne l’a eu et aucun autre enfant Volant n’a semblé présenter un tel don avant lui. Alors Rodolphus sait, son père le sait peut-être aussi, mais il semble surpris de sa demande alors sans doute qu’Amaury se trompe et qu’il ne sait rien de ses capacités. Rien qui ne rassure le garçonnet, parce qu’il a peur que son oncle le prenne aussi mal que son père l’a fait. Il ne veut pas revivre le cauchemar qu’il a déjà vécu, mais c’est un peu tard pour revenir sur sa demande. Il se mord la lèvre et gigote encore nerveusement avant de déglutir.

« Oui…Mais je n’avais pas accès aux livres les plus hauts et ceux enfermé dans les vitrines. Je ne voulais rien abimé mon oncle. »

Le garçon n’a pas osé fouiner dans les étagères les plus haute pour ne pas tomber et surtout ne pas risquer d’abimer un livre en le faisant tomber avec sa maladresse. Il préfère éviter de s’attirer les foudres de son oncle pour ça. Et d’ailleurs l’armoire dont il parle est vieille et haute, très haute donc vraiment il n’aurait pas pu y aller et il n’a pas le droit de faire de la magie hors du cadre scolaire. Contrairement à son oncle qui en utilise un pour faire venir des livres à lui, trois pour être exact.
Il observe son oncle qui a tant de prestance et il se sent ridiculement petit face à lui, comme il se sentait devant son géniteur. Il en a le ventre qui se tord de peur et c’est toujours aussi bête. Cet homme ne montre aucune animosité à son égard, d’ailleurs il ne ressent pas la même rage que son géniteur avait pour lui chez son oncle. Sauf que c’est difficile d’oublier dix ans de haine de son père et surtout un an de maltraitance plus ou moins sévère de Reyne depuis que sa sœur et sa mère sont morte. Il se mord la lèvre avant de se rapprocher de son oncle d’un pas timide et lent.

« Je… Je suis … enfin … pyromancien… »

Il a dit le dernier mot si bas qu’il n’est pas sur que son oncle l’a entendu. Il n’ose toujours pas le regarder et il ne s’est pas encore assez approché pour consulter les livres, alors que sans doute ils contiennent les réponses à ses questions. Il a sans doute à quelques centimètres de lui la réponse à sa question sur s’il est coupable ou non de la mort de sa sœur. Sauf qu’il n’ose pas approcher de son oncle de peur qu’il s’énerve à cause de son deuxième nom.

« Oui…Mais je n’avais pas accès aux livres les plus hauts et ceux enfermé dans les vitrines. Je ne voulais rien abimé mon oncle. »

Il n'avait rien osé toucher d'autre que ce qui était à portée de ses mains et il semblait bien nerveux. Je dû me contenir pour ne pas essayer de voir ce qui l'effrayait tant. Est ce que justement il avait abîmé quelque chose et n'osait pas en parler ? Amaury n'était clairement pas un garçon turbulent et ça m'aurait grandement étonné d'apprendre qu'il avait maltraité un livre mais un accident peut arriver à tout le monde et un simple sort aurait réglé le problème en une seconde. Le nombre de reparo lancés dans cette maison quand Rodolphus et Rabastan étaient enfants !

Je feuilletais les livres que je venais de faire descendre de leur étagère en attendant qu'il me rejoigne mais je ressentis une puissante aura de peur émanant du garçon derrière moi quand je lui avais demandé s' il savait faire ce genre de magie. Je n'arrivais pas à comprendre ce que j'avais pu dire ou faire pour l'effrayer à ce point. Mon abruti de frère avait-il terrorisé son fils a ce point que la moindre question le mettait si mal à l'aise? Je l'avais ressenti si violemment que ma respiration s'était coupée un moment. Mes mains tremblaient j'eu un flash furtif d'une ceinture dont la boucle en forme de tête de cheval qui atterrissait bien trop souvent sur moi sans raison, ou sur Reyne même si je faisais souvent en sorte de prendre les punitions à sa place. Tout ça pour qu'il finisse par devenir aussi fou que le monstrueux Reginald Lestrange.

« Je… Je suis … enfin … pyromancien… »

Je devinais plus que j'entendis le dernier mot de la phrase tant il avait parlé bas. Je ressenti une certaine fierté teintée d'une pointe de jalousie. La magie élémentaire ne venait pas du côté Lestrange de sa famille mais Rosaline m'avait souvent parlé des capacités exceptionnelles de son père a jouer avec le feu comme s' il s'était agi d'une partie de lui-même. Amaury n'en était pas à ce niveau de maîtrise mais il avait ce don. Soudain je compris. L'accident qui avait emporté ma nièce avait-il pu être provoqué par un accident causé par son frère ? Était-ce la raison de la colère de Reyne et de la terreur et des questionnements d'Amaury ? Je n'étais encore sûr de rien mais il était hors de question qu'un petit garçon Lestrange se bouffe encore la vie a se croire responsable de la mort de sa jeune sœur. Tournant toujours le dos a mon neveu j'essuyais nerveusement une larmes et en réponse à la vague de terreur qu'il avait envoyée malgré lui j'envoyais une puissante vague d'amour dans sa direction. J'était certain qu'il la recevrait et j'espérais qu'il saurait l'interpréter comme telle. Comment n'avais-je pas pu comprendre tout ça avant. Je me retournait vers lui, revenant au fauteuil ou je m'assis puis je lui attrapais les mains dans les miennes

" Si tu cherche ça c'est parce que tu penses avoir provoqué l'accident d'Annabeth? "

Je me rendais bien compte que c'était bien trop frontal bien qu'il n'y ait aucune animosité dans ma voix. Il ne méritait pas tout ça alors j’adouci mon propos.

" Tu n'es pas obligé de répondre, mais si c'est le cas je veux que tu t'enlèves cette idée de la tête immédiatement. Je ne veux pas que tu vive comme moi. J'imagine que ton père ne t'a jamais parlé de Rhaenys ?"

Non il n'en avait pas parlé j'en étais certain. Même s' il n'avait pas été trop jeune pour s'en souvenir, il n'en aurait jamais parlé. Il n'y avait plus que moi pour me souvenir de cette petite fille aux grands yeux bleus sombre.  

Amaury est mal à l’aise, honteux, mais il tente de se contrôler parce qu’il sait que son oncle ressent ses émotions et qu’il aimerait ne pas tout dévoiler sur lui. Il ne sait pas comment son oncle pourrait réagir à ce genre d’émotion parfaitement normal chez un enfant, mais que son géniteur répugnait à voir exprimer de quelques façons que ce soit. Heureusement l’homme qu’il appelait père n’a pas eut le don d’empathie, parce que sinon il aurait pris des coups pour avoir ressenti des émotions normales pour un enfant il en est persuadé. Les rares fois où il a versé une larme devant lui, il a fini giflé donc le reste il n’aurait pas supporté.

« Je … oui… »

Le jeune adolescent est un peu béat que son oncle est compris si vite la raison de ses recherches et pourtant c’est évident. La mort d’Annabeth a choqué tout le monde tant elle fut brutale. Il n’y a jamais eu de réponse claire pour la raison de sa mort, ce tourbillon funeste. Magie involontaire qu’ils ont dit, mais c’est tellement dur à croire en particulier vu comment son père lui en a voulu après la mort de sa sœur et encore plus après le suicide sa mère. Il se croit coupable et il cherche juste à le prouver sans savoir que tout les livres qu’il trouvera contrediront sa théorie.

« Annabeth était trop jeune pour de la magie et y a eut ce grand tourbillon. Ils ont dit que c’était de la magie involontaire sans doute fait par elle et si c’était pas elle, mais moi. Il y a des gens qui disent que les quatre éléments sont liés et si c’était moi qui avait tué ma sœur ? »

Amaury a parlé vite et fort, plus que le reste de ses paroles. Il était désespéré persuadé de sa culpabilité. Alors qu’il est tout a fait possible qu’aussi jeune fut sa sœur ce soit d’elle que soit venu cette magie. Lui-même a eut ses pouvoirs très tôt avant ses cinq ans même -merci l’empathie pour la révélation- et rien ne dit qu’il n’en eut pas été de même pour sa douce sœur. C’est même plus logique que l’accident vienne d’elle ou d’un des deux autres enfants présents vu comment et où s’est déclenché le tourbillon. Mais le garçon n’arrive pas à s’enlever le poids de cette culpabilité et des larmes roulent sur sa joue avant que sa curiosité soit piqué par la phrase de son oncle quand il a dit un prénom qu’Amaury n’a jamais entendu auparavant.

« C’est qui ? »

Pourquoi son père aurait dû lui parler d’elle ? Il se demande si elle a fait parti des Lestrange. Son prénom en R semble indiquer que c’est possible et que ça aurait été précisément de la branche de son oncle et son père. La malédiction des prénoms en R serait spécifiquement sur cette branche et vu ce qui est arrivé à sa sœur, sa mère et son père parfois Amaury se dit que cette malédiction existe. Sa mère aurait dû respect la malédiction et leur donner des prénoms en R comme sa tante et son oncle l’ont fait avec Rabastan et Rodolphus.

« Je … oui… »

Ma demande avait pu sembler brutale mais j'avais senti qu'il avait besoin d'en parler. Comment aurait-il pu en être autrement. Face a Reyne, si brutal et si habitué a maîtriser ses propres émotions ce pauvre garçon n'avait sûrement pas eu l'occasion de poser ouvertement ce genre de questionnement. Ou peut-être l'avait-il fait justement et que c'était ça qui avait terminé de mettre fin a la tragédie qui avait emporté une bonne partie de ma famille. J'aurais aimé lui expliquer qu'il avait parfaitement le droit de ressentir de la peine, de la colère, de la peur, et d'exprimer toutes ses émotions. J'aurais aimer aussi lui expliquer pourquoi son père les lui interdisait. Je ne chercherais en aucun cas a le justifier ou a l'excuser mais Reyne était resté coincé dans la vision du monde que nous avait enseigné nos parents, surtout notre géniteur en vérité. Blanche étant bien trop morte intérieurement pour donner son avis. Quoi qu'il en soit, je ne m'étais pas trompé en devinant qu'Amaury avait besoin de parler.

« Annabeth était trop jeune pour de la magie et y a eut ce grand tourbillon. Ils ont dit que c’était de la magie involontaire sans doute fait par elle et si c’était pas elle, mais moi. Il y a des gens qui disent que les quatre éléments sont liés et si c’était moi qui avait tué ma sœur ? »

Il avait parler si vite, ce flot de paroles me prouvait a quel point j'avais raison. Je ne m'étais pas attendu a ce que tout ça sorte si vite, a l'instant ou il s'était senti autorisé a le faire. J'avais tellement de peine pour ce petit bonhomme. J'aurais tellement aimer avoir un oncle a qui parler a son âge.

J'ai toujours pensé être un homme cultivé. Je m'étais intéressé a beaucoup a beaucoup de domaines différents dans ma vie mais mes connaissances en magie élémentaire était assez limités. Je pensais trouver certaines réponses dans les ouvrages que j'avais sorti mais la principale viendrais de moi.

" Ecoutes moi bien chéri "

Commençais je, resserrant un peu mon étreinte sur ses petites mains. Je n'avais pas l'habitude d'utiliser des surnoms mais je sentais vraiment l'envie et le besoin de créer une connexion entre lui et moi. Je voulais qu'il comprenne qu'ici tout le monde ne lui voulais que du bien. Même le vieux Rasaben avec sa voix grave et sa gueule de croque mitaine.

" Je sais pourquoi et comment tu en es venu a penser ça. Annabeth était très jeune, tu l'aimais, tu l'aimes toujours d'ailleurs n'est ce pas ? La magie ne se contrôle pas quand on est si jeune. "

Je laissais un instant de pause puis repris.

" Je veux dire que, que la magie vienne d'elle ou de toi elle était accidentelle et incontrôlable pour un enfant. Je me répète que ce soit elle OU toi. On ne saura peut-être jamais de qui elle venait mais moi ce que je vois c'est que tu prends tout pour toi. Amaury tu en as assez vécu pour ne pas te polluer l'esprit avec cette idée. J'insiste ! Même si le tourbillon venait de toi, ce don je doute fort, tu n'es pas responsable tu m'entends ?"

Comme le bon politicien que j'étais, j'espérais avoir rendu mon discours suffisamment percutant pour avoir toucher le petit garçon et l'avoir convaincu. J'espérais au moins avoir fait germer cette graine dans sa petite tête brune. A présent il me demandait qui était Rhaenys et je n'étais plus très sûr d'avoir envie de le lui expliquer. Pourquoi est ce que j'avais parler d'elle. Les deux situations étaient bien différentes. J'essayais de convaincre mon neveux que ce tourbillon était accidentel en lui racontant que j'avais regardé sans rien faire Réginald Lestrange secouer son bébé a mort. Moi j'étais coupable, lui non.

" Juste quelqu'un que j'aurais du sauver. "

Répondis-je vaguement.

Amaury est surpris au terme chéri. Sa mère l’appelait ainsi enfin en français, pas en anglais. En anglais elle l’appelait Honey. Il sait que sa tante l’a déjà appelé chéri et son cousin bonhomme, mais c’est étrange d’entendre un mot doux d’un homme comme son oncle. Il faut dire qu’il a la comparaison facile entre son père et son oncle et qu’il s’attendait à retrouver le même genre de comportement chez son oncle, mais à chaque fois il est surpris. Son oncle lui donne des surnoms doux. Son oncle prend son temps avec lui. Son oncle ne l’engueule pas d’éprouver des choses. Son oncle l’écoute. C’est tellement surprenant pour lui, mais pas déplaisant. Il n’arrive pas encore à se dire que toutes les maltraitances de son père son fini, mais il est en bonne voie pour le comprendre et l’apprendre avec la patience de son oncle et sa tante.
Il a laissé son oncle serré sa prise sur ses mains et l’a donc écouté attentivement comme son oncle l’a fait juste avant avec lui. Il s’approche de lui. Il hoche la tête quand son oncle lui demande s’il aime toujours sa sœur. Oui il l’aime. Anabeth c’était sa petite sœur, son rayon de soleil et elle n’a pas mérité de mourir si jeune dans des circonstances si horribles. Surtout qu’il se sent vraiment coupable. Il se demande si c’est de sa faute, si c’était une autre forme de sa magie. Non pour être exact il en est convaincu à cause des paroles de son père et cherche juste à le prouver. Alors que tout le monde lui dit que c’est plutôt les pouvoirs d’Annabeth qui ont dû s’éveiller au mauvais moment, au mauvais endroit et les ont précipités dans la mort. Il baisse les yeux.

« Si c’est moi… ça veut dire que j’ai tué ma sœur? »

Non ce n’est pas lui. Il finira par le découvrir avec un autre mage élémentaire, mais pour l’heure il a très envie de faire des recherches et il lira chacun des livres que lui a trouvé son oncle. Parce que pour lui il n’y a pas d’accidentel, il y a coupable ou non. Sa sœur est morte, sa mère est morte et son père a voulu le tuer en se tuant. Sa famille a fini brisé à cause de cette accident et il ne peut pas l’ignorer. Alors non il n’entend pas qu’il n’est pas coupable.

« Vous me parlerez d’elle un jour ? »

Amaury a la curiosité piqué à vif, mais il ne peut malheureusement pas forcer son oncle à parler s’il ne le veut pas. Néanmoins, il se pose des milliers de question sur cette Rhaenys que son oncle aurait du protéger. Après il ressent sa tristesse et ne forcera donc pas. Il décide seulement de venir l’enlacer de son propre chef et de le serrer un peu avec ses bras d’enfant. Il avait l’impression que c’est de ça dont son oncle avait besoin et il n’a pas pensé une seconde que ça ne se faisait pas, que son père n’aurait jamais accepté un tel comportement.

« Si c’est moi… ça veut dire que j’ai tué ma sœur? »

Je savais à quel point cette idée lui hanterait la vie peu importait ce que je lui dirai. J'arriverais peut-être a adoucir un peu sa peine et sa culpabilité mais il ne se débarrasserait sans doute jamais de cette vilaine certitude ancré en lui. Je le savais parce que je vivais avec la même depuis presque cinquante ans. Je n'avais pas eu la chance d'avoir un oncle qui m'aurait dit et répété que je n'étais pas responsable mais j'allais faire de mon mieux pour être cet oncle pour le jeune Amaury. J'aurais tellement voulu dissiper cette boule d'angoisse et de culpabilité qui émanait de lui. Une fois de plus je lui envoyais une bouffée d'amour et de chaleur que je savais qu'il ressentirait sans avoir besoin de la lui expliquer.

" Non Amaury, c'est ce que j'essaye de t'expliquer. Tu n'es en AUCUN CAS responsable de ce qui est arrivé à ta sœur. Même si la magie venait de toi, c'était un accident. Je sais que tu mettra du temps a comprendre ça mais repenses au vieil oncle Rasaben et à ce qu'il disait quand tu auras un doute à ce sujet. Tu peux me promettre ça ? "

J'avais douloureusement conscience de ne pas avoir tout le temps voulu pour aider ce jeune garçon perturbé à devenir un homme suffisamment sûr de lui pour affronter le monde. Je savais aussi que Rodolphus prendrait le relais le moment venu. Mon aîné me ressemblait assez sur certains points même si certains de ses comportement m'agaçait parfois je savais que je pouvais avoir confiance en lui pour soutenir sa mère et Amaury au moment de mon départ. Amaury avait l'air d'adorer Rodolphus et il en avait clairement moins peur que de moi. Si j'arrivais au moins a faire en sorte qu'il n'ai plus peur de moi je me considérerais comme chanceux. Je crus un instant que cette étape serait bien plus compliquée mais le garçon se raidit un peu et me pris dans ses bras. Je fûs, au premier instant, un peu surpris mais un sourire se dessina sur ma face alors que je l'enlaçais à mon tour. Brièvement mais chaleureusement.

« Vous me parlerez d’elle un jour ? »

Un instant je ne fût pas certain de qui il voulait parler. D'Anabeth, sa jeune sœur, ou de Rhaenys la mienne. Il connaissait bien plus Anabeth que moi puisque je ne l'avais vu que très rarement au cours de sa courte existence et j'avais du éveiller sa curiosité en évoquant Rhaenys. Je me rendais bien compte qu'à présent j'en avait dit trop ou pas assez et je fermais les yeux un moment. Cherchant comment parler de cette tragédie a un môme de treize ans. J'aurais tellement voulu n'avoir rien dit, tellement voulu ne pas être le seul à pouvoir lui expliquer qui était ce bébé aux yeux bleus si sombre et que j'avais laissé mourir alors qu'il était de mon devoir de frère aîné de la protéger de tout. Même de Réginald.

" Bon, j'en ai trop dit pour ne pas t'expliquer, je vais te le dire parce que ça pourra peut-être t'aider mais ce sera notre petit secret. Tu seras le seul à entendre cette histoire et je veux que ça reste ainsi, compris ? Rhaenys était ... Elle était notre petite sœur, à ton père et moi. Ce n'était pas un bébé tout à fait normal et ... Ton grand-père Réginald l'a ... Il l'a tuée. J'ai pas trouvé la force de la défendre. Tu vois ou je veux en venir ? "  

J'avais depuis tellement longtemps espéré pouvoir raconter ça à quelqu'un sans jamais oser le faire et il fallait que ça tombe sur lui. Je n'étais plus sûr que ce soit une bonne idée mais c'était trop tard et puis avec un peu de chance, il comprendrait mieux que le gosse de cinq ans que j'avais été à l'époque qu'il n'était pas responsable de tous les malheurs survenus autour de lui.  

Amaury regarde son oncle qui se montre si doux avec lui. Cet homme avait pour lui tant d’amour et de tendresse qu’il avait du mal à croire qu’il était le frère de l’homme qui avait tenté de le tuer. Comment Rasaben pouvait être si gentil là où Reyne était un monstre d’égoïsme et de haine ? Comment Rasaben peut le réconforter de la sorte avec des mots si fort, là où Reyne le considérait comme coupable de la mort de sa sœur autant que de celle de sa mère ? Il ne comprend pas pourquoi ils sont si différents et si doux. Cela le perturbe autant que ça lui remet peu à peu confiance en des figures d’autorité de l’âge de Rasaben. Une chose pas facile depuis l’abandon de sa mère et les maltraitance répété de son père. Il avait plus confiance en Rodolphus qu’au adulte comme son paternel.

« Je vous le promet mon oncle. »

Lance Amaury respectueusement avec un petit sourire. Pour le moment, les paroles de son oncle ne sont que des mots. Ils n’ont pas assez d’impact vis-à-vis des traumatismes vécu depuis cet accident. Néanmoins cela ne l’empêche pas de promettre ce genre de chose. Cela ne lui coûte rien et il peut bien faire ça pour rassurer son oncle.

« Je le promet. »

Si son oncle ne veut pas que ça se sache, alors il ne parlera jamais de Rhaenys a personne même pas au quatuor. Il doit avoir ses raisons de ne pas vouloir que ça se sache. Il l’écoute attentivement alors qu’une peine ancienne envahi l’espace quand son oncle raconte l’histoire de cette sœur qu’ils ont eut avec son frère. Une histoire qui lui fait froid dans le dos et qui fait écho à sa propre histoire. La seule différence c’est que lui quelqu’un est venu le sauvé. Pour être précis le fils de cet homme qui le tient dans ses bras est venu le sauver malgré les flamme qui dévoraient le manoir de son père.

« Vous n’auriez rien pu faire, ce n’est pas votre faute, mais la sienne. »

Amaury se redresse pour venir enlacer son oncle en entourant son cou de ses bras d’enfant plus si enfant que ça. Il le sert persuadé de la véracité de ses propos. Le seul qui devrait s’en vouloir pour la mort de cette petite Rhaenys c’est son grand père et personne d’autre. Un enfant ne peut pas protéger un autre enfant d’un adulte.

« Père ne m’a jamais parlé d’elle, ni de mes grands parents. Il n’y a que maman qui nous parlait de ses parents, de grand père surtout vu que je tenais mon don de lui. Elle voulait que je sache comment il avait vécu et comment il était mort. »

Ces histoires Rodolphus et Rabastan les ont aussi entendu. Sa mère et sa tante étaient sœur elles aussi et c’était donc normal que les trois cousins aient eu les même histoire sur leur grand parent français. Amaury vient de comprendre que du coup ses cousins aussi n’ont jamais eu d’histoire sur leur grand parents ou sur n’importe que autre branche des Lestrange.

« Je vous le promet mon oncle... Je le promet. »

Deux promesses qu'il venait de me faire, j'étais certain qu'il tiendrait la seconde sans problèmes mais je le sentais déjà nettement moins sûr de lui pour la première, qui finalement était la plus importante pour moi. Le fait qu'il parle ou non de Rhaenys après ma mort n'avait pas tant d'importance que ça mais s'il restait coincé avec cette culpabilité vis à vis de ma nièce je ne pourrais plus l'aider. Même s'il ne s'agissait que de mots j'avais espoir qu'ils soient suffisamment puissants pour que, lorsqu'un soir de tristesse adulte ne lui revienne pas comme un boomerang un vieux doute d'avoir causé la mort de sa sœur. Je me retrouvais tellement en lui, plus parfois qu'en mes fils, qui avaient eu une enfance plus douce.

« Vous n’auriez rien pu faire, ce n’est pas votre faute, mais la sienne. »

Cette fois je du pincer fortement mes lèvres pour ne pas laisser jaillir un flot de larmes bien trop profondément enfouie et depuis si longtemps. Bien entendu, il avait raison et une part de moi le savait mais l'autre, plus enfantine et plus ancienne, me répétait "T'étais le grand frère ... Tu aurais dû la protéger ... Les protéger " A cet instant la ressemblance physique entre Amaury et feu mon frère Reyne me frappa. Si j'avais été capable d'aider mes frère et sœur, Rhaenys serait devenue une belle femme au merveilleux yeux bleu nuit et Reyne aurait été un père aimant malgré ce que nous avions subit enfants. J'aurais du prendre les coups pour eux deux a chaque fois j'aurais dû faire tellement plus mais moi aussi j'étais trop jeune. Est ce que je méritait tout ça à l'époque, pas plus qu'eux je présume. Le fautif était bien LUI Réginald, et Blanche qui laissait faire et cautionnait la cruauté de son mari. Peut-être bien qu'elle aussi dans l'intimité avait subi des choses inavouables qui l'avaient rendu si docile et si conciliante avec cette brute épaisse.

« Père ne m’a jamais parlé d’elle, ni de mes grands-parents. Il n’y a que maman qui nous parlait de ses parents, de grand père surtout vu que je tenais mon don de lui. Elle voulait que je sache comment il avait vécu et comment il était mort. »

Reyne était trop jeune pour se souvenir suffisamment de nôtre sœur pour en parler à son fils, et même si ça avait été le cas je ne pense pas qu'il se serait étendu beaucoup plus que moi sur cet épineux sujet. J'étais ravie de m'apercevoir qu'Amaury avait eu une relation plus tendre et plus "normale" avec ma belle sœur. Marguerite avait été une mère aimante comme sa sœur. Amaury me semblait bien plus intéressé à parler de ce don commun avec son grand-père maternel que de vieilles histoires déprimantes et je le comprenais. Je comprenais qu'il était tant de clore une fois pour toute le chapitre Rhaenys Lestrange et de la laisser reposer en paix... Enfin.

Rosalyne m'avait parfois parlé de ce père qui maîtrisait le feu lui aussi et j'avais trouvé ça fascinant. Si cette capacité n'avait pas mis aussi mal le pré-ado à fleur de peau que j'avais en face de moi, je lui aurais sûrement demandé de me faire une démonstration de ses talents. Je lui ébouriffais les cheveux en me relevant de l'accoudoir du vieux fauteuil en cuir brun.

" Merci Amaury, pour ta discrétion."

Je revint d'un pas lent vers le bureau ou je pris un des livres que je venais de descendre, puis repris d'un ton aussi joyeux que possible.

" Alors, que voulais-tu savoir exactement. Je ne te promets pas de miracle mais ... On cherche ensemble ? "

Si avec son oncle et Rodolphus, il ne se prend jamais les émotions telle une vague déferlente, destructrice. Néanmoins, il les ressent. Moins fort que chez les autres, mais la tristesse même à faible dose est quelques choses douloureux. Il n’en veut pas à son oncle qui doit vivre la même chose -en pire- venant de lui qui est totalement anéanti, traumatisé de ce qu’il a vécu. Cela n’empêche qui se frotte nerveusement la poitrine pour faire accepter à son corps et cœur que cette tristesse n’est pas la sienne et qu’elle ne doit pas l’affecter autant.
C’est peine perdue. Il doit prend une grande inspiration et une grande expiration pour tenter de se calmer. Il regarde le sol un instant de flottement un peu long alors qu’il lutte pour ne rien laisser envahir son esprit et ne pas fondre en larme. Même s’il ne pense pas que son oncle lui en voudrait, il n’a pas encore la totale confiance en lui pour pleurer autant devant lui. Et surtout, il a déjà tellement versé de larme. Il ne veut plus en verser. Il passe une main sur son visage et ferme les yeux. Il retrouve un calme étrange tout un coup

« Je … je vous en prie mon oncle. »

Pour Amaury ce n’est pas quelques choses de difficile. Il devait tout le temps se taire en présence de son père et ne jamais rien dire de tout ce qu’il aurait pu voir avec son père. Etre discret est devenu une seconde nature en particulier depuis la mort de sa sœur et sa mère. Quelques choses dont il ne se départi pas vraiment, même en présence de ces meilleurs amis et pourtant il en fait des choses folles avec Thomas, Maïa et Juliet.

« Hein…heu… je ne sais pas vraiment. »

Amaury est surpris qu’ils en reviennent sur la magie élémentaire qu’il ne sait plus ce qu’il cherchait de base. Il reste un instant pantois devant lui et ne sait quoi dire. Il regarde l’ouvrage dans ses mains et à du mal à réaliser qu’il est écouté, soutenue et encouragé dans ses recherches. Il n’a tellement plus l’habitude. Il secoue un peu la tête en réfléchissant à tout ça. Il esquisse un petit sourire et hoche la tête d’accord pour faire quelques recherches avec son oncle.

« Je voulais savoir si avoir une des magies élémentaires n’impliquaient pas d’être doté des mêmes dons pour les autres magies élémentaires. Si ce n’est pas concomitant »

Il cherchait à savoir s’il avait eu un pouvoir sur l’eau ou l’air le jour de sa la mort de sa sœur. Il a besoin de savoir, même si c’était de la magie involontaire. Il veut savoir s’il a joué un role dans la mort de sa douce petite sœur. Il cherchera quoi qu’il arrive, jusqu’à avoir la bonne réponse. Peut être qu’il devrait demander ça à un professeur, mais ce n’est pas certains qu’ils réagissent bien en apprennant pour son don. Les pyromanciens ne sont pas toujours bien vu.

« Je … je vous en prie mon oncle. »

Longtemps je l'ai regardé en silence. Celui qui avait été autrefois mon frère avait-il pu vouloir faire du mal à un enfant si doux et si bien élevé. A un enfant tout court en fait. Bien sûr il y avait la douleur d'avoir perdu sa jolie petite fille qui avait dû faire remonter des angoisses d'enfance enfouies profondément en lui. J'avais fait ce que j'avais pu pour protéger Reyne mais il faut croire que je n'avais pas réussi. Je me demandais un instant si moi même j'aurais pu finir par faire du mal à l'un de mes fils après le décès prématuré de l'autre. Il m'apparût nettement que non mais je n'ai pas vécu la situation et ne présageais pas de ma réaction. La question ne se posait pas d'ailleurs puisqu'à moins d'un énorme coup du sort je serais mort bien avant eux. Eux tous, que j'aurais tant de mal à quitter. Amaury essayait de chasser quelque chose, je ne compris pas tout de suite quoi mais bien sûr c'était mon propre chagrin. Ce garçon avait déjà suffisamment de peine sans que je ne lui balance la mienne en pleine poire. Les mains tremblant légèrement je feuilletais l'un des vieux ouvrages pour me forcer à penser à autre chose et ça avait eu l'air de fonctionner.

« Hein…heu… je ne sais pas vraiment. »

Il avait eu l'air surpris et je ne pu retenir un sourire à la fois triste et attendri. Il ne s'était sans doute pas attendu à ce que je lui propose mon aide ? Ou bien n'osait il pas me dire non ? Il avait encore peur de moi, ou plutôt de me mettre en colère, je le sentais maintenant que j'avais réussi à apaiser un peu ma peine primaire et enfantine. Il avait certainement l'habitude qu'on le laisse seul avec ses questionnements mais c'était mal me connaître que de penser que j'allais laisser un enfant penser qu'il était responsable de la mort de sa sœur. Bien mal me connaître.

« Je voulais savoir si avoir une des magies élémentaires n’impliquaient pas d’être doté des mêmes dons pour les autres magies élémentaires. Si ce n’est pas concomitant »

J'avais parfaitement compris ce qu'il cherchait à savoir et je trouvait ça normal et même sain qu'il se pose la question, même si ça le rendait malade et que ça ME rendait malade de le voir se sentir si coupable. Je m'appuyais d'une main contre le bureau et me mit a chercher en silence dans un livre après lui en avoir tendu un deuxième. Je tombais sur une longue, très longue, trop longue, liste de sorciers et sorcières célèbres qui avaient maîtrisé un de ses dons, puis sur des exercices pratiques à l'usage des aquamanciens. Puis enfin une phrase attira mon attention "Beaucoup de sorciers ont essayé de maîtriser plusieurs formes de magie élémentaire mais aucun jusqu'à présent n'aurait réussi..." Bien sûr, cela ne voulait pas dire que ça n'arriverait jamais, ou que celui ou ceux qui avaient réussi n'étaient pas passer entre les mailles du filet mais peut-être que ça suffirait à apaiser, un peu, les craintes de mon neveu.

" Tiens Amaury regarde ça ! "

Je tirais ma baguette de ma poche arrière et lançais un révelio sur le livre pour faire ressortir cette phrase ô combien importante. Je lui laissais le temps de la lire puis de la digerer puis j’ajoutais avec un demi-sourire.

" Alors qu'est ce que tu en penses ? Est-ce que ça te rassure un peu ? Moi je trouve que c'est assez clair non ? Apparemment il n'y a aucune porosité entre le fait de maîtriser un élément et le fait d'en maîtriser un autre. "