Comme un poisson dans l’eau ♦ Naoxis

Au Japon comme en Corée du Sud, les mondes sorcier et moldu sont séparés de façon bien plus stricte qu’au Royaume-Uni. Enfant, tu n’en avais pas vraiment conscience, après tout c’était ta normalité. Tu as grandi avec deux parents sorciers, pour toi il n’y avait rien de plus normal que grandir dans le monde magique. Durant toute ton enfance, tu n’as connu que ça. Et puis tu es arrivé en Angleterre il y a deux ans, et tu as découvert qu’en Europe les choses étaient bien différentes de chez toi. La frontière entre les deux mondes est bien plus mince, et un sorcier peut tout à fait décider de passer de l’un à l’autre sans passer par tout un tas de formalités. C’est pour ça que tu aimes autant te balader à Londres, parce que selon ton humeur tu peux choisir dans quel monde te promener. Et aujourd’hui, c’est du côté moldu que tu as décidé d’aller.

La vérité c’est que t’as la boule au ventre lorsque tu te balades du côté sorcier, parce que tu vois Lysea partout. Trop de bâtiments te font penser à elle, te rappellent qu’elle n’est pas là et qu’elle te manque terriblement. Un glacier où vous aviez l’habitude d’aller, une librairie où elle t’a conseillé d’aller, le restaurant où elle t’a fait découvrir le fish & chips version sorcière… Ça n’en finit pas, et c’est tellement douloureux. Tu aurais pu rester enfermée chez toi à broyer du noir mais la dernière fois que tu as fait ça – l’été dernier – t’as fini au fond d’un trou dont t’as eu peur de ne jamais pouvoir t’échapper. Alors tu gardes espoir, du moins t’essaies. Ils vont la retrouver, c’est ce que tu te répètes sans cesse. Ils vont y arriver, ils vont la ramener, et elle ira bien. Tu veux pas imaginer que les choses puissent se passer autrement.

Pourtant lorsque t’es toute seule, tes pensées s’assombrissent et ça te fout la trouille. C’est pour ça qu’en passant devant le Pisces, un bar dans lequel tu es déjà allée quelques fois avant la période de révisions des examens – avril, t’avais vraiment pas envie de foirer tes ASPIC –, tu pousses la porte et te rapproche du comptoir. C’est une jeune femme métisse qui semble avoir à peu près ton âge qui se trouve derrière le bar, et qui t’offre tout de suite un sourire auquel tu réponds. Tu t’assieds sur l’un des tabourets face à elle et lèves le nez vers l’ardoise sur laquelle sont affichées les cocktails qu’ils servent ici. « Bonsoir, je voudrais un… » Tu prends quelques secondes pour trouver un cocktail que tu ne connais pas, et dont tu prononces sûrement mal le nom d’ailleurs. « Downshift, s’il vous plaît. » Ta commande passée, tu reportes ton attention sur la barmaid, ne pouvant t’empêcher de te faire la réflexion qu’elle est très jolie avec ses grands yeux et ses cheveux bouclés. Avant de te dire que tu ne l’avais jamais vue auparavant, et d’en profiter pour lancer la discussion à ce sujet. « Vous travaillez ici depuis longtemps ? Je vous ai pas vue la dernière fois que je suis venue. » C’est un peu nul comme conversation mais t’as pas mieux sous le coude pour l’instant. T’as juste besoin de discuter, être seule ça te bouffe, le silence ça te bouffe, tout te bouffe depuis que Lysea a disparu. T’es morte d’inquiétude mais tu ne peux rien faire, t’essaies juste d’enfouir tout ça mais ça ne marche pas vraiment – parfois tu fais des cauchemars tels que t’en pleures au réveil. Mais la journée tu le caches, parce que tu n’as pas envie qu’on te pose des questions. T’as pas envie d’avoir à expliquer que ta meilleure amie a disparu, que t’es morte d’inquiétude, que tu donnerais tout pour que le Ministère Anglais la retrouve. T’as pas envie de tout ça, t’as juste envie de parler d’autre chose, et la barmaid a l’air sympa.

Le silence est quelques choses que la jeune femme ne supporte plus. Alors, elle fuit de plus en plus son appartement où James ne passe plus vraiment, son cousin non plus d’ailleurs. Elle déteste leur silence autant qu’elle est incapable d’en comprendre les raisons. Tout allait si bien y a encore quelques semaines. Heureusement, son patron a besoin d’elle et accepte qu’elle fasse des heures supplémentaires. Ainsi, elle peut occuper son esprit dans un univers festif où elle se sent comme un poisson dans l’eau. Ici, elle sourit encore et toujours appréciant chaque instant qu’elle y passe.
Alexis sert une table riant d’une blague que vient de lui faire l’homme à la table. Elle passe à une autre table puis revient à son bar. Elle adore servir, mais elle préfère le faire au bar là où elle montre tout son talent pour faire des cocktails. Dire qu’encore six mois avant, elle ne pensait pas que sa vie prendrait se tournant. Et pourtant malgré le silence de son meilleur ami et son cousin, elle ne peut nier qu’elle est heureuse d’avoir changer de vie en découvrant leur secret. Ce métier lui correspond bien plus que toute sa carrière potentielle dans la natation.
La jeune femme observe une autre qui s’installe au bar. Alexis ne l’a jamais et pourtant son aisance montre qu’elle est sans doute déjà venue. Elle est sans doute une habituée des vacations comme Hunter aime appeler les étudiants qui ne reviennent qu’à l’été ou aux vacances. Alors normal qu’Alexis ne l’ait pas vu avant. Les probabilités de la voir si elle ne vient qu’en vacances sont trop faible. Peu importe, la brune lui offre un sourire radieux qui semble lui avoir donné une certaine réputation positive au Pisces.

« Bonsoir, je vous fais ça toute de suite mademoiselle. »

Alexis attrape le Rhum, la tequila, le punch aux fruits et du sprite. Elle prépare la boisson avec une précision qui pousse ses collègues à s’interroger sur son passé. Pourtant, elle n’a pas menti. Elle n’a jamais fait ça avant. Elle semble juste avoir été faite pour se travail, comme s’il lui était destiné. Elle sourit et pose le verre devant la jeune femme en y ajoutant une petite tranche d’ananas et une cerise dans le verre.

« Effectivement, Je travaille ici depuis le mois d’avril seulement. C’est sans doute pour ça que vous ne me connaissez pas, mais c’est chose réglé désormais. »

Lexie ne travaille peut-être pas depuis longtemps, mais elle a appris certaine chose. Et la première chose que lui a montré John c’est à reconnaitre les émotions d’autrui dont les gens qui veulent parler et ceux qui ne le veulent pas. Là, elle semble avoir besoin de se changer les idées. Un signe a un collègue pour annoncer qu’elle va rester au bar puis elle revient vers la jeune femme.

« Je m’appelle Alexis et vous c’est quoi votre nom ? »

La conversation est pour le moment banale, mais parfois c’est ça qui donne les conversations les plus intéressante. Alexis la regarde encore une fois. Elle s’attarde sur ses cheveux. Une hésitation en voyant la baguette, qu’elle fixe sans doute trop longtemps, elle est presque sur que c’est une baguette comme celle de James, Aaron ou d’autre sorciers. Un œil a la salle, elle repère le prête bizarre et espère qu’il n’a pas vu ça. Elle revient vers Naomi.

« Votre baguette dans les cheveux est magnifique. »

Ne pas te laisser envahir par l'angoisse lorsque tu es seule est de plus en plus difficile depuis la disparition de Lysea. Elle te manque, elle te manque tellement. Et puis tu es inquiète car personne n'a de nouvelles d'elle depuis qu'elle a été enlevée durant l'attaque de Poudlard. Lorsque tu es sortie de l'hôpital, personne n'a pu te donner la moindre information. Elle a été kidnappée, mais vous ne savez ni pourquoi ni où elle a été amenée. Tu ne doutes pas que les Aurors, Tireurs d'élite et autres employés du Ministère cherchent ton amie mais pour l'instant tout ce que tu vois, c'est qu'elle n'est plus là. Et tu es terrorisée à l'idée qui lui soit arrivé malheur, raison pour laquelle tu fais tout pour t'occuper l'esprit depuis un mois.

Aller dans un bar seule c'est sans doute triste pour beaucoup de monde, mais tu te dis que tu pourras converser avec la personne de l'autre côté du comptoir et que ça t'aidera à penser à autre chose. Pour ce qui est de ne pas penser du tout, certains se servent de l'alcool pour ça mais tu es bien trop raisonnable pour faire telle folie. Qu'en penseraient tes parents ? Quel exemple donnerais-tu à Yong ? Non, c'est inconcevable que tu rentres à la maison ivre ce soir. Cela dit, ce n'est pas avec un petit cocktail ou deux que tu vas finir mal, raison pour laquelle tu regardes l'ardoise sur laquelle ils sont affichés. Tu as envie de tester quelque chose de nouveau, et le downshift ne te dit rien alors c'est sur lui que ton choix se porte.

Pendant que la barmaid te prépare ton cocktail, tu la détailles et observes ses mouvements qui semblent drôlement bien calculés. On dirait qu'elle a fait ça toute sa vie pourtant tu ne l'as jamais vu derrière le comptoir du Pisces. Peut-être qu'elle travaillait dans un autre bar avant d'arriver ici seulement cet été. Ou alors c'est simplement que tu ne viens pas assez souvent – c'est sûrement ça, puisque tu ne viens que durant les vacances. « Merci. » Tu attrapes ta boisson, interrogeant la barmaid avant d'y goûter. Tu souris à sa réponse, trouvant l'aisance qu'elle a et la chaleur que dégage son sourire agréables. Elle se présente comme Alexis puis te demande ton nom. « Naomi, » réponds-tu avant de boire une nouvelle gorgée. « C'est très bon, » affirmes-tu en levant un peu ton verre pour lui faire comprendre que c'est du cocktail que tu parles – comme si ce n'était pas assez évident. Tu veux qu'elle pense à quoi sinon, au comptoir ? Le comptoir est très bon Nao, vraiment ? Ouh la, tu as dérivé. Heureusement que la remarque d'Alexis te sort de ton raisonnement stupide. « Oh merci. C'est un cadeau de mes parents, » ajoutes-tu avec un sourire que tu espères le moins crispé possible. Tu n'aimes pas mentir, raison pour laquelle tu te répètes que ce n'est pas vraiment un mensonge. En effet, ce sont bien tes parents qui t'ont accompagnée pour l'acheter dans l'unique boutique de baguettes magiques de Kashiba l'été avant ton départ au Royaume-Uni. De toute façon, Alexis est assurément une moldue donc il n'y a aucune raison qu'elle tilte sur l'objet magique qui te sert à maintenir ta chevelure en place, si ? « Vous travailliez aussi dans un bar avant d'arriver ici ? Parce que vous êtes très rapide pour préparer les cocktails pour quelqu'un qui a commencé en avril. » Au départ c'était censé être un compliment, mais ça sonne un peu plus bizarrement que dans ta tête. Tu espères qu'elle comprendra quand même l'intention de tes propos – outre la volonté de changer de sujet, juste au cas où, parce que le secret magique ne quitte jamais vraiment ton esprit.

Alexis est ravie quand elle lui dit trouver le cocktail bon. Elle ne peut que l’être. C’est plaisant de voir son travail apprécié. Elle trouve ça tellement plus valorisant que ce qu’elle faisait avant. Et pourtant, elle était douée en natation. Elle l’a toujours été, mais ça n’a rien à voir. Son travail ici lui a donné une confiance et une joie de vivre que jamais elle n’avait connu avant. Et pourtant, on l’a toujours traité d’étincelle ou de lumière solaire tant la joie semblait rayonner à son passage, sur son visage. Rien comparé à celui qu’elle abhorre depuis son déménagement à Londres.

« Ravi que ça vous plaise. »

Alexis n’arrive pas à détacher ses yeux de la baguette. Elle en est presque sûre que c’est une baguette magique. Magnifique dans ces cheveux, mais un danger inconscient pour la jeune femme qui se tient devant elle. Et si elle sait qu’elle ne devrait pas parler de ce qu’elle sait, elle ne peut pas s’empêcher de se dire qu’elle ne peut pas la laisser avec quelques choses qui l’identifie comme sorcière pour ceux qui leur veulent du mal. Il faut juste qu’elle trouve un moyen d’en parler sans la faire fuir. Une mission simple encore.

« C’est un très joli cadeau, original. »

Elle n’est pas prête à y arriver si elle continue comme ça. Elle retient un soupir et décide qu’il vaut mieux continuer leur discussion en espérant qu’elle pourra parvenir à la mettre en garde à un moment ou un autre. Pour le moment, elle choisit de continuer à sourire et à mettre à l’aise la jeune femme en parlant de tout et de rien.

« Aussi étonnant que ça puisse paraitre, non je n’avais jamais fait ça. Je menais une vie d’étudiante entre paris et saint malo, future championne de natation selon mon entraineur avant que je décide de tout plaquer et de pointer mon nez ici. J’ai surpris tout le monde la première fois que j’ai fait des cocktails en arrivant ici. Le patron dit que j’étais faite pour ça tellement j’apprends vite. »

Alexis ne peut s’empêcher de laisser échapper un rire cristallin après avoir raconté ça. Son histoire est totalement folle. Elle-même n’arrive pas à y croire. Et pourtant, c’est bien ce qu’elle a fait. Elle a tout abandonné pour retrouver son meilleur ami et son cousin. Elle n’a jamais regretté ce choix et ne le regrettera jamais. Elle sourit.

« Vous n’avez jamais fait de chose folle pour vous libérer de quelques choses qui n’était pas vous ? »

Alexis sait que sa phrase est bizarre, mais c’est une question qu’elle se pose depuis avril. Un sorcier l’a attaqué et à changé sa vie sans le savoir. Elle a découvert le monde magique, la nature de son ami et de son cousin. Elle est devenue une autre. Et pourtant, elle sait que ce qu’elle a fait est complétement fou. Il y avait si peu de chance que le métier de barmaid soit fait pour, si peu de chance qu’elle soit embauchée et encore moins de chance que son patron lui fournisse un logement. Toute sa vie depuis avril est surréaliste et ça lui plait.

Par Haneul-nim, tu n'aimes vraiment pas mentir. Tu es nulle pour ça, en plus. On lit sur ton visage comme dans un livre ouvert : t'es pas douée pour feindre quoi que ce soit, même un simple sourire. T'es pas capable de faire semblant d'être heureuse parce que tes yeux trahissent toujours ta tristesse et font mentir tes mots qui se veulent toujours rassurants. C'est ce qu'il s'est passé après l'attaque de Pré-au-Lard : le fait que tu répètes pendant des semaines aller bien n'a convaincu personne malgré tes efforts. T'es toute aussi nulle quand il s'agit de te retenir de pleurer : t'es une vraie madeleine, c'en est désespérant. Certains diraient que tu as le mérite d'être une personne sincère. D'autres que tu es une pitoyable comédienne – et ils auraient raison. Tellement raison que là, face à Alexis, tu te sens mal rien qu'à l'idée de bidouiller un mensonge au sujet de ta baguette. C'est pas un gros mensonge, c'en est même qu'un demi, mais c'est assez pour que ton sourire sonne un peu trop crispé. T'essaies pourtant de te dire que ça ne se voit pas et que tu as l'air parfaitement naturel, recevant avec un sourire le compliment sur ton prétendu cadeau et son originalité.

Tu préfères que vous passiez à autre chose, alors tu essaies d'embrayer sur un compliment à ton tour – compliment qui foire un peu, parce que t'es vraiment pas douée pour réfléchir dans la précipitation. Heureusement que la situation est moins tendue qu'avec la patronne du Golden Clover, sinon tu aurais déjà envie de te cacher de honte. Heureusement, Alexis est bien plus douce que la rouquine au regard glacial, alors tu parviens à reprendre le dessus et te concentrer sur ce qu'elle te raconte. Ce n'est pas pour autant que tu comprends tout ce qu'elle te dit, en réalité. Tu as compris qu'elle était étudiante avant d'arriver ici, mais tu te demandes ce que ça veut dire être étudiante entre Paris et Saint-Malo. En fait, tu te demandes si ce ne sont pas des domaines d'étude, mais comme elle a aussi dit qu'elle faisait de la natation... Ça fait beaucoup non, trois domaines ? Tu n'en sais rien, tu es perdue.« J'suis désolée, j'ai aucune idée de ce que sont Paris et Saint-Malo. » Et tu prononces ces deux mots très mal, en plus. « Mais c'est chouette si vous avez trouvé le travail pour lequel vous êtes faite. Enfin s'il vous plaît vraiment. » C'est pas parce que son patron lui dit qu'elle est faite pour ça que c'est ce qu'elle veut faire, après tout. Pourtant, Alexis est si souriante que tu ne peux pas t'empêcher de te dire que, quand même, elle rayonne là-dedans.

Et puis, avec un nouveau sourire, elle vient te poser une drôle de question. De ces questions qui, sans doute, ne font sens que chez quelques personnes qui ont traversé des choses similaires sans même le savoir. Et aussi farfelue soit-elle, sa question elle te parle, d'une certaine façon. Peut-être pas de la même qu'elle, mais suffisamment pour que tu esquisses un hochement de tête. « Je suis venue en Angleterre toute seule alors que j'avais dix-sept ans, ça doit compter comme une chose folle non ? » C'est que ça fait un sacré bout de chemin depuis le Japon, Londres. Kashiba te semble terriblement loin aujourd'hui, mais c'était encore plus le cas le jour de ton arrivée à Poudlard. « Et vous ? » Tu es certaine que la réponse est oui, sinon elle ne t'aurait pas posé la question. Et tu as très envie de lui demander de quoi elle voulait se libérer, mais tu trouves ça indiscret. Tu ne veux pas te montrer malpolie alors qu'elle est si gentille avec toi, et qu'elle te donne l'occasion de te changer les idées dans cette période d'angoisse profonde où tu as bien du mal à ne pas t'en vouloir par rapport à Lysea.

Alexis cherche encore des idées pour mettre en garde la jeune demoiselle sur sa baguette et les risques qu’elle prend à la mettre ainsi dans ses cheveux. Pour le moment, elle n’arrive pas à trouver la moindre idée réellement ingénieuse pour ça et se contente d’avoir avec la demoiselle une conversation banale, mais agréable. Alors que les premiers essaies d’orienter le sujet comme il faut ont échoués, lamentablement échoué. Elle trouvera et puis pour le moment Naomi ne risque rien dans leur bar, protégé par les hommes derrières le comptoir qui veille sur chaque client du Pisces et discutant juste avec elle, sans que personne n’ose les interrompre pour embêter Naomi.

« Paris et Saint Malo sont deux villes en France. Saint malo j’y vivais. Paris j’y ai plus ou moins vécu pour les études et les compétitions de natations. »

Lance Alexis avec un sourire amusée sur les lèvres, qu’elle n’arrive pas à controler. Ce n’est en rien méchant. Juste elle trouve ça amusant que deux villes aussi importantes de France puissent être considérée comme des objets plus que des villes. Après, il faut dire que pour elle c’est une évidence ce que c’est, mais quelqu’un qui n’est pas habitué à la France et sa géographie c’est normal qu’elle ne sache pas. Elle-même ne connait pas la plupart des autres pays en dehors de la France et le Royaume-Uni. Et encore ce dernier, elle le connait très mal l’ayant quitté trop jeune pour en savoir autant que la France dessus.

« Il me plait vraiment. »

Alexis n’aurait jamais cru qu’elle se plairait autant dans le métier de barmaid et pourtant elle ne regrette pas du tout son choix. Elle aime faire des cocktails adaptés à chacun, prévoir des animations pour de grand évènement et surtout découvrir des gens de toutes sortent. Meredith, Antonio, Caleb et bien d’autre c’est ici qu’elle les a rencontré et elle ne regrette vraiment pas. Ce sont des gens incroyables.

« Vous êtes venues d’où ? J’avoue que venir seule dans un nouveau pays c’est un truc fou. Vous vous y plaisez ? »

Lance Alexis curieuse, vraiment curieuse. Elle a quitté la France pour l’Angleterre, mais ce n’était pas un pays inconnu pour elle. Elle est née ici et y venait souvent pour voir sa famille en particulier Aaron, Tahia et ses oncles et tante, sans parler de James Potter son meilleur ami. C’est une terre déjà conquise pour elle et elle ne regrette pas du tout d’être rentrée au bercaille, même si c’est parents ont pour la première fois de leur vie étaient furieux de son choix.

« Revenir ici après avoir découvert un secret qui a changé ma vie et que ce que vous portez dans vos cheveux me rappellent fortement. Depuis je vis une vie pleine de magie et de découverte sans précédent. »

Fait-elle en se penchant comme pour lui murmurer un secret. Et au final c’est ce que c’est. Même si elle ne l’a pas dit de manière claire et précise, elle vient parler de la magie et de ce qui va avec. Et elle espère que la jeune femme va comprendre, parce qu’elle a besoin de lui dire qu’il vaut mieux qu’elle ne porte pas sa baguette dans ses cheveux alors qu’il y a certainement des gens qui comprendront ce que c’est et pourrait lui faire du mal à cause de ça.

Ta discussion avec Alexis porte sur sa vie avant d'arriver ici et de travailler derrière ce bar, te permettant d'apprendre un peu à la connaître. Tu trouves chouette de pouvoir le faire sans que ça sonne comme un interrogatoire : tu l'apprécies déjà, la barmaid, parce qu'elle est souriante et sympathique et te fait un peu oublier les soucis qui te rongent l'esprit en ce moment. Néanmoins, si tu veux réellement suivre et comprendre ce qu'elle te raconte, tu te dois d'être honnête lorsque tu ne saisis même pas de quoi elle parle : Paris et Saint-Malo sont deux trucs totalement inconnus pour toi, qui pourraient autant être des domaines d'études que des moyens de transport ou des villes. « Ah d'accord ! Et elles sont loin l'une de l'autre ? » demandes-tu encore. Le sourire qu'affiche Alexis n'a rien de moqueur, ce qui te rassure un peu comparé à nombre de ceux que tu as reçus à ton arrivée ici lorsque tu posais des questions jugées idiotes par les Britanniques. Certaines personnes ont du mal à comprendre que, ayant été élevée en Corée du Sud et au Japon, tu n'as pas du tout les mêmes références qu'eux, que ce soit en terme de culture, de relation à la magie ou même de géographie. Des milliers de kilomètres séparent ton pays d'accueil de ceux t'ayant vue grandir, alors en quoi est-ce si étonnant d'imaginer que la vie y était bien différente ? Tu ne sais pas, ayant supposé que parfois certaines personnes cherchent simplement une raison de se moquer des autres. Ainsi, ce que certains considéraient comme un affreux manque de culture chez toi était une parfaite excuse pour te montrer du doigt en riant – certains l'ont fait, littéralement.

Tu souris lorsqu'elle te dit que son métier lui plaît vraiment, trouvant que c'est là la parfaite combinaison que tout le monde – dans un monde idéal – devrait pouvoir trouver : un travail pour lequel on semble fait et que l'on apprécie. « J'habitais au Japon avant. » D'où le fait que tu aies considéré que venir ici – en Angleterre, pas au Pisces – seule sur un coup de tête à dix-sept ans soit ce qu'on puisse appeler une chose folle : des milliers de kilomètres séparent Londres de Kashiba, la ville dans laquelle tu habitais avant de partir. « La situation du pays est... compliquée, j'ai l'impression. Mais j'ai rencontré des personnes gentilles, et je trouve la culture intéressante alors oui, je m'y plais. » De toute façon, maintenant que toute ta famille a déménagé ici à cause du travail de Papa... Vous n'allez pas repartir de si tôt, si ce n'est peut-être pendant les vacances. « Et j'aime beaucoup le fish & chips, » ajoutes-tu, plus comme une plaisanterie bien que ce soit vrai.

Lorsque tu lui as retourné la question, tu ne t'attendais pas à une telle réponse. Le genre de réponse un peu mystérieuse qu'il faut décrypter, ou en tout cas c'est l'impression que ses mots te donnent. Surtout parce qu'elle parle de ta baguette qui lui rappelle un secret... Tu n'es pas certaine de comprendre. L'idée qu'une personne non-magique ait pu parler ainsi sans rien connaître au monde sorcier te semble assez improbable, néanmoins tu as retenu une chose – plusieurs, en réalité – de l'attaque de Poudlard : tous les non-magiques ne sont pas de votre côté. Et certains veulent briser ce secret pour vous attaquer, quitte à se balader dans les Highlands d'Écosse au hasard pour trouver une école de magie supposément cachée à leur vue. Ainsi, par acquis de conscience, tu préfères ne pas t'emballer : avant de dévoiler quoi que ce soit, tu as besoin d'être sûre. « Qu-Quel genre de découvertes ? » Ah bah super, tu bégayes maintenant. Tu espères en savoir plus, t'assurer qu'elle n'ait pas juste eu de la chance et soit bien une des vôtres – sorcière ou amie de quelqu'un l'étant.

Alexis réfléchit un instant à sa question. Elle n’a jamais vraiment vérifié la distance entre saint-malo et Paris. Elle n’en a jamais eu besoin faut dire, mais c’est vrai que pour quelqu’un qui n’a jamais vécu en France ce genre de détail peut être utile. Du moins quand on a conscience des notions de distance. Elle a l’impression de mettre un temps fou à lui répondre, mais ce genre d’exercice de comptage est bien difficile à réaliser surtout que pour elle Saint-malo et paris c’est deux villes françaises qui représente sa vie là-bas.

« Je dirai 300 kilomètres peut-être un peu plus. Dommage que je n’ai pas de carte, ça aurait été plus simple à visualiser. »

Le japon ça lui semble si loin et pourtant elle veut bien croire la jeune femme quand elle lui dit qu’elle vient de là-bas. De toute façon pourquoi lui mentirait-elle ? Il n’y a aucune raison. Du coup, Alexis trouve son histoire de venir habiter seule ici encore plus cool et surtout impressionnante. Quitter son pays, faire des milliers de kilomètre pour finir dans un pays comme celui là c’est impressionnant surtout qu’elle doit avoir à peu près son âge tout au plus.

« J’avoue les gens sont cool ici et le fish & chips je pourrai en manger tous les jours. »

Elle adore ce plat. Il n’a rien de compliqué, mais c’est qui fait son charme. Elle aime tellement ça et y a un pub pas loin de la gare de king cross qui en faisait un très bon, quand elle avait de l’argent à dépenser c’est là-bas qu’elle allait. Vu que ces patrons ne lui faisaient rien payer-hormis un petit loyer pour l’appartement au dessus- fallait bien qu’elle trouve un endroit où dépenser ses sous et dans la nourriture c’est juste parfait pour elle.

« Le genre de découverte qu’on ne fait pas tous les deux matins et qu’on ne pense que trouver dans des livres de conte comme Merlin l’enchanteur. Le genre de découverte qui rendent la vie plus magique. »

Lance-t-elle simplement comme si ça s’inscrivait dans leur conversation et que tout était normale, mais elle devient de moins en moins subtile et si Naomi ne comprend pas, elle ne sait plus quoi faire. Elle ne peut pas dire sorcier, magie comme ça, sans rien autours. Parler de merlin l’enchanteur pour une découverte qui a changé sa vie sa passe, mais c’est le moins subtil qu’elle pourra faire avant d’être cramé. Alors soit la demoiselle comprend, soit elle va devoir trouver un autre moyen de lui faire comprendre et elle n’a aucune idée de comment faire.

Intriguée par ce que te raconte Alexis, tu lui poses beaucoup de questions pour visualiser au mieux son histoire. La France est un pays sur lequel tu ne sais pratiquement rien, raison pour laquelle tout n'est pas évident à visualiser. Tu découvres des noms de ville que tu risques malheureusement d'avoir oublié dès que tu auras franchi la porte du Pisces en sens inverse. Entre deux gorgées de cocktail, tu tentes dans ta tête de situer le récit de la barmaid sur un croquis très approximatif de ce pays qui t'a toujours semblé si lointain – il te semble qu'il ressemble à une étoile dont la capitale serait au centre, mais on t'en demandera difficilement plus. « C'est vrai oui, » admets-tu lorsqu'elle affirme que ce serait plus facile avec une carte sous la main. Malheureusement vous n'en avez pas, alors c'est ton imagination seule qui doit faire tout ce travail géographique – et pas sûre qu'elle le fasse très bien.

C'est à ton tour de raconter un bout de ton histoire, lui expliquant que tu es venue directement du Japon pour découvrir ce pays dont tu savais si peu de choses. Bien sûr, tu as conscience que tu es en terrain moldu et que tu ne peux donc pas lui parler de ta découverte de l'incroyable château qu'est Poudlard, du mignon petit village de Pré-au-Lard ou même de l'utilisation d'une baguette magique à laquelle tu t'habitues avec plus ou moins de succès. Non, face à elle ta baguette est dans tes cheveux et il est hors de question qu'elle soit entre tes doigts, et tu ne parles que de découvertes non magiques : la rencontre avec de nouvelles personnes, la culture si différentes de la tienne mais pas moins intéressante, et évidemment le fish and chips. « Les gens sont très différents de la France, ici ? » C'est plaisant, de parler avec une autre personne pour qui le Royaume-Uni et ses coutumes n'ont rien d'évident : Alexis non plus n'a pas baigné dedans, elle doit pouvoir comprendre que tu ne sois pas familière avec tout ce qu'il s'y passe, notamment en terme de relations sociales.

C'est d'ailleurs exactement ce qui te décontenance à présent, alors que tu tentes de comprendre si ses paroles sont effectivement bourrées de sous-entendus ou si c'est simplement toi qui te prends la tête sur pas grand chose et qui te fais des idées. Elle te parle de ce qui se trouve dans tes cheveux et aussitôt ça sème le doute dans ton esprit : est-ce qu'elle sait ? Est-elle au courant de l'existence du monde magique ? Et du secret qui, ici, est si important car il est censé le préserver d'éventuelles attaques moldues ? Un peu inquiète et ne sachant pas trop quoi faire, tu bois une gorgée de cocktail pour te redonner un peu de contenance. Cette fois, sa réponse te confirme que ton impression n'était pas que ça et que tu as bien interprété ses sous-entendus. Elle parle bien trop de magie depuis le début de votre conversation pour que ce soit dû au hasard. « Mais c'est une... une chouette découverte, pas vrai ? » Tu es certaine qu'elle sait à présent, mais tu en es à prier les plus grandes divinités coréennes qu'elle soit de votre côté et ne fasse pas partie de ces monstres qui ont attaqué Poudlard. Des chasseurs, comme les appelle la Gazette. Des chasseurs de sorciers et de sorcières comme il en a existé il y a des siècles, qui estiment que la magie qui coule dans vos veines mérite d'être exterminée. Alexis a l'air bien trop gentille et amicale pour faire partie de ces gens-là, pas vrai ? Oh bon sang, l'idée que même une personne qui semble aussi sympathique puisse être une chasseuse te terrifie.