Et ça fait bim bam boum

Ça faisait une semaine que les cours avaient repris. Moi ça me faisait bizarre d’être là. Même si j’avais pas peur, je pouvais pas m’empêcher de penser à ce qu’il s’était passé l’année dernière. Et à ce qui était arrivé à Amaury aussi. Ça m’effrayait de savoir que son père avait voulu le tuer. J’avais toujours eu de la colère envers ceux qui m’avaient abandonné. Je leur en voulais, parce qu’ils m’aimaient pas, qu’ils m’avaient laissé dans cet orphelinat qui n’aimait pas plus les enfants. Mais, au fond, je me disais que j’avais de la chance, ils m’avaient pas aimé mais au moins ils avaient pas voulu me tuer. Et puis grâce à eux, j’avais rencontré Maman. Et rien que pour ça, je ne les détestais pas. On avait cours de potions. Commun avec les Serpentard, et ça c’était la meilleure nouvelle de la journée. Déjà parce que je serais avec Amaury. Parce qu’il était vachement plus doué que moi en potions – cela dit, c’était pas très dur d’être plus doué que moi. Et parce que ça faisait longtemps qu’on s’était pas vus, lui et moi. Au moins depuis hier. Et ça faisait bien trop longtemps.

Le cours entre Gryffondor et Serpentard allait quand même être des plus sportifs. Les deux maisons se détestaient, moi j’avais jamais vraiment compris pourquoi. Et du moment qu’on nous laissait, Amaury et moi, tranquilles, je m’en fichais encore plus. Bon, on entendait toujours des sales mots venant des autres mais Amaury et moi, on s’en fichait. On avait juste envie d’être ensemble, au diable les autres. J’ai failli arriver en retard, à cause de mon oncle. J’essaie de pas le croiser dans les couloirs, parce qu’il va encore m’embêter mais les chemins utilisés pour l’éviter ne sont pas forcément les plus cours. Et puis, soyons honnêtes, j’y vais toujours à reculons en potions. J’aime pas ça. L’année dernière y’avait Nicholas Moore qui m’aidait, il était cool lui mais lui, il était parti. Je me demandais s’il avait réussi à sauver sa Princesse, Lysea. Parce qu’il était amoureux Nicholas. De la belle Gryffondor. En potions, j’étais toujours avec Amaury. J’ai roulé des yeux vers lui. Un cas facile ? Il se foutait de moi ? Toutes les potions étaient quelque chose de difficile pour moi. La théorie je la connaissais, mais la pratique c’était… un enfer. Et le seul point positif à l’attentat de l’année dernière, on n’a pas passé les examens de potions. Heureusement, sinon je serais encore en première année.

La potion d’enflure… j’avoue j’ai laissé Amaury préparer les ingrédients. S’il veut un O à son devoir, il a plutôt intérêt de faire tout, tout seul. J’observais la salle, les autres élèves évoluaient dans leurs potions, le prof passait entre les tables, j’aime pas quand il fait ça. Mon chaudron, il était allumé et l’eau bouillait. Même en suivant à la lettre, ça ressemblait pas à ce que Amaury y faisait à côté, pourtant j’ai tout imité ce que lui faisait. C’est de l’injustice flagrante. J’ai eu un sourire hyper fier, et p’tête un peu vantard. La première soirée avait été hyper stylée. J’ai acquiescé d’un signe de tête. « C’était terrible ! » Kaliena, elle est cool et Enfys… bah c’est Enfys, quoi. « Bon, c’est la faute à mon oncle si on s’est fait chopper… il est tellement énervant… mais la chasse au botruc c’était hyper classe… ». Bon, y’a des Gryffondor qui n’avaient pas aimer perdre des points dès le premier soir mais moi, j’avais trouvé ça génial. Et puis bon, le sérieux c’t’ait pas pour moi. Et la présence de mon oncle, je crois que ça me donnait encore plus envie de désobéir aux règles. Comme avec Maman. Faut que je teste ses limites, et ça m’éclate de le voir s’énerver. « Le préfet il était pas content mais j’m’en fiche. Et puis bon Kaliena et Enfys, elles sont cools. T’sais Kaliena c’est la nouvelle sixième année. » Elle, elle venait de l’école d’Afrique. C’était chaud quand même de venir ici. Je sais pas, moi, si j’y arriverais, surtout si je devais apprendre une nouvelle langue. « C’est cool que ta cousine, elle soit dans ma maison » ai-je lancé. J’y aurais pas cru, parce que tous les Lestrange ils sont allés à Seprentard. Et que mon oncle, il disait que les fratries elles étaient pas séparées à Poudlard. Mouais. Ça reste à voir. Lui, il était à Serpentard alors que maman et tonton ils étaient à Poufsouffle. Ça tient pas sa théorie en fait. En même temps, j'suis sûr que Cilian il a été adopté, c’pas possible autrement, tellement il est différent des autres. Au moins, ça nous fera un point commun.

J’ai roulé des yeux vers lui. Je l’ai imité pour les orties et j’ai attrapé les yeux de poissons posés sur la table. Je les ai secoués, comme si quelque chose allait sortir d’eux. « On dirait de la gélatine » J’ai éclaté de rire. « Beurk » Je les lui ai tendus, du bout des doigts. « Je devrais mettre ça dans la soupe de mon oncle ! Qu’on rigole un peu ! »

J’étais un Gryffondor, un vrai de vrai. J’aimais déjouer les règles, et faire tous les coups du monde. La chasse au Botruc, c’étaient les filles qui l’avaient initié mais c’était hyper cool. Et puis, j’avoue faire quelque chose avec Enfys, bah je trouvais ça bien. Et elle avait pas l’air de m’en vouloir pour ce qui s’était passé chez mon oncle. Et tant mieux, parc eque ça m’aurait tellement embêté qu’Enfys m’en veuille. Je l’aimais bien Enfys, elle était cool. Et ses yeux bleus, moi y m’envoutaient totalement. « On a essayé d’attraper un Botruc dans la salle commune, chais pas ce qu’il foutait là, hein… t’sais moi je revenais d’avec vous, chuis arrivé après… j’voulais les prévenir que y’avait mon crétin d’oncle qui rôdait dans le couloir avec son coéquipier… Mais c’était drôle… mais bon, Cilian il gâche toujours tout » ai-je lancé, d’un ton amer. Mon oncle, il était relou, il était jamais content. Et depuis qu’il hantait les couloirs de Poudlard, c’était pire. Il était toujours énervé pour tout. Y’avait un truc qui tournait pas rond chez lui mais j’arrivais pas à savoir quoi. Et puis, bon, j’étais en rogne contre lui, parce qu’il avait pas voulu que je vois Logan, alors p’t’ête que je lui en voulais un peu, et que je trouvais tout énervant chez lui.

J’ai fait un sourire fier à ses propos. « Je ne serais pas un vrai Gryffondor si je ne me faisais pas remarquer dès le premier jour. » ai-je répondu, très fier. Et j’allais pas m’arrêter là. Surtout avec la présence de Cilian dans l’école, j’allais lui faire regretter de m’avoir interdit de voir Logan. Na. Les yeux de poissons, je trouvais ça dégueu. C’était tout gluant et translucide. Ça donnait un peu envie de gerber. J’me demandais ce que ça ferait à mon oncle si je lui donnais. J’ai haussé les épaules à la remarque d’Amaury. « Dommage, je l’aurais bien mis hors service quelques jours… » J’voulais pas le tuer non plus mon oncle, parce qu’au fond j’l’aimais bien même s’il était complètement énervant. Et puis, mon parrain, j’crois qu’il m’en voudrait. Ma potion ne ressemblait à rien. Et ça m’énervait. J’étais tellement nul en potions. En magie tout court d’ailleurs. Mes copains, c’étaient tous des sang-pur qui avaient baigné dans la magie toute leur vie, et moi, j’devais faire semblant, parce que j’avais un nom de sang-pur mais j’y connais rien en magie, moi. Encore moins en potions. J’aimais pas quand le prof il passait à côté de nous, j’avais toujours l’impression d’être jugé pour mon incapacité notoire à ne pas réussir à réaliser une pauvre potion.

« Oui, ok » ai-je murmuré, en regardant le prof qui rôdait entre les tables. Je sais pas comment il faisait pour aimer les potions lui. Fallait être totalement fou pour aimer ça. J’me demandais si Cilian, il aimait bien les potions quand il était à Poudlard. Maman, elle aimait bien. Mon parrain aussi, je crois. Ou p't'ête pas. Il était bon, en tout cas. Mais mon oncle, je sais pas. Je savais rien de lui en vrai. Il disait jamais rien. Et puis, il était tellement différent de tous les autres membres de la famille. C’était si… bizarre. J’ai jeté un œil sur ce que faisait Amaury. « Tu sais, j’ai fait tout pareil que toi… j’comprends pas pourquoi ça marche pas avec moi… » ai-je dis, un peu dépité. P’tête que j’avais quelque chose dans le sang qui faisait que j’étais incompatible avec la réalisation des potions.

J’ai arqué un sourcil en tournant la tête vers mon meilleur ami. J’avais pas le souvenir qu’il m’ait déjà parlé de Pimousse. Et p’y c’était qui Pimousse ? Ça sonnait comme un nom de bonbons ce truc. « C’est qui Pimousse ? » lui ai-je demandé. Tout en gardant un œil sur ma potion qui ne ressemblait à rien. J’avais un brin de fierté sur ma virée nocturne. Certes, j’aurais préféré ne pas avoir affaire au Directeur des Gryffondor mais ça me rendait fier de faire parti des élèves qui se faisaient remarquer. J’étais comme ça à l’orphelinat. Je détestais rentrer dans les cases, pour plaire aux autres. Moi, j’voulais vivre ma vie comme je l’entendais. Et je me fichais pas mal de ce que les grands pouvaient dire. Bon, maman allait sûrement râler de recevoir une beuglante dès le premier jour. Cilian aussi allait râler. Il aimait pas que je fasse des bêtises. Mais je n’y pouvais rien c’était dans mes veines. De toute façon, je connaissais Poudlard bien mieux que lui, j’arriverais à le semer en un rien de temps avant même qu’il ne réussisse à m’engueuler.

N'empêche que le mettre un peu hors service, cela me réjouirait un peu. Déjà pour m’avoir empêché de voir Logan, ensuite m’avoir interdit de faire du balai dans son jardin, et maintenant pour errer dans les couloirs de Poudlard. J’ai haussé les épaules. « Je suis sûr qu’il a un point faible. Comme tout le monde. » ai-je répliqué, en grognant. Oui, j’étais en colère contre mon oncle. Il avait qu’à pas m’interdire de voir Logan. 9a allait être long d’attendre jusqu’à Noël pour voir Logan. Enfin, j’espérais que Logan il soit encore là à Noël. Parce que d’habitude, il ne revenait jamais longtemps en Angleterre. Il repartait souvent en mission à l’étranger, et j’avais pas beaucoup de temps pour en profiter. Et si jamais, là, Logan repartait en mission sans que j’ai pu le voir, je lui en voudrais à mort à Cilian.

J’observais le prof qui passait entre les tables. En même temps que je regardais ma potion. Pourtant, je faisais toujours ce qui était écrit sur la recette mais ça ne rendait jamais pareil que celle d’Amaury. La sienne, elle était toujours parfaite. Elle bouillonnait tranquillement dans son chaudron, avec sa merveilleuse couleur verte translucide, comme la couleur de l’océan dans les Caraïbes. J’avais vu ça un jour en photo dans un magasine qu’on avait à l’orphelinat. La mienne, elle ressemblait à une bouse de dragon. C’était sûr que je ne ferais pas fortune dans la fabrication de potions. J’ai souri à l’évocation de Maïa. Il était clair qu’elle n’allait rien écouter du cours. En même temps, je ne pouvais pas lui en vouloir. Moi non plus, j’écoutais pas quand y’avait pas Amaury pour m’aider à me concentrer. J’crois que je me mettais en compétition avec lui, juste pour lui prouver que j’étais pas si nul que ça. De toute façon, je serais jamais à leur hauteur à mes copains, eux les vrais sang-purs. J’avais beaucoup de chemin à faire, et en potions encore plus. « Maïa, elle écoute encore moins que moi ». Je ne sais pas si je devais me sentir fier ou non. En vrai, j’aimerais bien aimer les potions. Mais déjà, j’aimais pas le prof. Et puis, pour toujours finir avec de la boue ça m’agaçait, alors ouais, j’écoutais plus grand-chose. Toute manière, j’voulais pas être médicomage ou auror. Moi, j’voulais m’occuper de chiens et j’avais pas besoin d’être doué en potions pour ça.

Je me suis tendu quand le prof s’est arrêté à notre hauteur. J’avais toujours un œil de poisson dans les mains, pendant une seconde j’ai voulu lui jeter à la figure, mais j’crois qu’il n’aurait pas apprécié. Ma potion ressemblait plus à une potion qu’avant. Et même s’il n’avait pas vu Amaury faire, j’étais persuadé qu’il savait que mon meilleur ami en était l’auteur. J’ai pas aimé le regard fixé sur moi, comme s’il me scrutait de fond en comble. C’était très désagréable. J’ai soufflé largement quand le prof s’est éloigné. J’ai fait un grand sourire à mon meilleur ami. « J’crois qu’il a pas besoin de raison pour nous détester… il sait très bien de quoi on est capable ». Les chaudrons, moi j’allais les faire exploser. Avant la fin de la semaine, surtout si un Serpentard disait du mal d’Amaury. Les Serpentard, ils aimaient pas qu’on soit amis Amaury et moi, et moi j’aimais pas ça. Alors, je leur faisais exploser leurs chaudrons, je leur envoyais des boules puantes et pleins d’autres choses encore. « Tu le trouves pas bizarre mon oncle ? » ai-je soudainement envoyé. Moi, je le trouvais encore plus bizarre que d’habitude. Et ça, c’était étrange.