Dancing in the dark

IT'S A NEW DAY, A NEW LIFE, AND I DON'T FEEL GOOD
Septembre 78.
Ma nouvelle vie prit enfin forme lorsque mes parents achetèrent un petit appartement proche de Sainte-Mangouste pour me permettre de rentrer me reposer le soir sans les déranger. Officiellement, je vivais chez eux, officieusement, mon petit appartement au dernier étage d’un ancien immeuble, uniquement peuplé de sang-pur, était devenu mon repère. Coloré, ensoleillé, pleins de plantes. Je l’avais aménagé à mon gout. Cet endroit était devenu le seul dans lequel je pouvais me sentir moi-même. Il n’y avait personne pour me juger, me contredire ou encore, m’user comme une arme pour gagner en puissance. Je m’appartenais dans cet appartement.
Ma formation en médicomagie débuta enfin. Je me voyais déjà devenir une grande médicomage respectée et admirée. Je voulais faire de la recherche, sauvez des vies. Je voulais que l’on parle de moi en bien, découvrir des remèdes, soigner des maladies incurables… Mais la réalité était toute autre. J’étais douée, oui, vraiment douée, peut-être un peu trop… Les choses se passaient bien, je vivais un rêve éveillé. Je m’épanouissais dans mon programme, une semaine à Sainte-Mangouste, le reste du mois sur le terrain à droite et à gauche pour découvrir d’autres techniques de soins. Rarement chez moi, toujours en vadrouille, j’en arrivais presque à oublier la plaie béante qui suintait sur mon cœur.
Ma vie finit par bousculer ce 3 mars 1979 lorsque les Mangemorts attaquèrent Pré-au-Lard. Les Mangemorts… Ces gens qui étaient de ma famille proche, éloignée, ces gens que je côtoyais dans les soirées mondaines sang-pur, ces gens avec qui j’avais grandit tuèrent de nombreux sorciers innocents, des adultes… mais surtout des enfants. Des étudiants de Poudlard. Lorsque la nouvelle nous vient aux oreilles, Sainte-Mangouste décida d’envoyer tous ses soignants sur place, ma classe y comprise. Il y avait du sang partout, tant de sang. Je ne savais plus ou donner de la tête, qui aider en premier. La capuche de ma cape sur la tête, je camouflais ainsi la couleur blanche de mes cheveux et la pâleur de ma peau. C’était la première fois de ma vie que j’avais aussi peur. Tremblante, je m’étais penchée vers un étudiant de l’école de Magie dans l’espoir de lui venir en aide. Mais je perdis mes moyens, les gémissements, les pleurs, les cris de ceux qui essaient d’organiser l’aide apportée aux blessés me perturbaient, me faisaient un mal fou. Les mains tremblantes, je fis erreurs sur erreurs et finis par tuer mon patient. Pleine de sang, je n’avais su le sauver. J’étais pétrifiée. Avais-je réellement ma place en tant que sang-pur, fille de Mangemort ici ? Avais-je le droit de vouloir sauver des vies ?
Ma remise en question concernant ma carrière débuta ce jour… Il ne fallut que quelques semaines de réflexion pour demander à changer mon orientation… et me spécialisée en médecine légiste. Evidemment, mes erreurs ce jour là furent revues en cours par mes professeurs, décortiquées, expliquées pour que cela n’arrive plus. Mais le mal était fait, j’avais sa vie sur ma conscience. Je m’étais jurée que je ne toucherais plus jamais un être vivant dans le but de le sauver. Ma mutation de programme ne fut pas réellement acceptée, du moins, pas sans conditions. La direction voyait toujours en moi un prodige de la médicomagie et m’avait offert de continuer d’apprendre les soins d’urgences en jumelant mon programme avec le post-mortem. Depuis ce jour, je me contente de rester en arrière dans les urgences. J’examine les dossiers, donne des indications aux étudiants qui sont sous ma charge, mais je fais tous vérifier deux fois par mes responsables de services. J’ai perdu confiance en moi… Sans cette confiance, je ne suis plus rien. Plus personne. Un sentiment qui devient de plus en plus présent avec l’évolution de ma place au sein de ma famille.

Les choses se tassèrent durant quelques mois, du moins en apparence. Toujours traumatisée, torturée par ma conscience, je me laissais guider sur un chemin sur lequel je n’aurais jamais imaginé une seconde. Isaiah avait fait de moi son arme, son moyen le plus sur d’obtenir des informations avec lesquelles il pouvait manipuler d’autres Mangemorts. Il voulait s’assurer des bonnes faveurs du Lord. Il promettait ma main pour annuler l’accord, il me demandait de charmer pour obtenir des renseignements, des faveurs. Si j’osais refuser, mon ainé se montrait sous un autre jour… Un jour qui me faisait réellement peur.

Le cauchemar recommença le 1er janvier 1980. Je n’étais pas de garde ce jour-là. En tenue de réception, je passais le 1er en compagnie de ma famille sang-pur et leurs proches invités pour la nouvelle année. La nouvelle tomba tel une épée de Damoclès, le Chemin de Traverse avait été attaqué. On avait besoin de mains à Sainte-Mangouste. J’allais de nouveau devoir faire face à une situation que je savais d’avance, je n’arriverais pas à gérer… Les cheveux blancs de terreur, la peau pale et les yeux voilés de blanc, je n’avais su maintenir mon calme habituel et laissa mon don, ma malédiction prendre le dessus sur mon apparence habituelle. Je me sentais mal, mais je n’avais guère le choix, je du me rendre à Sainte-Mangouste pour essayer de mettre mes connaissances et mes capacités au service des blessés.
Ce fut une journée d’horreur. Serrée dans ma tenue de sang-pur, les cheveux attachés et couvert d’un foulard pour camoufler la couleur surnaturelle de ceux-ci, je donnais des consignes, je triais les patients. J’avais le souffle court. Je me sentais perdre ma vocation… Isaiah avait raison. Je n’avais aucune valeur. J’avais besoin d’un break. De tout lâcher et de revoir mes plans d’avenir. Je ne serais jamais la Médicomage de mes rêves.

Les mois passèrent et les mauvaises habitudes s’installèrent. Je fumais de plus en plus de feuilles de tentaculas, incapable de m’endormir autrement. Je mangeais moins. Je dormais à peine. Je me noyais dans le travail et coupait de plus en plus les événements sociaux dans lesquels les autres sang-purs m’invitaient. Je ne voyais plus que la petite poignée d’amis que j’avais bien que je sentais qu’ils se faisaient un sang d’encre à mon propos. Je ne pouvais pas leurs dire ce qu’il se passait dans ma tête. Dans mon cœur…