Dressed to kill « Circée & Pandora »

Morose était le temps de cette fin d’année.

Penchée sur ma table de couture au fond de ma boutique, je m’affairais à terminer l’ourlet d’un bolero de couleur nuit, dernière pièce pour terminer un ensemble qu’on m’avait commandé deux semaines plus tôt. Une action simple, que j’aurais pu automatiser par un peu de magie, mais qui me permettait aussi d’occuper mon temps et mes pensées. Car ces dernières allaient bon train ces derniers temps.

Indéniablement, j’étais préoccupée par le mariage qui approchait, alors que j’avais à peine commencé à m’occuper de ma propre robe. Petite fille, je rêvais de quelque chose de grandiose, à l’instar de ces princesses de contes. Dans un lieu empli de magie, de féérie, afin d’en garder des souvenirs immortels. Moi, portant une robe somptueuse, loin de toutes ces vierges standardisées, et lui, dans un costume sublimant ses traits princiers.
Mais la réalité avait rattrapé le rêve, éclatant cette bulle d’un coup d’épines. Envolé, ce prince charmant et ses promesses. Tout comme l’envie de m’investir dans ce projet qui ne me concernait plus que sur le papier. C’était, dès lors, mes parents et ceux de Nox qui avaient pris le relais. Et connaissant nos familles respectives, je ne doutais en aucun cas du faste et de la beauté des lieux… mais à quoi bon ?  Il ne s’agissait que d’un mariage dont nous serions, mon futur époux et moi, que des captifs, et spectateurs d’une cérémonie nous impliquant bien malgré nous.
Au moins, je pouvais toujours faire en sorte d’avoir une robe à mon image… mais rien de ce que je dessinais sur le papier ne trouvait grâce à mes yeux.

Ces mêmes iris, je les relevais vers l’entrée au tintement de la clochette ornant cette dernière. Un temps sur le qui-vive, j’espérais ne pas voir la silhouette imposante de ce maudit loup qui se plaisait à me tourmenter dernièrement. Sans doute espérait-il que ses tentatives d’intimidation suffisent à me faire lâcher quelques mots pouvant jouer en ma défaveur, vis à vis de cet événement d’automne m’ayant valu son animosité. La capture, puis la fuite, du fameux Lupin. Fuite, dont le Greyback me tenait responsable.
Et bien qu’il soit dans le vrai, ce n’était pas ce stupide animal qui parviendrait à me faire admettre ma pleine participation dans son évasion. Fort heureusement pour mes nerfs, ce n’était pas son ombre qui se profilait sur les murs, car la personne se trouvait être bien plus menue, et femme de surcroit. D’emblée, la jeune sorcière au port haut se dirigea vers moi, m’alpaguant au sujet de mes disponibilités. Me redressant tout autant, je posais sur elle mes iris émeraudes, la détaillant un court instant. Force était de constater que je ne la connaissais en aucune façon, ce qui justifiait probablement la façon dont elle s’était adressée à moi, comme à une simple ouvrière.

C’est un sourire courtois qui se dessina à mes lèvres en retour. Car s’il y avait bien quelque chose que m’apprenait ce travail, c’était le sens du commerce qui, lui, ne m’était pas particulièrement inné.

« Bonsoir madame. » commençais-je, cherchant là, peut-être, à lui rappeler les bases de la politesse. « Expliquez-moi ce que vous recherchez. Est-ce pour un type d’événement en particulier ?  Par la suite, nous pourrons commencer par prendre des mesures. »

Inquisitrices et pondérées, mes prunelles détaillaient la jeune femme. Et si une part de mon esprit se trouvait dès lors être assez critique à son égard, la seconde imaginait d’ores et déjà ce qui pourrait rendre honneur à ce qu’elle me renvoyait, afin de sublimer sa personne.