En tant que Chasseur surentraîné et expérimenté, j'aurais peut-être dû faire plus gaffe. Parce que depuis que j'avais envoyé la magnifique blonde au casse-pipe, je me sentais pousser des ailes. Y'avait rien ni personne qui était susceptible de m'arrêter et sûrement pas son crétin de mec. Cet imbécile, qui avait dû se suicider tant la douleur de cette absence avait dû être impossible à surmonter. Parce que c'était ce Lien, que j'avais voulu volontairement briser. En faisant en sorte que la Sorcière ne se réveille plus jamais, exsangue dans ce terrain vague qui avait été alors, le plus magnifique des tombeaux.
Pensant que j'avais réduit à néant l'Autre, en lui bousillant le Cœur, je me méfiais plus. Avançant dans mon territoire de prédilection, comme si ç'avait été la plus délicieuse des plaines de jeu, le Sorcier il était bien au-delà de mes pensées. Car, comme je le pensais, il s'était sûrement infligé le plus doux des châtiments, sans que je ne le fasse.
Et, c'était certainement pour ça, que le premier coup, je l'avais pas vu venir.
Le premier coup donné par surprise, celui qui avait pour seul et unique but de me sonner, pendant assez de temps pour venir me cogner. Faire en sorte que ce liquide poisseux que je faisais cracher à mes interlocuteurs, c'était dans ma bouche qu'il était en train de stagner. Alors que je le recrachais au sol. Sentant qu'il savait pertinemment ce qu'il était en train de m'infliger. Des blessures à l'image de celles qui avaient été portées sur le corps délicieux de sa petite amie que j'avais pris un malin plaisir à blesser.
Mais ici, alors que je riais, prenant un certain plaisir (toutefois) à me faire rouer de coups, je la sentais cette hargne animale et vengeresse. Sans artifices. Sans sa putain de baguette. Il y allait à mains nues, avec toute cette hargne qu'il avait dû accumuler depuis des jours. En me traquant. Me subsituant momentanément à la place de proie et lui, de prédateur. Allongé, dans ce qui semblait être mon propre sang, -ça l'était mais j'en avais bien trop perdu pour en avoir encore ne serait-ce qu'une réelle conscience-, je regardais le ciel de Londres. Inspirant et expirant. Lentement. Crachant ce qu'il me restait d'hémoglobine dans les poumons, alors qu'il venait de l'avoir sa victoire.
Tout comme la blonde, je restais là. Ne sachant pas combien de temps. Jusqu'à ce qu'une odeur qui ne m'était pas familière vienne à me titiller les narines. C'était peut-être ça, l'Enfer ? Le Paradis ? Les Limbes ? Des mains douces, sur mon visage ? J'en savais rien. C'était flou. Comme mes iris couleur d'obsidienne qui eux, avaient bien du mal à faire un focus sur cette personne inconnue, qui me ramenait des mois en arrière. Quand Jérémy m'avait trouvé agonisant dans une ruelle.
Là, c'était peut-être ma Fin ? Parce que j'avais défié la Mort une fois et qu'elle n'avait pas aimé être flouée ? Mais moi, là, tout ce que je voulais c'était ... m'endormir pour ne plus jamais me réveiller.