[FB] Sometimes it's not to easy, to be the teacher's pet | Ophelia

Nicholas Moore.
Un Serpentard, tout comme la demi-Vélane qui officiait parmi leurs pairs et qui, en plus de cela possédait une copie conforme. Une jumelle. Destinée à promouvoir les valeurs d’Helga Poufsouffle, pour lesquelles Meredith Hawthorne n’y faisait point cas. À quoi bon de toute manière ? Les descendants de la fondatrice n’étaient que des personnes qui n’étaient point fréquentables. Malgré, Callum Pritchard, ce dernier étant le meilleur ami du Gallois. Ce garçon, qu’elle aimait éperdument et qui faisait pincer ses lèvres pleines et rouges, dès lors qu’une demoiselle tentait une approche avérée. Or, il n’y avait jamais rien eu de tel. Et, l’autre Vert et Argent paraissait indifférent aux autres membres de la gente féminine.

Cependant, alors qu’elle était en train de mettre ses notes au propre sur un parchemin impeccablement lisse et avec son écriture ronde et élégante, la fille unique de la Comtesse de Vermandois eut néanmoins une ombre qui se plaça devant elle, l’empêchant de poursuivre ce qu’elle avait entamé. Claquant sa langue contre son palais pour signifier à l’intrus (ou intruse) qu’il ou elle dérangeait, le regard vert absinthe reconnut pourtant après quelques secondes, ce fameux Nicholas Moore, qui possédait bien une copie conforme évoluant chez les Jaunes et Noirs pour qui, la belle blonde ne portait que peu d’intérêt. Que lui voulait-il ?

Alors qu’elle allait ouvrir sa bouche pleine et rouge sur quelques remarques acerbes, son interlocuteur n’y fit point attention. S’asseyant face à elle, sans ciller. Avec un regard vert à la couleur peu commune levé vers le plafond de la Bibliothèque de Poudlard, la Franco-Galloise consentit toutefois à écouter son vis-à-vis. Mais, celui-ci ne devait point s’éterniser. Après tout, ils ne se connaissaient pas ‘vraiment’. Mise à part, qu’ils partageaient plus ou moins, les mêmes idéaux. L’excellence, en faisait cruellement partie.

- Bonjour Meredith. J’espère que je ne te dérange pas … Un léger sourire de l’héritier Moore qui avait pourtant bien compris que sa présence n’était point la bienvenue. Pas face à celle qui se destinait à être Auror du moins. Je sais que tu n’en as que faire d’une demande d’un Serpentard de trois années ton cadet, alors que tu es en dernière année … mais … tu pourrais aider Ophelia ?
- Une demande pour ta sœur ? Pourquoi ne vient-elle pas d’elle-même ? Un léger froncement de sourcils, alors que les mains élégantes de la Verte et Argent se posaient devant sa personne. Car il fallait le reconnaître : cette dernière était somme toute assez intriguée, par la tournure que prendraient ces singuliers évènements.

- Tu l’intimides, parce que tu es la meilleure de Serpentard. Et qu’en tant que jumeau protecteur, je me devais de le demander à sa place. Elle ne l’aurait jamais fait sinon. Tu peux me croire.
- Initialement, je tutore déjà Gauwain. Robards. Mais cela ne me déplairait point de tendre la main à ta sœur jumelle. Vu que tu es venu me le demander. Un haussement d’épaules mutin. Dis-lui qu’elle vienne demain à la même heure à la Bibliothèque et je ne tolèrerais aucun retard ni manquement de sa part. Le temps est précieux. Surtout, pour les études et si je dois lui venir en aide. Un sourire rouge impeccablement policé alors que Meredith Hawthorne en revenait à ses notes, n’ayant cure désormais de Nicholas Moore.

Cependant, la Poufsouffle la trouverait le lendemain à la même place et à la même heure dans l’immense Bibliothèque de Poudlard. En espérant que pour celle-ci, il n’y aurait aucune excuse quant à un retard ou une absence potentielle. La rigueur de la demi-Vélane ne tolérait aucun manquement. Encore moins, quand il s’agissait d’un tutorat. Le Gallois, était un excellent élève à ce niveau. Et, elle espérait que pour cette élève temporaire, il en soit de même.

La jeune femme l’impressionnait, tout comme elle impressionnait toutes les autres Poufsouffles de son âge. Pour les Serpentards, elle semblait être une source de fierté, une annonce de c que serait leur propre future, prouvant la supériorité incontestable de cette maison. Les autres adolescentes l’enviaient ou la craignaient selon les caractères et l’historique de leurs interactions.

Ophelia, elle, n’avait sans doute pas attiré l’attention de sa camarade plus âgée. Sa discrétion avait joué tout autant que son naturel docile, pour lui éviter les problèmes. Et la Serpentard n’était jamais venue s’égarer dans les Serres lorsque la pâle blondeur s’y trouvait.

C’était à Nicholas, qu’elle devait ce tête-à-tête. Son jumeau qui, lui, n’était nullement déstabilisé par son aînée. Était-il un peu amoureux, comme tous les garçons de Poudlard, lorsque la belle paraissait ? Peut-être. Il n’avait jamais dit un mot à ce sujet, et Ophelia n’avait rien demandé, n’avait pas interrogé via leur Lien : elle ne voulait pas avoir à jalouser une personne contre laquelle elle ne pouvait lutter.

Or, Meredith Hawthorne était fière, talentueuses, rigoureuse. A dix-sept ans, elle avait toute la beauté d’une jeune femme, et une silhouette dotée de courbres renvoyant ses cadettes à leurs complexants corps d’enfants. Néanmoins, cette différence se traduisait bien au-delà de l’apparence ; son esprit, également, possédait une maturité qui la plaçait en avance par rapport à ses camarades. Un fait qu’Ophelia, à tort, ne questionnait pas. Eut-elle su, ce qui donnait à Meredith Hawthorne toute son assurance, qu’elle n’aurait pas voulu d’un tel fardeau.

C’était donc, Nicholas, qui avait approché la Serpentard. Et qui avait arrangé pour sa sœur un moment.

Elle s’y présenta le cœur battant, avec cinq minutes d’avance, mais n'osa s'approcher jusqu'à la table de Meredith Hawthorne avant l'heure convenue. Mains sur le devant de sa jupe, ne sachant trop où regarder. Jusqu’à ce que la jeune femme lève les yeux sur elle, et que le stress ressenti par sa cadette ne fasse qu’augmenter, tandis qu’elle bafouilla une entrée en matière :

« …pardon, je- je ne sais pas pourquoi Nicholas a voulu- »

Elle savait très bien, au contraire : parce qu’il aimait sa sœur jumelle, qu’il voulait pour elle le meilleur, et l’aider de la plus importante des manières.

« Si vous êtes occupée, je peux vous laisser en paix, je suis désolée que nous vous ayons importunée. »

Au stade où elle en était, fuir la bibliothèque serait un soulagement. Certes, elle n’y verrait pas plus clair sur les sorts offensifs, mais elle n’aurait, pour autant, pas subi le courroux agacé de cette fille parfaite. Ce qui semblait un bon compromis, au final.

Elle retînt son souffle, guettant un mouvement de l’étudiante, un hochement de tête, un mot, tout ce qui aurait signifié une libération. Si elle avait pensé qu’il était correct de fuir, elle aurait tourné les talons et se serait enfuie prestement. Mais Ophelia Moore avait reçu une éducation stricte, et la pleine conscience qu’une jeune femme bien éduquée doit attendre d’être autorisée à disposer, pour faire quoi que ce soit de ce genre, sans porter atteinte à sa réputation.

Ophelia Moore.
La jeune Poufsouffle et jumelle de Nicholas Moore, le Serpentard qui avait accosté Meredith Hawthorne pour une singulière doléance. Prétextant que sa copie conforme, n’aurait jamais l’audace de venir la trouver, elle. La Verte et Argent parfaite. Aux notes des plus excellentes et à l’abnégation sans faille. Celle qui se destinait à être Auror, prônait l’excellence en tant que telle. Et, conduite par une figure maternelle des plus fortes, elle y arriverait. Même si Fenella de Vermandois n’encourageait nullement ce choix de carrière. Étant donné qu’elle aurait préféré que sa fille unique rejoigne les rangs de Beauxbâtons, plutôt ce que ceux de Poudlard.

Or, la demi-Vélane était des plus têtues. Consciente à raison que cette Maison, lui convenait au mieux. Sans oublier, qu’il y avait une certaine présence qui ne la laissait nullement indifférente. Bien au contraire. Un grand Gallois, sur lequel, le regard absinthe portait tout son intérêt. Même si, la Franco-Galloise était au centre du monde, pour le sien, il n’y avait dès lors qu’un seul et unique Serpentard. Un seul jeune homme brun, pour qui les sourires rouges étaient octroyés, à raison. Et ce, depuis des nombreuses années. Cependant, à cause de cette particularité et qui faisait d’elle, ce qu’elle était … il était alors adéquat pour la fille unique de la Comtesse de Vermandois de s’en éloigner.

Même si cela était douloureux. Même si cela faisait encore plus souffrir qu’un Impardonnable. Il fallait le protéger lui, et la décision avait été prise. Non sans des maux atroces, non sans des larmes versées, que lui, n’avait jamais vues. Alors, il restait simplement un Tutoré et rien de plus. Malgré le fait qu’il irait jusqu’au bout de ses rêves, et que Meredith Hawthorne verrait Gauwain Robards à l’École Supérieure du Ministère. Là, où était sa juste place. À elle. Et à lui. Parce qu’ils avaient une voie commune. Parce qu’ils avaient ce désir commun, qui les avait rapprochés. Bien différent de tous ceux, dictés par les Sang-Purs, évoluant parmi les Serpents.

Alors, malgré tout ceci, la Serpentard était on ne peut plus curieuse de connaître la Poufsouffle. D’au moins, faire sa connaissance. Effacée au possible et toujours en retrait par rapport à son jumeau, il était peut-être assez plausible que la Jaune et Noire, ne se rende point au rendez-vous prévu. Toutefois, cela émanait du Vert et Argent en personne et refuser quelque chose à sa copie conforme n’était point dans les prérogatives de la disciple d’Helga Poufsouffle. Ce fut donc avec cinq minutes d’avance, que la préposée au tutorat se présenta. Non sans être anxieuse. Irrémédiablement anxieuse.

- Je crains que Nicholas veuille ce qu’il y a de mieux pour toi. Sa jumelle. Un sourire rouge grenat qui se voulait des plus engageants. Et qu’il a une certaine confiance en tes capacités. Ce qui sous-entendait, que son interlocutrice, ne devait nullement la décevoir. Ce qui lui serait alors, bien plus préjudiciable. Et … ne me vouvoie point. Tu peux m’appeler Meredith et tu ne me déranges point. Au contraire.

Un silence et un sourire doux, alors que d’une main élégante et raffinée, la Verte et Argent invitait la Poufsouffle à prendre place en face d’elle. Gardant une envie de ne point la faire fuir, bien que cette dernière en mourrait d’envie. Au vu de son attitude fuyante et de son regard clair, qui ne souhaitait qu’une chose : se détourner du regard absinthe qui restait focalisé sur la frêle silhouette.

- Si je suis présente en ce lieu, cela est pour une raison. Nicholas m’a demandé quelque chose et en tant que Serpentard, j’ai répondu présente. Et cela me permettra aussi de connaître cette fameuse jumelle dont il nous narre les exploits en Salle Commune des Serpentard. Un rire flûté et sibyllin. Au moins, cela lui permettait de ne point penser à un autre Tutoré. Et cela était somme toute assez parfait. De son point de vue à elle, du moins.

La jeune femme ne lui donna pas congé, pas plus qu’elle ne lui témoigna de l’agacement. Au contraire, elle offrit un sourire amical, et des propos rassurants, qui firent rougir sa cadette.

A l’invite de se montrer plus familière, elle hocha la tête, sans pour autant oser la regarder. Ce ne fut que parce qu’elle aperçut un mouvement, qu’elle eut le réflexe de lever le regard, et s’aperçut que son interlocutrice l’invitait à prendre place.

Avec docilité, malgré son inquiétude, elle suivit la consigne muette, prenant place, avec une posture qui indiquait qu’elle tentait de prendre le moins d’espace au monde. Ce qui ne sembla pas détourner la jeune femme en vert et argent de son but : honorer l’engagement pris auprès d’un camarade de maisonnée.

Elle secoua la tête, gênée.

« Je n’accomplis aucun exploit, Nicholas a exagéré... »

Qu’avait pu raconter son jumeau ? Il la voyait comme nul autre, pourtant ce regard n’était pas conforme à la réalité, car Ophelia n’avait rien d’exceptionnel ou de remarquable. L’avait-il portée aux nues par amour pour elle ? (Une vilaine voix lui soufflait qu’il avait amplifié les mérites de sa sœur pour ne pas avoir honte d’elle. Elle l’écarta parce que ces mots faisaient trop de peine.)

Si elle ne pouvait se dérober, il lui fallait affronter cette séance, et espérer ne pas paraître trop ridicule, dans un temps qu’elle espérait bref, mais qui ne le serait que si elle ne déméritait pas ou si la patience de l’élève plus âgée trouvait rapidement ses limites. Un des scénarios était plus enviable que l’autre, bien entendu, même à ses yeux.

Avec une petite inspiration imperceptible, elle expliqua, d’une voix audible parce qu’elles se trouvaient dans l’atmosphère silencieuse de la bibliothèque, un royaume de silence feutré :

« Je ne parviens pas à maîtriser les sortilèges offensifs… Le Professeur Flitwick dit que je n’en saisis pas l’essence... »

Elle aurait aisément passé sa vie sans en maîtriser un seul. Elle ne souhaitait pas les exécuter, et sans doute était-ce au coeur du problème, qui amenait chacun de ses sorts à échouer misérablement. Quand elle réussissait à les exécuter, il n’en sortait d’une faible magie, à peine de quoi étourdir un adversaire. Même les duels imposés, qu’elle avait systématiquement perdus, ne lui avaient pas permis d’avoir le déclic, malgré la douleur cuisante que lui avaient laissée certains, lorsqu’elle avait été repoussée avec un peu trop d’ardeur.

Cependant, et cela était un réel problème, il était impératif qu’elle en maîtrise au moins quelques uns, si elle souhaitait obtenir ses B.U.S.E.S. ; elle devait obtenir ce brevet élémentaire, elle n’avait pas le choix. Ses parents ne lui pardonneraient jamais, la chasseraient peut-être même du domicile familial. Pour l’envoyer dans une pension lointaine, ou de façon plus définitive. Que faire ensuite ? Qu’adviendrait-il d’elle ? Et de Nicholas ?

Elle releva ses yeux pâles vers la jeune femme assise face à elle.

« ...voilà pourquoi Nicholas a demandé de l’aide. »

Parce qu’il craignait qu’elle n’obtienne pas son diplôme, et qu’ils soient séparés. Ils n’y survivraient ni l’un ni l’autre.

Meredith Hawthorne n’avait point l’habitude de se familiariser avec les autres Maisons.
La Serpentard était somme toute solitaire, la faute à son Don. Et à ce qu’elle était réellement ou dégageait comme sensation, dès lors que l’on pouvait poser un regard des plus intéressés sur sa personne. La demi-Vélane, n’y répondait point. Feignant de ne point s’apercevoir que certains élèves au sein du Château séculaire s’enhardissaient à vouloir bien plus qu’une accointance. Ou un bonus charnel, dès lors que des salutations avaient été échangées au détour d’un couloir. Or, en ce qui concernait les élèves de sa propre Maison, la belle blonde était conciliante.

Surtout parce que l’un d’entre eux, lui importait plus que quiconque. Que ce dernier avait le mérite de faire sourire avec bien plus d’éloquence et de sentiments, le sourire rouge grenat présent sur les lèvres pleines. Gauwain Robards, parvenait à faire ce prodige. Sans pour autant s’en rendre compte ni le conscientiser pour autant. Mais, si elle était présente dans la Bibliothèque de Poudlard, cela était bien pour rendre service au jumeau Moore. Celui qui faisait ses classes dans l’éminente demeure de Salazar Serpentard. L’inverse aurait somme toute posé problème. Bien qu’en terme de Poufsouffle, Callum Pritchard était un exemple. Non seulement parce qu’il était le meilleur ami d’un certain Gallois mais aussi et surtout, parce qu’il croyait toujours en eux.

Et cela avait le mérite d’amadouer la Verte et Argent, à raison.

- Je ne crois point que ton frère ait exagéré. Il a confiance en ta personne, voilà tout. Il voit ce que toi, tu ne vois peut-être point au demeurant. Un silence. Que tu es susceptible d’accomplir certaines prouesses. Qui ne se sont peut-être point encore produites. Qui sait ? Un sourire rouge engageant et bienveillant. Pour essayer de mettre en confiance. D’établir une sorte de relation. Même si cette dernière sera des plus temporaires.

Avec intérêt et application, les prunelles vertes à la couleur peu commune détaillaient cette interlocutrice des plus éthérées. Qui mettait toujours tout en œuvre pour prendre le moins de place possible. Qu’on ne l’entende point. Qu’elle se fasse la plus discrète au sein du Château, évoluant telle une ombre entre ses murs. Mais, elle aussi, avait le droit d’être présente en ce lieu. Comme tous les élèves y étudiant. Elle n’y faisait pas exception. Même si la Franco-Galloise n’aurait jamais porté l’uniforme des descendants d’Helga.

- Je vois. À nouveau un silence, alors que les mains fines et ornées de vernis rouge, se posaient avec grâce sur la table en bois vieilli de ce lieu de silence. Tu n’en saisis point l’essence … sais-tu que pour réussir n’importe quel Sortilège, surtout ceux d’offense, il faut y injecter de l’intention. Une forme de cri du cœur. Pour celui ou celle dont tu veux défendre la vie ou toi, te protéger de celles et ceux qui sont en mesure de t’attaquer.

Une pause. Et une confession, à demi-exposée.

- Tu dois y mettre aussi ton âme. Le comprendre. Et si par malheur, tu étais attaquée … qui aurais-tu peur de perdre ? Qui te ferait sortir de ta zone de confort et ainsi réussir tes Sortilèges offensifs ? Un pincement des lèvres pleines et rouges. En ce qui me concerne, cela est pour un jeune homme. Pour lequel, j’attaquerais sans sommation, s’il s’avérait être en danger. Qu’il encourt un risque de perdre la vie. J’attaquerais.

Une œillade verte absinthe déterminée et une caresse de bout de ces mêmes doigts jolis sur l’avant-bras de la Jaune et Noire. Non sans se départir de cette bienveillance, dans chacun des sourires rouge grenat intenses. Parce que son interlocutrice possédait une copie conforme, n’est-ce pas ? Et celle-ci devait être tout autant protégée que cette dernière se trouvant en face de la belle blonde. Cela était une question de principes.

- Je comprends le désir de Nicholas. As-tu peur de le perdre ? L’interrogation était somme toute assez abrupte, mais au moins, aurait-elle le talent de faire réagir la jeune femme des plus timorées.

Les mots de la Serpentard était doux, confiants. Mais Ophelia n’avait pas la force de partager cette confiance. Elle avait reçu trop de regards méprisants, trop de mots lui disant qu’elle était fille de peu. Le sourire rouge avait beau affirmer, sans doute possible, il demeurait en elle l’écho d’autres heures et d’autres situations, comme un fantôme qui aurait jeté un drap glacé autour de la silhouette pâle. Cependant… Rien ne disait que sur le long terme, ce sourire, cette confiance, n’éclorait pas dans le coeur fragile. Telle une graine qui aurait été plantée à l’hiver et produirait, bien plus tard, une fleur aux couleurs vives.

Pour l’heure, la jeune fille mal à l’aise et incertaine espérait trouver une clé pour réussir des examens. Cela serait déjà une victoire en soit, si elle réussissait cette simple tâche, que d’autres accomplissaient avec aisance. Une autre graine, qu’il fallait semer.

Meredith Hawthorne écouta l’exposé du problème, et sembla instinctivement comprendre la difficulté principale. Mettre les mots sur ce qui représentait le blocage. Avec intelligence, elle en fit l’analyse, et, avec des mots qu’Ophelia devinait choisis soigneusement, offrait une piste de solution. Adaptée à une Poufsouffle loin d’être combative.

Elle observait la jeune femme, de ses grands yeux pâles, tentait d’absorber chacun de ses mots, de les comprendre pour qu’il résonnent en elle. Un changement de point de vue.

« ...comme si l’attaque était en réalité la défense ? »

Elle avait interrogé d’une façon hésitante, mais elle était presque certaine d’avoir compris le renversement que lui proposait la jeune fille plus âgée.

Celle-ci poursuivait sa démonstration, sa logique, et la poussait dans des retranchements, la forçait à des confessions qu’elle n’avait pas trop de mal à livrer, parce que son coeur était certain de cette affirmation.

« Nicholas. Il est… nous avons toujours été ensemble. »

Et ils le seraient toujours. Il ne pouvait en être autrement.

La surprise se peignit sur son visage, lorsque son aînée se hasarda à une confidence inattendue. La laissant les yeux écarquillés de surprise.

« ….ton petit ami ? »

Ca n’avait que peu à voir avec la leçon, en réalité. Mais elle n’avait pu s’en empêcher. Les couloirs bruissaient de rumeurs, concernant Meredith Hawthorne, et la principale tournait autour du fait qu’elle ne fréquentait aucun garçon, et que malgré les regards qui s’égaraient immanquablement dans sa direction, elle n’avait jamais officiellement eu de petit ami. Mais peut-être- Les uns et les autres s’étaient-ils mépris ?

En réalisant ce qu’elle venait de demander, ses joues rosirent. Elle bafouilla une excuse, secouant la tête. Cela ne la regardait pas. Et cependant aucun crime n’avait été commis, puisque la conversation continua, à l’initiative de la Préfète en chef. Vers des sujets bien plus douloureux.

La Poufsouffle baissa les yeux, se triturant les mains.

« Sans lui, je n’existerai plus. Sans lui, je ne voudrais plus vivre. »

C’était des termes forts, mais qui disaient l’interdépendance des deux jumeaux. A deux ils étaient entrés dans ce monde, dans cette existence. A deux ils en repartiraient.

Même si les Poufsouffle n’avaient que peu d’égard pour Meredith Hawthorne, en ce qui concernait Ophelia Moore, cela était peut-être en train de se modifier.
Parce qu’elle était la copie conforme de Nicholas Moore. Le Serpentard, qui lui avait fait promettre d’aider sa jumelle. Parce qu’elle ne parvenait point à produire des Sortilèges impactants et que celui-ci s’inquiétait pour elle. Car s’ils demeuraient séparés, il en mourrait. Et en cela, la demi-Vélane le comprenait aisément. Même si elle ne faisait point état de ce fait et de toute manière, cela ne regardait personne. À part le principal concerné, qui lui, n’était point au courant de toute façon.

Peut-être, était-ce mieux dans un sens ? Qu’il n’en sache rien ? Que le cœur de la belle Franco-Galloise se mortifiait à raison pour lui ? Que le Sacrifice eût été tellement abrupt qu’elle en souffrait mais qu’il en valait la peine ? Lui et seulement lui. Parce que les autres n’avaient dès lors aucune importance et qu’elle n’en avait cure. Parce qu’au plus profond d’elle-même, cela avait été Gauwain Robards. Envers et contre tous. Ou tout. Ou les deux. Mais, l’interrogation ne se posait plus vraiment. Car ce n’était point son beau visage de Gallois, qui était en face de la Verte et Argent. Une autre tutorée avait pris élégamment sa place et dont il fallait prouver à la meilleure disciple de Salazar Serpentard, une certaine abnégation.

- Comme si l’attaque était en réalité la défense. Comme si finalement, tous les sorts lancés ne se résumaient qu’à une seule catégorie. Or, tu dois être convaincue de ce que tu feras à cet instant. Tu dois être sûre et certaine de ton choix et l’énoncer avec conviction. Sinon, ton Sortilège ne fonctionnera point et tu te retrouveras impuissante. Et en perte de contrôle. Cela était évidemment pour elle. Pour la fille unique de la Comtesse de Vermandois qui était sûre et certaine d’un élément dans son existence : si le Serpentard d’une année en-dessous d’elle venait à être blessé, elle en perdrait son flegme.

Comme présentement. Alors que son interlocutrice lui certifiait que sans son Nicholas, elle était perdue. Qu’ils avaient toujours été ensemble. De l’aube sûrement, jusqu’à la finitude. Ensemble. L’impact d’un autre questionnement sur les traits parfaits de celle qui se destinait à être une Auror implacable, survint avec ces propos d’une trivialité déconcertante. Si certaines se réjouiraient avec aisance d’apporter quelques précisions, pour la demi-Vélane, cela était tout l’inverse. Un petit ami … elle aurait adoré. Elle aurait aimé lui tenir la main dans les couloirs de Poudlard, s’embrasser sans nul arrêt dans leur Salle Commune. Partager cette première fois avec lui. Ou lors du dernier bal de Yule, auquel, elle n’assisterait point.

Dans un autre univers, il aurait été son petit ami ou son fiancé. Mais nullement ici, car cela était bien trop compliqué et complexe. Bien trop douloureux pour être susurré. Apporter au moins quelques bribes d’explications pour que ce genre de formulations de ne se reproduise plus et qu’elle n’y soit plus confrontée, la Verte et Argent. Qu’elle n’ait plus à y répondre. Parce que cela ravivait les lames chauffées à blanc qui pénétraient son cœur et son âme. Et qu’elle, elle ne voulait plus revivre cela. Plus jamais.

- J’aimerais. Mais cela est complexe et compliqué. Gauwain est … Un silence, parce que le prénom avait été mentionné, sans qu’elle n’y prenne garde. Que cela octroyait une réalité. Et une identité. Je comprends ces termes, Ophelia. Vous êtes liés. Peu importe ce qu’il peut advenir de vos essences. Et, donc tu comprends parfaitement où je veux en venir … quand je te dis que tu dois te battre efficacement pour celui que tu aimes. Ton jumeau. Celui dont tu ne veux point être séparée. Un sourire rouge tendre et bienveillant. Les personnes que tu aimes, tu dois être en mesure de les défendre. Quitte à être blessée ou à donner ta vie. Cela est ce que je ferais pour Gauwain Robards, sans nulle hésitation.

Toutefois, il était inutile que la belle blonde le précise verbalement. Même si la jolie colombe en face d’elle le pressentait, la Franco-Galloise ne souhaitait point entrer dans les détails. Elle en avait déjà trop énoncé, de toute manière. Et en cela, cela était dommageable.

Le renversement psychologique opéré par Meredith Hawthorne était très certainement la seule approche qui pouvait convaincre Ophelia Moore d’attaquer un autre être vivant. Et cependant, lorsqu’elle souligna son propos, insista sur le fait que la jeune fille ne devait avoir absolument aucun doute, l’hésitation revint sur le beau visage pâle. L’hésitation, quant à la résolution et l’absolu dont elle saurait faire preuve. Elle baissa ses yeux clairs et se tritura les doigts en hochant la tête.

« Je vais essayer… »

C’était tout ce dont elle se sentait capable : promettre d’essayer, non pas assurer avec confiance, certifier qu’elle serait une sorte de guerrière à l’engagement radical. Elle visualisait, pleinement, l’image de Nicholas, en péril, peut-être pire, et son cœur se mit à battre plus fort encore, d’une inquiétude terrifiée.

Elle perdait un peu de vue que pour l’instant, il n’était question que d’une pratique en cours, avec des professeurs ; l’image de son jumeau menacé s’imposait à elle, comme un Epouvantard qu’elle génèrerait spontanément.

Elle ne s’en trouva détournée que par la mention du prénom d’un garçon, entre les lèvres de la Serpentard si magnifique, si solaire. Quelques instants, Ophelia garda le silence, avant de souffler, avec douceur :

« Il doit t’aimer. Tous les garçons t’aiment… »

C’était une vérité, non ? Tous les garçons la regardaient avec une lueur particulière dans les yeux. Ce garçon là ne pouvait être différent, c’était une certitude. Et il était étonnant que Meredith, la principale concernée, ne soit pas consciente de cet état de fait. Quel que soit le garçon qui aurait ses faveurs, il lui suffirait de tendre la main, d’effleurer son épaule, et il serait conquis.

Le sujet était-il tabou ? La Serpentard revînt sur la question de l’entraînement, reprit ses conseils, avec une flamboyance déterminée, qui ne souffrait pas d’hésitation. Sa cadette eut un imperceptible frisson, elle plus mitigée, plus tendre. Avec ses gestes mesurés et sa voix qui s’effaçait. Mais la jeune femme lui parlait de la mort de ses proches, de Nicholas, et cette idée était insupportable, lui faisait monter les larmes aux yeux. Il lui fallait trouver en elle les ressources.

Peut-être… peut-être y avait-il quelque chose, qu’elle pouvait utiliser ?

« ….parfois…. je fais du tir à l’arc. Je ne suis pas mauvaise. »

Aussitôt qu’elle eut prononcé ces mots, elle regretta. La jeune femme trouverait-elle cette contribution stupide ? Ou conviendrait-elle qu’il y avait là matière à s’aider, mentalement ? Elle releva ses yeux clairs vers elle, avec hésitation, attendant de voir l’effet que tout cela produirait. Le tir à l’arc était bien le signe qu’elle pouvait se concentrer, n’est-ce pas ? Elle appréciait le tir à l’arc parce qu’elle en faisait une chorégraphie, qu’elle se vidait l’esprit lorsqu’elle préparait son matériel pour s’entraîner, dans un silence rassurant, que ne venait briser que le sifflement de l’air. Elle ne décochait ses flèches que sur des cibles inanimées, mais… qu’adviendrait-il s’il en était autrement ? Serait-elle plus à l’aise qu’avec la magie, ou cela ne changerait-il rien au problème ?

La Serpentard avait pour habitude, -et celle-ci était bien ancrée dans son esprit-, de ne point se mélanger aux autres Maisons. Notamment, les Poufsouffle.
Or, parce qu'il y avait là tout de même, une certaine loyauté entre les Serpents, la belle blonde avait répondu par l'affirmative quand il s'agissait d'aider la sœur ou plutôt la jumelle, de l'un de ses camarades portant les mêmes couleurs. Nicholas Moore, n'étant pourtant point un ami proche, cependant. Mais, une connaissance de la demi-Vélane au sein de cette maisonnée, dont ils partageaient les valeurs intrinsèques.

Ophelia Moore, quant à elle, était bien plus effacée par rapport à celui qui était connu pour avoir un verbe légendaire pour se sortir de situations inextricables. Cependant, si cette logorrhée verbale mise à profit, lui était inutile lors d'un évènement dont il ne saurait se soustraire ? Sa sœur, serait alors dans l'obligation manifeste de l'aider. Sans ciller. Sans faillir. Là, était la noblesse d'âme, n'est-il pas ? Pour ceux et celles qu'on aimait. Ceux et celles, pour qui un choix sacrificiel avait été fait en amont, et qu'il fallait dès lors accepter, au plus profond de son esprit et de son cœur.

Ici, se trouvaient la résilience et la force. Dignes à elles seules, d'une grandeur d'âme magnifique.

- Bien. En plus de l'énoncer, il faudra le faire Ophelia. Le ton était toujours quelque peu autoritaire, mais il s'y terrait un sourire, le rouge. Celui-là même, qui était d'une intensité vive et que la future aspirante Auror n'octroyait qu'à peu d'individus en réalité. Malgré que ce dernier disparaisse prestement. À l'évocation d'un certain jeune homme et Serpentard de son état. Et qui ... rendait le regard vert absinthe porteur d'une lueur singulière. Cela est compliqué. Et tous les garçons ne m'aiment pas. Cela est une illusion.

Rester évasive, sans entrer dans certains détails qui pourraient lui porter préjudice, à celle qui faisait tourner toutes les têtes masculines. Meredith Hawthorne connaissait les jalousies, les murmures de jeunes demoiselles éconduites, qui se faisaient sur son passage dans les couloirs de Poudlard. La manière dont la gente masculine, lui déclamait des odes ou s'attardait dans des compétitions triviales et idiotes, qui seraient susceptibles de l'impressionner, elle. Cependant, elle n'en avait cure. Car, dans le Château de pierres séculaires, il n'y avait bien qu'un seul jeune homme dont elle voulait partager l'âme, le cœur et le corps.

Mais cela lui était désormais impossible.

- Du tir à l'arc ? L'amorce de cette discipline était une parfaite idée pour changer de sujet. Celui concernant Gauwain Robards, que Meredith Hawthorne ne voulait nullement approfondir. Parce que cela était douloureux malgré tout, et qu'il était hors de question qu'elle y pense. À cet instant, du moins. Et ma foi ... que ressens-tu au moment de bander ton arc et de tirer tes flèches ? Soudainement, un intérêt pour cette jeune femme timorée portant les couleurs jaune et noire, de cette Maison que la fille de Fenella de Vermandois ne contemplait pas vraiment. Serait-il possible de t'entraîner sur des mannequins animés par magie ? Parce que je suppose que pour l'instant, ils demeurent inanimés, n'est-il pas ?

En cela, la Franco-Galloise ne pensait nullement se tromper en énonçant ces dires qui étaient plus une affirmation claire et précise, qu'une interrogation polie.

Etait-ce un des talents de son aînée arborant les couleurs d’émeraude et d’argent ? La jeune Poufsouffle se sentait toujours hésitante et peu méritante, mais lorsque son aînée énonça cet ordre, elle hocha la tête, avec un peu d’hésitation, mais avec la conviction qu’elle prenait ici un engagement moral. D’au moins essayer. D’au moins…. Tenter, de s’améliorer en cet aspect, si ce n’était pour elle, au moins, pour ceux qu’elle aimait. Pour Nicholas.

Fallait-il y voir une forme de subtile transformation ? Comme si elle lui insufflait la force d’être une meilleure version d’elle-même, parce que la Préfète l’avait décidé, et que la force de cette Volonté était telle qu’elle changeait le monde. Qu’elle refusait l’échec, et que si Ophelia devait ignorer son message, ce serait une forme de raté, qu’elle ne tolérerait pas.

Et cependant, malgré la force intérieur de la jeune femme, son regard se troubla. Son assurance se craquela, et il y eut une souffrance, passagère, dans ses yeux verts. De cela, Ophelia fut aisément convaincue, et étonnée. Elle ne souhaitait pas s’opposer frontalement à celle qui lui avait tendu la main, acceptant de répondre à la demande de son camarade de maison. Et cependant, cette peine la toucha.

Avec un rosissement, sans oser lever les yeux, elle vint déposer une main légère comme une tendresse, sur celle de l’élève plus âgée.

« Ils te regardent tous, et je ne crois pas qu’il y ait ici un élève qui ait dit du mal de toi. Je ne connais pas le garçon que tu aimes. Mais…. Je crois que tu ne dois pas avoir peur. Tout le monde t’aime. Ou voudrait être toi. »

Elle réalisa ce qu’elle venait de dire et retira vivement sa main, avec embarras, se sentant à nouveau stupide et dérisoire, se recroquevillant sur elle-même.

Sans doute ne pourrait-elle faire pire, dans le reste de cette conversation. D’autant que…Meredith Hawthorne ne se moqua pas, lorsqu’elle évoqua le tir à l’arc. Au contraire, elle parut intéressée, contemplant cette information comme sous une lumière nouvelle. Ophelia, un peu perdue devant l’attention qui lui était témoignée, chercha ses mots, inspirant délicatement.

« Je ne sais pas, je dirais que- Que je me vide l’esprit, lorsque je manie l’arc. C’est comme des mouvements dansés, mais en plus satisfaisant, en plus ancré dans les sens et la matière ? Comme si je me sentais à l’unisson avec l’univers ? »

Ce n’était peut-être pas exactement la réponse que son aînée avait attendu. Sans doute, avait-elle espéré un discours de combattante, de guerrière, qui aurait souhaité utiliser son arc en arme et non en outil de libération. Ophelia avait expliqué de son mieux, et peut-être n’avait-elle fait que montrer qu’elle était sans espoir. Ou bien… ?

« Peut-être ? ….si je demandais à Nicholas ? »

Car oui, la jeune femme ne se trompait pas. Tout était figé, lorsqu’Ophelia tirait ses traits. Les cibles restaient, sagement à leur place, il ne s’agissait pas d’un exercice de réflexe ou de précipitation.

« Est-ce que tu saurais, toi, enchanter un mannequin ? »

Sa vis-à-vis était pour le moins touchante dans son âme et dans ses gestes, toujours empreints d'une timidité qui n'était point feinte.
Ophelia Moore était sensiblement différente de son jumeau. Là où Nicholas Moore brillait par son impertinence, sa copie conforme elle, n'était que politesse effacée. Le Serpentard brillait, à l'instar de la Poufsouffle qui elle, restait en retrait. Mais qui, possédait de belles valeurs. Celles de défendre avec le cœur et l'âme, ceux qui lui importaient. À commencer par ce frère, présent dans la même Maison que Meredith Hawthorne et qui ne s'était point privé pour faire cette doléance.

Alors, seulement mûe par une camaraderie qui pourtant faisait cruellement défaut aux Verts et Argent, -cela était de bien mauvais préjugés soufflés dans les autres maisonnées-, la demi-Vélane s'empressa d'accepter. Même si la Jaune et Noire était en passe de voir cette peine sourde qui animait à tort son regard couleur de fée verte. Et, cette affliction n'étant destinée qu'à un être en particulier. Qui lui, n'était point au courant de ce qui se tramait dans l'esprit et le palpitant de cette jeune femme blonde qui s'était alors sacrifiée pour lui. Ce fut une main douce et salvatrice qui la tira de ses pensées moroses momentanément. Le genre d'effleurement ténu, qui fit sourire fugacement la belle blonde.

Jusqu'aux propos énoncés par la jumelle Moore qui eurent tôt fait de lui faire froncer ses beaux sourcils et s'armer d'un masque d'indifférence, à nouveau.

- Ils me regardent tous. Et cela provoque de la jalousie chez tes comparses. Je le sens et je ne le sais que trop bien. Le garçon que j'aime pourtant éperdument n'en a point conscience et ne le saura probablement jamais. Et ... crois-moi, personne ne voudrait être moi.

Les derniers mots avaient été persifflés. Soufflés avec un certain déterminisme. Un état de fait avéré. Personne ne voudrait voir son seul et unique Amour disparaître, Ophelia Moore la première. Fort heureusement, le sujet bifurqua sur ce quelque chose qui coûtait bien moins à celle qui se destinait à devenir la meilleure Auror de sa génération, en ce monde. Parler des ressentis de sa camarade était bien mieux. Bien moins personnel. Et surtout, cela servirait probablement à l'une des descendantes de Salazar Serpentard. Assurément.

- Je vois. Cela est alors une discipline fort charmante. Que tu sembles aimer et pratiquer avec art. Et, je te remercie pour tes explications qui me permettent de mieux visualiser cet état de fait. Un silence. Je suis présente. Il n'y a nul besoin de demander à ton frère. Et, il est certain que je sais enchanter un mannequin. Un autre silence avant de ranger ses affaires avec expertise et calme. Il me semble que nous avons du temps devant nous. Alors ... je peux te proposer un entraînement personnalisé dans la Salle sur Demande. Tu n'es point obligée d'accepter évidemment. Elle est présente dans le Château. Autant nous en servir à bon escient. Ne penses-tu pas ?

Cet instant de grâce qui avait existé venait de s'achever, aussi abruptement qu'une bulle de savon aurait éclaté. Le moment en avait eu la grâce, la beauté légère. La fragilité, aussi. Elle garda les yeux baissés, devant l'évident froid qui avait pulsé soudain dans la réponse de sa camarade plus âgée, l'amertume agacée dans chacun de ses mots.

Doucement, elle secoua la tête.

« J' aimerais avoir ton assurance, Tes talents. Ta beauté. Je ne suis pas la seule. »

Ces mots, qu’elle pensait en son âme, elle ne trouva pas la force de les énoncer. Ils ne firent que s’élever dans son âme. A la place, d’entre ses lèvres, vinrent éclore d’autres mots :

« La jalousie est de l'admiration pervertie par l'envie. »

Ils étaient à peine audibles, les confessions d'une ombre timide, qui peinait toujours à livrer sa voix , par son peu d'habitude. Elle était tendue, figée par son erreur qui avait de façon très claire fait se renfermer sa compagne de travail. Au moins Meredith ne l'avait- elle pas chassée, au moins n'avait - elle pas interrompu leur session. Ophelia n’aurait pas à éprouver la honte d’avoir échoué, n’aurait pas à confesser à Nicholas qu’il avait oeuvré pour rien et qu’elle n’avait pas été digne du temps qu’il avait perdu pour elle. Non, Meredith ne l’avait pas renvoyée. Elles avançaient, petit à petit.

Comme pour ramener un peu d’espoir, il lui semblait, à mesure qu' Ophelia répondait aux questions de son aînée, que son regard vert s'adoucissait. Au point que Meredith Hawthorne proposa son aide à un point que la discrète Ophelia n'aurait jamais osé imaginer. Le regard clair s'écarquilla. Seul bémol : elle ne connaissait pas la salle dont l'élève de Serpentard, parlait et, face à cette nouvelle lacune de sa part, elle s'empourpra.

Etait-ce une connaissance commune qu'elle était censée posséder ? Ou un espace réservé aux seuls Préfets ? Peut-être aux élèves de Serpentard ? Quoi qu’il en soit, il lui fallait confesser cela.

« Je... j'ignore où se trouve cette salle. Mais... si elle s'y prête... et si ça ne te dérange pas... ? Oui. Oui, je... »

Meredith proposait-elle réellement d'y aller maintenant ? Avec hésitation, la jeune fille commença à ramasser ses affaires.

Mieux valait agir dans l’énergie du moment, avant qu’elle ne réalise ce qu’il se passait, qu’il allait lui falloir pratiquer, risquer de trahir de façon éclatante, à quel point elle manquait de talents dans toute cette géométrie magique. Mieux valait se laisser porter, sans quoi elle risquait, après des heures passées à appréhender la venue de ce moment d’entraînement, de renoncer, d’annuler sa présence, pour ne pas risquer de se rendre ridicule. La théorie, les conseils, étaient déjà un cadeau suffisant, qui peut-être suffiraient à ce qu’Ophelia progresse ?

Non, décidément, puisqu’elle n’avait pas encore réussi à visualiser ce que serait cet instant d’entraînement pratique, mieux valait ne pas laisser refroidir le chaudron. Ne pas laisser la colombe réfléchir plus que de raison.

Comment les jumeaux Moore pouvaient-ils être à la fois si semblables et si différents ?
Cela était la pensée de Meredith Hawthorne, lorsque son regard à la couleur de fée verte contemplait cette comparse qui n'était que discrétion. Là, où Nicholas Moore, lui, brillait par ce caractère de Vert et Argent qu'il portait naturellement comme étant une seconde peau. Cela devait être lui, qui devait mener la danse gémellaire, n'est-il pas ? Ou alors, la Poufsouffle occultait, ce qu'elle pouvait être réellement ? En cela, celle qui se destinait à être une future Auror engagée et prometteuse, n'y croyait pas une seule seconde.

Cependant, Ophelia Moore faisait-elle partie de ces âmes jalouses qui marchaient dans les pas de la demi-Vélane ? Ou était-elle singulière ? Sensiblement intéressée par connaître la Franco-Galloise qui possédait bien peu d'amies et tout aussi peu d'alliées de la gente féminine en ce monde, car bien trop habituée à susciter l'envie. Alors, où se plaçait la Jaune et Noire ? Quel était son fil de pensée ?

- M'envies-tu ? Fais-tu partie toi aussi, de ces âmes et de ces cœurs qui m'envient ? Ou ... es-tu assez différente pour vouloir converser avec moi et me connaître ? Les interrogations, étaient somme toute assez rhétoriques, n'est-il pas ? Et, peut-être que l'effacée jumelle, n'y apportera aucune réponse ? Or, il y avait bien mieux à faire en cet instant.  

Comme aider cette jeune étudiante en détresse, qui ne demandait alors qu'à se révéler ? L'emploi temporaire d'une Salle sur Demande serait envisageable même si cette dernière demeurait une légende. La fille unique de la Comtesse de Vermandois était persuadée que certaines palabres entendues dans la Salle Commune des Serpentard étaient le témoignage d'une véracité hors norme. Même si, la jeune et belle blonde restait prudente. Toujours. Cela était la résultante de l'éducation de Fenella de Vermandois et de sa propension à n'être qu'une Créature parmi les rangs du Ministère de la Magie.

Néanmoins, cet état de fait empêchait nullement la demi-Vélane de conduire son acolyte jusqu'au septième étage devant une tâpisserie étonnamment burlesque, témoignant d'une tentative éhontée de Barnabas le Follet, de vouloir apprendre la danse classique à des Trolls. Pinçant ses lèvres pleines et rouges, la Verte et Argent savait qu'il fallait passer devant cette dernière, trois fois. Tout en pensant, à ce que l'on désirait le plus au monde. Évidemment Gauwain Robards, fit une apparition fugace dans l'esprit de la belle blonde. Présence éthérée, qu'elle chassa prestement d'un revers de main.

Il ne l'aimait point.
Et, ne l'aimerait jamais de toute manière.
À quoi bon, y penser sans cesse ? Si ce n'était tout simplement pour se geler le cœur ?

- Si cette dernière n'apparaît point, il ne nous restera plus qu'à trouver un autre lieu. Le Parc du Château, sera-t-il à ta convenance ? En revanche, je souhaiterais qu'il y ait le moins de public possible. La concentration doit être de mise. Et, il est interdit, d'avoir, ne serait-ce qu'une légère distraction. Me comprends-tu, Ophelia ? Trouver un moyen de rebondir, cela était de bonne augure, pour celle qui se destinait à œuvrer parmi les plus grands. Ceux qui traquaient les Mages Noirs. Au péril même de leur vie.