Respire tout vas bien, on est ensemble.

J'étais revenu de chez Nox en proie à la plus grande agitation. J'avais peur que rien, jamais, ne nous permette de nous réconcilier et de devenir la fratrie forte et soudée que j'aurais souhaité que nous soyons. Je faisais les cents pas dans le salon sous l'œil inquiet de Cervo qui n'avait pas l'air de savoir quoi faire de son être. Depuis deux jours, lui et moi étions seuls ici. Depuis que des intrus avaient nuitamment forcé les défenses du manoir j'avais trouvé plus judicieux d'envoyer femme et enfant chez mes beaux parents le temps de fortifiées mes sortilèges de protection. Il n'y avait eu qu'un vase volé au premier abords et sans doute quelques autres babioles dont je n'avais pas encore remarqué l'absence. Je jetais a l'elfe un regard froid puis lançais.

" Et bien on a sonné ... Faut-il que j'aille ouvrir moi-même ?"

La créature traîna sa hideur jusqu'à la porte avec diligence et j'entendis Julius le saluer brièvement après qu'il lui eût ouvert. Nous avions parlé de mes inquiétudes concernant mon frère la veille et je me doutais qu'il serait là ce soir. Je continuais d'arpenter le salon en large et en travers quand il entra enfin. Visiblement inquiet lui aussi.

« Bonsoir toi, alors tu as pu voir ton frère ? Ça va ? ».

Mon premier réflexe fût de sauter auprès de lui sur le sofa pour obtenir un peu de réconfort mais depuis que j'avais compris de qui mon frère tenait ses si vilaines blessures et que des intrus avaient pénétré chez moi je ne savais plus a qui faire confiance. Je me stoppais donc net, les mains posées sur le dos d'un fauteuil en velours cramoisi pour m'empêcher de tourner nerveusement de tourner en rond et de prendre Julius dans mes bras trop rapidement. Il était le seul de mes amis avec lequel je me permettais ce genre d'effusion et de familiarités. J'allais lui demander pourquoi il était là exactement mais il sortit de sa poche un paquet de nounours en guimauve mordeur, mes friandises préférées. Était-ce un hasard ? S'en était- il souvenu ? Comptait-il m'amadouer en me gavant de sucre avant de plaider la cause de Lestrange ? J'aurais dû être flatté qu'il se soit souvenu de mes bonbons favoris mais mon regard suspicieux s'intensifia encore un peu lorsqu'il expliqua.

« Tu as besoin de réconfort donc je me suis dis que des sucreries seraient bienvenue. »

J'avais la très désagréable sensation que ma mère allait surgir de n'importe où à l'instant même ou l'une de ces douceurs sucrées toucherait mes lèvres et je n'aimais pas qu'il se soit senti obligé de trouvé quelque chose pour m'apaiser avant de me parler. Rodolphus avait attaqué mon frère et il était là en émissaire pour adoucir mes envies de revanche avant qu'elles ne germent. A présent j'en étais sûr. Un instant je me demandais si j'aurais attaqué Rabastan si c'était lui qui était venu chez moi alors que ma femme et mon bébé y etait. Non, certainement ne l'aurais-je pas fait.Mon ton était étonnamment froid lorsque je repris la parole. Plus froid que je ne m'y étais attendu et ça me surprit moi-même.

" Tu ... Espères me convaincre avec des guimauves ?"

Je lui jetais un regard que malgré tout mes efforts je n'arrivais pas à rendre moins dur.

'Si tu viens de la part de Rodo tu peux repartir d'où tu viens ET LUI DIRE D'ALLER SE FAIRE FOUTRE !!! "

J'avais presque hurlé la dernière phrase et je ne savais même plus après qui exactement j'en avait. Après Nox de s'être fait prendre ? Après Rodolphus d'avoir torturer mon frère, après Julius qui tentait sûrement d'arrondir les angles ou bien apres moi même d'avoir eu a choisir entre mon frère et mon ami.

Julius a tout de suite compris que Lucius va vraiment mal. Lui qui d’habitude se montre vraiment affectueux à son égard le voilà qu’il se fait plus raide dans ses mouvements et surtout se maintient au dossier d’un fauteuil comme pour ne pas l’approcher. Julius l’observe en fronçant les sourcils, alors que tant d’émotion défile sur le visage de son meilleur ami. Il ne se souvient pas de la dernière fois qu’il a vu son visage changer autant en si peu de temps, peut être pour la naissance de Drago et ce n’était pas le même spectre d’émotion. C’était plus agréable de le voir faire ça quand c’était pour la joie, l’émotion de voir son petit garçon venir au monde. Là c’est pour la peur d’avoir failli perdre son frère et c’est plutôt la colère qui domine. Il se demande s’il a bien fait de venir le voir.

« Pardon qu’est ce que tu me racontes encore ? Je savais que t’allais voir ton frère et je t’ai promis de venir donc évidemment que je ne viens pas les mains vides. »

Prévu, pas prévu il a toujours un truc pour Lucius sur lui. Bon c’est vrai que là, il a vraiment tout fait pour ramener tout ce que Lucius aime en friandise. Il y en a certaine qui sont bien difficile à trouver vu comment son ami est snobe avec la nourriture. Et là, il lui parle de chose étrange comme de tenter de l’acheter pour il ne sait trop quoi. Il lève un sourcil à sa phrase suivante.

« Tu me parles troll mon ami, je ne comprends rien de rien. Qu’est ce qui se passe avec Rodolphus ? Moi je vais dire que dalle à qui que ce soit. Là je suis venu pour te voir toi et éventuellement parler de ce que tu as sur le cœur en mangeant, parce qu’on est meilleur pote. Et puis hier je t’ai promis de venir donc tu savais que je serai là. »

Ou pas vraisemblablement, il a oublié la conversation d’hier. Et ça fait poser milles questions à Julius qui se demande ce que Nox lui a dit. Il fait une moue en déposant le paquet de bonbon sur une table proche de lui avant de se lever. Il s’approche de Lucius et sans le prévenir l’enlace en signe de pur soutient et présence, parce que c’est ce dont il a besoin et qu’ils ont toujours fonctionné ainsi.

« Je suis là pour toi Lucius. Toujours. »

Il lui offre un grand sourire avant de s’éloigner de lui. Il revient prendre son paquet de bonbon -le premier sorti, mais pas le seul- et le met sous le net de Lucius en secouant un peu pour qu’il sente l’odeur et voit un peu ce qu’il y a dedans. Il a un petit sourire malicieux aux lèvres, ce genre de sourire qui sont sa marque de fabrique et qu’il partage avec Lucius si facilement.

« J’ai galéré à trouver les sucreries que tu aimes Lulu. »

« Pardon qu’est ce que tu me racontes encore ? Je savais que t’allais voir ton frère et je t’ai promis de venir donc évidemment que je ne viens pas les mains vides. »

Bien sûr il savait que j'allais voir Nox aujourd'hui puisque je lui en avais parlé la veille. Bien sûr, il savait que ces sucreries en quantité astronomique et grotesque allaient me remonter le moral. Enfin y aider, mais je n'arrivais pas encore à m'enlever de la tête l'impression qu'il me cachait quelque chose. J'avais l'impression qu'il en savait plus que moi et ça me rendait fou. Mes longs doigts marquaient nerveusement un rythme rapide sur le velours alors que j'essayais de déterminer ou encore je me faisais avoir. Je me sentais trahi, abandonné et repoussé par tout le monde et j'avais peur que lui aussi.

« Tu me parles troll mon ami, je ne comprends rien de rien. Qu’est ce qui se passe avec Rodolphus ? Moi je vais dire que dalle à qui que ce soit. Là je suis venu pour te voir toi et éventuellement parler de ce que tu as sur le cœur en mangeant, parce qu’on est meilleur pote. Et puis hier je t’ai promis de venir donc tu savais que je serai là. »

Je ne répondis pas tout de suite. Je tentais de garder mon calme. Perdu entre l'envie de lui en balancer une dans le museau et celle de pleurer dans ses bras. J'avais souvent cette espèce d'ambivalence quand il était dans les parages. Sa présence à mes côtés me réconfortait autant qu'elle me mettait mal à l'aise. Et ce soir bien plus encore que d'habitude. Était-ce dû à la frustration ressentie avec mon frère ? A l'absence de ma famille nucléaire ?De ma femme ? Je pris le ton le plus neutre possible dans la circonstance pour répondre en serrant les mâchoires.

" Tu ... Tu me demandes a moi ce qu'il m'a fait Rodolphus ? Il m'a fait qu'il est parti !! Et que quand ça lui retombe sur le coin du nez il s'en prend a mon frère. Mais tu le savais déjà n'est ce pas ?"

Je souris pourtant presque malgré moi pourtant quand il affiche un sourire et me secoue le paquet de nounours en guimauve sous le nez.

« Je suis là pour toi Lucius. Toujours. J’ai galéré à trouver les sucreries que tu aimes Lulu. »

J'avais horreur qu'il m'appelle Lulu, j'avais horreur de cette manière de détourner mon attention, surtout parce qu'elle avait le mauvais goût de fonctionner. J'attrapais un nounours et lui mordis rageusement la tête avant qu'il ne me morde. C'était ça le jeu avec ces friandises que j'adorais. Je savourait le sucre, dont ma mère m'avait si longtemps privé enfant, sur ma langue. Il me rendait dingue avec son sourire insouciant mais il avait raison. Le sucre m'appaisait..

" Arrête de rire comme un idiot la ! Tu m'énerve nom d'un troll !"

Le ton n'était déjà plus du tout le même et le sourire revenait peu à peu après cette difficile journée et ça faisait un bien fou.

" Bon... Merci Jul. Merci pour tout ça. Je l'avais designer d'un geste vague lui et ses bonbons. " La journée a été rude. Je te demande pardon. Nox est mal et j'arrive pas à l'aider ...si tu savais ce que ça me fait mal !"