Oiseau tombé du nid [Alastor/Tahia]

Les premières heures après l'opération avaient compté clairement parmi les pires de ma vie. Je m'étais pourtant fait à l'idée que j'allais souffrir physiquement mais je n'avais pas imaginé un instant (ou alors un instant bien trop court ) la douleur émotionnelle, cette sensation d'être diminué, amoindri et tant d'autres synonymes. En fait si, je l'avais imaginé, sans penser qu'elle me toucherait. Se laisser impressionner par une blessure, c'était pour les autres. Pas que je me pense supérieur, au contraire. Il faut avoir un peu d'estime de soi pour avoir l'impression de perdre quelque chose. Il faut donc croire qu'il m'en restait un tant soit peu. J'avais gardé le silence depuis, même les pitreries de Gringoire, le jeune chirurmage ni les sollicitations maternalistes de Maryvonne (infirmière agaçante au possible) ne m'avait fait décrocher un mot. J'écoutais les recommandations, les suivaient a la lettre, souffraient en silence (en dehors de quelques grognements sur les premières séances de rééducation). Je n'avais jamais été du genre a me morfondre, à me plaindre mais je ne prétendrai jamais que je n'ai pas souffert du tout au cours de ce séjour a St Mangouste. Ca aurait été mentir éhontément et s'il y a une chose que Rufus Maugrey a inculqué à son fils unique c'est un certain dégoût du mensonge.

Je remontais d'une de ses séance de torture a essayer les prothèses et la fatigue se faisait sentir. Je n'avais qu'une hâte c'était de remonter dans ma chambre. Mon père était passé ce matin là mais je n'avais là encore pas beaucoup parler. Oui p'pa je prend bien les potions qu'on me donne, non P'pa je n'en fait pas trop, Merci p'pa pour les sablés que tu loupes presque mieux encore que la vieille Agatha mais que j'adore quand même. Que des mots dans le vent finalement qui ne rassuraient que lui.

" Monsieur Maugrey ?"

Je me retournais un peu brusquement sur le fauteuil roulant, surpris par la voix ferme qui m'appelait. Gringoire et son long visage barré de cheveux roux.

" Comment on se sent aujourd'hui ? Maryvonne vous fait toujours tourner en bourrique ?"

Son sourire me donnait envie de littéralement lui rouler dessus. Je haussais les épaules d'un air de dire, on fait aller. puis répondit sobrement

" Ca va ca va. "

Je cherchais autour de moi une excuse pour partir et mettre fin rapidement à cette conversation inutile et chiante à mourir. J'aperçut dans le couloir plus loin une gamine avec un bandage autour du crâne.

" Ha pardon docteur, j'aperçois là- bas la fille d'un ami. Je vous revois plus tard. Bonne journée docteur."

J'avais essayé d'avoir un ton poli mais je roulais tout de même en direction de la jeune fille qui devait avoir l'âge de Juliet et qui avait visiblement reçu un choc à la tête. Elle avait l'air d'avoir a de choses près le même âge que Juliet. J'attendis qu'elle me voit arrivé pour ne pas l'effrayer puis lui dis presque à mi-voix.

" Salut ma grande. Tu veux bien me sauver la mise ? Je te revaudrais ça c'est promis. Je n'ai pas envie de parler au grand rouquin là- bas. J'peux rester avec toi ? "

Quand elle tourna les yeux vers moi je vis qu'elle aussi avait un regard un peu triste alors je tentais de la faire sourire.

" Mais j'ai pas peur des docteur hein  et toi non plus je suis sûr ! "

Le sommeil lui a manqué, malgré les potions pour dormir et celle contre la douleur ingurgiter la veille. Elle a passé la majorité de la nuit les yeux grand ouvert sur le qui vive. Depuis sa rentrée à Poudlard et avec tout le harcèlement qu’elle subit, elle a du mal à dormir paisiblement. Tant et si bien que quand le soleil pointe le bout de son nez, elle a les yeux lourd de fatigue et une migraine qui ne semble pas vouloir la quitter. Elle grimace de douleur et regarde l’infirmière qui entre dans la chambre en lui donnant une potion anti douleur. Elle hésite avant de la prendre. Elle se méfie de beaucoup de médecins et infirmiers, car ils sont comme les élèves avec leur messes basses et leur regard en coin. Ils ne voient que sa sœur quand ils la regardent. O évidemment, il y a le docteur Baker, Marlène aussi qui sont gentils, mais ça ne fait pas tout surtout quand ils ne sont pas là comme maintenant.

Ce qui l’a rassure c’est qu’ils ont tous rencontré Aaron et Cilian la veille et que son beau cousin marque les gens en leur faisant peur donc pas de risque de finir blesser ici. Et au pire, elle pourra toujours compter sur Amaël qui est aussi venu la voir hier. Il n’y a rien à craindre et pourtant elle se méfie quand elle ne voit pas ses protecteurs. Pour ça qu’elle a tant galérer à accepter de prendre ce médicament alors qu’elle en a besoin. Une fois pris elle a reculé dans son lit en toisant la femme en question jusqu’à ce qu’elle parte.

Pas à l’aise dans sa chambre et ayant besoin de fuir, elle finit par décider de se lever et aller à l’aventure. Ce n’est mas les conseils du medicomage, mais il comprendra sans doute pourquoi si elle lui explique les raisons de son gestes. Elle va devenir chèvre à rester là à attendre que quelqu’un d’agréable vienne la distraire.  Elle marche dans les divers couloirs de sainte mangouste parvenant à être si discrète en rasant les murs, touchant les plantes plus que les gens.
Elle s’arrête devant une plante mal en point et réfléchi à si elle doit ou nous la soigner. Est-ce que ce ne serait pas prolonger ses souffrance que de la soigner alors que personne ne semble vouloir prendre soin d’elle correctement. Elle est encore en train de réfléchir alors qu’un homme en fauteuil roulant s’approche d’elle. Elle le laisse parler en premier avant de se tourner vers lui un faible sourire fatigué accroché aux lèvres à ses paroles.

« Bonjour, je comprend hormis le docteur Baker et Londubat, j’aime pas trop les autres médecins. »

Le terme medicomage n’est pas quelques choses de commun pour elle et du coup elle ne l’usite pas. Pas qu’elle refuse de s’adapter à ce monde, juste qu’elle ne peut pas effacer ce qu’elle est et ce qu’elle a appris pendant onze ans.

« Je m’appelle Tahia et vous ? »

Tahia regarde encore la plante ayant décidé qu’elle mérite encore une chance. Elle ne peut pas la laisser mourir comme ça. Elle en parlera au docteur Baker savoir s’il peut faire en sorte qu’elle vive encore après ça ou qu’elle trouve quelqu’un pour vivre correctement. Elle se concentre et fait appel à son don terramancie pout redonner de l’aplomb à cette jolie plante qui en vient même à pleurer
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« Bonjour, je comprend hormis le docteur Baker et Londubat, j’aime pas trop les autres médecins. »

Le sourire triste de cette gosse lorsqu'elle se tourna vers moi me fendit le cœur. Comment pouvait-il y avoir autant de désespoir dans un regard si juvénile. Ce sont ses yeux qui avaient directement accroché mon regard. J'avais comme l'impression de les avoir déjà vu mais avec infiniment plus de colère que ce soir. J'étais sûr que ça finirais par me revenir. Comme moi elle n'avait pas l'air d'aimer beaucoup les médicomages. A sa manière de les appeler "médecins" je conclus qu'elle était née moldue, ou qu'elle avait passé beaucoup de temps avec des moldus. J'étais content de voir qu'elle n'avait pas l'air d'avoir peur de moi. Peut-être parce que je ne faisais pas partie du personnel de St Mangouste. Bon sang ce regard là, ou est ce que j'avais bien pu croiser ce regard! L'écoutant parler des medicomages et infirmiers qui s'occupaient d'elle et qu'elle aimait bien je risquais un coup d'œil derrière moi pour vérifier si Gringoire était toujours dans le couloir, et il l'était. Je le soupçonnais même de me surveiller de loin, même s'il feignait la discussion avec un autre patient à la peau tirant sur le vert. Puis la gosse repris.

« Je m’appelle Tahia et vous ? »

C'est en entendant son prénom, étonnamment, que je compris pourquoi elle me paraissait si familière. Cette petite fille-là devait être la sœur, ou au moins une parente, de l'autre gosse qui avait pété les plombs a Poudlard et avait ouvert le passage aux terroristes moldus qui avaient attaqué le château. Ce château qui paraissait pourtant si imprenable et inattaquable. Plus je regardait la p'tite Tahia plus je revoyais l'adolescente révoltée et désespérée. La gosse face à moi devait en avoir plus qu'assez d'être comparé. Je me retint donc de profiter du fait qu'elle m'ai donné son prénom pour lui demander son nom de famille. Heredia j'en était quasiment sûr. Je la regardais alors simplement plonger ses mains dans la terre d'une plante, elle aussi, bien malmenée par la vie, et lui redonner une vigueur inattendue. Je lui envoyais un sourire à la fois sincère et impressionné. Je n'avais jamais eu affaire à une aussi jeune terramancienne et je fît mine d'applaudir.

" Bravo P'tite Tahia, La magie élémentaire c'est l'une des plus simple et des plus complexe a la fois. Moi c'est Alastor mais tout le monde m'appelle Al’  "

Comme je soupçonnais qu'elle n'avait donné que son prénom pour ne pas être associée à sa parente je ne donnais pas le mien, au cas où elle aurait entendu parler de moi en tant qu'auror et qu'elle ne prenne peur. La dernière chose que j'aurais voulu, même si j'ai jamais été très doué avec les gosses, c'était d'en effrayer un, surtout une avec cette bouille épuisée et triste. Je me penchais un peu dans le fauteuil pour me rapprocher d'elle en signe de connivence.

" Ha je vois, tu as raison. Ils sont gentils les doc' mais qu'est ce qu'ils sont chiants ... J'veux dire embêtant bien sûr "

Je lui envoyais un nouveau sourire, complice celui là, puis demandait d'un ton de prisonnier qui aurait demandé à un codétenu ce qui l'avait poussé ici.

" Tu es là pourquoi toi ? Qu'est ce que tu as fait ? "  

Je désignais son bandage autour de la tête d'une main distraite, espérant que personne ne lui avait fait de mal. Les marmots sont souvent cruels entre eux et il me semblait bien me souvenir que l'autre petite Heredia avait subi pas mal de harcèlement.  

Tahia regarde la plante qui a retrouvé toute sa vigueur comme si elle n’avait jamais subi la moindre maltraitance. Pourtant quelques instants plus tôt, cette plante était sur le point de mourir dans les jours à venir. C’est vrai que ça peut paraître impressionnant, mais pour elle ce n’est pas quelques chose de si extraordinaire que ça. Cette magie fait partie d’elle comme un courant électrique qui la traverse et l’uni aux végétaux qui l’entoure. Elle n’y trouve rien d’impressionnant et pourtant elle doit admettre que les paroles, les gestes de l’homme la font sourire tant ils semblent sincère dans sa réaction.


« Ma magie c’est déclaré avec une plante, c’est facile pour moi. »

La jeune fille caresse la plante qu’elle vient de sauver. Elle se souvient qu’elle a fait la même chose dans la matinée avant qu’Aaron lui explique pour son statut de sorcière. A l’époque, elle n’a pas su si c’était une bonne nouvelle ou pas. Elle a fini par apprécier ce statut de sorcière bien que ce soit un secret qu’elle n’avait pas pu révéler à Kaelia. Secret qui l’a ronge aujourd’hui, car elle se demande si ça aurait changé quoi que ce soit pour sa sœur si elle avait su pour elle. Elle se le demande d’autant plus fort qu’aujourd’hui de nouveau elle se demande si c’est une bonne d’être une sorcière alors que ses camarades la harcèle pour quelques choses qu’elle n’a pas fait et n’aurait sans doute pas pu éviter. Elle porte sa main à son pendentif ou se trouve la photo de sa mère, de sa sœur et d’elle.

« Enchanté Al. »

Lance Tahia à l’homme vers qui elle se tourne. Elle le regarde avec intérêt. Il est impressionnant même en fauteuil. Il dégage un aura particulière qui lui rappelle Cilian Londubat. Ça a quelques choses de rassurant pour elle. Cilian est quelqu’un de bon avec elle ou Aaron donc elle n’a pas peur de Alastor.

« Je ne les aime pas les autres medicomage. Ils sont comme les autres mauvaises langues… »

Tahia a une amertume en elle qui grandit depuis la rentrée. Aaron avait sans doute raison, elle n’aurait jamais dû aller étudier à Poudlard. Et pourtant dans tout ça, elle pense à Enfys qu’elle a rencontré grâce à Poudlard. Elle est heureuse de cette rencontre, de cette amitié et peut être que ça vaut le coup de subir ça pour être avec Enfys.

« Je suis tombé d’un arbre dans lequel je me refugiais. Je crois que la branche a essayé de m’éviter la chute mortel, mais ça m’a juste assommé. C’est l’auror Ripper qui m’a sauvé. »

La jeune fille dit ça avec désinvolture comme si ce n’était rien alors qu’elle souffre tellement. Aaron a essayé de la faire parler hier, en vain. Tahia n’était pas prête à parler. Elle a laissé des occasions à des adultes de lui parler, de l’aider et ça n’a rien donné. Personne ne l’a vraiment écouté et pour l’heure elle ne veut pas parler, encore moins blesser sa famille.

« Ma magie c’est déclaré avec une plante, c’est facile pour moi. »

J'eu un hochement de tête grave qui signifiait quelque chose comme : Forcément vu comme ça mais une pensée coupable pour les deux ou trois plantes vertes chez moi que j'avais un peu tendance à oublier parfois. Je me promis de demander à mon père de s'occuper des plantes en mon absence en plus de Prudence. Les mots de la jeune fille confirmaient ce que je pensais. La magie élémentaire est plus profonde, plus instinctive que celle que l'on utilise tous les jours. Elle est tellement ancrée en soit qu'elle parait facile a utiliser alors qu'elle est extrêmement sujette à nos émotions et donc délicate à maîtriser. J'avais l'impression que la p'tite Tahia était une douce rêveuse, un peu dans son monde mais que la chienne de vie ne lui avait pas fait de cadeau. Ce qui me sembla encore plus clair quand elle ajouta.

« Enchanté Al. Je ne les aime pas les autres medicomage. Ils sont comme les autres mauvaises langues… »

Je ne savais évidemment pas qui elle qualifiait d'autres mauvaises langues mais il me semblait plus que clair qu'elle en avait après quelqu'un ou plutôt que quelqu'un en avait après elle. J'avais une idée du pourquoi mais pas vraiment du qui. Je serais de très mauvaise fois si je prétendais n'avoir jamais juger quelqu'un par rapport aux membres de sa famille. La haine viscérale que je vouais à cette raclure d'Evan avant même qu'il ne me blesse et que je ne me retrouve ici a cause lui, le prouvait assez. Cependant, jamais je n'aurais fait de mal au p'tit Rosier le premier. Comment pouvait on s'en prendre à une gamine si douce. Je m'étais juré de ne pas l'associer à sa sœur, et encore mieux de ne pas la mentionner mais je sentais bien que toute cette histoire, et même sa présence ici, tournait autour de cela.  

« Je suis tombé d’un arbre dans lequel je me refugiais. Je crois que la branche a essayé de m’éviter la chute mortel, mais ça m’a juste assommé. C’est l’auror Ripper qui m’a sauvé. »

Le ton n'était ni colérique, ni profondément triste, elle me donnait plutôt une profonde impression de lassitude et, ce qui me heurta le plus, d'habitude. Il était donc dans les mœurs de laisser les gosses en pousser d'autres à se mettre en danger a Poudlard ? Grimper dans un arbre pour échapper à ses assaillants en culottes courtes ? J'étais horrifié. Que se serait-il passé si les collègues n'avaient pas été là ? J'en discutais sans doute avec Matthew. Il serait sûrement ravi d'apprendre que sa damoiselle en détresse s'en était sorti sans trop de bobos.

" Ha ... Je le connais Matthew, c'est un super-héros tu ne crois pas ? "

Je ne savais pas trop quoi dire d'autre pour réconforter cette petite Tahia. Un instant je me demandais même si dans un élan de désespoir elle n'avait pas ... Sauter de cette arbre, ne voyant pas d'autre issue. J'avais été tenté de lui poser la question très clairement mais je me mit en tête de conseiller à un des medicomages que je croiserais de lui faire rencontrer un psychomage ou quelqu'un qui puisse l'aider. Peut-être était-elle vraiment tombée mais dans des cas de harcèlement comme elle semblait en subir, et comme l'autre gamine Heredia avait très certainement subi, mieux vaut se montrer prudent.

" Dis-moi. Repris après un long silence. " Je ne sais pas à qui tu cherchais à échapper mais tu sais que mes collègues aurors sont au château pour veiller à la sécurité de chacun. J'aimerais bien que tu me promettes de ne jamais avoir peur d'aller leur demander de l'aide quand les autres t'embêtent. Tu peux faire ça pour moi ? Et puis tu sais quoi ? En échange je te promets de ramener cette plante chez moi quand je sortirais et d'en prendre soin. "

Je souris tristement puis ajoutais en faisant mine de réfléchir.

" Il paraît qu'il faut leur donner un nom alors elle va s'appeler Tahia et j'interdirais même à ma chienne de s'en approcher pour qu'elle ne l'abîme pas. Elle est gentille ma Prudence mais la délicatesse c’est pas son fort…"

J’ajoutais un petit rire destiné à détendre l'atmosphère

Tahia regarde la plante si forte juste après un soin de sa part et elle se dit qu’elle l’envie un peu. Elle aimerait pouvoir être soigné avec la même facilité que cette plante, ne plus ressentir cette amertume grandissante, la peur et le cœur qui se sert chaque jour qui avance. Elle ne sourit plus qu’avec Enfys et parfois elle se demande si c’est l’école qui lui aspire sa joie de vivre ou sa mère qui ne semble pas pouvoir guérir qui lacère son cœur. Elle est de plus en plus cynique et renfermé que parfois elle se demande si sa sœur à suivi cette voie là aussi avant de sombrer et si elle ne va pas faire la même chose qu’elle puis Enfys lui sourit et elle sait que jamais elle ne fera comme Kaelia.


« Matthew est sympa et assez fort oui. »

Est-ce qu’elle le considère comme un super-héros ? Elle n’est pas certaine. Il faudrait qu’elle se pose la même question pour Cilian. Elle admet que Cilian est très fort et sans doute Matthew aussi vu qu’ils sont coéquipier, mais de là à décider qu’ils sont des super-héros, non. Elle ne le dire pas comme ça, mais il manque tellement de chose pour un cliché de super-héros et sincèrement elle les préfère humain.

« Leur demander de l’aide ? C’est une blague. Il faut être aveugle ou con pour ne pas voir ce que je suis depuis un mois alors non ! »

Sa voix claque dans le couloir, pleine de hargne et de colère refouler. Les enfants ne cachent rien de ce qu’ils lui font forcément que les adultes voient. Elle a les larmes qui lui montent et le cœur qui bat la chamade. Adulte, élève, aucun n’est discret dans ce qu’il lui fait et pourtant elle devrait admettre que tout le monde ne voit pas tout. Matthew, Cilian, ils ne sont jamais là quand il lui arrivé quelques choses. Sauf qu’énervé et attristé comme elle l’est, elle n’arrive pas à faire la part des choses. Des larmes roulent sur sa jouent et elle les chasse d’un geste brusque.

« Je crois que je comprends pourquoi elle les haissaient … »

Fini par reprendre Tahia lasse. Elle vient s’asseoir proche de la plante ses yeux encore embué. Depuis presque deux semaines, elle se retient de dire cette pensée à voix haute et voilà qu’elle éclate devant un auror. Elle laisse ses larmes couler en jouant avec un fil qui dépasse de son espèce de blouse.

« c’est un joli prénom prudence, Logan il a un chien qui s’appelle Jasper de ce que m’a dit Aaron. Cilian n’est pas ravi de l’arrivé d’un chiot je crois… »

Cette histoire l’a fait rire quand Aaron lui a raconté. Cilian a beaucoup moins rit, mais elle est presque sûr de l’avoir vu esquisser un sourire quand il lui a parlé de cette histoire. Et Tahia n’a eu aucun mal à imaginer la scène. Logan est arrivé peu avant son départ à Poudlard, mais elle a vite compris la dynamique entre les deux frères et ils sont rigolo.

« Matthew est sympa et assez fort oui. »

J'avais l'impression qu'il n'y avait plus guère de place pour le rêve en fait dans la p'tite tête de cette gosse contrairement à la première image que j'en avais eue. Sa réponse un peu terre à terre quand je parlais de super-héros m'attrista, comme si elle avait voulu me dire Je ne suis plus une gamine. Arrêtez avec vos "supers héros". C'était peut-être vrai, elle était peut-être trop grande pour les contes. J'avais le sentiment même d'être dépassé qu'en présence de Juliet. Je n'avais pas vraiment eu la chance d'avoir été un gosse rêveur mais je n'arrivais pas a me faire à l'idée que perdre cette innocence était le lots de beaucoup de marmots. J'eu un soupir un peu triste et la suite n'allait pas arranger cette impression de profonde tristesse.

« Leur demander de l’aide ? C’est une blague. Il faut être aveugle ou con pour ne pas voir ce que je suis depuis un mois alors non !Je crois que je comprends pourquoi elle les haissaient … »

Elle parlait à présent avec une telle hargne soudaine que je reculais un peu. Je me rendis compte avec horreur qu'elle s'était mise à pleurer. Bravo Maugrey, décidément il ne t'aura pas fallu plus de cinq petites minutes pour faire pleurer cette petite inconnue. J'avais forcément dis quelque chose qu'il ne fallait pas, c'était inévitable. On ne me reprendrais plus de si tôt a adresser la parole a un gamin. Ça me brisais le coeur de mettre Juliet mal a l'aise mais réussir la prouesse de faire pleurer cette petite bonne femme en si peu de temps ça m'avait achevé. Je me sentais dans un tel état d'abattement et d'impuissance que j'en restait complètement silencieux. Hésitant entre le fait de la.laisser tranquille et de tenter une dernière fois de la faire sourire. Inutile ! Tu vas encore tout gâcher. Contente toi de retourner dans ta chambre et fous la paix aux enfants espèce de monstre a une pâte. Me dictait la profonde voix de ma non confiance. Et ce fut exactement ce que j'avais eu l'intention de faire.

J'avais pourtant envie de lui faire comprendre qu'elle avait raison d'être en colère, et qu'elle avait parfaitement le.droit de l'exprimer mais qu'elle ne pouvait pas se laisser envahir par cette haine comme l'avait fait celle qui avait certainement été sa soeur l'année dernière, entraînant tant de ses camarades dans sa chute. Je n'étais absolument pas l'adulte qu'il lui fallait pour ça. Je n'étais pas.la.personne adéquate pour grand chose et pour grand monde. J'allais donc repartir en marmonnant quelque chose comme Jsuis désolé mais elle repris la parole, plus calmement.

« C’est un joli prénom prudence, Logan il a un chien qui s’appelle Jasper de ce que m’a dit Aaron. Cilian n’est pas ravi de l’arrivé d’un chiot je crois… »

Je la regardais un long instant, ne sachant pas trop s'il convenait de reprendre la conversation comme si de rien n'était, s'il convenait de reprendre la conversation tout court d'ailleurs. J'avais une peur bleue d'ouvrir, encore une fois, un peu trop grand ma gueule. Je n'avais aucune idée de qui étaient Logan et Aaron et je n'étais pas sûr que le Cilian dont elle parlait était celui que je connaissais mais parler de ma chienne avait apparemment dévié l'esprit de la jeune fille sur un autre sujet. Je n'arrivais pas à savoir si c'était une bonne chose ou non. En fait je n'avais plus aucune idée de ce que je devais dire où faire. Moi qui avais pensé rassurer la petite en lui assurant que les aurors étaient là pour la protéger. J'en toucherais un mot a Greene, il me semblait primordial que les aurors présents là bas soient mis au courant de la délicate situation.

" Et bien ..."

Repris-je timidement, n'ayant encore aucune fichue idée de ce que j'allais sortir ensuite comme connerie monumentale. Je trouvais un peu facile d'enchaîner sur Prudence comme si j'avais donné un ballon a un gosse qui venait de faire tomber sa glace.

" Tu en as ... Tu en as gros sur le cœur on dirait. Elle serait là, elle serait exactement quoi faire Prudence. Moi tu vois je ne suis pas très malins pour parler aux gens et encore moins aux jeunes... Est ce que ... Est-ce qu'un chocolat chaud a la cafet' te ferait plaisir ?

Tahia observe encore la plante qu’elle vient de sauver avant de fermer les yeux un instant. Elle s’en veut d’avoir réagit comme ça. Elle a déjà tant de hargne en elle, tellement de colère et l’année vient seulement de commencer. Aaron a tenté de la mettre en garde, de lui dire que Poudlard n’était peut-être pas le lieu où elle devait aller, mais elle n’en a fait qu’à sa tête. Alors, qu’elle aurait pu passer une scolarité plus douce à beauxbatons et ne jamais connaitre une colère autre que celle qu’elle avait contre sa sœur de l’avoir abandonné. Enfin ça c’est en oubliant un détail de poids : Enfys. Elle est sa meilleur ami, son papillon et elle ne se voit pas suivre une scolarité sans elle.

« Peut être que j’en ai plus marre que je ne veux bien l’admettre. »

Grimace-t-elle quand Alastor reprend la parole. Elle ne peut nier qu’elle ne va pas bien vu comment elle vient de réagir. Elle est furieuse contre ces enfants qui n’ont pas compris qu’ils sont tout autant responsable que Kaelia de ce drame, elle est furieuse contre ces adultes qui ne font rien voir participent. Néanmoins cet homme n’a pas à prendre pour eux. Il n’a rien fait et ne pouvait rien faire de concret pour l’aider. Ce n’est pas son role.

« Je pense qu’elle aurait juste fait un calin. »

Ce qui en soit correspond exactement à ce qu’il lui ferait du bien. Elle adore les animaux, alors caliner un chien lui aurait fait un bien fou. Néanmoins, l’autre proposition de Alastor lui convient donc elle hausse les épaules en mode pourquoi pas et se tourne de nouveau vers lui. Elle lui offre un petit sourire timide.

« Pourquoi pas, même s’ils ne sont pas très bon leur chocolat chaud. »

Aaron lui en avait pris un la veille et il ne tenait clairement pas la comparaison face à ceux que font les elfes de Poudlard et encore moins face à ceux de sa maman. Elle vient caresser le bracelet offert par sa maman adoptif avec leur trois noms et espère qu’elle va bien. Elle se dirige vers la cafétéria de l’hopital.

« Ils ne m’aiment pas car je ressemble à ma sœur, mais ils ne savent pas que c’est à notre mère qu’on ressemblait comme des gouttes d’eaux. Notre frère ressemblait trait pour trait à notre père. »

Dit Tahia sans trop savoir pourquoi. Elle a besoin de le dire, parce que dans cette histoire sa famille Tzigane est la grande oubliée. Elle en est la dernière survivante. La seule a avoir eu un peu de chance en tombant sur les Davies. Et pourtant elle souffre de l’absence de son frère, de sa sœur, de ses parents même si elle aime ses parents et ses cousins, cousines.

« On a été attaqué. J’étais petite, 5 ans environ, je me souviens que des éclairs verts et rouges ainsi que de la peur, mais Kaelia avait dix ans et Nuï en avait 12… il ne reste que moi. »

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« Peut être que j’en ai plus marre que je ne veux bien l’admettre. »  

Je pinçais les lèvres, toujours aussi gêné. Je ne pouvais pas douter du fait qu'elle en ai effectivement mare. Comment pourrait-elle ne pas en avoir assez d'être prise pour cible par une bande de gamins parfaitement abrutis par leur peur (ce que je pouvais comprendre mais pas cautionner). J'avais presque envie de demander à Juliet par lettre si elle savait quelque chose sur ce qu'il se passait et comment sa camarade était traité. Je savais ma filleule bien trop gentille et trop intelligente pour prendre part aux moqueries et aux brimades.

" T'es dans quelle maison ? "

Demandais-je soudain, mais je n'étais pas sûr qu'elle m'ai entendu, ou même écouté car elle reprenait en parlant de ma Prudence.

« Je pense qu’elle aurait juste fait un calin. »

Bien sûr. Ma chienne avait ce don de ressentir les moment de blues, chez moi comme chez les autres et elle aurait déjà été dans ses bras a l'heure qu'il était. Un instant je me suis demandé si c'était une demande déguisée et qu'elle disait qu'elle avait besoin d'un câlin. N'aurait-il pas été étrange qu'un homme de presque quarante ans tienne dans ses bras une gosse de onze ou douze piges parfaitement inconnue ? Bien-sûr que si. Je n'osais donc pas, pourtant j'en aurais eu envie, juste pour qu'elle se sente un peu moins esseulée, juste pour qu'elle se sente soutenue et écoutée par un adulte. Pour ne pas paraître trop froid j'optais pour une simple main posé sur son épaule alors qu'elle acceptait la boisson chaude que je lui proposais

" Si tu préfères autre chose...  Un jus de fruit, un thé glacé... Tu n'hésites pas. N'oublie pas la plante hein ! J'emmènerais Tahia 2 dans ma chambre et chez moi, j'en prendrais soin comme promis !"

Lui rappelais-je en prenant la direction de la cafétéria maladroitement sur mes roues. Elle me suivit mais visiblement elle avait encore énormément besoin de parler et j'étais à l'écoute malgré mon manque évident de savoir faire avec les filles de sept à soixante-dix-sept ans.

« Ils ne m’aiment pas car je ressemble à ma sœur, mais ils ne savent pas que c’est à notre mère qu’on ressemblait comme des gouttes d’eaux. Notre frère ressemblait trait pour trait à notre père. On a été attaqué. J’étais petite, 5 ans environ, je me souviens que des éclairs verts et rouges ainsi que de la peur, mais Kaelia avait dix ans et Nuï en avait 12… il ne reste que moi. »  

Je stoppais net le mouvement des roues de mon fauteuil provisoire pour me tourner vers elle. J'ignorais pourquoi elle me racontait tous ces détails sur sa vie, peut être que finalement j'avais réussi a gagner sa confiance malgré ma gaucherie caractéristiques. La mention de cette attaque sur sa famille, et l'âge si tendre qu'elle avait, ne pouvait que me recalquer sur le front un souvenir d'un garçonnet, lui aussi âgé de cinq ans, enfermé dans le placard de sa chambre alors que des lumières vertes jaillissaient sur sa mère. J'ignorais si c'était une bonne idée de lui raconter ça, et je décidais vite que non.

" Je suis désolé ma grande. Ça ne devrait jamais arriver... A personne. "

Commençais-je sobrement en reprenant maladroitement la direction voulue.

" Mais... Elle devait être bien jolie ta maman alors. "

Je lui envoyais un petit sourire triste et attendri. J'aurais tellement voulu l'aider plus que cela. Finalement je changeais d'avis et en m'installant à une table avec nos deux deux boissons, la gosse et sa plante je fini par dire.

" T'sais Je comprend parfaitement ce que tu ressens et ce que tu as dû ressentir a ce moment là. Moi aussi on a tué ma mère quand j'avais cinq ans. C'est ma grand-mère qui a pris soin de moi parce que mon père était trop ... Bouleversé. Et toi ? Tu ... Tu vis chez tes grands parents ?"

J'avais longtemps hésité à lui demander mais puisqu'elle semblait avoir besoin et envie de parler ... Pourquoi pas.