I’m waking up to ash and dust ♦ Alemma

03/07/2022

@Alma Black Travers & Emma Jenkins
3 juin 1980, pensionnat Syndrigasti, Londres

I’m waking up to ash and dust

Ça faisait presqu'un mois qu'elle n'avait pas fait de cauchemar, une petite victoire pour Emma qui a toujours été sujette à ces mauvais rêves qui lui nouent le ventre et la font se réveiller en sueur. Mais cette nuit, ça n'a pas loupé. Comment aurait-il pu en être autrement alors qu'hier elle a vu son école s'écrouler alors que ses camarades et elle étaient à l'intérieur ? Elle a vu des pans de murs entiers se fracturer, des roches se détacher du plafond, des amis être blessés par le château lui-même... Ça avait tout l'air d'un cauchemar dont elle ne pouvait se réveiller. Mais ça n'en était pas un.

Du sang, des cris, des larmes... Tout est revenu cette nuit. C'était comme si tout recommençait : Poudlard explosait à nouveau, piégeant de pauvres enfants en son sein malgré leurs suppliques et leurs hurlements. C'était aussi glaçant que la première fois, mais le pire ce n'était même pas de revoir tout ça. Le pire, c'était qu'elle ne pouvait pas bouger. Hier au moins, elle avait pu aider des camarades à s'extirper des décombres qu'était en train de devenir le château. Cette nuit, dans son cauchemar, elle était parfaitement immobile, elle ne faisait rien d'autre que regarder le drame se produire. Et ça, c'est sa hantise. N'avoir rien fait pour sauver les autres élèves, et particulièrement certains visages qu'elle a reconnus nettement dans ce mauvais rêve. D'autres pensionnaires de Syndrigasti, d'autres enfants qui n'ont comme famille que celle qu'ils se sont constitués à l'orphelinat, autour d'Alma. Elle les revoit encore, ces traits qu'elle connaît presque par cœur avec le temps, ces êtres qui lui sont si chers, qu'elle considère comme sa fratrie. Elle les revoit mais elle ne peut rien faire : dans son cauchemar, ses pieds et ses jambes étaient figés, comme si la peur la tétanisait. Comme si elle laissait mourir ces personnes qu'elle aime tant.

Lorsqu'enfin elle parvient à sortir de ce songe atroce, Emma est couverte de sueur. Son corps entier tremble, son souffle est court et l'angoisse a noué son estomac à tel point qu'elle en a la nausée. Ses joues sont striées de larmes qui ont coulé pendant son cauchemar, mais à présent elle ne pleure plus. Elle passe une main fébrile sur son front puis sous ses yeux, avant de plaquer ses deux mains sur son visage pour essayer de se réveiller un peu mieux. C'est en faisant le moins de bruit possible qu'elle s'extirpe de son lit, se mettant sur ses deux jambes. Son corps lui semble terriblement lourd. Elle n'est même pas sûre d'avoir eu le droit à deux heures de sommeil paisibles cette nuit, elle se sent exténuée. Pourtant elle sait que si elle retourne dans ses draps, le même cauchemar reviendra encore et encore. Elle a l'habitude, elle vit ça depuis qu'elle est toute petite. Il n'y a que le contenu de ses mauvais rêves qui changent, le mécanisme reste le même – il n'en est pas moins violent et douloureux.

Toujours en veillant à être la plus discrète possible, la jeune fille attrape son oreiller et quitte la chambre presque sur la pointe des pieds. Elle sait qu'elle ne pourra pas se rendormir ici, et encore moins seule en proie à ses démons. Elle sait qui elle veut voir, qui elle a besoin de voir. Ses pas légers la conduisent instinctivement jusqu'au bureau d'Alma, elle n'a pas vraiment à y réfléchir. Entre ses bras, il y a toujours son oreiller qu'elle serre contre elle, témoin de son stupide besoin de s'accrocher à quelque chose de matériel pour se calmer. Son cœur bat encore trop vite lorsqu'elle frappe doucement à la porte. Aucune réponse ne vient, mais elle pose sa main sur la poignée qu'elle abaisse lentement, avant de l'entrouvrir un peu. « Alma ? » murmure-t-elle d'une voix timide malgré l'habitude. Elle sait qu'elle ne la blâmera pas d'être venue, qu'importe qu'elle ait fêté ses dix-sept ans il y a quelques mois. Alors la blonde se permet d'entrer dans le bureau, séchant du revers de la main les restes de larmes sur ses joues. Peut-être qu'Alma va se réveiller, et qu'elle pourra se réfugier dans ses bras. Ou alors elle ira s'asseoir sur le canapé, et puis elle s'écroulera de fatigue dessus – c'est toujours mieux que son lit à elle, honnêtement.

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Moi, je veillerai sur vous pour toujours

Endormez-vous dans mes bras
Moi, je veillerai sur vous pour toujours, pour toujours

22/05/2022

Ash and dust

La journée a été éprouvante pour Alma et certainement encore plus pour les enfants qui sont revenus en catastrophe de Poudlard. Après que l’attentat a frappé le château, le personnel enseignant s’est chargé de recenser chaque étudiant et d’organiser un premier convoi vers Sainte Mangouste pour les blessés les plus graves. L’infirmerie s’est occupée des blessés légers et dès le lendemain, un second train a rapatrié les survivants jusqu’à Londres. A la gare de King’s Cross, l’attente était interminable jusqu’à ce que la jeune femme récupère tous ses petits jusqu’à la dernière, la prunelle de ses yeux. Bien sûr, elle avait reçu un hibou l’informant qu’Emma était saine et sauve et que tous les enfants de Syndrigasti l’étaient également mais son angoisse ne s’était tarie que lorsque la jeune Poufsouffle s’était réfugiée dans ses bras. Dans le bus qui ramenait tout ce petit monde à l’orphelinat, Alma n’avait pas lâché sa main. L’une comme l’autre avait besoin de conserver le contact physique après tout ce qui s’était passé.

Le soir-même, bon nombre d’enfants avaient été incapable de terminer leur assiette pour le dîner. Alma ne les avait pas réprimandés cette fois. Certains avaient vu leur vie défiler le jour de l’attentat et d’autres avaient perdu des amis. La jeune femme les avait autorisés à aller se coucher, prodiguant baisers et câlins à ceux qui le souhaitaient avant de rejoindre les dortoirs. Emma n’avait pas fait exception ce soir-là et même Liam, d’habitude peu tactile avec Alma, était venu l’embrasser sur la joue avant de repartir sans rien dire. Le jeune homme n’avait pas envie d’être rassuré ou câliné, ses angoisses, il les gérait seul. Cependant, il avait perçu celle d’Alma qui, multipliée par le nombre d’enfants qu’elle avait à charge, creusait ses traits de manière impitoyable. La veille, elle n’avait pas réussi à trouver le repos et le manque de sommeil assombrissait sa peau juste sous ses yeux.

Pourtant, le soulagement d’avoir retrouvé ses enfants ne lui offre pas plus de paisibilité ce soir. Incapable de dormir, la jeune femme a veillé tard. A la fois pour s’occuper l’esprit et rester aux aguets si elle entend le moindre pleur dans les dortoirs. Assise à son bureau, elle s’est attelée à des tâches administratives qui ont pris un peu de retard. Et pour cause, la veille, elle s’est trouvée dans l’incapacité de travailler, obnubilée par la terrible nouvelle de cette attaque. Hector, le vieux chat du pensionnat, l’a secondée, d’abord roulé en boule sur un coin de la table, puis, prenant ses aises, étalé de tout son long parmi la paperasse. En s’étirant, il a même fait tomber quelques parchemins qu’Alma s’est empressée de récupérer sur le parquet. Lorsque le petit carillon de l’horloge de son bureau annonce une heure trop avancée de la soirée, la Sang Pur lève les yeux vers le cadran, puis les pose sur le gros matou vautré sur le bureau. "Seems like it’s too late to work now. But you didn’t wait for me to go to sleep, did you ?" Du bout duveté de sa plume, elle caresse le ventre d’Hector qui s’étire de plus belle.

Alma rassemble ses parchemins dans un tiroir et ferme soigneusement son encrier avant de repousser sa chaise et de se lever. Voyant sa maîtresse quitter son poste, le chat relève la tête et baille à gorge déployée. Il se lève à son tour et s’étire de plus belle, arrachant un sourire amusé à la brune. "You lazy cat… Come on, let’s go to sleep… again." Travaillant jusqu’à des heures indécentes, Alma a investi la pièce adjacente pour en faire une petite chambre et rester dormir au pensionnat les soirs où le personnel ne pouvait se libérer. Les nuits d’exceptions étaient vite devenues habituelles lorsque l’orphelinat avait accueilli Sophia, leur petite dernière particulièrement sujette aux terreurs nocturnes. Sa garde avait été retirée à ses parents, notamment parce que le père entretenait une relation répugnante avec sa fille. Depuis, elle ne rêvait que du croquemitaine qui rampait dans son lit pour la dévorer. Les premiers temps, cela avait irrité Charles Travers de voir son épouse préférer dormir seule à Syndrigasti plutôt que chez eux, dans le lit conjugal. Avec le temps, il s’y est habitué et Alma le soupçonne désormais d’avoir pris une maîtresse pour pallier sa solitude. Ces soupçons n’attristent pas Alma, bien contraire : leur couple bat de l’aile depuis quelques années et elle-même a trouvé quelqu’un d’autre pour combler son cœur. Cela étant, sa chambre est vide ce soir. Elle préfère se dédier uniquement aux enfants durant les jours qui suivent pour leur assurer un soutien sans faille.

Suivie de près par Hector, l’ancienne Serdaigle passe donc de son bureau à sa chambre en refermant sans bruit la porte. Elle ne prend pas la peine d’allumer la lumière, d’un coup de baguette, elle allume la bougie se trouvant sur sa table de chevet. Pendant que le chat grimpe sur le lit, préparant le terrain pour un nouveau roupillon, Alma troque ses vêtements contre une chemise de nuit et les replie soigneusement sur une chaise. Son regard se pose sur le roman posé sur sa table de nuit mais elle résiste à l’envie d’en lire un nouveau chapitre. Il est tard et il ne serait pas sage de prolonger davantage sa veillée. C’est lorsqu’elle tire les draps pour se glisser dans son lit qu’elle entend quelqu’un frapper à la porte de son bureau, dans la pièce d’à côté. Rapidement, la directrice s’enveloppe dans une longue cape noire et franchit la porte séparant la chambre de son bureau. C’est à ce moment-là qu’elle la voit, toute tremblante et le regard chargé de détresse. Emma l’appelle avec la même voix de petite fille brisée qu’il y a sept ans. Mue par l’instinct maternel qui lui est propre, Alma traverse la pièce pour la prendre dans ses bras. Elle sait d’ores et déjà que la jeune fille a subi de nouveaux tourments cette nuit. "Come here darling." Elle l’enveloppe avec elle dans sa cape et dépose un tendre baiser sur sa tempe. Elle a remarqué l’oreiller entre les doigts crispés de sa protégée, signe que son lit n’est plus un havre de paix pour elle ce soir. "Do you want to talk about it ?" lui demande-t-elle en caressant sa joue. Insomnie ou cauchemar, qu’importe, elle sera là pour écouter Emma et la soutenir dans ses angoisses post-traumatiques. Elle devine sans mal que l’adolescente est hantée par ce qui s’est produit à l’école. Quoi de plus naturel ? "You’re safe here, sweetheart. I won't let anyone hurt you," ajoute-t-elle avec douceur.

AVENGEDINCHAINS

03/07/2022

@Alma Black Travers & Emma Jenkins
3 juin 1980, pensionnat Syndrigasti, Londres

I’m waking up to ash and dust

Son oreiller serré entre ses mains tremblantes, Emma a le souffle court et le cœur qui pulse jusque dans ses oreilles lorsqu'elle quitte sa chambre. Revivre l'explosion de Poudlard si peu de temps après l'incident fut éprouvant, toutes ces visions d'horreur décorés de visages connus et blessés lui ayant glacé le sang. Elle n'est pas étrangère aux cauchemars pourtant, mais à chaque fois c'est la même chose : le palpitant qui s'affole, la respiration qui s'emballe, le corps couvert de sueur lorsqu'enfin elle parvient à s'extirper de ces images terribles. L'habitude ne semble rien y changer puisqu'aujourd'hui elle se réveille dans le même état que lorsqu'elle avait huit ans et dormait au manoir Travers, ou lorsqu'elle en avait quatorze et vivait de nouveau chez ses parents. Elle est aussi pitoyable que lorsqu'elle était une petite fille, avec ses joues striées de larmes, son corps aussi frêle qu'une feuille que le vent malmène et ses yeux rougis par la détresse. Mais aujourd'hui, elle sait qu'elle a quelqu'un vers qui se tourner. Une ange gardienne qui saura la rassurer, comme elle l'a toujours fait. Alors c'est sans y réfléchir qu'Emma a pris la direction du bureau d'Alma lorsqu'elle s'est retrouvée seule dans les couloirs vides du pensionnat, car elle sait qu'il n'y a qu'elle pour lui apporter un peu de réconfort après une nuit si sombre.

Son état est toujours aussi lamentable lorsqu'elle arrive à destination, mais ça n'a pas vraiment d'importance. Après avoir toqué à la porte du bureau avec une infinie douceur, elle l'entrouvre pour appeler sa mère adoptive d'une voix aussi fluette et brisée que lorsqu'elle était petite. Si elle n'était pas aussi éreintée, elle se trouverait sans doute ridicule de se comporter comme une enfant, mais elle est tellement fatiguée qu'elle n'y songe même pas. Tout ce dont elle a besoin ce soir, c'est d'un abri, d'un havre de paix qui la sauvera de ses tourments nocturnes. C'est pourquoi elle entre dans le bureau même si elle n'a pas obtenu d'autorisation : ce n'est pas la première fois qu'elle se réfugie ici pour se calmer, Alma le sait et ne lui en voudra pas d'agir de la sorte. Égoïstement, Emma espère qu'elle ne dort pas et pourra la prendre dans ses bras, seul endroit où elle se sentira suffisamment en sécurité pour tenter de dormir à nouveau.

Lorsqu'elle referme la porte derrière elle, son vœu s'exauce puisqu'une silhouette dans une cape sombre s'approche d'elle pour l'enlacer. « Come here darling. » Il n'en faut pas plus à la jeune Poufsouffle pour se réfugier contre sa mère adoptive, se laissant volontiers envelopper dans sa cape pour se blottir un peu plus contre elle. Elle n'a pas besoin de croiser son regard pour qu'Alma comprenne ce qu'elle fait là : elle sait.

Comme toujours, elle a cette tendresse qui n'est qu'à elle, l'embrassant sur la tempe tout en la laissant l'étreindre comme le ferait une enfant, sans parler de sa douce odeur de jasmin qui a quelque chose d'incroyablement apaisant pour Emma. « Do you want to talk about it ? » demande-t-elle en caressant sa joue. Comme souvent, la blonde refuse en secouant la tête. Il y a de fortes chances qu'elle se contredise dans la soirée, mais pour l'instant elle a du mal à mettre des mots sur ce qu'elle a vu hier et affronté de nouveau cette nuit. « You’re safe here, sweetheart. I won't let anyone hurt you. » La blonde réprime un sanglot. Elle sent qu'elle est de moins en moins stable debout, la faute au choc, à la fatigue et à toutes les émotions qui la secouent, si bien qu'elle entraîne doucement Alma vers le canapé où elle s'écroule comme une poupée de chiffon. Une fois qu'elles sont toutes les deux assises, elle retourne se blottir dans les bras de sa mère adoptive et se concentre sur sa présence pour essayer de se calmer. Ça lui prend plusieurs minutes durant lesquelles Alma caresse ses cheveux comme elle le fait depuis qu'elle est petite, et à l'issue desquelles un « I'm sorry. » lui échappe quand bien même la directrice de Syndrigasti lui a répété maintes et maintes fois qu'elle n'avait pas à s'excuser, ni de faire des cauchemars ni de pleurer.

Sentant qu'elle a suffisamment repris le contrôle de son corps, elle se redresse un peu dans le canapé, veillant cependant à ne pas rompre le contact avec elle. Elle veut mettre des mots sur ce qu'il s'est passé, quand bien même ça lui semble terriblement difficile, elle sait aussi qu'elle en a besoin. « I saw them. » Them, les autres pensionnaires de Syndrigasti, sa fratrie, sa famille - le mot est assorti d'un regard vers le plafond du bureau, comme si de cette façon elle englobait tous les autres enfants de l'orphelinat. « I saw them, they were hurt, but I couldn't help. I-I couldn't... » Elle réprime un sanglot au moment où des images de cette nuit refont surface dans son esprit confus et fatigué. Elle est sûre que c'était la chevelure de Maya, sous ces lourdes roches, mais dans son cauchemar elle n'a pas pu bouger d'un pouce pour l'aider à s'en dégager. « There was nothing I could do, » affirme-t-elle d'une voix d'où suintent la détresse et le désespoir. Ne pas pouvoir les protéger, les aider, les sauver, c'était ça le plus difficile. Si elle ne peut pas faire ça, elle a l'impression de ne plus servir à rien, de devenir la bonne à rien que son père a toujours vu en elle. Et cette idée la terrifie. « I-I don't understand... I thought we were safe there too... » Pourtant la catastrophe de la veille a prouvé le contraire, et cette idée est tout simplement horrible. Pour Emma, Poudlard est comme une deuxième maison après Syndrigasti, celle qui lui a permis de s'échapper de l'enfer qu'était l'appartement de ses parents lorsqu'elle a dû retourner chez eux pendant deux longues et éprouvantes années. Mais hier, cette maison a tout simplement explosé alors que des élèves et des professeurs se trouvaient à l'intérieur. Elle a explosé, des murs sont tombés, des enfants ont été blessés, certains sont morts... Et Emma n'arrive pas à se sortir cette idée de la tête, au point qu'elle soit venue la hanter toute la nuit.

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22/05/2022

Ash and dust

Peut-être que les enfants de Syndrigasti étaient bien trop exténués ce soir pour que leurs esprits traumatisés ne leur refassent vivre la tragédie une fois la nuit venue. Alma a veillé tant qu'elle a pu au cas où un chagrin surgirait d'un des dortoirs de l'orphelinat. Cependant, jusqu'ici, rien n'a troublé le calme de l'institut. Lorsque la jeune femme a décidé d'aller se coucher, c'est comme une sonnette d'alarme qui a sonné pour réveiller Emma de son cauchemar. Comme le dernier appel avant que la directrice ne sombre à son tour dans sa chambre. Alma a l'habitude d'accueillir des enfants en larmes la nuit dans son bureau. Les petits comme les grands savent qu'ils peuvent y trouver refuge, qu'importe les raisons de leur mal-être. C'est à cet effet que la jeune femme a fait installer ce canapé d'ailleurs. Ne pouvant décemment pas les accueillir dans son lit, ce divan est un petit coin de douceur aménagé dans le but de les câliner dans le plus grand des conforts afin de chasser leurs démons et les renvoyer au lit. Bien entendu, il lui est arrivé de s'assoupir sur ce canapé avec un nourrisson au bras ou un tout-petit blotti contre elle, mais pas pour la nuit entière. Alma n'a jamais voulu s'endormir avec eux. Pas par manque d'amour, au contraire, plutôt pour établir des limites et leur montrer que leur lit autant que le sien était un espace privé qui n'appartient qu'à son propriétaire. Et c'est d'autant plus important pour les enfants qui ont été victimes de sévices sexuels.

Avec Emma, en revanche, c'était différent. La petite blonde avait connu la maison des Travers bien avant Syndrigasti. Sous la garde d'Alma, elles avaient vécu comme une famille et avaient noué des liens bien plus forts qu'avec le reste des pensionnaires. Pendant des nuits d'angoisse, l'ancienne Serdaigle avait délaissé le lit conjugal pour rassurer Emma lorsqu'elle était plus jeune. Il lui était arrivée de dormir avec la petite fille blottie dans ses bras pour calmer ses terreurs nocturnes. Aujourd'hui, Alma lui permettait de dormir sur le canapé de son bureau, juste à côté de sa chambre les soirs où la jeune fille ne pouvait pas trouver la paix. Aussi, c'est sans surprise que la directrice la voit entrer dans son bureau son oreiller à la main. Immédiatement, elle l'a prend dans ses bras et l'embrasse avec tendresse. Son cœur se serre en la sentant trembler. Elle sait que la nuit sera longue et qu'elle ne pourra pas retourner se coucher avant que sa protégée ne se soit rendormie.

Habituées à leur routine, elles trouvent leur chemin vers le canapé et s'y installent, enlacées. Emma ne veut pas parler de ce qui la tourmente mais Alma sait qu'elle le fera d'elle-même lorsqu'elle se sentira prête. Elle n'insiste pas, se contentant de clairsemer sa chevelure de baisers. Une de ses mains se glisse sur sa nuque pour masser doucement ses cervicales là où toute la tension s'est accumulée. La jeune fille s'excuse, comme à chaque fois mais Alma secoue la tête. Les mauvaises habitudes ont la vie dure, l'ancienne petite fille maltraitée lui dit en permanence qu'elle est désolée. "Don't be, it doesn't matter," souffle-t-elle.

Le souffle de sa protégée redevient régulier, Alma le sent. Elle laisse Emma ajuster sa position sur le canapé en desserrant ses bras mais la jeune fille revient contre elle. Et enfin, elle se confie. L'ancienne Serdaigle s'attendait à ce que revive l'attaque de Poudlard. Quoi de plus logique, après tout. Alma reste silencieuse pour laisser Emma lui raconter tout ce qu'elle souhaite, sans la brusquer. Bien sûr, elle aimerait tout savoir de la tragédie qui s'est jouée à l'école mais elle refuse de forcer la main à ses enfants. Chacun lui dira ce qu'il voudra en temps voulu. Peut-être qu'au contact de Sir Duncan, la jeune femme se sensibilise à l'analyse psychologique des rêves ou alors elle surinterprète les choses. Mais il y a une certaine récurrence dans les cauchemars d'Emma. Elle se retrouve toujours bloquée, dans l'incapacité d'éviter un danger ou de venir en aide aux autres. Alma y voit le traumatisme infligé par son père qui la punissait pour des motifs absurdes en prétextant qu'elle n'était jamais assez bien pour lui. "It wasn't your fault. You know that, right ? The Ministry is investigating to find the monsters who attacked you. There is nothing you could do to save them all. How could you.."

Alma resserre ses bras autour de sa protégée. Elle serre la mâchoire lorsque cette dernière formule cette remarque si innocente et qui pourtant, révèle la cruelle réalité. Le Royaume-Uni tout entier pensait que Poudlard était un lieu sûr. Et pourtant… C'est à son tour de se sentir coupable. Si elle avait pu empêcher ses enfants de retourner à l'école, ils n'auraient pas manqué de périr sous les bombes. Emma est sa chair, son sang, Alma ne saurait imaginer un avenir sans elle. Comment aurait-elle pu continuer sans sa première protégée ? "I'm so sorry, love. If I had a vision of such chaos I would never have send you back to Hogwarts." Nouveau baiser sur sa joue. "I think I would have the same nightmares you know, if I ever find a way to sleep again," ajoute-t-elle avec ironie. "But you're all safe and sound, it's the most important thing to me. Anyway, it will take some time for you to recover and stop having bad dreams. Sir Duncan will help you, he's coming to Syndrigasti tomorrow." Pour sûr, le psychiatre saura les aider à surmonter cette épreuve mieux qu'elle. Pour sa part, Alma ne pourra se cantonner qu'aux câlins et au réconfort après les cauchemars. Et en parlant de douceur, la porte de sa chambre s'ouvre doucement, livrant passage à Hector qui s'impatiente de ne pas dormir avec sa maîtresse. D'un bond, il rejoint les deux sorcières sur le divan et pose ses pattes avant sur la cuisse d'Emma. Lui aussi, il veut apporter sa contribution.

AVENGEDINCHAINS

03/07/2022

@Alma Black Travers & Emma Jenkins
3 juin 1980, pensionnat Syndrigasti, Londres

I’m waking up to ash and dust

Le visage baigné de larmes, Emma est blottie contre Alma comme une enfant terrorisée. Et c'est ce qu'elle est, ce soir : une gamine traumatisée par l'attaque de son école, et qui en cauchemarde au point d'avoir besoin d'un câlin pour se calmer. Elle a l'impression de revenir neuf ans en arrière, lorsqu'à son arrivée au manoir Travers Alma faisait tout pour la rassurer après les terribles cauchemars qui la secouaient presque chaque nuit. C'est elle qui lui a appris qu'elle avait le droit de pleurer quand ça n'allait pas. C'est elle qui lui a expliqué qu'il n'y avait pas de honte à avoir peur, à être triste, à se tromper. Pourtant ce soir encore, Emma s'excuse d'être dans un tel état. Comme lorsqu'elle était plus petite, elle a honte et veut se cacher dès qu'elle laisse ses émotions prendre le dessus. La moindre larme roulant sur sa joue est une raison suffisante pour demander pardon, car c'est ainsi que tout fonctionnait chez ses parents. L'habitude lui colle à la peau malgré la bienveillance d'Alma qui ne lui a jamais reproché de venir chercher du réconfort auprès elle. « Don't be, it doesn't matter. » La jeune fille se redresse un peu, restant pourtant collée à Alma. Elle refuse de s'en détacher, elle a besoin d'aide. Elle est son ancre face au tsunami d'émotions qui se déversent dans sa poitrine, son point de repère dans la tempête qui vibre sous sa tignasse blonde, cette mère attentionnée et aimante qu'elle n'a pas eu la chance d'avoir dès la naissance.

C'est d'une voix tremblante qu'Emma raconte le cauchemar qui l'a empêchée de trouver la paix cette nuit. Sans surprise, l'incident de la veille est revenue la hanter, et ce dans les moindres détails. Que ce soit le bruit des explosions, les cris d'horreur des élèves, le son rocailleux des murs et des plafonds qui s'effondraient sur les habitants du château... Tout était là. Il y avait les corps immobiles de camarades de classe sur le sol, les visages terrifiés d'autres pensionnaires de Syndrigasti, jusqu'au sang sur certains cailloux qui se trouvaient à ses pieds. Et elle, au milieu de tout ça, elle ne pouvait rien faire. Incapable de bouger, incapable d'agir, incapable d'aider. Inutile – l'idée lui tord les boyaux alors elle étouffe un nouveau sanglot. Dans son cauchemar, elle n'était que spectatrice, elle ne pouvait sauver personne. Elle restait là, sans un mouvement même esquissé, et elle les voyait être blessés sous ses yeux écarquillés d'effroi, tués parfois. Dans son cauchemar, c'était de sa faute s'ils ne se sortaient pas vivants de cette attaque. Parce qu'elle ne faisait rien, regardait seulement, et que ses cris ne changeaient rien, comme si personne ne l'entendait. Dans son cauchemar, elle les laissait mourir. Elle laissait ses amis et sa famille mourir juste sous ses pauvres yeux larmoyants. « It wasn't your fault. You know that, right ? The Ministry is investigating to find the monsters who attacked you. There is nothing you could do to save them all. How could you... » Alma a raison : du haut de ses dix-sept ans, comment aurait-elle pu protéger une école entière et tous ses habitants face à deux explosions et des milliers de coups de feu ? Pourtant, la culpabilité ne quitte pas vraiment le cœur de la Poufsouffle. Elle aurait aimé faire plus, tellement plus. La vérité c'est que durant l'attaque elle a fait ce qu'elle pouvait, tentant de protéger ses camarades en aidant les plus jeunes à rejoindre le parc où ils étaient à l'abri. Mais dans son cauchemar elle ne faisait absolument rien, et ses souvenirs se mélangent au point qu'elle se sente simplement inutile. Terriblement inutile. « I-I... » La blonde n'arrive pas à finir sa phrase à voix haute. Mais dans son esprit, elle est écrite en toutes lettres. I wish I wasn't so useless.

L'impression d'être en sécurité qu'Emma a toujours ressenti à Poudlard s'est brisée hier, et c'est difficile à accepter. Elle en était sûre pourtant, qu'ils ne pouvaient rien leur arriver là-bas. Bien sûr, elle a entendu parler des autres attaques qui ont eu lieu dans le pays – comment les ignorer alors que le climat semble de plus en plus sombre dehors ? – mais Poudlard... Elle a toujours vu le château comme une forteresse, un refuge pour les élèves des quatre maisons. Jusqu'à ce qu'il explose. Jusqu'à l'horreur. « I'm so sorry, love. If I had a vision of such chaos I would never have send you back to Hogwarts. » Alma embrasse sa joue pour la rassurer, mais sa protégée refuse qu'elle se sente coupable de ce qu'il s'est passé. « It's not your fault, you didn't know, » lui assure-t-elle d'une petite voix. Elle ne sait pas comment fonctionne ses dons de voyance, mais même si elle le savait elle ne considérerait pas Alma comme responsable du drame. C'est normal qu'ils aillent à l'école à partir de onze ans, c'est la règle à Syndrigasti, et ça ne rend pas la directrice plus responsable du drame que tous les parents des autres élèves de Poudlard. « I think I would have the same nightmares you know, if I ever find a way to sleep again. » Emma esquisse un sourire triste qui semble minuscule par rapport à ses sourires rayonnants habituels. Pour l'instant elle ne l'a pas retrouvé, le sommeil. Ça ne fait qu'une nuit que l'attaque a eu lieu, pourtant elle sait déjà que les cauchemars ne vont pas la quitter de si tôt – question d'habitude. « But you're all safe and sound, it's the most important thing to me. Anyway, it will take some time for you to recover and stop having bad dreams. Sir Duncan will help you, he's coming to Syndrigasti tomorrow. » La blonde hoche légèrement la tête, venant essuyer le dessous de ses yeux pourtant déjà presque secs. Elle l'aime bien, Sir Duncan, même si au début elle a toujours du mal à se confier. C'est toujours plus simple avec Alma. Mais tout est plus simple avec Alma. Ça fera bientôt dix ans qu'elle est comme une mère pour elle, les talents du psychiatre ne peuvent pas rivaliser avec ce lien. « I don't know if he will have time for all of us, » admet Emma en pinçant les lèvres. Ce qui est sûr, c'est qu'elle laissera sans hésiter sa place à d'autres camarades s'ils le souhaitent, qu'importe ses propres cauchemars.

C'est à ce moment-là que la porte donnant sur la chambre d'Alma s'ouvre toute seule, ce qui fait inévitablement sursauter la Poufsouffle malgré la lenteur du mouvement. Elle se calme lorsqu'elle reconnaît le vieux chat de Syndrigasti sortir de la pièce avec sa vitesse de pacha. Il les rejoint sans se presser puis monte carrément sur le canapé avec elles. « Hello cutie, » murmure la blonde alors que le chat pose ses pattes avant sur ses cuisses. Elle dépose un petit bisou entre ses oreilles puis lui gratouille le menton, avant de relever les yeux vers Alma qui les regarde avec douceur. « I think he's waiting for you, » murmure la jeune Poufsouffle avec un petit sourire. Puis elle réalise que si Hector l'a attendu au point de perdre patience, c'est parce que la directrice était avec elle plutôt que dans son propre lit. « I'm sorry, I didn't want to prevent you from sleeping. » Elle s'excuse, encore une fois. C'est plus fort qu'elle, c'est comme ça.

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22/05/2022

Ash and dust

L'habitude d’accueillir des petites âmes perdues au cœur de la nuit est tenace à Syndrigasti mais Alma ne se détournera jamais de son devoir. Elle a fait le serment de ne laisser aucun enfant placé sous sa protection sur le bord de la route. Tant pis si cela empiète sur son sommeil, tant pis si cela arrive pendant qu’elle travaille ou prend du temps pour elle. Certaines nuits, elle a même délaissé les bras de celle qu’elle aimait pour offrir sa tendresse aux plus petits et chasser leurs cauchemars à grands renforts de berceuses. Emma ne faisait pas exception, bien au contraire. Ce soir même si Alma s’apprêtait à aller se coucher, elle n’était pas certaine de trouver le sommeil pour autant. Veiller aux côtés de sa protégée ne la dérangeait pas plus que ça. Si le monde venait à s’écrouler, elle donnerait sa vie pour épargner celle d’Emma. Or le monde de la jeune fille est parti en lambeaux hier et Alma aurait voulu être présente pour la protéger, pour l’empêcher de voir toutes ces horreurs. Le moins qu’elle puisse faire à présent, c’est la soutenir et cueillir chacune de ses larmes pour lui jurer que c’est bien le dernier drame qu’elle vivra. Elle l’écoute donc lui livrer le récit de ce cauchemar qui ne fait que répéter l’enfer qu’elle a vécu dans une version bien pire que la réalité. L’une de ses mains caresse la chevelure de sa protégée pour l’apaiser même si elle sent que le tremblement de sa voix est incontrôlable. L’angoisse la saisit à la gorge au point qu’Emma ne parvient plus à finir sa phrase. "Breathe darling… Take a deep breath." Tous les mots que pourra utiliser Alma pour la rassurer sont vains, l’ancienne Serdaigle en a bien conscience mais c’est mieux que de la laisser sangloter dans son lit.

C’est au tour d’Alma d’éprouver des remords. Si une telle vision l’avait frappée, aucun de ses enfants ne serait retourner étudier à Poudlard. Et lorsqu’elle ose exprimer sa culpabilité à voix haute, Emma lui assure que ce n’était pas de sa faute, refusant qu’elle se charge à son tour d’un tel fardeau. "See ?" répond Alma avec le sourire en coin de celle qui vient de démontrer sa théorie par A+B. "If I don't need to suffer the weight of guilt, then you don’t have to either. There was nothing we could do." Par Merlin, qu’elle aurait aimé avoir tort, revenir en arrière et sauver tous ses enfants de ce traumatisme. Et c’était une chance de n’avoir récupéré que des enfants blessés et traumatisés au lieu de corps sans vie. "You know what ? I can see two positive things in the tragedy that happened yesterday. First one : you’re all safe and sound. You all might be scared to death but you’re alive. And second one : it has shown how strong you are. Maybe not today, maybe not tomorrow but later, you’ll realize that you defeated Death this day and the days before. You’re a survivor in so many ways, Emma." Si seulement la jeune fille pouvait se voir à travers les yeux d’Alma… Son éducation traumatique lui avait enseigné que pleurer était un signe de faiblesse mais la Serdaigle y voyait plutôt un sas de décompression après avoir été au plus fort de sa combativité. La petite blonde ignorait à quel point elle pouvait être une source d’inspiration pour les autres. Et avoir besoin d’aide ne la rendait pas plus vulnérable, au contraire, cela renforcerait l'armure qu’elle se forgeait depuis son enfance.

Pour cela, l’adolescente savait qu’Alma serait un soutien sans faille de même que Sir Duncan. Bien sûr, le thérapeute allait devoir consacrer tout son temps aux enfants de Syndrigasti après cette attaque mais la jeune femme savait que ce ne serait pas une corvée pour lui. Cela prendrait du temps mais c’était une nécessité vitale et chaque enfant devait passer par cette étape. "He will take the time to see every one of you. I don’t want you to sacrifice your time with sir Duncan to give it to another child, do you hear me ? No one left behind. Especially you." Alma sait à quel point Emma souhaite rendre service aux autres au point de s’oublier. Elle lui ressemble énormément sur certains aspects de leur personnalité, finalement… Avec tendresse, la jeune femme abandonne une caresse sur sa joue avant de déposer un baiser sur son front. "I can’t lose you. You’re my strength," murmure-t-elle d’une voix tremblante. Elle ne supporterait pas de voir sa protégée sombrer dans la dépression juste parce qu’elle a cédé sa place à d’autres en thérapie.

Soudain, la jeune Poufsouffle sursaute dans ses bras en entendant la porte s’ouvrir. Habituée à ce que le vieux chat du pensionnat se balade dans sa chambre, le cœur d’Alma n’aurait pas raté un battement si sa protégé n’avait pas fait ce bond. "Emma it’s fine, Hector was sleeping in my bedroom." Rassurée, la jeune fille se redresse pour câliner le vieux matou et Alma ouvre ses bras pour la laisser se pencher sur lui. Attendrie, elle étouffe un rire lorsque la petite blonde affirme qu’il l’attendait pour dormir. "He didn’t wait for me the first time he fell asleep on my desk !" Et à nouveau, l’adolescente s’excuse de l’empêcher de dormir. Alma se redresse en secouant la tête. "No you didn’t. Stop apologizing, sweetheart. I’m here for you, you know that. Anytime, whatever may come." D’un geste tendre, elle caresse son dos, sachant qu’elle parcourt là des dizaines et des dizaines d’anciennes cicatrices et craignant que de nouvelles s’y soient ajoutées. "Did you get hurt ? Like… wounds I would not see from the outside ?" Par-dessus tout, elle craint que l’adolescente ne lui ait caché des blessures qu’elle ne saurait déceler à première vue. Elle sait pertinemment qu’Emma en serait capable dans le simple but de ne pas l’inquiéter.

AVENGEDINCHAINS

03/07/2022

@Alma Black Travers & Emma Jenkins
3 juin 1980, pensionnat Syndrigasti, Londres

I’m waking up to ash and dust

Si Emma a la réputation d'être un Soleil au sein de l'orphelinat, ce soir il n'en est rien. Ce soir, la jolie blonde est inquiète et rongée par la culpabilité. Son cauchemar n'a fait que lui rappeler combien son action a été limitée lorsque Poudlard a explosé. Elle a fait ce qu'elle a pu pour aider ses camarades, mais ça lui a semblé ridicule par rapport aux blessures dont ils souffraient et aux dégâts infligés au château. Elle s'est sentie minuscule, minuscule et insignifiante car incapable de sauver qui que ce soit. Si aucun pensionnaire de Syndrigasti n'a été tué, la Poufsouffle a reconnu des visages parmi les élèves blessés et a perdu des camarades de classe hier. Cette idée lui revient sans cesse à l'esprit mais elle peine à l'exprimer, l'esprit embrumé par la fatigue et l'angoisse lié à son cauchemar. Ses paroles hachées se transforment en sanglots dans les bras d'Alma, là où elle se sent le plus en sécurité dans ce monde. « Breathe darling… Take a deep breath. » L'adolescente se blottit un peu plus contre elle puis essaie de suivre son conseil et de prendre une profonde inspiration.

Petit à petit, les sanglots d'Emma se tarissent et elles parviennent à parler un peu. Ou plutôt, chacune culpabilise à voix haute pour ce qu'il s'est passé tout en essayant d'alléger la culpabilité de l'autre. L'adolescente refuse que celle qu'elle considère comme une véritable figure maternelle veuille endosser la responsabilité d'une tragédie dont elle n'est pas responsable, bien qu'ayant affreusement tendance à faire la même chose. Indéniablement, elles ont cela en commun. « See ? » La petite blonde fronce les sourcils, pas certaine de comprendre là où elle veut en venir. « If I don't need to suffer the weight of guilt, then you don’t have to either. There was nothing we could do. » Elle pince les lèvres, n'ayant rien à redire à cela. Elle voudrait simplement qu'Alma cesse de s'en vouloir pour ce qu'il s'est passé. Ce n'est pas parce qu'elle possède un don de voyance qu'elle doit culpabiliser de tous les incidents qu'elle ne peut empêcher, aussi terribles soient-ils. « You know what ? I can see two positive things in the tragedy that happened yesterday. First one : you’re all safe and sound. You all might be scared to death but you’re alive. And second one : it has shown how strong you are. Maybe not today, maybe not tomorrow but later, you’ll realize that you defeated Death this day and the days before. You’re a survivor in so many ways, Emma. » Les paroles de l'adulte la touchent plus que de raison et elle baisse les yeux un instant, parce qu'elle ne s'en sent pas légitime. « I don't feel like a survivor, » murmure-t-elle alors comme une confession. Des mots qui n'étonneront pas Alma car cela fait dix ans qu'elle voit sa protégée se rabaisser constamment et pour tout.

Après l'horrible tragédie qu'Emma et ses camarades de Syndrigasti scolarisés à Poudlard ont traversé, ils pourront compter sur l'aide des adultes de l'établissement : Alma bien sûr, mais Sir Duncan aussi. Le psychiatre de l'établissement est supposé arriver demain pour leur apporter son aide, mais la jeune fille craint qu'il n'ait pas assez de temps pour voir tout le monde. « He will take the time to see every one of you. I don’t want you to sacrifice your time with sir Duncan to give it to another child, do you hear me ? No one left behind. Especially you. » Elle s'apprêtait à protester, persuadée qu'il était plus important que ce temps soit consacré à de plus jeunes pensionnaires, mais les doigts d'Alma glissant sur sa joue avec douceur et le baiser qu'elle pose sur son front la font taire avant qu'un seul mot ne quitte ses lèvres. « I can’t lose you. You’re my strength. » Ne sachant quoi répondre, Emma se blottit un peu plus contre elle, comme une façon de la remercier. Elle ne comprendra peut-être jamais comment Alma peut penser cela, mais elle est touchée que ce soit le cas. Emma n'a pas l'impression d'être la force de personne de quiconque, tout simplement parce qu'elle n'est pas forte – en tout cas c'est ce dont elle est persuadée, la faute à une enfance passée à être critiquée pour chacun de ses faits et gestes.

La bulle qu'elles se sont doucement créées éclate soudainement lorsque la porte de la chambre d'Alma s'ouvre. L'adolescente sursaute, ne s'attendant pas à cette arrivée surprise. « Emma it’s fine, Hector was sleeping in my bedroom. » « I'm sorry. » Elle s'excuse, encore – cette fois parce qu'elle se sent ridicule d'avoir pris peur pour si peu. Le chat est loin d'être effrayant, simplement impatient que la directrice du pensionnat le rejoigne pour la nuit. « He didn’t wait for me the first time he fell asleep on my desk ! » La remarque arrache un petit rire à Emma qui continue de gratouiller l'adorable animal. Avant de réaliser que s'il est venu jusqu'ici c'est parce qu'Alma ne l'a pas rejoint. Et ça c'est sa faute, parce qu'elle est avec elle dans ce canapé plutôt qu'avec le chat dans son lit. « No you didn’t. Stop apologizing, sweetheart. I’m here for you, you know that. Anytime, whatever may come. » Elle le sait, oui, parce que c'est peut-être la millième fois qu'elle le lui dit depuis qu'elle prend soin d'elle. Pourtant, ce genre de promesses la touche toujours autant car elle les sait sincères. Alma lui a déjà prouvé tellement de fois qu'elle serait toujours là pour elle. « Thank you, » murmure-t-elle d'une voix émue.

Continuant de caresser Hector, Emma sent la main de l'adulte parcourir son dos – une de toutes ces parties de son corps qu'elle n'aime pas car elles sont trop marquées de traces qui ne disparaîtront jamais. « Did you get hurt ? Like… wounds I would not see from the outside ? » « I-I don't know... » Elle hésite, se demande si elle ne devrait pas lui assurer que tout va bien pour ne pas inquiéter d'avantage celle qui s'est déjà fait un sang d'encre pour tous les pensionnaires de Syndrigasti. Elle relève alors les yeux, les lèvres entrouvertes et aussitôt toute sa volonté s'émiette. « My back hurts a little, » finit-elle par admettre, incapable de mentir à Alma lorsqu'elle la regarde ainsi. Elle est pourtant constamment en train de diminuer ses propres souffrances, une habitude dont elle ne parvient pas à se défaire. « That's probably nothing. Maybe just an old wound that reopened, » suppose-t-elle, l'air convaincue que ce n'est rien d'important. Just – parce que ce n'est jamais bien grave, lorsqu'il s'agit de son corps à elle, de ses blessures et de ses souffrances. Qui plus est elle n'en est pas sûre : elle se fait peut-être des idées à cause de la fatigue – bien que la douleur laisse à croire qu'elle a raison, quand bien même elle affirme ne pas avoir si mal que ça. Et, sentant déjà venir son reproche de ne pas le lui avoir dit avant, elle essaie de se justifier. « I know I should have told you before but the other kids were scared and you were busy, so I didn't wanna bother you or anyone else... » Elle s'explique autant qu'elle s'excuse, d'une voix qui tremble un peu parce qu'elle avait des raisons de le faire mais qu'elle s'en veut parce que maintenant Alma va s'inquiéter. Et ça c'est encore de sa faute.

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Moi, je veillerai sur vous pour toujours

Endormez-vous dans mes bras
Moi, je veillerai sur vous pour toujours, pour toujours

22/05/2022

Ash and dust

Avec Emma blottie dans ses bras, Alma a l’impression de revenir neuf ans en arrière, quand elle la dorlotait dans son lit après chaque cauchemar qui réveillait la petite fille. Et même si ces instants sont issus d’angoisses ou de mal-être lié à des traumatismes, la jeune femme a toujours su apaiser le coeurde sa protégée et elle chérira toujours le souvenir de ces moments de tendresse. Et qu’importe l’âge d’Emma, elle trouvera toujours du réconfort dans ses bras la minute où elle le désirera. Même si la Poufsouffle y voit un aveu de faiblesse. L’héritière des Black sait bien que l’adolescente ne voit pas toutes les qualités qu’elle voit en elle. Y compris sa résilience et sa force. Elle pense peut-être qu’il faut être invincible, presque intouchale pour être considérée comme une survivante mais c’est ce qu'elle est. C’est ce qu’elle a toujours été, même si elle le nie. "You are. After all you’ve been through, I can see the warrior and the survivor in you." Distraitement, Alma caresse le visage et la chevelure d’Emma tout en repensant à l’enfer qu’elle a vécu à Poudlard. Un enfer où elle se serait volontiers jetée pour la sauver et protéger ses enfants.

Lorsqu’Hector pousse la porte de sa chambre, Emma sursaute violemment, révélant le syndrome d’un stress post-traumatique. Sur le moment, Alma tente de la rassurer mais elle se note d’en parler à Sir Duncan car si elle ne connaît absolument rien à la façon de traiter ce mal, le psychiatre de Syndrigasti saura comment aider la petite blonde et tous ses congénères. Fort heureusement, le vieux chat du foyer s’emploie à distraire la jeune fille et lui apporter une autre forme de réconfort grâce à ses ronronnements. Malgré son indépendance typique de la race féline, Hector avait le don de sentir la détresse des pensionnaires et venait souvent à leur rencontre pour les apaiser. Ce gros pacha ne faisait pas grand chose, à vrai dire, mais sa seule présence parvenait à apaiser les tensions. Soit par des coups de tête affectueux, soit en se roulant en boule sur un lit près de l’enfant.

Par acquis de conscience, la directrice de l’orphelinat interroge sa protégée sur d’éventuelles blessures qu’elle lui aurait cachées. Car elle sait pertinemment qu’Emma pourrait taire ce genre d’information pour permettre aux plus jeunes de recevoir des soins plus rapidement ou de ne pas inquiéter Alma. Et lorsque la jeune fille se montre hésitante en affirmant qu’elle ne sait pas, l’ancienne Serdaigle comprend que ce qu’elle redoutait est bien réel. "Yes, you do…" Ce n‘est pas un reproche, Alma sait que la jeune fille ne pensait pas à mal en lui cachant quelque chose mais elle souhaite lui faire comprendre qu’elle n‘est pas dupe et qu’elle lui doit la vérité. La brune ne supporterait pas de faillir à son devoir en ne lui prodiguant pas les soins nécessaires, même si cela signifie quitter Syndrigasti pour aller aux urgences cette nuit.

Comme à son habitude, l’étudiante minimise ses maux. Alma ignore si c’est par habitude de se dénigrer ou si des années de mauvais traitements ont augmenté sa résistance à la douleur. L’un comme l’autre lui déplait, cependant… "Show me," demande l’adulte d’une voix douce. D’ordinaire, elle aurait demandé à Emma si elle était d’accord pour lui montrer mais l’angoisse lui tord le ventre à l’idée que sa blessure ne soit trop profonde et bien plus grave que la Poufsouffle ne veuille bien admettre. Elle essaye de garder son calme et de ne pas montrer à quel point elle a peur de ce qu’elle va découvrir car c’est elle, l’adulte responsable qui doit prendre soin d’elle. Elle a déjà manqué de s’évanouir le jour de leurs retrouvailles en découvrant son visage meurtri par les poings de son père, elle ne veut plus faire preuve de faiblesse. "I’m not mad at you, love," murmure-t-elle pour la rassurer. "I know it’s been quite chaotic since you all came back from Hogwarts but every child in this house deserves my attention. You will never bother me, even when I’m busy, do you understand ? Now show me…" répète-t-elle au cas où la jeune fille trouve une échappatoire pour minimiser son mal. Dans la mesure du possible, Alma sait qu’elle pourra s’occuper d’elle et panser ses blessures. Mais si la plaie est trop importante, elle n’hésitera pas à se rhabiller pour la conduire à Sainte Mangouste.

AVENGEDINCHAINS

03/07/2022

@Alma Black Travers & Emma Jenkins
3 juin 1980, pensionnat Syndrigasti, Londres

I’m waking up to ash and dust

Emma n'a jamais compris comment Alma pouvait percevoir tant de qualités en elle. Comment elle pouvait lui dire qu'elle est forte, qu'elle est intelligente ou qu'elle est belle et sembler y croire. La petite blonde, elle, n'y a jamais vraiment cru. Elle a grandi dans l'idée qu'elle ne possédait aucun de ces attributs qu'elle aurait tant voulu avoir, son père s'en plaignant justement sans cesse. Elle n'était jamais assez maline, jamais assez douée, jamais assez bien pour lui. La moindre erreur, même aussi minuscule et insignifiante que cogner un meuble en passant la serpillère, pouvait servir de prétexte pour une salve de reproches qui détruisait chaque fois un peu plus le cœur meurtri de l'enfant qu'elle était. Et même si elle a eu la chance inouïe d'être recueillie par Alma qui lui a montré ce qu'étaient l'amour et la bienveillance, des années d'insultes et de dénigration ont laissé des traces solidement ancrées dans son esprit. Alors lorsque celle qui a la place d'une mère dans son cœur affirme que cette attaque, aussi tragique qu'elle ait pu être, n'a fait que prouver une fois de plus à quel point elle est forte, Emma peine encore à la croire. Elle n'a pas l'impression d'être particulièrement forte et encore moins d'avoir vaincu la mort. Elle se sent juste minuscule et effrayée par ce qu'il s'est passé et surtout par sa propre impuissance. « You are. After all you’ve been through, I can see the warrior and the survivor in you. » Alors que la main de sa protectrice glisse sur son visage et ses cheveux, Emma peut sentir ses yeux s'embuer alors qu'elle ne sait plus vraiment quoi répondre. Alors son seul réflexe est de se serrer un peu plus contre Alma et de murmurer la seule chose dont elle ne doute jamais, même durant une nuit aussi incertaine. « I love you... » Et c'est ce à quoi elle s'accroche sans cesse : l'amour et la reconnaissance indéfectibles qu'elle ressent pour celle qui l'a sauvée, et l'espoir que la réciproque dure à jamais.

Si l'arrivée soudaine du chat du pensionnat effraie la pauvre Emma pour qui les bruits brusques risquent d'être synonyme de terreur pour un long moment, le vieux matou ne manque pas de se faire pardonner en se lovant contre elle afin qu'elle puisse le caresser. L'adolescente pourrait passer des heures à l'écouter ronronner tout en glissant ses doigts fins dans sa fourrure toute douce, mais ce n'est as ce qui lui est permis aujourd'hui puisqu'Alma veut s'assurer qu'elle ne soit pas blesser. Et si sa première réponse, la plus instinctive – et idiote –, est de répondre qu'elle ne sait pas, le regard que pose l'adulte sur elle lui fait vite comprendre qu'elle ne dupe personne. « Yes, you do… » Elle qui envisageait de mentir – juste un peu – pour ne pas l'inquiéter, quand bien même elle ne soit pas douée pour lui cacher la vérité, s'en sent soudainement incapable. Pourtant, à peine lui a-t-elle avoué avoir mal au dos qu'elle fait déjà marche arrière en affirmant que ce n'est sans doute pas grand chose. « Show me. » Et si la voix d'Alma est infiniment douce, l'adolescente comprend bien que si elle veut voir son dos c'est parce qu'elle s'inquiète. Et aussitôt la culpabilité s'empare d'elle parce que c'est exactement ce qu'elle voulait éviter – mais là encore elle n'a pas réussi. Alors elle essaie d'expliquer sa cachotterie d'un ton qui équivaut à des excuses, sa voix tremblante ainsi que son regard baissé vers ses mains trahissant sans mal ce mélange de mal-être et de honte qu'elle ressent. Même si l'habituel I'm sorry n'est pas prononcé, il transparaît dans chacun de ses mots. « I’m not mad at you, love. » Après avoir nerveusement glissé l'une de ses mèches blondes derrière son oreille, Emma relève les yeux pour croiser ceux de sa protectrice. Il n'y a aucune colère dans ses iris, seulement cette bienveillance et cette tendresse qu'elle a l'impression de toujours y trouver. « I know it’s been quite chaotic since you all came back from Hogwarts but every child in this house deserves my attention. You will never bother me, even when I’m busy, do you understand ? » Si l'adolescente acquiesce en signe de compréhension, ça ne l'empêche pas d'entrouvrir la bouche comme si elle cherchait une autre façon de diminuer sa souffrance. Pas qu'elle en trouve une avant qu'Alma ne l'interrompe, cela dit. « Now show me… » Ses lèvres se rejoignant de nouveau sans qu'elle n'ait prononcé un seul mot de contestation, la petite blonde hoche de nouveau la tête. Elle glisse nerveusement sa main sur sa joue comme pour essuyer une larme imaginaire avant de se mordre un instant l'intérieur de la joue. « I'm sorry, » assure-t-elle dans un murmure avant de retirer doucement la patte qu'Hector a laissé traîner sur sa cuisse. Puis elle se lève pour faire volte-face et se rassied sur le canapé, dos à Alma cette fois. Elle commence par soulever le large tee-shirt qu'est son haut pyjama puis, réalisant que ça ne suffira pas étant donné que la douleur est surtout à hauteur de ses omoplates, en sort sa tête mais pas ses bras pour dévoiler l'intégralité de son dos sans avoir à retirer totalement son vêtement. Quelques secondes s'écoulent sans qu'elle n'ose rien dire, simplement bien peu à l'aise comme à chaque fois qu'elle doit dévoiler une partie de son corps qu'elle n'apprécie pas – à peu près l'intégralité de ce dernier, en réalité. Puis finalement elle brise le silence, n'y tenant plus. « It's not that bad, right ? » Ce sera à l'adulte de juger si une plaie d'une vingtaine de centimètres qui s'est partiellement rouverte mais dont le sang ne s'écoule plus, coagulé depuis des heures sûrement, est si terrible que ça. Emma, elle, se contente de fixer un point devant elle tout en mordillant sa lèvre alors qu'une de ses mains vient chercher le pelage rassurant de Hector sur le canapé.

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22/05/2022

Ash and dust

Rien n’était jamais simple avec Emma parce que son histoire compliquait toujours tout. La violence dans laquelle elle avait été élevée faussait toutes ses perceptions et modifiait ses réflexes en comparaison avec des enfants nés dans une famille bienveillante. Cela n’était pas forcément le cas d’Alma mais il y avait un monde entre l’éducation dure des Black et celle des Jenkins. Là où Alma avait reçu des regards assassins, Emma recevait des coups de poings meurtriers. Là où la plus douce des jumelles se heurtait à des silences glaçants, la petite blonde se noyait sous une pluie d’injures et de qualificatifs rabaissants. Et tout ce temps passé à ancrer dans la tête de la petite Poufsouffle qu’elle n’était bonne à rien était désormais perdu. La directrice du pensionnat avait tout fait pour y remédier mais il persistait encore de mauvais réflexes dans les attitudes d’Emma et la brune savait très bien qu’elle n’y pourrait pas grand-chose. Malgré tout l’amour dont elle l’abreuvait, seul le temps permettrait de panser complètement les plaies de son cœur. Elle lui répèterait donc autant de fois que nécessaire qu’elle était importante, qu’elle était aimée et que la personne qu’elle était méritait tout ce bonheur dont on l’avait privée jusque-là. "I love you too, honey," murmure-t-elle avant d’embrasser son front et de resserrer ses bras autour d’elle.

Légèrement jaloux, Hector se joint à elles pour recevoir quelques caresses. Il sait pertinemment qu’avec Emma et Alma, il ronronnera pendant des heures. D’autres enfants de ce pensionnat sont moins friands de ces moments-là ou n’apprécient tout simplement pas les félins et le vieux matou sait qu’il n’est guère utile de tenter sa chance avec eux. Mais dans le cas d’Alma et de sa protégée, il s’en donne à cœur joie. Cependant cette séance de câlins est vite interrompue par les doutes de l’ancienne Serdaigle. Elle flaire à des kilomètres les mensonges d’Emma même si elle sait qu’ils ne sont jamais malintentionnés. La petite blonde craint toujours de l’inquiéter ou de lui faire perdre son temps… Alma ne lui en veut pas, comment pourrait-elle lui reprocher ce qu’elle fait elle-même à longueur de temps ?

Lorsque la jeune femme parvient à la convaincre de lui montrer sa blessure, Emma se détache d’elle et se redresse pour retirer le t-shirt qui lui sert de pyjama. Elle lui souffle une dernière fois qu’elle est désolée mais Alma secoue la tête : ce n’est pas à la directrice de Syndrigasti que la petite blonde doit des excuses mais à elle-même. Elle néglige ses peines et ses besoins depuis si longtemps… L’ancienne Serdaigle retient son souffle lorsque le vêtement remonte le long de son échine, elle a peur de ce qu’Emma va lui dévoiler. Et soudain, elle découvre cette plaie qu’elle ne connaît que trop bien qui s’est ouverte sous la violence des attentats qui ont frappé Poudlard. Et autour d’elle, toutes les autres cicatrices que le passé lui a infligées. La brune réprime un frisson et se mord la lèvre inférieure. Par tous les dieux, ce qu’elle peut haïr le père d’Emma… La blessure ne semble pas si profonde que la première fois mais le fait que la chair se soit à nouveau déchirée à cet endroit inquiète Alma. Lorsque sa protégée lui demande si c’est si terrible que cela, l’adulte hésite un instant. "I… I don’t know sweetheart. I think we should clean up this wound. How bad does it hurt ?" Son regard inquiet rivé sur le visage de l’adolescente, Alma attend son consentement avant d’utiliser un Accio pour attirer sa trousse de secours sur le canapé. Cette trousse lui a toujours été utile face aux petits bobos de ses protégés mais en l’occurrence, elle craint que ce ne soit pas suffisant. Versant un peu de désinfectant sur une compresse, Alma préfère prévenir la petite blonde. "It might sting a little, I’m sorry love. Take a deep breath." Avec la plus grande délicatesse, Alma s’emploie à nettoyer le sang coagulé et obtenir ainsi un peu plus de visibilité sur la plaie. Elle imagine bien qu’Emma n’a montré sa blessure à personne depuis la veille et que la jeune fille n’a pu bénéficier d’aucune aide pour se soigner. D’un coup de baguette, elle pourrait très certainement refermer la plaie mais l’idée qu’il s’agisse d’une ancienne blessure la tracasse. "As it is an old wound, we should show it to a doctor. I can put a bandage on it for a night but I’d rather let a professional take a look and decide what to do." Tout en parlant, Alma confectionne un pansement de fortune pour sa protégée afin qu’elle passe une nuit plus sereine. "Tomorrow, we’ll go to the hospital, maybe Dr. Baker will be available to heal you. I will not leave you darling, I swear it. As long as you need me, I’ll be by your side." Une fois le pansement posé sur le dos frêle de la Poufsouffle, Alma l’aide à remettre son t-shirt avant de l’enlacer, veillant à ne pas appuyer sur sa blessure.

AVENGEDINCHAINS

Sujet: Re: I’m waking up to ash and dust ♦ Alemma

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