Don't let me be misunderstood - Nicholas

Dont’ let me be misunderstood

Elle a encore le souvenir des lèvres de Laelia sur les siennes et la simple idée que quelqu’un puisse l’aimer à nouveau la fait sourire comme une collégienne. Elle en avait oublié l’effet que cela produisait dans son cœur et dans sa tête. La première fois qu’elle avait éprouvé cela, c’était le soir où Roman lui avait proposé d’être sa cavalière au bal de fin d’année à Poudlard. Puis lorsqu’il l’avait embrassée, quelques secondes après qu’elle lui ai dit oui. La jeune Elvira avait alors pensé qu’il serait le seul et unique amour de sa vie. Et finalement, une décennie de mariage avait eu raison de leur passion et de leurs sentiments. L’Auror pensait que cette partie de sa vie n’était qu’une page de plus à tourner et qu’elle consacrerait le reste de son existence au combat contre les Forces du Mal. Mais c'était sans compter la présence de Laelia à Poudlard qui allait chambouler une bonne partie de ce en quoi elle croyait. Éprouver des sentiments forts à l’égard de sa collègue et s’apercevoir que c’était réciproque, c'était nouveau pour Elvira. Et le baiser échangé à l’hôpital avait achevé de faire chavirer son cœur. L’attentat survenu à Poudlard avait remis en question bien des choses et la peur de perdre un être cher avait permis à certaines personnes de trouver le courage et faire le premier pas pour ne rien regretter. A l’image de Laelia… mais aussi d’un élève de Serpentard qui avait brusquement déclaré sa flamme à Elvira. En plein chaos.

Sur le moment, l’ancienne Serdaigle avait cru mal entendre ou mal comprendre. Après tout, le château était en train de s’effondrer. Cela dit, ses mots faisaient écho à son comportement tout au long de l’année. A ses sourires en coin lorsque leurs regards se croisaient, à son insistance pour l’aider en cours… Elvira en était sortie perturbée, c’était exactement de cette façon qu’elle agissait lorsqu’il s’agissait de Laelia. Toujours trouver un prétexte pour lui parler ou lui adresser un sourire. En ce qui concernait sa collègue, Elvira admettait que la complication venait du fait qu’après des années de mariage, elle tombait amoureuse d’une femme. Cela étant, cet obstacle était tout à fait franchissable si on y réfléchissait un peu. En revanche, qu’un élève tombe amoureux de sa prof de Défense contre les forces du Mal… c’était catastrophique ! Cela enfreignait tous les codes de la déontologie et la dernière chose qu’Elvira souhaitait, c’était un malentendu avec un étudiant. Cet incident s'était déjà produit l’année dernière, il était hors de question de remettre ça ! D’autant plus que Nicholas Moore lui avait dévoilé sa flamme en public, devant sa sœur jumelle. Merlin sait qui d’autre aurait pu l’entendre ! Si la rumeur se répandait, Elvira était fichue. Pour son poste d’enseignante, son poste au Ministère, son intégrité, tout ! La jeune femme avait donc attendu de se remettre de ses blessures pour aller à la rencontre du jeune Vert et Argent afin de jouer cartes sur table et mettre les choses au clair une bonne fois pour toutes.

Oh elle n’allait pas le réprimander, bien sûr que non. Elle serait mal placée de reprocher à un autre le simple fait d’éprouver des sentiments pour quelqu’un. Elle souhaitait juste lui faire comprendre qu’elle ne partageait pas cette passion et que de toute manière leurs statuts respectifs d’élève et d’enseignante l’interdisait. Elvira elle-même trouvait cela malsain même si une autre aurait pu trouver flatteur le fait de plaire aux étudiants de Poudlard. L’Auror demanda donc au personnel soignant de lui indiquer où elle pourrait trouver le jeune Moore et se dirigea d’un pas lent vers sa chambre. Après avoir tapé trois petits coups sur sa porte, la jeune femme entendit l’invitation à entrer et se retrouva face à Nicholas, le coeur battant d’appréhension. Elle allait lui faire du mal, sans doute, mais c’était nécessaire. "Bonjour monsieur Moore, comment allez-vous ?" Elle avait déjà du mal à le regarder en face, ça s’annonçait mal. "Je n’ai pas eu de vos nouvelles depuis l’attaque, j’espérais bien vous retrouver sain et sauf." Elvira se mordit la lèvre. Par Merlin, ce genre de discussion polie allait la mettre dans un beau pétrin si elle continuait. Autant crever l’abcès immédiatement. "Je voulais que nous reparlions de ce que vous m‘avez dit quand nous sommes retournés à l’intérieur du château…" Le grand saut sans brassards et sans bouée. Que le meilleur gagne.

@Nicholas Moore

Don’t let me be misunderstood

Cela semblait interminablement long. Ces journées passées à compter les dalles du plafond de sa chambre à Sainte-Mangouste était une sorte d’échappatoire pour Nicholas Moore. Ce dernier avait ses instants rythmés par les visites de ses proches. Ses parents et sa sœur jumelle, Ophelia Moore. Qui tentait par tous les moyens, de lui redonner une forme de sourire. Or, ses ébauches de sourire, n’étaient présentes que pour rassurer la Poufsouffle. Mais, le Serpentard ‘savait’. Sa copie conforme n’était pas dupe et leur lien en était même impacté. Leur Don surtout. Le Préfet en Chef des Verts et Argent était resté mutique depuis les attentats de Poudlard. Parce qu’il l’avait perdue. Elle.

Lysea Walsh, la Gryffondor à la chevelure de feu et au regard clair qui avait emporté son cœur dès lors qu’elle avait disparu. Son âme, quant à elle, restait focalisée sur la Rouge et Or, souhaitant éperdument la retrouver. Mais à quel prix ? Qu’était-il advenu d’elle ? S’il le pouvait, il serait déjà parti en quête pour la retrouver. Même si cette entreprise était déjà vouée à l’échec dès le début. Parce que le fils Moore n’avait aucune piste. Ne savait point où elle pouvait prétendument se trouver. Était-elle encore en vie, seulement ? À cette pensée, une larme s’échappa de son regard sombre pour s’échouer sur ses joues pâles et tuméfiées. Ses iris noires fixant toujours ce plafond à la couleur vert anis, semblable à tout ce qui était présent dans l’Hôpital pour Sorciers Britanniques.

Un soupir, alors qu’une des Infirmières faisant sa ronde venait de lui apporter un nouveau plateau. Plateau, qu’il renverrait intact comme les autres. Sa jumelle, si elle avait été là, aurait fait son pépiement d’oiseau, signe qu’elle s’inquiétait outrageusement pour son jumeau. Que celui-ci était en pleine descente dans les cercles des Enfers, et que pour l’y ressortir, cela serait très compliqué. Des mots d’une chargée des soins, qu’il n’écouta qu’à moitié alors que le Batteur de Serpentard tournait sa tête brune sur le côté. Offrant pour seule réponse, un signe dédaigneux de sa main. Pour que la femme puisse disparaitre et le laisser seul. Qu’on le laisse seul. Qu’il savoure cette peine insidieuse qui était en train de le ronger et qui n’était pas prêt de le lâcher, d’ailleurs.

Mordant ses lèvres fendillées qui avait été pourtant soignées par un Sortilège, Nicholas Moore entendit néanmoins quelques coups discrets frappés à la porte de sa chambre. Haussant un sourcil, il était prêt à sortir son venin et à le cracher vers l’Infirmière. Parce que merde ! Qu’on le laisse tranquille ! Qu’on le laisse vivre une putain de dépression avec un cœur brisé et une inquiétude somme toute immense à la clé ! Dans son for intérieur, il aurait aimé que cela fut Lysea Walsh, lui avouant un mauvais calembour. S’il se serait fâché sur l’instant, il lui aurait pardonné directement. Parce qu’elle lui serait revenue. Qu’elle ne se serait point évaporée. Alors, intérieurement il priait Salazar Serpentard, murmurant un faible accord pour que la personne en question puisse pénétrer son antre de douleur. Par Salazar, il y croyait. Il y avait un timide espoir pour qu’en face de lui se tienne la Rouge et Or et sa crinière flamboyante.

Sauf que non.
Ce n’était point elle.
Fronçant les sourcils, le brun se redressa dans son lit, conscient que cette visite allait potentiellement changer la donne. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien lui vouloir ? Ne devait-elle pas être en convalescence, elle aussi ? Miss Elvira Carter qui se trouvait dans sa chambre, cela semblait être surréaliste ! Mais, le regard sombre détaillait cette splendide femme qui semblait être aussi mal à l’aise que lui, au demeurant. Se massant les tempes et l’arête du nez, le Vert et Argent accueillit ces étranges aveux sans savoir quoi en penser. Pourquoi lui dire cela maintenant ? Cela ne pouvait point attendre sa sortie d’entre ces murs vert anis à la couleur peu flatteuse ?

- Bonjour. Fut la seule formule de politesse qui s’échappa d’entre les lèvres du fils Moore. Je suis aussi très heureux de vous savoir saine et sauve. Vous vous portez bien ? La logorrhée verbale du Serpent allait commencer. Avant de s’arrêter brutalement, avec la suite des confessions de sa Professeure de Défense Contre les Forces du Mal. Ah … Je … Déstablisé, totalement l’Héritier Moore ne savait pas quoi dire. Partageait-elle les mêmes ‘sentiments’ à son égard ? Comme un flirt adolescent sans conséquence. Ce que je vous ai dit, quand on a failli mourir ? Que je vous aimasse, c’est bien cela ? Le regard noir restait à contempler cette femme, avant que l’une des mains du jumeau Moore ne se plonge dans sa chevelure foncée et qu’un soupir en vienne à déchirer le silence.

Putain.
Pourquoi, lui dire cela à cet instant ?
Que cela reste de la candeur et de l’innocence dans ce monde dévasté par la folie humaine.
C’était tout ce que Nicholas Moore était en droit de demander.

- Je … vous me plaisez. Je ne l’ai jamais occulté. Je ne l’ai jamais caché. Vous possédez une aura magnifique. Et, moi j’ai craqué sur vous. Un silence. Laissez-moi avoir un peu d’espoir même si ce n’est point réciproque. Que ce ne sera jamais réciproque. Un autre silence. J’ai perdu quelqu’un que j’aimais … et je ne sais pas si je vais la revoir. Je n’en ai aucune idée. La voix, d’ordinaire si assurée du Batteur des Serpentard vient à se briser. Doucement. Laissez-moi espérer. Juste un peu Miss Carter.

Dont’ let me be misunderstood

Les paroles du Serpentard résonnaient dans sa tête depuis l’attentat. Un millier de choses bien plus lourdes de conséquences s’étaient passées depuis et pourtant, la scène lui revenait par flashes en permanence. C’était ridicule et pourtant, c’était toujours la même chose avec Elvira… Donnez-lui des Mangemorts ou des chasseurs assoiffés de sang à combattre, elle n’hésitera pas une seule seconde. Ouvrez-lui votre cœur et elle succombera à la panique en moins d’une seconde. Le problème, avec l’élève Moore, c’était que cette passion n’était pas partagée mais qu’en plus, il était étudiant. Et ça, ça posait un problème éthique à l’Aurore. Le même qui s’était posé lorsque Naomi Ozawa l’avait embrassée par surprise. Par Merlin, il fallait vraiment qu’elle revoie son attitude avec ses élèves car de toute évidence, elle ne les laissait pas indifférents. Pour n’importe quel autre enseignant, cela aurait été flatteur, mais Elvira y voyait surtout un problème de mœurs qui risquait de mal se terminer. Sans compter qu’à présent que Laelia lui avait fait part de ses sentiments, elle ne voulait laisser la place à aucune ambiguïté. Certes, s’engager avec une femme lui faisait peur mais elle aimait profondément sa collègue et il était hors de question que cette dernière croie qu’Elvira s’amusait à flirter avec ses élèves. Et encore moins le garçon le plus populaire de Serpentard. Préfet et joueur de Quidditch, qui plus est. Elvira en rougissait de honte par avance, il ne fallait absolument pas que les paroles de Nicholas Moore s’étendent jusqu’aux oreilles de ses camarades. L’ancienne Serdaigle s’empressait donc de mettre un terme à tous les malentendus qui pourraient découler de cet échange pendant l’attaque. C’était peut-être des paroles en l’air ou un acte désespéré dans cet instant de chaos, après tout… Mais Elvira ne pouvait pas en rester là, elle devait mettre un terme à tout cela et vite. Tuer le problème dans l'œuf avant qu’il ne devienne cataclysme.

Une fois parvenue dans la chambre du jeune Serpentard, elle prit son courage à deux mains et se lança dans la discussion qu’elle aurait aimé ne jamais avoir (pour la seconde fois !) avec un élève. Elle acquiesça distraitement lorsque Moore lui demanda si elle allait bien. Peu importait les restes de douleur qu’elle trimballait à la tête et à la jambe, elle n’était pas venue ici pour se faire plaindre : elle préférait aller droit au but. Cela surprit sans doute le Préfet Vert et Argent mais elle ne savait pas comment s’y prendre autrement. Se tenant au pied du lit pour ne pas établir de proximité prêtant à confusion, elle secoua la tête de haut en bas à sa réaction. "Oui, lorsque vous m’avez dit que vous m’aimiez." Ca, elle aurait pu le dire à Laelia si son cœur avait été plus intrépide, mais elle refusait tout bonnement de l’entendre dans la bouche d’un élève. N’avaient-ils pas assez de gens de leur âge autour d’eux à fréquenter ? L’attrait pour un professeur restait un mystère pour la jeune femme. Peut-être que le fils Moore allait lui expliquer ? Par Merlin, oui, il lui explique… En cet instant, l’Aurore aurait aimé pouvoir se couvrir les oreilles. Ses paroles-là, tous ces beaux compliments, elle préfèrerait les entendre de la bouche de la femme qu’elle aime. Pas d’un étudiant au cœur d’artichaut qui ne sait même pas à quel point il pourrait chambouler sa vie, juste avec ces mots. Elvira ferme les yeux en soupirant. Pourquoi lui complique-t-on à ce point la tâche avec des sentiments ? "Merci pour ces belles paroles mais je ne peux pas les accepter, monsieur Moore. Je n’ai jamais rien entrepris pour vous séduire et je suis navrée si j’ai pu instaurer un quelconque malentendu entre nous mais vous ne pouvez pas tenir ce genre de propos."

Elle sait bien que ce genre d’amourettes pouvaient exister mais il y avait aussi des abus, dans tous les sens du terme. Et elle ne voulait pas que le Ministère puisse croire une seule seconde qu’une femme comme elle s’amuse à charmer les étudiants. Les collègues, c’était autre chose, entre adultes consentants et responsables mais pas entre professeur et étudiant. C’était tout simplement inconcevable. "C’est contre la déontologie et je ne veux pas que des rumeurs circulent au sujet de délits que je n’aurais pas commis, vous me comprenez ?" Sans compter que si le gosse affirmait qu’il l’aimait depuis plusieurs années, chacun pouvait y aller de son commentaire jusqu’à l’accuser de détournement de mineur. L’horreur la plus totale. Fort heureusement, le Serpentard évoque sa petite-amie, Lysea. Un excellent moyen de diversion même si la Gryffondor était portée disparue depuis l’attaque. "Je sais à quel point vous vous inquiétez pour miss Walsh et je vous assure que les Aurors mettent tout en œuvre pour la retrouver saine et sauve. C’est à cet espoir que vous devez vous accrocher." Sans compter qu’Elvira imaginait fort bien le traumatisme de l’adolescente kidnappée, revenant à une vie normale pour apprendre que son petit-ami avait des vues sur leur professeur de Défense contre les forces du Mal. Une aberration. "Je vous en prie, monsieur Moore, ne confondez pas votre détresse avec la sympathie que vous pourriez avoir pour moi. C’est Lysea que vous attendez et c’est elle que vous aimez, pas moi. Vous laisser espérer quoi que ce soit serait bien cruel de ma part."

Don’t let me be misunderstood

Le Serpentard était las et fatigué. Se rendant compte qu’ici, emprisonné à Sainte-Mangouste, il ne pouvait faire qu’attendre. Qu’entrevoir certains futurs qui avaient le mérite de lui déplaire. Où était Lysea Walsh, la Rouge et Or ? Était-elle parvenue à s’extirper saine et sauve de ses ravisseurs ? Ou bien, était-ce le contraire ? Ce qui rendait malade, Nicholas Moore. Ce qui lui octroyait le fait pur et simple de ne plus savoir manger ou boire correctement. Il n’avait plus envie de rien. Et même converser avec son double, était un supplice. Double, qui souffrait en même temps que lui. Double, qui voulait prendre sa douleur mais dont, il avait encore assez de lucidité pour le lui refuser.

Alors, les journées étaient sempiternellement longues. Entre les visites et les soins. Entre les allées et venues des Médicomages et de sa famille, qui se sentait inquiète à son propos. L’Héritier Moore, n’avait plus rien d’un véritable successeur, pire … il commençait à devenir une ombre. Enfermée dans ses propres Enfers, à s’asphyxier autant sur le fond que sur la forme. Il était désabusé et dépité. À défaut de vraiment exister et de ressentir. Si on lui préconisait (à raison) de reposer son âme, il ne le faisait pas. Trop d’idées et de scénarios en tête, qui incluaient à eux seuls, cette noirceur qui lui consumait l’esprit et lui empoisonnait le cœur. Alors, s’attendre à voir apparaître son enseignante préférée dans son champ de vision, avait au moins le mérite de faire plaisir au Batteur. Même si le regard de la Professeur, ne lui offrait pas le même ressenti.

Elle était là, parce qu’elle se devait d’être là. Et, apparemment, il serait judicieux qu’elle lui explique certaines choses de la vie, vu sa mine peu réjouie de la situation. Toujours en fronçant les sourcils, le brun attendait l’impact. Celui qui allait faire s’effondrer le restant de son petit monde. Elvira Carter, n’était point venue pour le rassurer. Elle était venue pour anéantir le restant d’espoir qu’il possédait encore et annihiler l’embryon de sentiment, qu’il avait pour elle. Pour cette femme plus âgée, qui représentait l’autorité. Et, dont il en appréciait les valeurs. Mais, ces mêmes valeurs ne correspondaient point à cette femme, visiblement.

- Oui. Et, je ne regrette pas ces paroles. Je ne les regretterais jamais. Dans sa détresse bien visible, le Vert et Argent était toujours têtu. Bien qu’il comprît les arguments soufflés par son interlocutrice. Je le sais … que vous ne m’avez pas séduit. Que cela n’était pas votre intention. Vous êtes une enseignante respectable et respectée. Un silence, douloureux. Qui lui coûtait bien plus qu’il ne l’aurait pensé. Miss Carter, les sentiments ne se contrôlent pas. Ils vont et ils viennent. Et, votre façon d’être me plaît. Indubitablement.

Avec un soupir, l’étudiant de Serpentard écoutait la suite de la diatribe de sa vis-à-vis, qui, avait toutes les raisons du monde, de lui partager ceci. Elle avait entièrement raison. Au fond de lui, le Préfet et Batteur des Serpentard, le savait. Mais, une petite voix, quant à elle … lui susurrait qu’elle avait foncièrement tort. Que tout était possible, si l’on y croyait vraiment. N’est-ce pas ? Alors pourquoi, le faire encore plus endurer d’affliction, en lui disant cela ? Pourquoi, être aussi cruelle et déterminée à lui planter des lames chauffées à blanc dans le cœur ? N’avait-il pas assez dégusté en voyant nombre de ses amis morts ou blessés ? D’avoir failli perdre Ophelia Moore ? Et … d’avoir perdu Lysea Walsh, tout court ? Secouant sa tête aux boucles brunes, le fils Moore était incapable d’imprimer ces mots, dans un coin de sa tête. Les rejeter était bien plus aisé. Bien plus simple.

- Vous êtes une personne intègre. Vous êtes une enseignante qui tente de nous inculquer cette valeur mais … j’ai perdu plus que ce que j’aurais pensé ce jour-là. Je sais que les Aurors, sont à la recherche de ma petite amie … je sais qu’ils mettent tout en œuvre pour la retrouver … mais s’ils ne la trouvaient pas hein ? Que tout n’avait été qu’un prétexte à la savoir morte depuis le début ? Une inspiration et une expiration douloureuses. Je m’inquiète mais je perds espoir, petit à petit. Vous l’avez dit vous-même : j’ai de la sympathie pour vous. C’est juste une amourette d’adolescent comme tant d’autres à Poudlard. J’aime Lysea, c’est certain. Et vous, je vous aime … mais d’une autre façon. C’est tout.

Dont’ let me be misunderstood

Tenir tête au préfet des Serpentard sur ce genre de sujet était extrêmement difficile pour Elvira. En fait, l’Auror pouvait afficher un courage sans limite lorsqu’il s’agissait de combattre les mages noirs ou d’affronter les pires horreurs mais dès qu’il était question de sentiment, sa bravoure se faisait la malle. C’était ridicule mais terriblement vrai. Et entendre le Serpentard lui déclarer sa flamme la mettait d’autant plus mal à l’aise qu’elle ne partageait pas sa passion et que c’était contre tous les codes de la déontologie. Sa meilleure amie aurait pu ricaner en affirmant que depuis Naomi Ozawa, Elvira devrait avoir l’habitude d’être l’objet du désir de ses étudiants mais l’enseignante trouvait cela incroyablement dur à affronter. Et en plus de cela, elle devait briser leurs illusions, fendiller leur coeur.

Elle avait déjà mis toute une année scolaire à se rendre à l’évidence qu’elle était amoureuse de Laelia, puis à la laisser s’approcher suffisament prêt pour l’embrasser, il ne fallait pas trop lui en demander. Fort heureusement, les deux personnes qu’elle avait aimées dans sa vie s’étaient montrées bien plus aventureuses qu’elle pour faire le premier pas et s’emparer de son cœur. Et à son grand désespoir, deux étudiants s’étaient également convaincus qu’ils l’aimaient. Peut-être bien que Laelia s’en serait amusée, elle aussi… Néanmoins une once de soulagement la déleste d’un poids quand Nicholas reconnaît qu’elle ne s’est pas montrée entreprenante ni séductrice avec lui. Au moins un point sur lequel ils étaient d’accord. Elvira se serait effondrée s’il lui avait affirmé le contraire et rejeté la faute sur elle. Elle qui est incapable de draguer subtilement la professeure de Soins aux créatures magiques, elle serait bien en peine de lefaire sciemment sur ses étudiants ! Mais comme Nicholas le disait si bien, les sentiments ne se contrôlent pas. Ca, l’Auror est bien placée pour le savoir ! Le proverbe “le coeur a ses raisons que la raison ignore” est incroyablement approprié à sa situation. Cependant, la jeune femme se crispe lorsqu’il affirme à nouveau qu’elle lui plait. "Arrêtez de dire ça, je vous en supplie," grimace-t-elle en fermant les yeux. Si le Vert et Argent avait été plus jeune, on aurait pu la taxer de pédocriminalité. Et en-dehors des questions de majorité, elle aurait trouvé cela dégoûtant si elle avait été un homme et lui une adolescente. Vraiment, il fallait que le fils Moore cesse de crier son amour sur tous les toits car elle allait finir par s’attirer des ennuis sans le vouloir, risquer sa place à Poudlard et pire encore : au Ministère. "C’est contre-nature, un enseignant ne peut pas fréquenter un de ses élèves, c’est de l’abus de pouvoir. Je ne vois même pas en quoi je pourrais vous intéresser." D’un point de vue générationnel, ils ne partageaient pas les mêmes intérêts. Par défaut, l’héritier des Moore devrait n’avoir d’yeux que pour les gens de son âge. Certes, Laelia était bien plus jeune qu’elle, mais elle était adulte et partageait la même maturité intellectuelle qu’elle, gommant parfois leur différence d’âge. Mais entre Nicholas et elle, un gouffre sans fond séparait leurs personnalités.

En revanche, la professeur de Défense contre les forces du Mal savait qu’il fréquentait Lysea Walsh, la jeune Gryffondor qui avait disparu lors de l’attentat. C’était la seule branche à laquelle elle pouvait se raccrocher même si les autorités magiques peinaient à retrouver sa trace. "Je ne peux rien vous promettre en ce qui concerne miss Walsh, mais je peux vous assurer que mes collègues font tout leur possible pour la retrouver. Il faut y croire et prier pour qu’elle nous revienne saine et sauve. Car lorsqu’elle sera à nouveau parmi nous, elle aura besoin de vous. Pas d’un petit-ami qui n’a d’yeux que pour une idylle sans fondements ni avenir." L’ancienne Serdaigle était certainement un peu trop dure dans ces propos mais elle devait tracer une ligne entre eux pour qu’il ne franchisse pas la distance du respect qu’il lui devait en tant que professeure et surtout en tant que femme. Qu’il ne tente rien de stupide. "Imaginez la peine que vous lui feriez… Tout comme la peine que je ferais à la personne que j’aime si je n’envisageais qu’un seul instant de croire en vos belles paroles." Elvira savait que Laelia n’était pas le genre de femme à prendre la mouche pour un quiproquo si léger mais tout de même… Si le baiser qu’elles avaient échangé avait un minimum de sens pour elle, c’était un véritable serment aux yeux d’Elvira. Et qu’importe le temps que leur histoire durerait, qu’importe les difficultés qu’elle avait à assumer d’être amoureuse d’une autre femme, elle nela trahirait pas. Et encore moins avec un jeune étudiant au cœur d’artichaut.

Don’t let me be misunderstood

Voir Elvira Carter en vie, emplissait de liesse, le cœur bien trop maudit de Nicholas Moore. Parce qu'il ne savait rien de l'état actuel de Lysea Walsh, celle qu'il aimait et qui était introuvable. Alors, voir cette femme à son chevet était une forme de réalité sincère dans son monde qui était lentement en train de s'écrouler. Ou de s'effriter. Plus rien n'allait. Tout ne semblait être que des cendres. Que des bribes de souvenirs heureux, dont le Serpentard n'avait visiblement plus vraiment accès.

Heureusement, celle qui était sa jumelle avait elle aussi survécu. Car, si on ôtait au grand brun, la Poufsouffle, ce dernier serait assuré de souffrir le martyre comme jamais auparavant. Alors, même si ses termes à lui étaient quelque peu maladroits, le Vert et Argent, se devait de les souffler à sa Professeur de Défense contre les Forces du Mal. Histoire de se sentir peut-être vivant ? Éloigner la Grande Faucheuse, un temps ? Malgré qu'il soit passé proche de celle-ci et qu'elle ait failli le capturer dans ses serres bien trop mortifères.

- Je m'excuse. Un léger soupir, avant de baisser sa tête brune, l'espace de quelques secondes. Tout en écoutant paisiblement les remontrances de son interlocutrice. ... je le sais qu'une relation d'une telle nature ne peut exister. Et, je ne peux que confirmer vos propos. Mais ... vous êtes une personne belle et admirable. Inflexible aussi. Un modèle de bravoure et d'exigence. Et ... Il sentait les larmes lui piquer son regard sombre, le fils Moore. ... vous êtes un symbole d'espoir dans un monde qui peu à peu s'éteint.

Les derniers mots avaient été soufflés plus qu'énoncés. Tandis que la petite amie, du jumeau Moore était de nouveau mentionnée, lui arrachant encore une fois, une partie de son cœur. Et si ... alors que lui était encore ici, elle n'était plus ? Et si, il ne la verrait plus que dans ses songes ? Parce que ... cette pensée, elle lui arracha un grondement sourd à l'Héritier Moore, ponctué de ces larmes traîtresses qui venaient de s'échouer sur ses joues quelque peu meurtries.

- Une petite voix me souffle qu'elle sera saine et sauve, alors que l'autre me persuade que ... Un silence. ... que je n'entendrais plus son rire, semblable à un cristal parfait ou je ne verrais plus son sourire, qui m'est à chaque fois destiné. J'ai peur. Trop peur. Un autre silence. ... je sais que je lui ferais de la peine et je ne veux pas lui en faire. Parce que ... je suis fou amoureux d'elle. Un regard sombre, qui ne cillait aucunement. ... je suis heureux que vous ayez trouvé cette personne Miss Carter. Sincèrement. Tout comme lui, avait pu trouver la sienne. Même si l'ancienne Serdaigle avait été sensiblement le premier coup de cœur de l'adolescent. Et que ce dernier ne s'effacerait peut-être pas si aisément, tout compte fait.