Lysea Walsh - Something wrong

Que pensez-vous de la situation et du climat actuel qui règne sur le Royaume-Uni ? Lysea se met des œillères en ce qui concerne les attaques des Moldus. Née dans leur communauté, elle est persuadée que leurs deux mondes peuvent vivre en harmonie. Pour elle, ceux qui ont perpétré l’attentat sur le Chemin de Traverse sont des déséquilibrés, des meurtriers en puissance. Elle ignore l’existence des communautés de chasseurs et que sa jumelle en fait partie. Avoir conscience que les Moldus voudraient tuer les sorciers la détruirait, pour sûr. Lysea n’envisage que la menace Mangemort pour leur monde en cet instant précis. L’attaque sur Pré-au-lard lui a fait prendre conscience qu’être un enfant et ne pas prendre part au conflit ne protègera aucun sorcier. Même si on leur dit que les élèves sont en sécurité à Poudlard, elle redoute le jour où les extrémistes s’en prendront au château.

Quels sont vos idéaux ? Votre vision de ce que le monde devrait être ? Lysea a des idées progressistes, elle est pacifiste et pense que sorciers et Moldus peuvent vivre en harmonie. Ne l’a-t-elle pas fait pendant onze ans avec sa propre famille avant qu’une lettre de l’école ne vienne officialiser sa nature de sorcière ? Lysea a l’ambition de devenir Auror pour défendre leur monde contre la magie noire et bien plus encore. Elle se veut héroïque et juste, mais elle ne sait pas encore qu’elle n’est pas assez solide. Elle n’a pas les épaules assez larges pour endosser ce rôle et protéger la veuve et l’orphelin.

Caractère Sensible et douce, Lysea est une grande rêveuse, toujours armée d’un crayon et de son carnet à croquis pour redessiner le monde. Si parfois elle a besoin de s’isoler, c’est lorsqu’elle se sent en confiance qu’elle dévoile sa nature extravertie. La jeune fille a toujours le mot pour rire, s’intègre facilement et trouve toujours le temps pour s’amuser. Durant son enfance, elle a dû cacher sa nature de sorcière dès l’arrivée de ses pouvoirs et elle en garde un souvenir amer. A Poudlard, nul besoin de jouer à être quelqu’un d’autre, elle s’y sent épanouie et se sent enfin comprise et à sa place. Après son arrivée au château, la Gryffondor se sentait triste d’être séparée de sa famille mais avec le temps, elle a creusé un fossé entre eux et leur écrit de moins en moins, notamment à sa soeur Aelys. Obnubilée par le monde sorcier, elle perd de plus en plus ses racines moldues car elle a l’impression qu’avec sa baguette à la main, elle ne sera plus jamais brimée pour ce qu’elle est.

8 Juin 1962
— Dans une maternité de Londres

Elles sont nées au cours de la même après-midi. Lysea la première, Aelys quatre heures plus tard. Le destin aurait-il déposé sa magie en Aelys si elle avait devancé sa jumelle ou aurait-il choisi la plus sensible des deux de toute manière ? Nul ne saurait le dire… Pour l’heure, leur papa les regarde dormir avec tendresse, chacune dans sa pouponnière mais leur petit visage tourné l’un vers l’autre. Maman se repose épuisée après avoir donné naissance à ces jolies princesses. Des prénoms se sont vite imposés dans leurs esprits, parfaits anagrammes pour ne pas oublier que chacune aura sa propre personnalité malgré le fait qu’elles se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Elles prendront un jour leur envol même si l’une restera à jamais le reflet de l’autre et inversement. Pour le meilleur et pour le pire. Il est impossible de les différencier alors malgré l’été qui s’annonce, Papa glisse des petites chaussettes à rayures sur leurs pieds. Mauves et blanches pour Aelys, jaunes et rouges pour Lysea. Comme le présage de deux mondes différents qui s’apprêtaient à mettre à l’épreuve l’amour de deux sœurs.





"Aelyyyys ?" La gamine remue à peine sous les draps. Lysea attend quelques secondes avant d’appeler à nouveau, dans un murmure. "Aelys, tu dors ?" Cette fois, sa jumelle se retourne dans son lit pour lui faire face. "Qu’est-ce qu’il y a ?" Lysea se redresse, soulagée que sa sœur soit encore éveillée. "T’entends ce bruit ?" Depuis quelques minutes, quelque chose gratte contre les volets de leur chambre, terrifiant la petite fille au point de ne plus pouvoir dormir. "C’est rien, rendors-toi, ça doit être le vent," la rassure Aelys. "Mais j’ai peur… Et si c’était le croquemitaine ?" Du haut de ses quatre ans, la petite rousse a une imagination débordante. En particulier quand sa peur de l’obscurité prend le dessus une fois la nuit tombée. "Mais ça n’existe pas, les croquemitaines !" Des deux filles, Aelys est la plus pragmatique, la plus téméraire. Il n’y a pas grand-chose qui puisse lui faire peur, c’est tout juste si elle sursaute quand Lysea se cache dans les placards pour lui bondir dessus. "Mais c’est quoi alors ?" gémit Lysea. Un loup ? Une armée de fantômes ? Des vampires assoiffés de sang ? Ou la sorcière qui traque les enfants qui ne finissent pas leur assiette peut-être ? Oui, c’est ça. Elle n’a pas voulu manger ses haricots au dîner, Papa l’avait prévenue. Ces pensées s’entremêlent dans l’esprit de la petite fille et comme si elle pouvait les entendre, Aelys repousse soudain les couvertures et se lève. "Tu fais quoi ?" chuchote la trouillarde. "J’vais voir ce que c’est." La voix de sa sœur est calme, posée. Il y a peut-être une pointe d’agacement parce qu’elle aimerait dormir une bonne fois pour toute, mais elle ne blâme pas sa jumelle.

Trop petite, Aelys pousse une chaise contre le mur pour ouvrir la fenêtre puis le fameux volet pour découvrir ce qui fait un tel bruit. Et soudain… "Whoaaah..." Lysea ne s’attendait pas à ce genre de réaction de la part de sa sœur. Elle tend le cou. "Alors, c’est quoi ?" Tout ce qu’elle décrypte sur le visage de sa jumelle, c’est de l’émerveillement. Étrange pour un bruit qui faisait si peur… "Viens voir !" La peureuse ouvre des yeux ronds comme des soucoupes. Sa sœur serait-elle tombée sur la tête ? En l’absence de réaction, Aelys tourne la tête vers elle en souriant. "C’était la branche du cerisier qui tapait contre les volets à cause du vent, mais viens voir, c’est trop beau !!" Prudente, Lys’ risque une jambe hors des couvertures, puis la deuxième avant de se lever et de se hisser sur la chaise aux côtés de sa sœur. Soudain le même émerveillement illumine son regard. Leur jardin s’est recouvert de neige et le ciel saupoudre leur monde de blanc. La magie de Noël chasse les cauchemars de l’esprit de la petite fille. Sa sœur dirait que ça n’a rien de magique, mais pour l’instant, les deux gamines de quatre ans ont les yeux qui brillent devant un tel spectacle. Accoudée à la fenêtre sans se préoccuper du froid qui envahit leur chambre, Lysea pose son menton sur ses avant-bras en regardant leur balançoire disparaître sous un manteau de neige. Et une idée saugrenue lui vient en tête. "Hey… Et si on descendait faire une bataille de boules de neige ?"





Eté 1969
— Maison de campagne des Walsh, Irlande

Le bateau est attaqué ! Tous les matelots rejoignent leur poste pour affronter le vaisseau ennemi qui leur fonce droit dessus. Le capitaine Aelys et son second Lysea tiennent fort la barre pour ne pas chavirer malgré la tempête qui fait rage. Il faut qu’elles s’accrochent pour ne pas passer par-dessus bord. En face, l’autre navire a hissé le pavillon noir et s’apprête à piller tout l’or que contient la flotte des Wlash. Revenues tout droit du Nouveau Monde, elles ont les cales remplies de merveilles qu’elles offriront à sa Majesté. Les pirates ont dû les suivre depuis qu’elles ont quitté l’île de Tortuga, à coup sûr. Tirant leurs épées de leurs fourreaux, les jumelles sont parées à l’abordage qui s’annonce des plus rudes !

Perchées sur le pommier trônant au milieu du jardin, les jumelles ont décidé que l’arbre serait aujourd’hui le plus fringant des navires. Des bouts de bois en guise de sabre, elles défendent avec ardeur leur trésor : une caisse en bois remplie de châtaignes, de jolis cailloux, de fleurs et de plumes. L’imagination galopante de Lysea plante souvent le décor de leurs jeux et Aelys s’engouffre tête baissée dans ses histoires féériques. Chargée de monter à la vigie pour sonner l’alerte, Lysea monte un peu plus haut dans le pommier et soudain… "Aaaah !" Le pied de la petite fille glisse et la fait dégringoler de l’arbre. Prête à subir l’impact, elle ferme les yeux. Pourtant rien ne vient ! Elle sent une force la propulser vers le haut et la remettre d'aplomb pour atterrir sur ses pieds. "Qu’est-ce que..." Pas une égratignure alors qu’elle aurait pu se faire très mal en tombant d’une telle hauteur. Ebahie par l’inexplicable expérience qu’elle vient de vivre, Lysea se tourne vers sa sœur avec un grand sourire. "J’ai rebondi Aelys, c’était marrant !" Le sourire de la petite rousse déchante en voyant que sa jumelle ne partage pas son excitation. Allez quoi, c’était marrant, qu’est-ce qui lui prend ? Des mots blessants s’ensuivent. Un surtout, lui fait plus mal que les autres. “Anormal”. Pourquoi ne serait-elle pas normale ? Les larmes montent toutes seules, voilant son regard. Elle n’est pas un monstre pour être traitée de la sorte, elle n’a rien fait de méchant. Elle ne se sent pas différente, rien n’a changé. Alors pourquoi sa sœur la regarde-t-elle comme si elles n'étaient plus la même entité, à présent ?






Sur le chemin de l’école, Lysea marche tête baissée. Aelys marche deux bons mètres devant elle alors qu’elles ont toujours fait le trajet côte à côte. Elle ne lui a pas décroché un mot ce matin et ça lui tord les tripes. En fait, elles sont en froid depuis les vacances d’été, depuis qu’elle a “rebondi” dans les airs sans explication rationnelle. Depuis qu’elle lui a jeté ces insultes à la figure et qu’elle la considère comme une menace. Aelys ne lui a pas pardonné la tolérance de leurs parents et les remontrances contre ce qu’elle percevait comme une anomalie. Maman et Papa ont pris sa défense car ils voient bien que Lysea n’a pas décidé d’exploiter cette force soudaine qui l’a animée. Elle ne la pas choisie et pourtant elle est là, sans pour autant la changer ni interférer dans l’amour qu’elle porte à leur famille. Pourquoi Aelys ne le comprend-elle pas ? Cela blesse la petite fille d’autant plus que sa jumelle et elle partageaient le même cœur et les mêmes sentiments avant cet incident. Bien sûr, elles se sont déjà disputées pour des broutilles mais jamais au point d’avoir cette distance qui n’avait jamais existé entre elles. Cela blesse d’autant plus Lysea que l’objet de leur discorde est leur nature profonde. Que les autres ne l’acceptent pas comme elle est est certes douloureux, mais rien ne lui fait plus mal que le rejet d’Aelys. La Terre entière a le droit de la bouder et de se moquer d’elle, mais pas Aelys. Avant, elles étaient seules contre le reste du monde. A présent Aelys s’est alliée à l’univers pour la rejeter. Lysea a perdu une part de son identité dans cette dispute. Elle a même l’impression que sa sœur fait exprès de lui piquer ses copines à la récréation, de prendre pour elle leur double identité et de l’exclure de cet amour qu’elles partageaient autrefois.

Se sentant plus seule que jamais, Lysea ajuste l’anse de son cartable sur son épaule. Une larme roule sur sa joue qu’elle essuie d’un geste furtif. Elle ne veut pas que sa sœur la voie en train de pleurer.






Décembre 1969
— Maison des Walsh

De la fenêtre de leur chambre, Lysea observe sa sœur s’envoler depuis la balançoire du jardin. Une expression de colère rapproche ses sourcils et tord sa bouche. Aujourd’hui, elle n’a pas envie d’aller s’amuser avec elle, et ça lui donne la sensation d’être punie dans leur chambre. A son âge, aucun outrage n’est plus grand que la trahison de sa jumelle et pourtant Aelys vient de franchir la ligne rouge. Pendant la récréation de l’après-midi, Aelys s’est fait passer pour elle auprès de ses copines pour les embêter. C’était d’autant plus facile qu’elles étaient habillées et coiffées pareil aujourd’hui… Résultats, ses amies sont fâchées après elle alors qu’elle ne leur a rien fait. Elle a eu droit à des regards noirs de leur part lorsqu’elle a regagné sa place dans la classe.

De sa fenêtre, Lysea bouillonne de colère. Évidemment, elle a nié les faits mais si on devait croire tous les enfants qui mentent pour couvrir leur bêtise, on ne trouverait jamais le coupable a dit Papa. Et quand la petite fille a accusé sa sœur de lui avoir volé son identité afin de se faire passer pour elle, Aelys a joué les victimes outrées. Elle a crié au scandale et ses parents étaient interloqués de voir à quel point elle pouvait inventer des histoires tarabiscotées plutôt que d’avouer sa faute et de se faire pardonner par ses amies. Lysea a eu beau pleurer, rien n’a pu lui éviter l’humiliante défaite. Ruminant dans sa chambre, elle jure de ne plus jamais adresser la parole à sa sœur. Pour se distraire, Lysea saisit ses crayons et ouvre son carnet à dessin. Elle va essayer de reproduire de mémoire le petit écureuil qu’elle a vu traverser la route en rentrant de l’école.







Au matin de Noël, Lysea s’est levée avant tout le monde et est descendue silencieusement au salon. Au pied du sapin, des tas de cadeaux sont éparpillés, faisant briller d’envie ses petits yeux. La gamine est sage et obéissante, elle ne les ouvrira pas avant tout le monde. Elle profite juste du silence apaisant de la maisonnée pour s’asseoir par terre et contempler les paquets. Il y en a de toutes tailles, tous enveloppés dans du papier bleu et argent, mais les étiquettes accrochées aux rubans permettent d’identifier leur destinataire. Elle en voit certains pour elle, mais tous portent l’écriture de Maman et Papa, aucun ne vient d’Aelys. Ce n’est pourtant pas faute d’en avoir préparé un pour elle… Déçue, Lysea rassemble ses genoux contre elle et pose son menton dessus en soupirant.

L’escalier grince soudain derrière elle. Sans se retourner, elle reconnaît le pas de sa sœur. Cette dernière murmure un “bonjour” timide auquel Lysea répond du bout des lèvres. Contre toute attente, Aelys se pose à côté d’elle, un paquet entre les mains. La gamine l’observe du coin de l'œil, sa jumelle a la tête baissée, presque gênée. "J’suis désolée pour ce qui s’est passé à l’école… Je veux qu’on fasse la paix." Lysea se tourne alors vers sa sœur, l’air soulagée et émue. "Joyeux Noël," ajoute-t-elle en lui tendant son cadeau avec un petit sourire timide.






Août 1973
— Maison des Walsh

Le regard de la jeune fille ricoche entre ses parents et le monsieur qui s’est invité dans leur salon. Entre ses mains, la lettre qu’il lui a remise quelques minutes plus tôt. Une lettre portant l’emblème d’une école parée de quatre couleurs bien distinctes. Le monsieur en question s’est annoncé comme étant le directeur de cette école et son regard brille de sagesse. Il a demandé à s’entretenir avec les Walsh au sujet de la scolarité de Lysea. Cette école-là est composée de jeunes gens qui lui ressemblent, avec des pouvoirs magiques et des professeurs pour lui apprendre à les maîtriser. Il dit qu’elle aura même une baguette, comme les fées dans les contes de son enfance ! Lysea note d’ailleurs que la liste des fournitures scolaires est composée de chaudrons, de nécessaires à potions et de livres de magie. Elle l’ignorait encore, mais cette école est prête à lui offrir tout ce qu’elle désire. A commencer par un entourage compréhensif qui ne la traitera pas d’erreur de la nature.

La gorge de Lysea se serre, cependant, quand le directeur décrit l’école comme un pensionnat en Ecosse. Cela veut dire qu’elle devra y vivre et qu’elle ne reverra sa famille que lors des vacances scolaires. C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’Aelys s’est levée, furieuse, et a gravi les escaliers quatre à quatre pour s’enfermer dans sa chambre en claquant la porte.







La fête bat son plein dans le dortoir des filles de Gryffondor. Les étudiantes les plus âgées ont préparé une petite surprise pour accueillir les nouvelles comme il se doit. Le rouge et or virevolte partout dans leurs quartiers et Lysea ne peut s’empêcher de sourire. Gryffondor est sa nouvelle famille désormais. Elle n’a plus honte d’exhiber sa baguette pour la contempler, la magie est devenue la normalité de ce monde. Les autres élèves sont comme elle, elle ne sera plus le vilain petit canard de sa classe. L’époque où elle était traitée de monstre est révolue, elle ne se sentira plus incomprise. Grâce aux cours dispensés à Poudlard, elle deviendra une sorcière puissante et grandira dans un environnement bien plus compréhensif.

Avant d’effleurer sa tête lors de la cérémonie de répartition, le Choixpeau a chanté sa comptine sur les maisons de Poudlard. La sienne est celle des braves, de ceux qui n’ont pas froid aux yeux pour défendre les causes les plus chevaleresques. Et ça lui plait. Il est bien loin, le temps où elle avait peur des croquemitaines…






Octobre 1974
— Terrain de Quidditch, Poudlard

“Courageuse mais pas téméraire.” C’est ce que madame Bibine a inscrit dans son bulletin scolaire à propos des cours de Quidditch. Une bien élégante façon de la recaler aux sélections pour faire partie de l’équipe de Gryffondor. Elle ne figure même pas parmi les remplaçants des remplaçants. Lysea est un peu déçue, elle adore le Quidditch, pourtant elle n’est pas assez douée sur son balai. Elle manque d’initiative et de prise de risque. C’est dur à encaisser, pourtant elle aimerait rester proche de l’équipe car aucun club de l’école ne la tente. Et malheureusement, il n’y a pas de club de dessin dans cette école.

Bien décidée à rester dans un environnement qu’elle aime, elle est allée voir son professeur de vol à la fin du cours. Puisqu’elle ne peut pas faire partie des joueurs de Gryffondor, l’adolescente a demandé à être l’assistante du professeur Bibine pendant les entraînements des rouge et or. Ce petit rôle lui plaît déjà. Elle veut préparer le matériel, distribuer les maillots et nettoyer les balais à la fin des matchs. Et qui sait, peut-être que sa prof acceptera qu’elle dessine un nouvel emblème pour leur équipe et de les faire broder sur leurs uniformes...







Ce matin, un des hiboux de Poudlard a déposé une lettre dans l’assiette de Lysea. Une chance qu’elle ait fini son petit-déjeuner à ce moment-là. La jeune fille ne dispose pas d’un hibou personnel, ses parents n’ont pas voulu lui en acheter un car ils ignoraient comment le cacher aux voisins pendant les vacances scolaires. L’adolescente utilise donc un des oiseaux de l’école pour correspondre avec sa famille. Cela dit, l’entourage des Walsh a bien dû remarquer les étranges allers-retours des oiseaux autour de la maison depuis le temps qu’elle étudie à Poudlard…

La missive a été écrite de la main d’Aelys et lui réchauffe le cœur en cette période de Noël. Sa jumelle lui délivre un message d’amour poignant où elle s’excuse pour le comportement agressif qu’elle a eu envers elle ces dernières années. Elle regrette de l’avoir traitée comme un monstre et de l’avoir rejetée pour sa différence, cette différence qui est si admirable, finalement. Elle lui avoue qu’elle regrette de s’être vengée ainsi et qu’elle aimerait se racheter. Cette lettre émeut Lysea aux larmes, elle serre la lettre contre son cœur, soulagée que tant d’années de rancunes et de non-dits prennent fin. Elle en oublie même que c’est l’heure d’assister à son cours de Métamorphose, sa voisine de table lui file un petit coup de coude pour la ramener à la réalité. Toute chamboulée, Lysea rassemble ses affaires en souriant. Elle imagine déjà tout ce qu’elle va répondre à sa jumelle et au joli dessin qu’elle ajoutera à sa lettre. Elle y mettra toutes ses émotions, tout son amour et des couleurs plus vives les unes que les autres. Ce qu’elle ignore, cependant, c’est que sa soeur ne pense pas un mot de ce qu’elle dit et qu’elle a rejoint une communauté religieuse qui menace de détruire son espèce, reniant tous les liens qui les unissaient autrefois.






Février 1978
— Salle commune de Gryffondor, Poudlard

Penchée sur son parchemin, Lysea ne parvient pas à se concentrer sur son devoir d’Histoire de la magie. A la table d’en face, elle échange des sourires timides avec un garçon de septième année. Ce n’est pas un lion, il s’est immiscé dans leur salle commune avec son groupe d’amis. Depuis une heure, ce groupe de garçons rient aux éclats et amusent la galerie. Indisciplinés au possible, ils monopolisent l’attention et propagent une onde de bonne humeur dans les quartiers des Gryffondor. En cette période sombre, ils en ont bien besoin. Depuis un moment, les nés Moldus marchent la tête basse dans les couloirs de Poudlard. Depuis qu’on les tue pour ce qu’ils sont, depuis que les leurs tuent des sorciers. Lysea ne crie plus sur les toits sont appartenance aux deux mondes car elle ne veut pas être associée à de si noires pensées. Cependant, l’étudiant face à elle lui sourit sans pour autant prendre en compte la pureté de son sang. Lysea le trouve si charmant qu’une nuée de papillons s’envole dans son estomac. Elle aimerait finir son essai au plus vite pour se joindre à leur table et lui parler un peu. Voire même de lui donner rendez-vous à la bibliothèque pour flirter avec un peu plus de tranquillité. Elle ne pense plus à rien d’autre que ses jolis yeux, pas même à sa sœur qui lui manque terriblement.





Emmitouflée dans sa cape d’hiver, Lysea monte lentement les escaliers menant à la volière du château. Pensive, elle a le regard plongé dans le vide pendant qu’elle gravit mécaniquement les étages de la tour. Ce qui est arrivé sur le Chemin de Traverse est abominable. On raconte que des Moldus armés se sont immiscés sur leur territoire pour abattre des sorciers. La première pensée de Lysea s’est orientée vers sa sœur jumelle en apprenant ce terrible fait divers. Le conflit entre Moldus et sorciers lui rappelait les querelles de leur enfance et lui renvoyait de vives douleurs en pleine figure. Elle a écrit une lettre à ses parents et une autre pour Aelys. Pour leur préciser dans un premier temps qu’elle allait bien et qu’elle ne faisait pas partie des victimes. Et surtout pour leur rappeler qu’en ces temps difficiles, il ne fallait pas oublier que les deux camps comprenaient certes des extrémistes, mais que l’amour entre les deux mondes était possible. Elle en était la preuve vivante, non ? Dans l’espoir d’envoyer un message de paix à sa famille, la jeune fille remet sa lettre à l’un des hiboux de l’école et l’envoie braver la neige de Janvier pour rassurer les siens et maintenir la paix dans son petit univers, au moins.






Février 1980
— Grande salle, Poudlard

En remplissant son formulaire de demande de stage, Lysea sent un frisson d’excitation la parcourir. Elle achève de compléter sa candidature pour devenir stagiaire auprès du bureau des Aurors au Ministère de la Magie. Lysea rêve de devenir l’un d’entre eux, d’être le bouclier protecteur de leur monde contre la magie noire. Elle se rêve en justicière impitoyable et désire être la fierté de ses parents et de sa sœur pour prouver que les sorciers peuvent aussi être des héros. Et ce serait également un beau pied-de-nez pour les Mangemorts de voir une Née Moldue anéantir à l’avenir tous leurs efforts d’épuration de la race. Satisfaite du nouveau tournant que s’apprête à prendre sa vie, Lysea range sa plume et se lève pour déposer son formulaire sur le bureau du professeur McGonagall, la directrice de sa maison et référente de cette grande vague de formation de la jeunesse sorcière. Ce bel avenir lui fait de l'œil et lui fait miroiter une gloire infinie.

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