Let's start at the rainbow | Sköll

Pour la petite Psychomage évoluant dans les couloirs de Sainte-Mangouste, les journées se ressemblaient mais nullement les patients. Chaque cas isolé, s'en trouvait être plus que différent mais chacun était traité avec la même attention. Propre aux préceptes et aux valeurs de la minuscule Galloise. Si certains avaient été réfractaires avec ses méthodes au début, ils y avaient vite adhéré. Conscients alors, que l'ancienne Poufsouffle ne leur voulait que du bien. Et, cela fonctionnait.

Alors, assise sur une chaise peu confortable de la salle de pause de l'Hôpital pour Sorciers Britanniques, l'ancienne disciple d'Helga remettait au propre ses différentes notes prises à la volée, lors de sa matinée au sein de l'établissement. Assidue certes, elle pouvait l'être. Mais largement distraite par des iris céruléens qui s'invitaient parfois dans son inconscient et qui la faisaient rougir plus que de raison. Ces prunelles d'un bleu hypnotisant, elles appartenaient à un certain individu. Un personnage dont elle pouvait singulièrement se targuer d'avoir attiré son intérêt.
Malgré, le fait que la petite brune se sentait bien insignifiante.

Parce qu'elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il y avait bien d'autres demoiselles, bien plus intéressantes dans la capitale anglaise et ses alentours ! Cole Bronson, son cousin, lui certifiait le contraire même s'il se méfait du 'prétendant' de la jeune femme, au vu de ce qu'elle lui confiait parfois. Or, l'ancienne Jaune et Noire ne soufflait rien à propos de ses sentiments naissants, nés de la patience que son interlocuteur semblait avoir avec elle. Néanmoins, il restait un homme et serait vite lassé de ses refus, n'est-ce pas ?

Là, était sa pensée, alors qu'elle paraphait de son écriture ronde, un parchemin. Attestant que ses propos relatés par écrit étaient sincères concernant la patiente dont elle avait pu traiter les névroses. Avec un soupir et une gorgée de son eau plate à la saveur de citron, Celys Carroll prit contre elle, ses nouveaux dossiers. Les derniers de cette journée. Et, souriante de faire ce pour quoi, elle officiait chaque jour. Redonner un peu d'espoir dans la psyché de l'être humain qui pouvait être si compliquée, au demeurant !
Retirant sa blouse de Médicomage afin de la remettre dans son casier, réajustant son serre-tête fleuri, ainsi que sa robe assortie. Ainsi que ses hautes bottes blanches pourvues de talons, qui attestaient à eux seuls, d'une journée bien remplie qui la laisserait sûrement fourbue.

Un sourire et un dernier salut de la main à son équipe et la voilà, partie. Remettant en place la cape présente sur ses épaules nues, jusqu'à se sentir suivie l'espace de quelques instants. Fronçant les sourcils, la petite brune n'appréciait que moyennement ce qui était en train de se passer. Se retournant vers l'inconnu, armée de sa baguette. Pour l'abaisser, l'instant d'après.

- Sköll ? Sa voix, n'était alors qu'un murmure, mais le sourire qu'elle pouvait afficher sur ses lèvres pulpeuses étant quant à lui, bien sincère. Que fais-tu ici ? Innocemment, elle espérait qu'il soit venu la voir. Mais, peut-être, n'était-il que de passage par ici ? Et cela, étrangement, ça lui mettait un peu le cœur en berne, à la demoiselle.

Il n’y avait guère de place pour la routine, dans la vie agitée d’un Greyback. Et bien qu’on puisse trouver certaines constances dans les semaines du jeune fils de Fenrir, il y persistait malgré tout cette pointe d’imprévu qui faisait le sel de ses journées. Bien que fortement lié à plusieurs organisations drastiquement différentes, il n’était jamais dit si le lycan se présenterait à l’une ou l’autre, n’ayant finalement de réelle allégeance autre que pour sa propre personne.

Oui, il était loup, et avait une meute, mais l’esprit libre de Sköll ne se complaisait guère au simple commerce -certes illégal- ainsi qu’à la vie paisible au milieu des bois l’ayant vu naître. Et s’il passait souvent quelques jours avec ceux qui étaient sa famille de sang, le jeune homme avait un tempérament bien plus indépendant et sociable que sa soeur jumelle, son double, qui, elle, préférait la tranquillité de la forêt et d’un territoire bien établi.

Oui, il servait les desseins d’un mage noir, mais n’en portait pas la marque. Contrairement à ces êtres faiblards qu’étaient les humains bien que dotés de magie, lui n’avait pas de collier au cou. Car cette marque les appelant auprès de leur maître faisait bien office de chaîne d’acier sur laquelle il suffisait de tirer afin de les rappeler à l’ordre. Le lycan, lui, allait et venait comme bon lui semblait, mettant ses talents au service du plus offrant, mais aussi pour celui lui promettant les meilleures chasses. Or… les mangemorts étaient de ceux-ci.

Oui, il était membre d’un gang, et garde du corps de celle qui en tirait les rênes. Mais cette dernière était au fait de sa nature, et le laissait aller et venir sans en prendre ombrage. Ainsi, s’il se plaisait parfois à jouer les videurs au Golden Clover, aucun contrat ne l’y liait officiellement.

Libre, c’est ce qu’il était par nature, là où d’autres y voyaient une malédiction. Libre de ses mouvements et de ses actes, distribuant la mort sans se soucier des conséquences, et défiant celle qui menaçait parfois de venir le trouver. A choisir cette vie, l’impétueux loup savait qu’il n’irait sans doute pas à un âge aussi avancé que celui qui dirigeait actuellement la meute. Mais il n’en avait que faire.

Et parmis cette liberté qu’il s’offrait à l’encontre de toute justice, il y avait cette Biche. Cette petite sorcière, quelque peu timorée, mais qui laissait entrevoir un potentiel qu’elle refusait jusqu’à lors de lâcher. Comme dans une crainte de ne plus être en mesure de maîtriser ce qu’elle pouvait offrir au monde. Avec elle, le loup se montrait patient, méticuleux, ne la brusquant pas trop, tout en la poussant régulièrement aux frontières de sa zone de confort. En attendant de voir si elle se déciderait à sauter, ou non.

En cette fin de journée d’automne, c’était vers cette petite psychomage que s’étaient tournées les pensées du lycan. Aussi avait-il choisi d’attendre sagement dans l’une des ruelles juxtaposant l’hôpital sorcier de Ste Mangouste. Lieu dans lequel il n’était absolument pas décidé à mettre les pieds. Et dans la pénombre de la venelle, c’était deux iris dans lesquels brillaient un étrange reflet mordoré que l’on pouvait distinguer. Iris qui s’étaient posés sur la silhouette attendue, avant que le loup n’amorce un mouvement pour prendre sa suite.

Durant quelques secondes où le loup marchait à pas feutré derrière la biche, cette dernière ne se retourna pas. Mais tout dans son attitude laissait percevoir la tension qu’elle ressentait. Elle se savait suivie. Et finalement, c’est armée qu’elle fit face à la menace, abaissant immédiatement sa baguette en reconnaissant les traits de son poursuivant, sur lesquels s'était peint un sourire quelque peu amusé.

« J’espérais te voir. » répondit-il simplement, sans faire durer davantage le suspens.

Et de ce pas le caractérisant, à la fois charmeur et prédateur, il approcha de la petite demoiselle qu’il surplombait si aisément. Ses doigts attrapant délicatement le menton de la galloise, il remonta légèrement le visage de cette dernière pour ancrer ses iris sauvages dans ceux de la sorcière.

« Comment se porte cette petite psychomage ? »

La psyché humaine était véritablement des plus intéressantes. C'était la conclusion de la petite Galloise alors que chaque patient pour lequel elle œuvrait, était somme toute assez différent. Aucun n'était semblable à l'autre, et en cela, son domaine de compétences était variable et ô combien appréciable. Cependant, en ce qui la concernait elle, Celys Carroll ne se dévoilait jamais. Ou peu. Préférant opter pour du silence timoré plutôt qu'un enthousiasme fortement exacerbé. Après tout, elle était là pour ceux et celles qu'elle soignait et ces derniers n'avaient nul besoin de savoir ce qui se terrait dans son âme et nouvellement dans son cœur.

Dans cet esprit pourtant pragmatique se camouflait un être dont elle n'aurait jamais pensé l'existence, la petite Poufsouffle. Ou du moins, aucun de ce genre qui aurait pu s'intéresser à elle de la sorte. Cet inconnu qui ne l'était plus réellement, il faisait naître chez la cousine de Cole Bronson de bien singuliers sentiments. À la fois une prudence exacerbée mais aussi une envie étrangement folle de succomber. Néanmoins, il paraissait faire preuve d'une certaine patience à son égard, et cela était pour le moins important en ce qui concernait la disciple d'Helga. Même si, par moments, son interlocuteur n'hésitait pas à la pousser quelque peu hors de sa zone de confort.
Et ... étrangement, cela ne déplaisait pas à la petite Psychomage.

Certes, il était sensiblement à l'inverse de ce que pouvait être Jérémy Baker. Un collègue devenu ami, à qui, il lui était quelque peu délicat de mentionner ce jeune homme avec qui la petite brune passait une partie de son temps. Peut-être que l'Australien ne comprendrait aucunement cet état de fait ? Ou bien, se réjouirait-il alors pour elle ? Celys Carroll n'en savait rien, elle le supposait juste. Mais, cette simple idée que Sköll déplaise à son ami, ne l'enchantait guère.

C'était pourquoi le sujet était encore tabou. Et sensiblement secret. Alors que la petite Galloise rangeait ses affaires, espérant malgré elle, revoir celui porteur d'un regard qui la troublait tant. Inspirant vivement, tout en venant mordre ses lèvres avec un étrange sentiment, la petite brune était alors sortie de Sainte-Mangouste.
Consciente, et ce grâce à son intuition, qu'elle était suivie. Par qui ? Elle ne saurait le dire, alors que ses pensées déviaient tout simplement vers des iris céruléens un brin trop ... angoissants.

Mais ... ce fut le porteur de ces mêmes iris qui se retrouvait face à elle. Celui, dont elle avait tant souhaité la venue. Et qui ... avait espéré la voir ? Dans la pénombre, les joues de Celys Carroll se mirent à rosir devant tant d'assurance. Lui, qui arrivait si aisément à formuler des mots, que son inconscient partageait.

- Pareillement. Fut le seul mot qui s'échappa des labiales entrouvertes, alors qu'elle se sentait être capturée. Par des doigts doux qui venaient s'emparer de son fin menton et qui eurent raison d'elle.

Surtout au vu de son questionnement, à lui.

- ... Un souffle. Reprendre quelques esprits avant de formuler une réponse claire et ... précise. ... je vais bien. Maintenant que tu es là. Était-ce un aveu de faiblesse ? Probablement. Alors que le regard brun foncé restait rivé à celui d'un bleu, que la petite Psychomage trouvait toujours trop enivrant.