Kaliena Kirkidai ~ Début d'une Odyssée

Que pensez-vous de la situation et du climat actuel qui règne sur le Royaume-Uni ?
Contre toute attente venant d’une personne naturellement anxieuse, Kaliena ne se fait pas trop de soucis sur la situation au Royaume-Uni. Elle a eu des échos comme quoi il y avait une quasi guerre civile entre sorciers doublée d’une guerre de l’ombre avec les moldus, mais elle a déjà trop de sujet de préoccupations pour s’ajouter cette charge mentale. Et puis c’est sûrement exagéré, n’est-ce pas ? De toute façon, tous les frais pour son départ sont déjà engagés et il n’est pas question de tout annuler, alors… alea jacta est, comme qui dirait, et on verra bien comment c’est sur place.

Quels sont vos idéaux ? Votre vision de ce que le monde devrait être ?
Malgré tous les écrits de philosophes qu’elle dévore depuis deux ans, Kaliena n’a toujours pas trouvé de réponse à cette question. Comment le monde devrait-il être ? Grande platoniste dans l’âme, elle aurait tendance à penser que le monde devrait être ce que son créateur a voulu qu’il soit et que seulement comme ça l’homme aura accès à la paix en se réconciliant avec ses origines. Une fois cela dit, on n’a finalement pas dit grand-chose, et la demoiselle galèrera à essayer de vous expliquer sans trop rougir qu’il suffit de percevoir les idées derrière les ombres de la caverne pour comprendre le monde et y trouver sa place. Vous achèverez de la démonter et de la faire virer plus rouge que pivoine en lui disant que ça ne dit pas comment devrait être le monde.

Le fait est que Kaliena est une adolescente paumée. Elle a un très bon sens de l’orientation, mais uniquement pour se repérer dans l’espace. Elle a bien du mal à définir ses idéaux. Vaut-il mieux la gloire immortelle, comme les héros d’antan qu’elle admire, ou la vie auprès des siens, comme Ulysse ? Les deux ne peuvent-ils pas se combiner ?

Après un discours si confus, on pourrait croire que la jeune fille est dénuée d’idéal. Or, même si elle peine à mettre des mots dessus, c’est faux. Kaliena est une personne fonctionnant à l’intuition, et c’est cette même intuition qui généralement lui fait sentir si une chose est bonne ou mauvaise. Quand elle suit son intuition, ce sont des idéaux comme la générosité et la pitié qui vont guider la Grecque, bien que son jugement soit parfois brouillé par la colère ou la simple peur de mal faire.


Caractère
Ma fille,

Je vois bien que depuis que j’ai pris la décision de t’envoyer à Poudlard, l’anxiété monte et se cristallise sur la Maison que tu intégreras. Aussi, avant que tu ne tues à l’effort cette pauvre Athéna par l’envoi incessant de lettres, permets-moi de répondre aux quatre dernières reçues en moins d’une semaine. J’espère que cela te donnera de quoi t’apaiser. Tu finiras par tuer ta chouette en lui faisant faire tous ces trajets, mon petit monstre !

Je sais que tu aimerais aller à Serdaigle, mais pour autant que je sache, Gryffondor sera ta Maison et tu préféreras être là-bas qu’avec les érudits. Soyons franches, Kaliena : aimer les histoires ne suffit pas à aller à Serdaigle. Oui, tu es curieuse quand on parvient à présenter un sujet sous un jour plus intéressant qu’un récit sans âme. Oui, tu essaies, et c’est très bien, de te tempérer et de cultiver ta sagesse par quelques lectures philosophiques. Oui, tu aimes créer et t’adonnes parfois à l’écriture de quelques poèmes. Mais je crains que ce ne soit pas suffisant pour prétendre aller dans cette Maison.

Pour ce qui est de Poufsouffle (et pas Soufflepouffle comme tu l’avais écrit dans ta lettre précédente), je ne pense pas non plus que tu sois destinée à en faire partie. Peut-être aurais-tu été dans cette Maison si tu avais commencé ta scolarité à Poudlard. Tu es une jeune fille éminemment travailleuse quoi que tes résultats scolaires laissent penser, tu es généreuse et tolérante, tu ne mens pour ainsi jamais et pour cause tu es trop honnête pour y parvenir. Mais tu n’as plus onze ans. Tu vas en avoir dix-sept, et tu as changée. Le départ de ton père t’as rendue beaucoup plus réservée que tu ne l’étais enfant et ces qualités (générosité, tolérance) sont moins visibles qu’avant. Il faut que tu te sentes à l’aise pour les montrer, et le fait est que tu te sens facilement menacée, ma fille. Là où auparavant la curiosité te poussait vers les gens, tu es désormais sur la défensive dans le moindre rapport social jusqu’à ce que tu comprennes qu’on ne te veut rien de mal. Ce n’est pas un reproche, simplement le constat que ton adolescence, avec un contexte familial particulièrement difficile, t’as profondément changée.

J’en viens enfin aux qualités (et défauts) des lions. Ce sont des gens braves, hardis, déterminés ! Parfois même un peu entêtés… et ça, c’est tout toi, mon petit monstre. Tu as toujours le cœur sur la main, mais tu l’exprimes désormais surtout dans la protection des plus faibles. Cette volonté d’aider les autres est, je crois, commune à Poufsouffle comme à Gryffondor, mais la façon dont tu l’exprimes tient davantage du lion que du blaireau. Gryffondor est la Maison des Promachoi, mon petit monstre, et tu en es une, ce qui rend ta mère immensément fière. Pour achever de te convaincre, je ne doute pas que ton héros préféré, le puissant Hector, tout loyal qu’il soit envers les siens, appartienne aux Gryffondor et non aux Poufsouffle.

Je ne mentionnerai Serpentard que pour faire un tour complet des Maisons et que tu ne m’envoies pas une énième lettre pour me dire que je n’ai traité le sujet qu’aux trois quarts. Serpentard est tout ce que tu n’es pas. Bien sûr, tu es fière, mais d’une fierté toute léonine. Tu n’es pas ambitieuse pour un sou, ce qui n’est pas un mal : quand tu veux t’élever, c’est plus pour les autres que pour toi-même. De la ruse, pardonne-moi petit monstre, mais je te vois peu en faire étalage. Toute descendante d’Ulysse que tu sois, tu es bien trop chevaleresque pour ruser !

J’espère que cette analyse apaisera tes angoisses et que tu accorderas enfin à cette pauvre Athéna le repos qu’elle mérite. Je reviendrai du site de fouille avant que tu ne partes pour l’Angleterre.

Extrait d’une lettre de Kallisto à sa fille durant l’été 1980

The Last Pale Light In The West
Heureux, les dieux de l’Olympe vivant dans l’éther et dans le bonheur ; heureux le sage qui se satisfait de ce qu’il a et de ce qu’il est ! Le bonheur comme la satisfaction, j’estime n’en avoir aucun.

Sous le soleil couchant, on croirait l’étendue marine touchée par Midas. Le doux flux et reflux de ses vagues sur les rochers est comme une invitation au calme, une ode à la sérénité. D’aucun s’en trouveraient apaisés. Moi, tout de suite, ça m’irrite d’autant plus. Assise face à l’ouest sur les falaises surplombant les flots, la jambe droite ramenée contre sa poitrine et la gauche battant dans le vide, j’assassine la mer du regard. Pourquoi est-ce que je ne peux pas être calme comme elle ? Et pourquoi, à défaut d’arriver à me caler sur cet environnement calme, pourquoi ce dernier ne peut-il pas se caler sur moi ? Dans un vain geste rageur, je lance une pierre dans l’eau : que Poséidon se déchaîne et fasse écho à ma tempête !

Plouf.

Les flots dorés retrouvent vite leur surface limpide, mon esprit n’en est que plus remué. La dissonance entre ma propre humeur et mon environnement me rend malade. J’ai l’impression de ne pas être à ma place. Et d’être la seule à m’en soucier, pour couronner le tout. La nature s’en moque bien, que je ne me sente pas à ma place. Au mieux elle m’invite à m’insérer dans cette grande harmonie, au pire elle m’ignore. Tout en fermant les yeux, j’expire longuement en massant mes paupières d’un pouce et d’un index qui rapidement viennent pincer le haut de mon arrête nasale. Puis mes yeux s’ouvrent pour fixer une situation qui, si j’en crois la direction de mon regard, serait posée sur ma cuisse gauche. J’essaie de prendre de la hauteur par rapport à cette vieille colère sourde qui me colle à la peau. Elle ne vient pas d’une crise d’adolescence, quoi qu’en dise Maman. Sans vouloir m’estimer spéciale, je pense que la majorité des adolescents et adolescentes ne ressentent pas ça. Du moins, pas comme ça, et pas aussi régulièrement. Le regard morne et buté désormais posé sur l’horizon sans craindre de me brûler les yeux sur le disque solaire déclinant, je fais le point. Ça m’aide, souvent, de faire le point. Non pas que ça résolve la situation, mais ça m’aide à mieux la comprendre et à mieux me comprendre moi.

Si je suis dans cette humeur aujourd’hui, c’est parce que ma mère m’a annoncé que ma prochaine rentrée se fera à Poudlard, la prestigieuse école de magie britannique. Donc que je vais encore changer d’établissement, alors même que je commençais à me sentir chez moi dans la petite école régionale des Cyclades. Tout ça à cause de mes notes.

« On s’en branle, de mes notes ! », m’écrié-je avec colère en envoyant un second projectile dans l’eau.

Elles sont tout bonnement catastrophiques, peu importe le temps que je passe à travailler. Pourtant, l’année précédente, quand Maman me faisait cours à la maison, ça avait l’air d’aller. D’être correct, au moins. Et encore avant, quand j’ai fait mes trois premières années à Uagadou, c’était aussi correct. Dans la moyenne.

Que s’est-il donc passé entre temps ? Avec une brève expiration désabusée, j’en reviens toujours au même point : le départ de Papa dans l’été suivant ma troisième année. Depuis que ma mère l’a chassé d’Ithaque et l’a interdit de seulement me parler, j’ai cette sensation de colère qui alterne avec une impression de vide. Maman ne m’a jamais clairement expliqué pourquoi elle avait fait ça. Papa serait devenu soudainement dangereux, son seul contact serait à même de pervertir les esprits les plus purs ! A l’entendre, on aurait cru qu’il avait attrapé la rage. Pour autant, je ne peux pas nier que depuis un an avant ça, il avait quelque-chose de troublé. De fébrile, même. Et ça non plus, on ne me l’a jamais expliqué. Comment est-ce qu’un homme qui voyageait incessamment dans tout l’Est méditerranéen et le Moyen-Orient, qui se vantait d’avoir tué une manticore à la lance a pu soudainement se transformer en rat de bibliothèque aussi compulsif que cachotier ? Il faut reconnaître qu’il parlait beaucoup moins de ce qu’il faisait toute l’année qui a précédé son départ. Mais de là à le rendre dangereux…

Un père, une mère. Deux piliers qui faisaient que je me sentais bien. La dernière fois que j’ai étudié à l’étranger, j’ai perdu le premier. Et maintenant qu’on me renvoie au loin, j’ai peur de perdre la seconde.

Comme pour confirmer mes craintes, le soleil achève d’être avalé par la mer et laisse place à la nuit. Prise de la crainte absurde que ma mère ne disparaisse avec l’astre du jour, je me lève et rentre à la maison. Elle y est toujours. Y sera-t-elle encore dans un an ?

BON CELA SUFFIT DE ME FAIRE PLEURER HEIN

Kaliena est beaucoup trop cute j'ai hâte de la voir évoluer en jeu.

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