Night of the hunter (pv Alana)

Cette nuit, les chiens de l’Enfer avaient été lâchés dans les rues de Londres, tapissant ses murs de sang. Une chasse impitoyable avait été menée entre la Bête et les hommes, les rôles de chasseur et de proie s’étant plusieurs fois inversés au cours de la nuit. Les mercenaires avaient l’avantage du nombre, le Loup avait l’expérience de la traque. Il avait su isoler le premier de son groupe, l’égorgeant sans plus de cérémonie. L’heure n’était pas au jeu, et chaque seconde était comptée. S’il mettait trop de temps, Sköll prenait le risque que les autorités s’en mêlent. Mais s’il se hâtait… il allait commettre des erreurs. Or, la lenteur de la chasse ne ferait qu’accroître l’effroi dans le coeur de ceux qui s'étaient cru être ses poursuivants.

Il y eu quelques escarmouches avant qu’un deuxième ne succombe sous le coup d’un sortilège de mort. Le lycan s’était lui-même retrouvé frappé d’un sort de lacération, et bien que sa chemise sombre se trouva déchirée et se drapait de rouge par endroits, c’était encore insuffisant pour stopper la traque de la Bête. Au contraire, la douleur ne faisait qu’amplifier sa soif de sang. Ca l’électrisait, et décuplait sa colère.
Mais la traque s’éternisait, et avec elle la vigueur du loup s’amenuisait. Sa volonté restait inchangée : il comptait exterminer ces mercenaires qui représentaient une menace pour celle qui l’employait. Si au début ce fait n’était qu’une supposition, elle était devenue une certitude dès lors qu’il eut entendu le nom de la Dolohov dans la bouche des traqueurs. Sköll avait alors eu une raison supplémentaire de les abattre, en plus de punir ceux qui avaient cherché à chasser le loup. Cependant, c’est la précipitation et le besoin de mettre fin à une chasse qui durait plus que de raison qui lui firent commettre une imprudence qu’il paya cher. Lorsque ses crocs arrachèrent la gorge du troisième mercenaire, le loup sentit une douleur cuisante qui le fit lâcher prise. Sa vue se brouilla un instant alors que son adversaire gaspait, se noyant dans son propre sang. Dès lors, chaque respiration fût douloureuse, et son bras gauche était presque impotent. Dans un grognement sourd, Sköll toisa le poignard à la lame d’argent qui s’était logé entre sa clavicule et son coeur. Il ne pouvait pas prendre le risque de le retirer en pleine rue, et désormais passait du rôle de chasseur à celui de proie pour le mercenaire restant.

A partir de cet instant, l’instinct de survie prit le dessus. Et c’est d’un pas chancelant qu’il parvint à atteindre la porte arrière du Golden, la repoussant d’une main pour s’engouffrer dans le bâtiment. Son souffle était rauque, son visage couvert de sang. Sa main droite se pressait contre son flanc, ralentissant le flux qui s’en écoulait, tandis que celui de son thorax était jugulé par le poignard qui y était encore planté.

« 'Lana ! » grogna-t-il en enfonçant la porte de son bureau. « Prépare-toi… il en reste un… »

Sköll repoussa la porte derrière lui, s’adossant contre le mur. Attentif aux bruits alentours alors que ses iris lupines restaient braquées sur celle qu’il avait promis de protéger. Il avait dans le regard cette détermination froide qui lui était propre et qui ne tolérait aucune objection. Le loup s’excuserait plus tard de cette entrée fracassante, s’il y avait lieu de le faire. Mais pour l’heure, il s’agissait de rester en vie.

Night of the hunter

Vivre à la tête d’un gang de hors-la-loi garantissait tout sauf la tranquillité. Alana le savait et elle avait signé pour ce train de vie à la fois grisant et dangereux. Elle avait plongé tête la première dans un monde où la crainte d’être surprise par les autorités était monnaie courante et elle l’assumait en même temps que son rôle de maman, aussi paradoxal soit-il. Les cambriolages, la contrebande et le blanchiment d’argent, c’était aussi s’exposer à des dépouillés mécontents qui pouvaient parfois être plus forts que les Dissidents. Tout un tas d’ennemis qui pouvaient frapper à leur porte, à n’importe quelle heure de la nuit pour obtenir justice ou pire : une vengeance en bonne et due forme. Et en début d’année, elle s’était fait refaire le portrait par ce connard d’Isaac Wellington, pour la simple et bonne raison qu’elle avait décidé de fermer son bar… à l’heure prévue. Cet enfoiré n’avait pas apprécié qu’on lui refuse le service en plein milieu de la nuit, le comble. Bien entendu, la jeune femme avait porté plainte mais l’affaire était restée sans suite, sans doute à cause de la célébrité de ce connard. Le temps aidant, elle s’était remise de ses blessures et avait retrouvé le courage d’assurer les fins de soirée seule. Il fallait bien poursuivre son activité et de toute manière, il lui était difficile de recruter plus d’employés en ce moment.

Cependant, cette nuit-là, Alana ignore le source du danger qui s’apprête à frapper son bar pour la seconde fois. La jeune femme est en train de ranger la comptabilité du Golden clover dans son bureau quand la porte de l’arrière-boutique s’ouvre violemment. La femme d’affaires sursaute mais se reprend immédiatement en saisissant sa baguette. Son cœur s’emballe en imaginant Wellington débarquer pour finir le travail. Après tout, elle n’a pas changé d’adresse et l’abominable Batteur de Falmouth pourrait très bien vouloir satisfaire ses pulsions de mort au Clover. Mais très vite, une voix rauque qu’elle connaît bien tonne dans la pièce voisine. Sköll… Le lycan l’appelle et aussitôt, la jeune femme franchit la porte qui les sépare. D’un naturel tranquille, le fils Greyback n’a jamais laissé percer une quelconque inquiétude ou tension dans sa voix en sa présence et Alana envisage immédiatement le pire. Et le pire, elle le constate dès qu’elle pose ses yeux sur lui. Le jeune homme est maculé de sang et un poignard est enfoncé jusqu’à la garde dans sa poitrine. Effarée, Alana se précipite sur son protecteur et pose sa main libre sur sa joue. "Je suis là, accroche-toi…" Tout ce sang la terrorise et elle n’a jamais vu Sköll dans une posture aussi vulnérable mais elle s’efforce de garder son sang-froid. Le lycan a toujours été là pour la protéger en-dehors de la rencontre avec Wellington, c’est à son tour de le soutenir.

Lorsque son amant précise que son assaillant n’est pas loin, les doigts de la jeune femme se resserrent autour de sa baguette. Ses traits tirés trahissent sa terreur mais elle ne fuira pas, il en est hors de question. "Qu’est-ce qu’il te veut ?" Son regard oscille entre la porte du Clover et la blessure de Sköll. Elle sait qu’il faut garder l’entrée du bar mais elle ne peut se résoudre à abandonner son ami. D’un Accio, elle attire alors une table pour bloquer l’ouverture de la porte avant de pointer sa baguette sur sa blessure au flanc d’une main tremblante. Elle tente un Vulnera sanentur mais les résultats sont peu probants tant Alana peine à se concentrer. "Merde…" enrage-t-elle. Si elle ne parvient pas à être plus efficace, il n’est même pas envisageable de s’occuper du poignard qui dépasse de son torse. D’autant plus qu’il se situe juste au-dessus du cœur et que pour l’instant, le fait qu’il soit encore fiché dans la chair limite le saignement. Mais peut-elle vraiment le laisser dans cet état ? "Il faut qu’on t’emmène à Sainte Mangouste, j'y arriverais pas..." avoue-t-elle, la gorge serrée. Cela dit, ce n’est pas vraiment le moment rêvé pour sortir du bar si un type qui veut sa peau rôde dans les rues…

Dés:

Jamais Sköll n’avait eu la sensation de se trouver dans une situation aussi critique. Epuisé, il avait déjà perdu beaucoup de sang, tout en sachant qu’il n’était pas au bout de ses peines. Etait-ce là sa dernière nuit ? Le loup ne voulait même pas y songer, même si beaucoup de signes allaient dans ce sens. Temps qu’il pouvait respirer, il se battrait. Que ce soit pour sa vie, ou celles qu’il avait juré de protéger. Et elles étaient bien peu nombreuses…

Main plaquée contre son flanc, le sorcier essayait d’endiguer autant que possible ce liquide carmin qui lui échappait. Son souffle était rauque, mué par l’effort et la douleur qu’il ressentait sans doute après la bataille qu’il avait eu à mener. Et s’il avait pu gagner un premier contrefort, le loup savait qu’il était loin d’être tiré d'affaires. Il restait encore un mercenaire à ses trousses, même si, initialement, l’homme ne venait pas pour lui. Ses iris lupines étaient posés sur la silhouette qui venait d'apparaître dans l’embrasure d’une porte. Une jolie rousse, dont le visage s’était teinté d’effroi. Le loup étouffa un grognement protestataire alors que la sorcière se ruait vers lui, inquiète de son état. L’heure n’était pas à la panique, mais bien à l’affrontement, et d’ores et déjà la Dolohov semblait l’avoir perdu de vue.

« Ce n’est pas moi qu’il veut, c’est toi. » grinça le lycan entre ses dents serrées par la douleur.

Ces mercenaires, difficile de savoir d’où ils venaient, et le Greyback n’avait pas pris le temps de les questionner lors de leur traque. Mais il n’était pas exclu que ces quidams aient été envoyés par l’ex-mari que la patronne du Clover fuyait depuis un moment déjà. D’un coup de baguette, elle barricada l’entrée du bar avant de la pointer en direction du loup. Ce dernier crispa un peu plus sa mâchoire, et retint une plainte à la sensation diffuse de brûlure qui le prit à la tentative de sortilège visant à stopper le saignement. En vain.

D’ores et déjà, sa vue se faisait plus nébuleuse, et le lycan secoua la tête pour se ressaisir. Ce n’était absolument pas le moment de flancher. Mais ce furent les mots d’Alana qui eut l’effet d’un électrochoc, et la Bête y répondit d’un grognement féroce et sans appel. Le genre qu’il n’avait sans doute jamais eu à l’encontre de la cheffe de gang.

« Hors de question. » pesta-t-il.

Sainte Mangouste, c’était une promesse pire que la mort qui lui tendait les bras, le loup en était convaincu. Oh, sans doute échapperait-il sur l’instant à la Faucheuse, mais il serait fatalement arrêté, pour tous les cadavres qu’il avait pu semer. Et très vite, si on ne reconnaissait pas l’assassin qu’il était, on discernerait le monstre. Celui qui ne se pliait pas aux lois, et tuait allègrement à travers toute la Grande Bretagne, comme de trop nombreux de ses semblables. Et aucune issue ne serait possible.

Conscient de l’agressivité dont il venait de faire preuve envers celle qu’il cherchait pourtant à protéger, Sköll essaya de se radoucir. Mais la douleur et l’urgence de la situation jouait grandement avec ses nerfs.

« On se débarrasse de l’autre… » grogna-t-il. « Tu trouveras un soigneur plus tard. Et si ça tourne mal… tu décampes. »

De toute façon, le loup n’était pas dupe : il n’était lui-même plus en état de fuir ou de transplaner. L’argent planté si proche de son coeur était en train de le rendre dingue, faisait vriller ses sens et lui causait des douleurs à la limite du supportable, même pour quelqu’un comme lui. Cette bataille, si elle ne se soldait pas par une victoire, risquait d’être sa dernière.

Night of the hunter

Les shoots d’adrénaline, Alana en prenait régulièrement lorsqu’elle s’illustrait dans les cambriolages qu’elle orchestrait avec les Dissidents. Mais elle n’avait encore jamais participé à une telle chasse à l’homme. Encore moins en tant que proie. La rectification de Sköll lui fait froid dans le dos. Si ses assaillants sont capables de s'en prendre de la sorte à un obstacle entre eux et leur objectif, que seraient-ils prêts à faire à celle qu’ils recherchent ? Et pourquoi la recherchent-ils, au juste ? La tension monte d’un cran, faisant battre le cœur d’Alana à tout rompre dans sa poitrine. En réalité, la voleuse s’est mis la moitié de Londres à dos avec ses larcins, les attaques anti-Mangemorts commises par les Dissidents et l’argent qu’elle blanchit avec son bar. Sans compter Antonin qui veut récupérer sa fille pour retrouver un semblant de crédibilité et vendre sa main à la famille de Sang purs la plus offrante pour perpétuer son héritage dans quelques années. "C’est qui ce mec ? Pourquoi il en a après moi ?" demande-t-elle, le souffle court. Sköll va sûrement l’envoyer bouler parce que c’est pas le moment de parlementer mais c’est un réflexe. Savoir à qui elle à affaire et aux raisons de cette attaque peut lui permettre de reprendre l’avantage ou au moins d’anticiper.

Lorsque la jeune femme lui propose de l’emmener aux urgences de Sainte Mangouste, le lycan s’emporte contre elle, refusant catégoriquement de s’y faire soigner. Dans le feu de l’action, Alana a sursauté devant son agressivité sans pour autant lui en tenir rigueur. La situation est plus que délicate et le temps presse, pas étonnant qu’il soit sur les nerfs. "Ok, ok, pas d’hôpital." Pour l’instant… La blessure de son garde du corps est bien trop grave pour qu’elle le laisse agoniser de la sorte. Elle trouvera une manière de l’aider, quoi qu’il en soit. En revanche, lui suggérer de fuir si les choses tournent mal est bien inutile connaissant le tempérament de la jeune femme. "Je te laisserai pas," souffle-t-elle en secouant la tête. Cet élan de solidarité n’est même pas dû à l’attachement qu’elle pourrait avoir pour le jeune Greyback car même s’il leur arrive de partager des moments charnels, Alana n’est pas amoureuse de Sköll. Non, c’est une question d’honneur et de principes. Le lycan a tant de fois risqué sa vie pour protéger la sienne qu’il serait terriblement lâche de l’abandonner à son sort. Tentant une dernière fois un sortilège de soin, la Russe se concentre pour renouveler son Vulnera sanentur. Elle sait pertinemment que cela ne retirera pas la lame de sa poitrine mais si elle peut au moins arrêter le saignement et l’apaiser un peu, ce sera toujours ça de gagné. Cependant, sa main tremble trop et ses sens sont en alerte, dirigés vers la porte qui pourrait voler en éclat d’une seconde à l’autre. La puissance du sortilège est si ridicule que la jeune femme s’emporte et jure dans sa langue maternelle. "Ok, on bouge. Appuie-toi sur moi." Il est hors de question qu’ils restent ainsi à découvert. Se déplaçant à la droite de Sköll, Alana se glisse sous son bras qu’elle positionne sur son épaule. Certes, elle est bien plus petite que le lycan et elle sait qu’elle ne pourra pas le porter complètement mais au moins, elle l’aidera à se déplacer jusqu’au bar.

Les deux complices quittent ainsi l’arrière boutique pour se diriger dans la salle destinée à l’accueil des clients et Alana conduit son protecteur derrière le comptoir pour qu’il soit en partie protégé. "D’ici, tu as une vue directe sur la porte qu’il empruntera. Je vais me positionner de l’autre côté, dans son angle mort. Il n’aura aucune chance contre nous." Du moins, elle l’espère, parce que l’effet de surprise lui permettra de gagner quelques secondes, pas plus.

Dés:

S’il aurait pu paraître inconcevable pour un loup tel que le Greyback de mourir loin de la lune mère pour des futilités humaines, les choses apparaissaient sous un prisme différent pour un mercenaire tel que Sköll. Et si on ne pouvait pas vraiment dire que ce lycan avait un profond respect pour la vie d’autrui, il existait en ce monde des humains et sorciers qu’il estimait suffisamment pour les considérer comme des membres de sa meute. Et envers cette dernière, le lycan avait une loyauté sans faille.

Celle pour qui il s’était retrouvé, une fois de plus -s’il ne s’agissait de la fois de trop- à tout risquer, cette femme à la crinière de feu et la peau diaphane, s’activait à ses côtés. Se retrouvant rapidement les mains tachées de rouge, Alana n’en restait pas moins démunie face à la situation. Elle posait des questions auxquelles le loup ne pouvait apporter de réponses, de ce genre de questions futiles qui avaient tendance à irriter le Greyback dont la patience s’était largement étiolée.

« J’ai pas pris l’temps de leur poser la question, ‘Lana…! » grogna-t-il d’un ton laissant percevoir son agacement.

Bien sûr qu’elles étaient légitimes, ces interrogations… mais en cet instant elles ne faisaient plus sens dans l’esprit du loup. Ce type était un danger à éradiquer, point. Et si la ruse aurait dicté de capturer le malandrin pour en apprendre davantage, ce genre de pensée n’atteignait plus le Greyback en cet instant. Du chasseur et du loup, il n’y en aurait un qui ne passerait pas la nuit, car c’était bien l’instinct qui parlait à présent. Aussi, ce dernier grogna avec courroux lorsque sa pauvre protégée eut l’audace d’évoquer Ste Mangouste. Pour un paria tel que Sköll, un esprit sauvage et dangereux, la captivité était un sort pire qu’une mort survenant au combat. Alors l’issue était toute tracée… bien qu’essuyant un refus cette fois de la part de la sorcière. Les iris bleutés du lycan vinrent alors scruter celles de la belle. Oh il ne doutait pas de sa parole… tout au contraire. Mais il n’y eut nulle reconnaissance dans l’éclat doré qui brillait dans les prunelles sauvages. Quelque chose de plus profond, différent, animal… et que des mots ne sauraient décrire.

Alors un bref sourire, quelque peu sarcastique, se dessina sur les lèvres du sorcier.

Après une ultime tentative de magie curative, se soldant par un nouvel échec, la tenancière du Golden changea de stratégie. Résignée, peut-être, décidée, sans doute. Elle aussi, à présent, se trouvait dos au mur. Alana vint aider le lycan à se redresser, ce dernier étouffant un grognement rauque, dévoilant ses canines encore rougies du sang de sa dernière victime alors que ses iris prenait une teinte plus dorée. Par tous les loups de l’Enfer… pourquoi est-ce que ça faisait si mal ?! Son grognement s’acheva sur une quinte de toux aux éclats vermeilles, mais la créature ne protesta pas davantage alors qu’il était pourtant clair que sa nature profonde prenait de plus en plus l’ascendant sur son humanité.

Ainsi à présent placé à couvert du comptoir, et face à la porte de l’arrière boutique, le loup guettait l’arrivée du chasseur, adressant un bref regard à sa comparse lorsqu’elle évoqua ce qui pouvait s’apparenter à un plan. Mais dans l’esprit du Greyback, les choses étaient différentes : la Dolohov était, à l’heure actuelle, son unique chance de survie.


Survinrent alors les premiers bruits, en provenance de l’extérieur, et s’ils furent sans doute inaudibles pour l’oreille humaine, ce ne fut pas le cas pour celles du lycan. Celui-ci redressa la tête, électrisé, aux aguets. Si la douleur était toujours présente, et risquait de le museler en cas de mouvement trop important, elle se trouvait actuellement muée en adrénaline… Une énergie qui pouvait permettre au loup d’accomplir le meilleur… comme le pire.

Une première détonation survint, faisant voler en éclat la porte de l’arrière-boutique qui menait à la rue… et les iris du loup se mirent à briller de cet éclat sauvage, de celui d’une créature prête à tuer, et attendant le moment opportun pour frapper. Il n’y eut alors plus d’échange de regard, plus de doute, rien que ce silence lourd… rien que l’ombre menaçante de la mort qui plane. Rien que ces bruits, légers craquements de bois sur lequel se pose un pied pour progresser dans les décombres et la poussière soulevée par l’explosion.
C’est un éclair rouge qui fusa alors, lancé par celui qui avait déjà le sang de trois mercenaires sur les mains, suivit d’un râle de douleur. Le loup étouffa alors un grognement, ses iris mordorées fixant la pénombre, exalté par l’odeur du sang qu’il percevait et le souffle âpre de celui qui avait cru malin de le traquer jusque-là. En cet instant, l’envie de lui arracher la gorge de ses crocs était impérieuse, mais une once de raison le réfréna. Il ne ferait pas deux fois la même erreur dans la soirée. Celui-là était sans doute encore apte à se défendre.

Dés: