They hide in the light, so you can't see their fears ♦ Emmum

L'attaque de Poudlard remonte à trois semaines maintenant, pourtant Emma dort toujours très mal. Lorsque des cauchemars ne viennent pas perturber sa nuit, ses tourments la maintiennent éveillée et l'empêchent de fermer l'œil. Heureusement qu'Alma passe toutes ses nuits à Syndrigasti depuis l'incident, sinon la petite blonde ne saurait pas quoi faire lorsqu'elle se retrouve à marcher au hasard dans l'orphelinat à la recherche de Morphée. Au moins ses errances peuvent se terminer dans le bureau de celle qu'elle considère comme une mère, à se blottir dans ses bras en espérant que ça passe.

Malgré la fatigue, Emma est contente de sortir de l'orphelinat aujourd'hui. Elle a des cernes sous les yeux mais un sourire aux lèvres lorsqu'elle va prévenir Alma qu'elle y va, embrassant sa joue et la serrant dans ses bras en lui promettant d'être prudente. C'est pas son genre de toute façon, d'agir de façon inconsciente, encore moins quand elle est à l'extérieur de Syndrigasti. Elle ne compte pas beaucoup s'en éloigner de toute façon, ayant rendez-vous dans un coin de Londres proche du pensionnat et regorgeant de commerces vendant de la nourriture. De quoi prendre un goûter en excellente compagnie puisque la Poufsouffle doit y retrouver son parrain. Elle a hâte de retrouver Callum et d'avoir de ses nouvelles, elle a l'impression que ça fait terriblement longtemps qu'elle ne l'a pas vu, sa vision du temps sûrement faussée par l'attentat qui a bouleversé la fin de son année scolaire.

Dans sa longue robe noire et fleurie qui lui couvre jusqu'aux chevilles, Emma remonte les rues de Londres en direction du croisement où elle a rendez-vous. Ça lui fait un peu étrange, d'être seule. Jusqu'à peu, elle devait toujours être accompagnée d'un des éducateurs de Syndrigasti lorsqu'elle quittait l'enceinte de l'orphelinat, comme tous les enfants qui y résident. Alma leur explique que c'est une question de sécurité pour les pensionnaires mineurs, et qu'il s'agit aussi d'un problème de responsabilité : elle refuse qu'il leur arrive malheur parce qu'aucun adulte n'était présent avec eux. Néanmoins, ce changement ne modifie en rien les habitudes ponctuelles de la jeune Poufsouffle : elle a veillé à être en avance, comme toujours. C'est cinq bonnes minutes avant l'heure convenue qu'elle arrive au point de rendez-vous, patientant ensuite en jouant avec les pans de son vêtement. Elle la trouve magnifique, sa robe, et elle a l'avantage de cacher l'intégralité de ses jambes.

Lorsque le visage de Callum apparaît dans la rue passante qui lui fait face, celui d'Emma s'éclaire d'un immense sourire. Elle attend qu'il s'approche un peu puis franchit les derniers mètres entre eux pour venir enlacer son cher parrain. « Salut ! » Tout à coup la blonde semble rayonner malgré les cernes sous ses yeux. « J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'on s'est pas vus, » admet-elle en se détachant de lui. Quelques mèches de cheveux sont venues se glisser sur son visage pendant l'étreinte et elle s'empresse de les remettre en place, avant de relever la tête vers son ami. « Comment tu vas ? » Elle est contente de le voir, ça se voit à ses yeux qui pétillent tendrement. « Tu préfères aller manger une glace ou une gaufre ? Ou alors il y a peut-être des gâteaux, un peu plus loin. » Emma préfère lui laisser le choix, ayant toujours été du genre à s'adapter aux autres pour leur faire plaisir – ou simplement ne pas les contrarier.

Robe d'Emma :

Ce mois de juin a été mouvementé, commençant par une atrocité sans nom ayant frappé au cœur même de l'école de magie du pays. Emma y était, faisant partie des nombreuses victimes de cette attaque terrible qui a tué un grand nombre d'enfants et d'adolescents. Elle a eu la chance d'en ressortir vivante et avec des blessures minimes, mais tout de même traumatisée par ce qu'elle a vu. Des images qui reviennent troubler ses nuits, la réveillant violemment ou l'empêchant simplement de dormir. Sans parler la culpabilité qui ne la lâche pas depuis qu'elle a vu des camarades être blessés sans pouvoir les protéger autant qu'elle l'aurait voulu.

Ce mois de juin a été difficile, mais ça ne fait qu'intensifier sa joie et son soulagement de voir Callum aujourd'hui. À peine les bras de son parrain entourent-ils sa mince silhouette que la jeune fille a l'impression que tous ses soucis s'effacent pour laisser apparaître un doux soleil dans son cœur. Le sourire sur ses lèvres en témoigne : elle est plus qu'heureuse de retrouver son parrain en cette belle après-midi de juin. Elle sent qu'il embrasse le haut de sa tête, ce qui lui arrache un petit rire. « Salut, Miss ! » Bon sang, ce que ça lui fait plaisir de le voir. Elle a l'impression qu'une éternité s'est écoulée depuis la dernière fois qu'ils se sont pris dans les bras. « Tu me retires les mots de la bouche. Ça fait un ‘petit’ moment, oui. » Remettant en place ses cheveux après leur câlin, la blonde lève son visage vers son aîné pour lui demander comment il va. « Je vais bien. Et toi ? Comment ça va ? On va avoir plein de trucs à se dire aujourd’hui. » La blonde hoche doucement la tête. « Ça va, » assure-t-elle avec un sourire qu'elle veut convaincant. La plupart du temps, c'est vrai, ça va. Mais il y a aussi la culpabilité, la peur, les insomnies, les cauchemars. Il y a des jours plus difficiles que d'autres. Heureusement qu'il y a Alma, Liam, Sir Duncan et ses frères et sœurs de Syndrigasti pour lui mettre du baume au cœur lorsque ça ne va pas. « Oui, je sens qu'on va avoir plein de trucs à se dire, » renchérit-elle avec un sourire.

Mais pour ça, il va falloir qu'ils choisissent ce qu'ils vont manger. Emma propose crêpe, gaufre ou gâteaux, préférant laisser le choix à son parrain. Elle, tout lui ira – comme souvent. « Ah mais … tu parles à un Poufsouffle, Emma. Moi, tout me va. » La blonde laisse échapper un petit rire face à son constat. Elle aurait dû sans douter, qu'il ne saurait choisir entre les trois. Et si elle ajoute les glaces, ils auront encore plus de mal à choisir. Elle le sait, pourtant elle vient tout juste d'y penser et ça lui fait envie aussi. Elle croise alors le regard malicieux de son aîné, dont les yeux pétillent à l'image des siens. « Sinon … je propose quelque chose. Vu que ça fait un petit moment qu’on ne s’est pas vus et qu’en bons disciples d’Helga, on aime la nourriture … on peut faire tout ce que tu as proposé ? Glace, gaufre, gâteaux et j’en passe. T’en dis quoi ? » Le rire du jeune homme lui arrache un nouveau sourire. « Tu ne peux rien refuser à ton parrain … » La blonde secoue la tête. « Tu as raison, je peux rien te refuser, » concède-t-elle sans même essayer de faire semblant qu'elle en est capable. Il a raison : elle ne saurait pas lui dire non. « Ça me va, faisons ça. » Comme s'il ne savait pas déjà qu'il allait avoir gain de cause. « Mais pour ton plan, il faut quand même qu'on choisisse par quoi on commence. » Elle réfléchit un instant, avant de lui faire une proposition. « Je propose qu'on fasse dans l'ordre des boutiques. On remonte la rue, et on s'arrête à chaque fois qu'il y a un truc nouveau. Ça te va ? » Elle attend que Callum valide puis détourne ses yeux de lui pour regarder ce qui est le plus proche d'eux. « On doit donc commencer par... Une crêpe. Ça te va ? » Elle préfère en être sûre, avant d'attraper la main de son parrain pour qu'ils se dirigent vers la petite crêperie de cette rue commerçante.

Alors qu'ils arrivent devant la boutique, elle tourne la tête vers Callum. « Tu préfères qu'on s'installe ou qu'on mange en marchant ? » Là encore, elle lui laisse le choix – Emma est comme ça, ce n'est rien de nouveau pour son aîné qui la connaît bien. « Je pense que je vais prendre une crêpe au caramel. Et toi ? » Coinçant une de ses mèches de cheveux derrière son oreille, la blonde finit par entrer à l'intérieur pour qu'ils puissent commander – et peut-être s'installer, si c'est ce que préfère son parrain.

La vue de son parrain suffit à faire sourire Emma malgré l'obscurité de ce mois de juin. C'est comme si le serrer dans ses bras dissipait aussitôt tous les nuages dans son esprit, ceux qui l'empêchent de dormir, alimentent ses cauchemars et assombrissent ses pensées. Si la jeune femme essaye constamment d'être souriante, depuis trois semaines ça lui semble bien plus difficile parce qu'elle ne parvient pas à oublier ce qu'elle a vu à Poudlard. Les ruines mais surtout ses camarades de classe, les autres élèves de l'école et ses professeurs blessés voire... morts. Elle a eu peur, vraiment peur, et ces souvenirs la hantent. Résiliente, la blonde s'efforce cependant de s'accrocher au positif comme la présence d'Alma et de Liam à ses côtés à Syndrigasti. Aujourd'hui, c'est celle de Callum qui lui fait un bien fou. Alors oui, elle est bien incapable de lui refuser quoi que ce soit, mais elle n'en a pas honte : elle l'adore et ferait tout pour voir ce sourire qu'il affiche. « Je le savais, que tu ne peux rien refuser à ton parrain. » Ses lèvres s'étirent légèrement, amusée. « L’idée de remonter la rue et de s’arrêter à chaque boutique chouette qu’on croise, ça me convient. Ça me convient très bien, même. » Ils vont bien trop manger pour le bien de leurs estomacs, mais qu'importe ! « Va pour une crêpe, Emma. » Et la voilà qui attrape sa main puis l'entraîne dans la rue commerçante. L'idée qu'ils s'apprêtent à passer l'après-midi à se gaver de sucre l'amuse parce qu'elle pense inévitablement à la salle commune de leur maison qui se trouve si proche des cuisines. Est-ce un signe qu'Helga était gourmande elle aussi ? La blonde aime y croire, en tout cas.

Ils arrivent devant la crêperie et elle l'interroge sur ses préférences : manger à l'intérieur ou dans la rue ? « On peut s’installer. Il y a justement une table qui vient de se libérer et elle est proche de la fenêtre. Pour ce qui est de la saveur de ma crêpe, je crois que tout me tente. » Elle l'entend rire pendant qu'il hésite, s'étant quant à elle fixer sur une crêpe au caramel – ayant alors arrêté de mordiller sa lèvre inférieure. « La sauce au chocolat, le caramel … les fruits … j’avoue être dans l’incapacité de me décider. » Elle coule vers lui un regard compréhensif, prête à lui laisser le temps de se décider s'il en a besoin. Mais finalement, la décision vient assez vite. « Deux crêpes au caramel, s’il vous plaît. » Emma sourit en constatant qu'ils ont choisi la même chose, puis hoche la tête lorsqu'on leur explique que leur commande leur sera apportée à leur table. Elle se dirige alors à ses côtés vers la table qu'il a repéré tout à l'heure, proche de la fenêtre, et s'installe en face de son parrain. C'est à ce moment-là qu'il sort de son blouson un écrin noir et le lui tend. Les yeux de la blonde s'arrondissent de surprise. « Tiens. » Le C'est pour moi ? qui allait lui échapper n'a plus de sens. Emma attrape alors délicatement l'emballage qu'elle observe attentivement, n'osant pas encore l'ouvrir. « C’est un souvenir de l’une de mes destinations. Et … quand je l’ai vu, j’ai pensé à toi. » Un peu embarrassée, elle réalise qu'elle n'a aucun cadeau pour lui en échange – elle n'a pas non plus de voyage à son actif, cela dit. « Ouvre et je t’expliquerais ce qu’il fait. Parce que … » Elle lève vers lui un regard curieux, indéniablement intriguée. « … il est magique. » « Oh merci, c'est trop gentil. Tu n'aurais pas dû, vraiment, te voir me suffit, » assure-t-elle. Et elle ne ment pas, n'ayant jamais été matérialiste – elle n'en a jamais vraiment eu l'occasion, vu son enfance. Néanmoins, la Poufsouffle sait que refuser un cadeau est malpoli alors elle ouvre précautionneusement l'écrin. Elle y découvre alors un magnifique bracelet argenté décorée de pierres bleues dont la forme lui rappelle une goutte d'eau. Cette vision fait aussitôt naître un sourire sur son visage et de petites étoiles dans ses yeux. « Il est magnifique ! Merci beaucoup, » murmure-t-elle d'une voix émue. « Tu peux me le mettre s'il te plaît ? » demande-t-elle en lui tendant le bracelet et son poignet gauche, attendant qu'il lui en dise plus sur ce si joli bijou et sa magie qui l'intrigue tant.

Appartenir à la maison Poufsouffle a un merveilleux avantage : celui de dormir juste à côté des cuisines du château. En tout cas, c'en est un pour les élèves ne souhaitant pas résister à la tentation terrible qu'est la gourmandise. Pour ceux-là, leur salle commune leur donnait la possibilité d'accéder aisément à l'antre des mets délicieux conçus par les elfes de maison de Poudlard. Ces derniers, toujours aimables, acceptaient sans mal de les servir. Ainsi, Emma a pu à de nombreuses reprises y trouver du réconfort suite à ses insomnies et cauchemars. Sinon, elle en trouvait dans des bras tendres. La nuit même, c'est Mary qu'elle allait voir. Parfois une étreinte suffisait, l'apaisant pour profiter plus sereinement des quelques heures qu'il restait avant que vienne l'heure du petit-déjeuner dans la Grande Salle. D'autres fois, elle avait besoin d'une potion, trop perturbée par les effrayantes images perturbant ses nuits et l'empêchant de fermer l'œil à nouveau. Mary était là pour l'accueillir et la rassurer avec une douceur sans égale. Et puis, le lendemain, elle savait quelle pourrait se blottir dans les bras de son parrain. Callum était – et est toujours – un Poufsouffle adorable auprès de qui elle pouvait toujours quémander un câlin. Même s'ils ne partageaient pas le même dortoir parce que les garçons et les filles dorment dans des pièces séparées à Poudlard, elle savait où le trouver dès le matin. Et ça lui faisait un bien fou, de sentir ses bras immenses l'entourer et sa douce voix lui assurer que tout ira bien. Elle n'avait même pas à lui raconter ce qu'il s'était passé : il comprenait qu'elle avait besoin de réconfort sans qu'elle ait à prononcer le moindre mot. Et ça, c'était incroyablement agréable.

Aujourd'hui encore, Callum veille sur elle. De loin, de façon plus diffuse, mais il est toujours là. Par ses lettres, par ses attentions. Il n'a rien perdu de sa gentillesse ni de sa douceur, ni de son sourire qui illumine le cœur de sa filleule à chaque fois qu'elle le voit. Elle l'aime profondément, son parrain, mais souvent elle ne s'en estime pas digne. Encore moins du cadeau qu'il lui offre alors qu'elle ne demandait rien de plus que sa compagnie pour l'après-midi. Elle se sent rarement légitime à recevoir de telles attentions, Emma, élevée dans l'idée qu'elle n'était jamais assez bien. Elle a grandi dans les critiques constantes, quand ce n'était pas la violence qui s'abattait sur elle, et en porte encore d'évidents stigmates. Elle finit tout de même par accepter, sachant comme il est impoli de refuser un cadeau, et ouvre l'écrin renfermant un magnifique bijou. Aussitôt ses lèvres s'étirent d'un immense sourire et ses yeux se mettent à briller. Il est si beau ! Elle le remercie chaleureusement, touchée et flattée par un si beau présent tandis que sa voix reflète sans mal ses émotions. « Ça me rend heureux de voir ce sourire sur tes traits. Et … encore plus, quand c’est de la surprise qui s’y niche. » Elle rit doucement avec lui. « C’est un souvenir que je voulais te partager et que tu portes à merveille Emma. Il était fait … pour toi. » Elle tend son bras pour qu'il l'aide à mettre le bracelet convenablement sur son poignet gauche. « Voilà. » Le bruit caractéristique du fermoir retentit et la jeune fille récupère son poignée pour le porter contre sa poitrine, avant d'admirer la beauté du bijou. « Il est vraiment magnifique, merci, » répète-t-elle dans un murmure, ne se lassant pas d'admirer ces pierres bleues allant à merveille avec la couleur argentée du bracelet. « Et tu m'as dit qu'il était magique ? » se souvient-elle alors, relevant un regard curieux vers son parrain. « Alors … » Patiente, la Poufsouffle attend tout en faisant glisser son pouce sur le bracelet doucement. « Il lit les émotions de la personne qui le porte. Et il s’accorde avec la couleur des yeux de la personne qui le revêt. J’ai même pas eu besoin de lui dire la couleur de tes yeux, visiblement. C’est venu … tout … seul. » Le sourire d'Emma s'agrandit alors qu'elle reporte ses yeux sur le bijou. Il est d'un très joli bleu, apparemment semblable à ses yeux – mais elle ne trouve jamais ses yeux aussi jolis. « C'est incroyable... » souffle-t-elle en admirant sa couleur. « Alors, si je ressens une autre émotion, il va changer de couleur ? Ou il se passe autre chose ? » Elle n'ose imaginer ce qu'il pourrait se passer, la magie dépassant souvent les limites de l'imagination quand bien même elle ait grandi à cheval entre le monde sorcier et le monde moldu. « C'est un merveilleux cadeau, merci beaucoup Callum... Ça me touche beaucoup. » Elle se redresse de son siège pour venir faire le tour de la table et enlacer son parrain, déposant un chaste baiser sur sa joue.