Si j’avais plus que jubilé d’emmener Lestrange dans les salles d’interrogatoires, les poignets bien ficelés, m’être fait jeter par Greene m’avait profondément agacé. Certes, je savais que je ne pouvais pas assister à l’interrogatoire, Lestrange restait un Directeur de département mais tout de même, un peu de délicatesse de la part de mon chef ne l’aurait pas tué. En même temps, depuis que je m’étais battu avec Lestrange dans le cimetière, Greene m’en voulait. Plus que d’habitude. Certes, depuis quelques semaines, il m’avait un peu lâché la grappe mais il n’en restait pas moins peu agréable, envers ma personne. J’avais compris que j’avais fait une connerie, je m’étais suffisamment fait engueuler par mon chef, mon mec, mon frère – lui j’ignore comme il l’avait appris, mais il m’avait envoyé une beuglante du Pérou – et ma frangine n'avait pas été des plus tendre quand elle était venue me soigner. Maintenant, si on pouvait me lâcher la citrouille avec ça, ça m’arrangerait. Bon, il est vrai que je ne menais pas non plus la vie facile à Greene, et Merlin merci il n’avait pas mis sa menace à exécution. SI j’étais passé devant le Conseil de Discipline, je crois que je ne serais pas là assis au milieu du couloir des salles d’audiences en ce jour. N’empêche que l’indélicatesse de mon chef me restait en travers de la gorge.

J’aurais donné cher pour entendre ce qu’il avait à dire pour sa défense ce sale mangemort. J’en étais persuadé qu’il faisait parti du rang du Mage Noir. J’en mettrais ma main à couper. Et même s’il n’avait rien fait pour les cinq morts chez son oncle, qu’il finisse à Azkaban ne serait que justice pour tout ce qu’il avait pu faire, même si aujourd’hui il était en rédemption. Tu parles, que des conneries. J’ignorais combien de temps l’interrogatoire allait durer et j’en avais déjà marre. Oui, je voulais savoir, oui je voulais le voir sortir attaché et avoir le plaisir de l’emmener à Azkaban, mais attendre là, dans le couloir comme un malpropre m’énervait. Putain, mais comme je l’ai détesté là, mon chef de m’avoir ordonné de rester là. Bon, je pourrais désobéir, mais je doutais que cela soit bon pour ma tronche si je faisais ça. Il m’avait déjà dans le nez, pas la peine d’en rajouter. Et puis, ce n’est pas comme si je n’avais rien d’autre à faire de ma journée. Un rapport, par exemple, préparer ma future mission. Bref, des petites choses d’auror qui prenaient un temps fou, et qui allaient me faire rester jusqu’à tard dans la nuit. Et j’allais encore avoir des reproches de mon homme. Mais, malgré ça, je suis resté. Assis contre le mur, les jambes croisées, j’ai fermé les yeux pour essayer de ne plus penser à l’endroit où j’étais, essayant juste d’imaginer les excuses qu’il allait donner à notre chef. Parce qu’il lui en faudrait de bonnes pour que Greene le laisse partir.

J’ai bien entendu quelqu’un entrer dans le couloir des salles d’audiences, mais je suis resté immobile. A part Greene et moi, aucun autre auror ne devait être présent. Il n’y avait pas d’autre interrogatoire en cours. Et celui-là était bien trop important pour que l’on se disperse de trop. Un curieux sûrement, il faut dire que notre arrivée n’était pas passée inaperçue. Un Directeur de département arrêté par les aurors, a fait du bruit, même si l’on a tenté d’être discret. J’espérais juste que ce ne soit pas Ivy qui descende ici. Cela n’apporterait rien de bon, ni pour elle, ni pour lui et elle risquait des ennuis si on la choppait ici. Tant qu’il serait dans la salle d’audience, elle ne devait pas le voir. J’ai fini par ouvrir les yeux lorsque l’inconnu s’est rapproché et j’avoue que j’aurais préféré voir Ivy, finalement. Même si, je m’étais un peu éloignée d’elle, parce qu’elle s’était mariée avec ce connard, elle restait mon amie et j’en étais désolé de ce qu’il lui arrivait. J’ai soupiré quand il m’a parlé. Dommage, qu’il m’ait vu. J’étais pourtant si tranquille sans sa sale tronche. Quand ce n’était pas le frère ainé qui me pompait l’air, j’avais le droit au cadet. Mais, putain Merlin, qu’est-ce que je t’ai fait pour que tu m’en veuilles à ce point ? Hein ? Si je fais semblant de ne pas l’avoir vu, est-ce qu’il part ?

J’ai hoché la tête lentement dans la négative. Personne n’entre dans la salle d’audience numéro deux. Je suis resté assis, un air condescendant sur le visage. Il n’allait quand même pas croire que j’allais lui dérouler le tapis rouge. « Le Chef Greene est en audience, interdiction de le déranger » ai-je lancé, d’une voix assurée. Il croyait quoi ? Qu’il pourrait aller voir ce qu’il se passait ? Si c’était bien son frère adoré qui était dans la merde ? J’ai juste eu envie de lui balancer en pleine face que oui ses doutes étaient confirmés, que c’était bien Rodolphus Lestrange qui était là, et qu’intérieurement, putain, mais comme je dansais la java. « Tu lui veux quoi au Chef, Lestrange ? » ai-je repris, un peu sèchement, avant de me mettre d’un bond sur mes deux pieds, pour le surplomber de toute ma hauteur. « Retourne dans ton département, tu n’as rien à faire ici » Là, c’était l’antre des aurors, pas des tireurs d’élites. Et encore moins des briseurs de sorts. S’il voulait voir Greene, il n’avait qu’à l’attendre dans son bureau, comme tout le monde.

@Rabastan Lestrange

La journée avait pourtant bien commencé. Mon pire ennemi aux arrêts. Enfermé dans une salle d’audience, tentant de justifier sa présence sur le lieu d’un crime. Il n’y avait rien de mieux pour me faire plaisir. Et rien n’aurait pu m’atteindre, sauf l’arrivée de ce crétin de Lestrange bis. Le frère cadet. Que je ne pouvais pas encadrer non plus. Comme tous les Lestrange que je connaissais. Des cons. Voilà ce qu’ils étaient. Intolérants au possible. Ne jurant que par la pureté du sang. Des mangemorts pour la plupart, j’en étais persuadé. Et mon attachement à l’Ordre du Phénix me donnait envie de lui éclater sa tronche, là, en plein milieu du couloir. Cela ne serait pas correct. Mais qu’est-ce que j’en avais à foutre ? Et lui, il n’était pas là pour voir Greene, j’en aurais mis ma main à couper. Il n’était pas très compliqué de deviner ce qu’il foutait là. L’arrivée de son frère avait fait du bruit, comme tout ce qu’il se passait dans ce Ministère. J’ai fait un grand sourire, presque pas forcé. « Y’a son bureau pour l’attendre » ai-je lancé. Hors de question qu’il attende ici en ma compagnie. L’air avait suffisamment été pollué par la présence de Lestrange premier, pas la peine d’en rajouter un second.

J’ai éclaté de rire à sa réponse. Qui aurait pu être tout à fait véridique si cela n’avait pas été son frère dans la salle d’audience. Quels que soient les rapports qu’il avait avec la Ministre, si Greene avait dû participer à une mission secrète, il ne serait pas là en train d’interroger Rodolphus Lestrange. Et ce n’était certainement pas un sous-fifre qui allait venir lui parler, mais la Ministre en personne. « Et qu’est-ce que ça peut bien me foutre que t’es une mission top secrète avec la Ministre ? Tu vas quand même attendre Greene dans son bureau, comme tout le monde. » ai-je répliqué. Son arrogance m’insupportait. Et l’envie de lui éclater la tête contre le mur était de plus-en-plus présente. Qu’il arrête de tourner autour du pot, et qu’il arrête de prendre mon boss en excuse. On le savait lui et moi la raison de sa présence ici. Le fait que son frère fut arrêté par nos bons soins était la seule et unique raison pour laquelle, il se trouvait ici. « Et si tu savais comme je carre bien de ce que peut penser la Ministre… » J’avais beau l’apprécier la Bagnold, ce qu’elle pouvait penser de moi, je n’en avais rien à faire. Comme tous ceux que je croisais d’ailleurs, je n’avais rien à foutre de ce qu’ils pouvaient penser de moi. Ce n’était pas elle qui m’intéressait, l’avis de mon chef était bien plus important à mes yeux, que celui de la Ministre.

J’ai croisé les bras sur mon torse sans cesser de le fixer. « On sait tous les deux pourquoi tu es là, Lestrange. Et si tu ne veux pas te retrouver aux arrêts, je te conseille de déguerpir. » Et pour le coup, vu qui était dans la salle d’audience, j’étais en droit de l’arrêter pour qu’il soit lui aussi interrogé sur son connard d’oncle. Et peut-être que la Ministre serait moins encline à lui donner des missions tops secrètes. Cela dit, j’aimerais que Greene sorte là maintenant, juste pour le remettre à sa place ce connard de Lestrange deux. Je me suis rassis dans le couloir, lui montrant que non, je n’avais pas envie de lui tenir le crachoir. En vrai, qu’il reste là je n’en avais rien à foutre, au moins si Rodolphus sortait arrêter, ça lui rabattrait un peu son caquet à l’autre con. « Casse-toi, j’ai autre chose à foutre que de faire la baby-sitter ».

@Rabastan Lestrange

La conversation avec cet imbécile de Lestrange m’énervait et m’ennuyait. J’avais autre chose à faire que de trainer avec lui et je reconnais que je maudissais mon chef de m’avoir obligé à l’attendre ici. Me laissera-t-il un jour en paix, ce satané directeur des aurors ? Ok, j’avais fait la plus grosse connerie de ma vie en me battant dans un cimetière, mais je n’avais pas été tout seul à le faire, et honnêtement cela faisait des semaines qu’il me punissait à cause de ça. C’est bon, j’avais bien compris la leçon. Même si ça m’insupportait d’avoir été le seul à m’en prendre plein la tête. Ce connard de Lestrange avait répliqué sans hésiter, et il s’en sortait presque avec les félicitations du jury, juste parce qu’il était le supérieur de mon boss. Ça m’agaçait profondément. Et passer un moment de merde, en compagnie de son frère m’agaçait encore plus. Déjà, je n’aimais pas sa gueule au cadet. Une tête de fouine, connard jusqu’au bout des orteils, qui ne pétait pas plus haut que son cul parce que monsieur était tireur d’élite, monsieur avait des relations avec la Ministre… mais s’il savait à quel point, pour moi, c’était juste un sale cancrelat de Mangemort. Parce que oui, j’étais sûr qu’il l’était comme son connard de frère. La mauvaise graine coulait dans leurs veines, et même s’il n’y avait aucune preuve, au fond de moi je le savais. Cela ne pouvait être autrement. Malheureusement, je ne pouvais pas l’accuser sans preuve, il m’attaquerait pour diffamation et je m’en tirerais avec une mise à pied au minimum. Et pour le coup, je n’avais pas très envie de lui donner cette joie.

J’ai roulé des yeux vers lui, sans prendre le temps de répondre. Je n’avais pas le droit de dire qui était à l’intérieur, même s’il le savait. Tout le ministère le savait, vu notre arrivée fracassante, devant l’hôtesse d’accueil – très gentille mais bien trop curieuse et bavarde et qui avait une fâcheuse tendance à se mêler de ce qui ne la regardait pas. Bref, si quelqu’un voulait qu’une information soit connue de tous, il suffisait juste de le dire à la charmante hôtesse d’accueil et même les prisonniers à Azkban en étaient au courant dans la journée. Néanmoins, je n'avais pas à approuver ou réfuter ses dires. Même si on savait tous les deux, la raison de la présence de Lestrange ici. On ne voyait jamais l’un sans l’autre. Accroché à son ainé comme une moule à un rocher, à croire qu’il était incapable d’agir tout seul comme un grand. J’ai reculé d’un pas. Déjà parce que je déteste qu’on me colle comme ça. Et parce que me retrouver si près de lui me filer de l’urticaire. Je n’avais qu’une envie qu’il se barre, qu’il retourne lécher le cul de la Ministre mais qu’il arrête de me pomper l’air.

Je me suis assis contre le mur, le regard fixé sur la porte de la salle d’audience numéro deux. Je me demandais ce qu’ils pouvaient bien se raconter les deux Directeurs, la justification de Lestrange de se trouver là où jamais il n’aurait dû être, tout comme son frangin d’ailleurs. J’ai levé les yeux au ciel. « C’était censé être de l’humour ? Je meurs de rire dis donc » Bon, c’est vrai que je ne suis pas le mec qui a le plus d’humour dans la famille mais la répartie du Lestrange laissait franchement à désirer. J’imaginais la vie du pauvre elfe qui avait atterri dans la vie de Lestrange. Ça aussi, je trouvais cette lubie des sorciers immonde. J’ai soutenu son regard, s’il croyait pouvoir m’avoir là-dessus, il se fourrait le doigt dans l’œil. Merlin sait que j’ai eu une envie de lui éclater la tronche mais je me suis retenu. Je crois que mon chef n’apprécierait pas, et s’il avait été assez « clément » jusque-là, je doutais que cela soit le cas s’il me trouvait entrain de me battre dans un couloir. Et très honnêtement, je n’avais pas envie de passer en conseil de discipline. Pas à cause de Lestrange Bis. « T’as pas d’autres pompes à cirer ? » ai-je fini par lancer. Qu’il retourne sous le bureau de la Ministre ça me ferait des vacances. Franchement, si Greene n’avait pas été si proche de moi, le Lestrange je lui aurais foutu une patate depuis bien longtemps. Juste pour me défouler. Mais la présence de mon directeur non loin m’empêchait toute action qui me desservirait. Et pour le moment, je n’étais pas en position de faire des écarts de conduite.

@Rabastan Lestrange

Je me demandais si l’autre imbécile allait rester là, jusqu’à ce que son crétin de frère sorte de la salle numéro deux. S’il sortait. Encore fallait-il qu’il possède de bons arguments pour que mon chef le laisse partir. Pour tout dire, j’aurais préféré pouvoir retourner dans mon bureau, plutôt que de rester là à attendre. Mais je n’avais pas d’autre choix que d’obéir à mon chef. Il était suffisamment en colère contre ma personne, et je savais que ma venue devant le conseil de discipline ne tenait qu’à un tout petit fil, un tout petit claquement de doigts de la part de Greene suffisait. Mais j’admets que j’aurais préféré l’attendre seul, sans la présence de l’autre pingouin à mes côtés. Rabastan Lestrange n'était qu’un boulet, incapable d’agir par lui-même, copiant – mal – son grand frère. Il ne servait pas à grand-chose. Mais on pouvait lui accorder une seule chose de bien. Il cirait les pompes des chefs à merveilles. Un Bones en puissance. Il suivait parfaitement les traces de notre chef de Département. Et ça m’écœurait totalement.

Je suis resté silencieux, face à son sarcasme. Me lâcherait-il la grappe si je ne lui répondais plus ? Je crois que je préférais encore « discuter » avec son frangin. Lui, au moins, il avait de l’allure, l’ainé des Lestrange. Il avait du répondant, il y avait du suspens à savoir qui allait frapper le premier sur l’autre. Je reconnais que même si je détestais les deux frangins, j’avais bien plus d’estime pour l’ainé que pour le cadet. Rodolphus Lestrange avait bien plus de prestance. J’ai haussé les épaules. Rien que l’idée qu’il puisse avoir un elfe de maison chez lui me débectait. Je n’avais jamais aimé le principe d’avoir des elfes – ou devrais-je dire des esclaves – à notre merci. Je trouvais ça tellement dégradant. Les elfes n’avaient rien demandé, et qui étions-nous pour leur imposer nos lois et nos demandes ? Personne. Absolument personne. Et pour tout dire, si je n’avais besoin de personne pour me cirer les pompes, me faire à bouffer ou ranger ma chambre. Et même si mon père était un sacré connard avec ses enfants, et possédait une éducation stricte qui n’appartenait qu’à lui, au moins lui, il avait des idées et des valeurs respectables. Des valeurs que je défendrais et peu importe que l’on me traite de traitre à mon sang. J’ai levé les yeux vers lui en souriant. Je crois que ça l’excitait la situation.

J’ai plié mes jambes contre moi, passant mes bras autour, tout en hochant la tête. Je doutais fatalement de la véracité de ses propos. La Ministre était suffisamment grande, et suffisamment sur le dos de Greene pour venir en personne le voir. Et puis, admettons que cela soit vraiment vrai, la coïncidence était bien trop flagrante pour que l’on y croit. L’ainé des Lestrange était là, le cadet des Lestrange était là. Rien de plus compliqué. J’ai eu un petit rire, un peu condescendant. S’il savait à quel point j’étais fier de mon statut de traitre. Et peu importe les piques qu’il pouvait me lancer. J’en avais l’habitude, et bien plus encore. Entre les insultes homophobes que je pouvais me prendre en pleine gueule – enfin, que j’entendais, très peu de personne savaient ce que j’étais - et les insultes de traitre à mon rang, autant dire que j’étais plus que paré. Pour tout dire, les insultes homophobes me faisaient bien plus de mal que le reste. Je ne l’assumais pas, et je ne l’assumerais sans doute jamais. C’était bien pour ça que personne à part ma famille savait ce que j’étais réellement. « Je ne te ferais pas ce plaisir » ai-je répondu, en détachant mon regard du sien. Et puis bon, Greene me l’avait interdit. Et non, là, j’allais pas lui désobéir. Je tenais encore un peu à ma place au sein du bureau des aurors. Donc, j’allais rester ici. En compagnie de cet abruti au regard niais. Même un cleb’s avait un regard plus expressif que lui, et vu ce que je pense des clébards, ce n’était pas un compliment. J’ai collé ma tête contre le mur, et fermé les yeux. « Installe-toi confortablement, le Directeur Greene risque d’en avoir pour un bout de temps là-dedans » ai-je lancé. Et le frangin, s’il s’en sortait, allait sortir totalement lessivé de l’interrogatoire. Greene pouvait parfois être très éprouvant.

@Rabastan Lestrange

La situation était des plus déplaisantes. Il m’agaçait le père Lestrange. A fouiner partout. Il pouvait parfaitement attendre son frère dans son bureau, comme tout le monde. Et me foutre la paix. Si j’avais pas autant de grief avec mon chef, je crois que je lui aurais désobéi pour remonter dans les étages et rejoindre mon bureau. S’il y avait bien un mec avec qui je ne voulais pas passer du temps c’était son crétin de frère cadet. J’avais opté pour le silence. Pour tout dire, ne pas parler n’était pas difficile. Je suis d’un naturel peu causant, introverti et peu sociable, j’aime la solitude et ne pas parler pendant des heures ne me posait aucun problème. J’avais bien senti son regard posé sur moi mais je ne m’y suis pas attardé. Les yeux fermés, la tête penchée en arrière posée contre le mur, j’imaginais l’interrogatoire que l’ainé des Lestrange devait subir en ce moment-même. Greene il appuyait toujours sur les points les plus sensibles. Et Rodolphus, il n’allait pas s’en sortir avec des courbettes. Il allait devoir user de bons arguments pour que Mark-Jefferson Greene le laisser partir.

Les trente minutes silencieuses étaient plutôt agréables. Ne pas entendre la voix nasillarde de Rabastan Lestrange n’était pas pour me déplaire. J’aime pas sa gueule, j’aime pas sa voix, j’aime pas ses idées, j’aime pas sa façon de lécher les couilles des chefs. Bref, lui, je l’aimais encore moins que son frangin. Au moins, même si cela me faisait mal de l’admettre, le frère ainé, il avait obtenu sa place de chef que pour ses aptitudes. Un long soupir est sorti de ma gorge quand la voix de l’autre crétin s’est élevée dans le couloir. Il n’avait donc pas oublié ma présence. Dommage, moi je l’avais déjà oublié, lui. Et j’aimais pas sa question. Qu’est-ce que ça pouvait lui faire que je sois ami avec Ivy. Enfin… en ce moment, notre relation n’était pas au beau fixe. Elle avait épousé ce satané Lestrange. Ce connard que je détestais depuis longtemps. Les Lestrange étaient tous des gros cons, avec des idées de merde et ne méritaient que d’être enfermés à Azkaban. Tous des mangemorts dans cette famille. Et Ivy c’était entichée de l’un d’eux. Je l’évitais depuis qu’elle l’avait épousé, je le reconnais. Nos rencontres me manquaient, je ne pouvais pas le nier, mais je n’arrivais pas à passer au-dessus de ce mariage. Lestrange avait été de ceux qui s’en étaient pris à Aaron à Poudlard, et je me sentais trahi par ma meilleure amie de s’être rapprochée ainsi de lui.

J’ai haussé les épaules, avec l’intention de ne pas répondre. Qu’est-ce que cela pouvait lui faire que cela me dérange ou non ? Ils étaient mariés, je ne pouvais rien y faire. Mais j’avais l’impression que si je restais silencieux il allait continuer à parler, pour ne rien dire, polluer mon environnement sonore. J’ai soupiré. « Ivy fréquente bien qui elle veut », ai-je simplement répondu. Même si je n’étais pas d’accord elle faisait ce qu’elle voulait. A mon grand désespoir. Avec cette question, je ne savais pas où il voulait en venir. A part me faire les éloges de son frère ? S’il pouvait me les épargner, cela m’arrangerait. Je doutais fortement de ses propos. Lestrange, c’était un mangemort, ça j’en étais persuadé, même si je n’avais aucune preuve, je le sentais au fond de mes tripes. Mais, j’avais beau le sentir, je n’arrêtais pas les gens, juste par conviction même si cela me démangeait fortement. « Parce que tu crois vraiment savoir ce que je pense de lui ? ». Et cela allait bien au-delà du simple mangemort.

@Rabastan Lestrange

J’aurais tellement voulu qu’il oublie ma présence, et qu’il arrête son babillage à mes oreilles. Je n’étais là, que parce que mon chef me l’avait ordonné, sinon je serais remonté dans mon bureau depuis bien longtemps. J’m’en tapais de ses palabres à Lestrange, j’voulais juste qu’il me laisse en paix. J’étais déjà pas sociable avec ceux que j’appréciais, j’allais pas l’être avec ceux que je n’aimais. Si j’pouvais dire que je ne l’aimais pas. En réalité, Rabastan Lestrange n’avait, pour moi, absolument aucun intérêt. Et si j’devais entretenir une conversation avec un Lestrange, je prenais le fils aîné. Lui au moins, il avait une certaine classe. Le cadet… il voulait juste ressembler à son frère, montrer qu’il avait de l’intérêt. Et puis, si je devais parler de ma meilleure amie, ce n’était certainement pas avec lui que je le voulais.

Le mariage d’Ivy ne me plaisait, mais j’étais personne pour m’y opposer. Ma meilleure amie faisait ce qu’elle voulait, mais non, elle n’avait aucunement ma bénédiction quant à ses noces. Lestrange n’était qu’un connard, j’avais pas d’autre mot pour le qualifier. Je l’étais aussi, je l’admettais et je l’assumais, mais la différence, c’est que lorsque je m’en prenais à quelqu’un ce n’était pas juste parce qu’il était né « impur ». J’m’en fichais du sang que les gens portaient. Pur ou non, tout le monde pouvaient exister. Et je ne supportais pas ces connards de puristes. Lestrange en faisait parti, et son attitude de gros crevard à Poudlard, non, je ne l’avais jamais digéré. Et ce n’était pas parce que sa principale victime c’était l’homme qui partageait ma vie. J’avais défendu tous les autres, comme n’importe qui. J’aime pas les injustices.

Alors même si Ivy avait trouvé quelque chose de bon en Rodolphus Lestrange, moi, j’pouvais pas l’apprécier, et je ne le ferais jamais. Et son frère cadet m’agaçait avec ses questions incessantes. Ne pouvait-il pas attendre la fin de l’interrogatoire de son frère en silence. Et me laisser tranquille. J’ai inspiré lentement, montrant mon agacement, réfléchissant à la meilleure réponse que j’allais lui donner. Ne rien dire et l’ignorer ? Il serait capable de continuer à causer, encore et encore. Je sais pas si c’est l’emploi de mon prénom qui me fit répondre, ou juste l’envie qu’il arrête de causer à mon oreille, avec sa voix nasillarde au possible.

« Je vais te décevoir, Rabastan… » J’ai détaché toutes les syllabes de son prénom « …mais je n’ai jamais été contre leur union. » Par pur fierté, j’allais certainement pas dire le contraire. Mais, au fond, si Ivy avait épousé Lestrange, c’est qu’elle avait dû déceler quelque chose de bien ? C’est ce que j’espérais, mais cela dit, Lestrange faisait du mal à ma meilleure amie, je ne lui laisserais même pas la possibilité de se défendre. De cela, il pouvait en être assuré. J’ai penché à nouveau la tête en arrière, l’appuyant contre le mur. Je trouvais l’entretien fort long, et j’étais pressé de voir la tête de mon chef sortir de la salle numéro deux. Juste pour être débarrasser du fils cadet des Lestrange. Je trouvais, d’ailleurs, qu’il y avait bien de trop de Lestrange dans ce ministère, et surtout bien de trop autour de moi en cet instant. Deux dans un mètre carré, ça m’empêchait de respirer tranquillement. Mais, j’crois, au fond, que je préférais me battre avec l’ainé plutôt que de discuter avec le cadet.

Personne ne pouvait imaginer ce que je pensais de Lestrange. J’avais jamais pu le prouver mais je savais qu’il était mangemort, comme son frère d’ailleurs. Que de la mauvaise graine les deux rejetons du père Lestrange. Pourtant, je pouvais admettre que depuis qu’il était avec Ivy, il avait quelque peu changé l’ainé Lestrange, et si je ne l’avais pas connu comme je l’ai connu à Poudlard, peut-être que oui, on aurait pu – je dis bien pu – se tolérer l’un et l’autre. Je l’aurais fait pour Ivy. Là, j’savais pas de trop. J’pense que ça allait dépendre de comment il sortait de la salle d’interrogatoire. Mark-Jefferson Greene, c’était un sale requin quand il avait mordu un hameçon. Il lâchait jamais sa proie, et s’il devait y passer trois jours, il y passerait trois jours. Les suspects, ils ressortaient toujours lessivés lorsque Greene venait mettre sa patte. En même temps, on devient pas chef des aurors en suçant des bonbons toute la sainte journée. Fallait avoir un peu de mordant, et Greene il en avait plus que beaucoup.

Je me suis levé d’un bond pour traverser le couloir et m’installer de l’autre côté. « Demande-toi plutôt ce que pense le Chef Greene de ton frangin… pour le moment, y’a que ça qui compte » ai-je répondu un peu sèchement. Déjà parce que parler avec lui, ça me gonflait, et que je n’avais guère envie de parler de Lestrange, parce que cela reviendrait à parler d’Aaron, et ça je ne le souhaitais pas. Cela ne regardait absolument pas Rabastan Lestrange. Et maintenant, s’il pouvait cesser ses babillages, il m’en serait gré.