We are heroes in our story, villains in their ♦ Elvina

Les doigts crispés sur sa baguette, Luna affiche une mine encore plus glaciale que d'habitude. Elle n'a jamais aimé les cours de Défense Contre les Forces du Mal. Depuis sa rentrée en première année, ils sont sa bête noire et elle va à chaque séance à reculons. Avec le temps, elle a appris à couvrir son dégoût sous un masque froid, pourtant plus les années passent, plus elle déteste ces cours. En particulier que les sorts deviennent moins anodins, les notions de défense et de forces aussi – et de mal, selon elle. Et puis, elle n'aime pas la prof de ce cours. S'il faut être tout à fait honnête, aucun enseignant ne pourrait lui faire apprécier cette matière, mais Carter... Luna n'aurait pas pu imaginer pire. Cette femme travaille non seulement pour le château sorcier qui embrigade des enfants, mais aussi pour le Ministère de la Magie qui permet aux adultes d'agir en toute impunité. La Serpentard n'a même pas pris la peine de pousser plus loin ses recherches sur le terme Auror, elle déteste ce boulot par défaut et se moque bien de savoir où se situe Carter dans la hiérarchie du Ministère. Cette femme réunit par ses deux professions tout ce que déteste la jeune Williams, qui du haut de ses quinze ans méprise amèrement son enseignante. Et si elle ne le dit pas à voix haute, elle n'en pense pas moins. Ils peuvent lire dans la tête les sorciers ? Pas grave, dans un an et deux mois elle se barre de toute façon.

Comme si la matière ne suffisait pas, Luna a appris ce matin que sa meilleure amie était malade et ne pouvait donc pas venir en cours. La Serpentard n'a donc personne pour l'aider à se canaliser, et surtout elle ne peut pas travailler par défaut avec son amie. C'est donc Carter qui lui a imposé son binôme : un élève vêtue de bleu et de bronze, sans doute très studieux – en tout cas il a l'air très attentif à ce qu'il se passe – mais que la Williams voit d'un mauvais œil. Depuis que les explications de l'enseignante ont commencé, il fait rouler sa baguette entre ses doigts comme si c'était un jouet, ce qui crispe Luna et l'a poussée à faire deux pas sur le côté pour s'éloigner de lui. Ça l'agace, que les autres n'aient pas conscience du danger que représentent leurs baguettes. Ils sont pas censés être malins les Serdaigles ?

Les explications terminées, les élèves s'éparpillent dans la salle par binôme. Luna prend les devants et se dirige vers le mur côté porte, se plaçant non loin de cette dernière. Elle aurait voulu rester toute seule et s'asseoir en boule par terre en attendant que la séance passe, mais son binôme arrive si vite qu'elle n'a même pas le temps de se laisser aller à un peu d'espoir. Il lui demande si elle veut commencer mais la jeune fille prétexte qu'elle n'a pas compris l'exercice, non seulement pour repousser l'échéance mais aussi parce qu'elle n'a pas vraiment écouté – elle était trop occupée à grommeler intérieurement toute sa haine de la magie, de cette école et de Carter. Le Serdaigle prend donc la peine de lui réexpliquer ce qui a été dit par l'enseignante, et c'est ainsi que Luna parvient à grapiller presque cinq minutes sans travailler. C'est cependant la seule bonne nouvelle de cet échange, car ce que lui explique son binôme lui glace le sang. Comment ça ils doivent s'entraîner au Protego en faisant tester leur bouclier par leur binôme ? Il précise bien que les sorts ne doivent pas être méchant, mais Luna s'en moque. Elle n'a pas envie de faire ça, de se recevoir des sortilèges en pleine poire si elle foire son bouclier, ni d'en balancer à ce Serdaigle trop impatient de commencer l'exercice. De nouveau, il lui demande si elle veut commencer. Et cette fois, Luna refuse simplement de le faire. Il ne comprend pas et lui rappelle que c'est obligatoire, mais la Williams refuse encore. Elle ne parle pas beaucoup, se contentant de lui dire sans hausser la voix. qu'elle ne veut pas le faire. Qu'importe son insistance, elle ne cède pas. Et lorsque, en dernier recours, il la menace d'appeler la prof, elle croise les bras et secoue la tête de droite à gauche, refusant de plier. Après l'avoir bien évidemment fusillée du regard, le Serdaigle lui tourne le dos et file vers l'enseignante – qui était de l'autre côté de la salle, en train d'endoctriner des gamins si vous voulez l'avis de Luna. Pour rapporter son comportement, parce qu'il se dit que l'adulte pourra convaincre la Serpentard de se mettre à travailler. Lui aussi est aveuglé par toutes les belles paroles qu'on leur sort à Poudlard, il ne voit pas le danger. Aucun d'eux ne voit le danger, il n'y a que Kaelia, et bon sang ce que ça dépite son amie qu'elle soit malade.

Luna a à peine passé la porte de la salle de Défense Contre les Forces du Mal qu'elle se sent déjà oppressée. Elle n'aime pas cet endroit, elle n'aime pas ce cours, elle n'aime pas cette prof – elle n'aime rien de tout ce qui se trouve dans cette foutue pièce, et pourtant elle est obligée d'être là. Son air naturellement froid est encore plus renfrognée que d'habitude, et pour cause : Kaelia est malade et ne pourra donc pas être sa binôme pour cette séance. Ça l'embête, la Serpentard, parce qu'elle est la seule à lui éviter de dégoupiller face aux consignes dignes d'une tortionnaire d'enfants de Carter. Elle rend ces cours presque supportables, notamment parce que c'est bien plus facile de contourner les exercices de la prof lorsque tout le binôme ne veut pas le faire. Mais cette fois, Luna sent que ça ne va pas être aussi facile que d'habitude puisqu'elle sera seule avec un ou une abrutie. Elle espère juste que l'exercice sera un petit truc, et elle est encore loin de se douter d'à quel point elle se plante.

Comme tous ses camarades, Luna s'assied, néanmoins son manque d'enthousiasme est perceptible et contraste avec celle, palpable, de beaucoup d'autres élèves. Des crétins qui aiment simplement agiter leur baguette pour faire des étincelles, sans prendre en compte le risque que ça représente. « Bonjour à tous ! Ah il nous manque quelqu’un… » Si la Serpentard sait pertinemment qui est cette personne manquante, elle n'entrouvre assurément pas la bouche pour partager cette information. Plus Carter passe de temps à chercher, moins elle fait cours, donc elle ne va sûrement pas l'aider à gagner du temps. « Quelqu’un a des nouvelles de miss Heredia ? » C'est une Serdaigle qui répond et explique que Kaelia est malade, tandis que Luna sort ses affaires de prise de note, plus pour s'occuper les mains que par réel intérêt pour ce que va raconter l'enseignante – totalement pour s'occuper les mains, en réalité. « Bien, aujourd’hui j’aimerais que nous nous penchions sur le sortilège Protego. Nous l’étudions chaque année mais vous vous apprêtez à passer vos BUSEs et il est grand temps d’ajouter une corde à votre arc avec l’extension de ce sortilège, autrement dit, sa version plus large et plus puissante. Quelqu’un saurait me dire le nom de ce sortilège ? » Le cours a à peine commencé que l'étudiante s'ennuie déjà à en mourir. Carter a toujours les mêmes formulations chiantes – combien de fois elle leur a parlé de corde à ajouter à leur arc depuis le début de l'année, au juste ? – et sa voix agit comme une substance soporifique sur elle. Mais bon, pour une fois ce qu'elle raconte semble un minimum utile puisqu'elle leur parle de sortilèges de protection. Enfin, pas de quoi émerveiller non plus Luna qui, par habitude, s'attend déjà au pire venant de cette prof. Mais elle est apparemment la seule à se méfier puisqu'une camarade vêtue de rouge et d'or lève déjà la main pour répondre. « Bonne réponse, cinq points pour Gryffondor Le Maxima est en effet une extension du Protego qui vise à créer une barrière magique entre vous et l’assaillant. » Et c'est parti pour la distribution des points, bien sûr ! Ah ça c'est un truc qu'elle adore, Carter : filer des points à tout va pour motiver les élèves à lever la main. S'il n'y avait pas ce système à Poudlard, la brune est persuadée que l'Auror leur filerait des bonbons selon le même principe – c'est limite glauque, dit comme ça. Le pire c'est que ça marche, en tout cas beaucoup plus que lorsqu'elle menace Kaelia ou Luna de leur retirer des points – c'est qu'elles s'en foutent royalement, elles deux, de la réputation de leurs maisons respectives.

Sur le tableau, une craie ensorcelée se met à écrire à la place de la professeure et Luna ajoute aussitôt flemmarde à la liste des compliments qu'elle pourrait lui faire. « Le Protego totalum est la version encore plus puissante du Maxima, on s’en sert pour créer une bulle protectrice plus large, autour d’un lieu par exemple. Le Totalum est bien plus difficile à maîtriser que le Maxima cependant, nous ne l’étudierons pas cette année. » Pour faire comme ses camarades, la Serpentard recopie ce qu'il y a au tableau quand bien même elle sait qu'elle ne relira sûrement jamais ces notes. Elle s'amuse surtout à refaire sur son parchemin les schémas représentant le champ de protection créés par les différents sortilèges, mais en veillant à ajouter à la sorcière qui les lance – un bonhomme bâton avec des cheveux longs – des petites cornes de diable. « Il vous faudra bien plus de conviction que pour un Protego basique. Le sang-froid est la clé de la réussite de ce sortilège car la peur peut vous fournir plus de puissance mais elle nuira à sa précision si vous vous laissez envahir par vos émotions. » C'est quand même incroyable ces gens qui se disent qu'un adolescent de quinze ans qu'on attaque avec un sortilège ne doit pas avoir peur. Il faut quand même être complètement à côté de la plaque pour penser ça, et apparemment c'est le cas de Carter. Mais qui la laisse travailler avec des enfants, bon sang ? « Bien ! Il est temps de passer à la pratique, faites des groupes de deux pour vous exercer à tour de rôle au Protego Maxima. Pour les assaillants, je vous recommande d’utiliser des sorts un peu plus puissants qu’un simple Expelliarmus mais restez modérés dans vos attaques. Les défenseurs ne maîtriseront pas tout de suite ce sortilège et le but n’est pas de remplir les lits de madame Pomfresh ! » Si jusque là Luna s'amusait presque à commenter chaque fait et geste de l'enseignante dans sa tête – comprendre : à critiquer tout ce qu'elle fait et dit comme la pire des sales gosses –, soudainement ce n'est plus du tout le cas. Comment ça, ils doivent se jeter des sortilèges ? Comment ça, elle doit accepter de se prendre un sort pire qu'un Expelliarmus dans la tronche si jamais elle a le malheur de louper son Protego ? Elle veut pas les entraîner aux lancer de couteaux sans protection, aussi ?

Tout le monde s'agite joyeusement autour d'elle dès l'instant où Carter signale qu'ils peuvent passer à la pratique mais Luna n'a qu'une envie : prendre ses jambes à son cou et se tirer de là. Elle hésite, pendant quelques secondes, mais vu la position de la professeure et la sienne, il n'y a aucune chance qu'elle s'éclipse sans se faire remarquer. Sans parler du fait que son binôme du jour, un Serdaigle qui a joué avec sa baguette durant toute la partie théorique du cours, vient de se pointer à ses côtés pour lui réclamer qu'ils commencent à travailler. Même pas en rêve. Bonne comédienne, la brune fait mine qu'elle n'a pas compris pour grignoter encore un peu de temps sur la partie pratique de la séance, alors qu'en réalité elle était surtout tellement occuper à maugréer intérieurement qu'elle n'a pas écouté grand chose des beaux discours de Carter. Néanmoins le bleu et bronze a vite fait de lui résumer les instructions de l'enseignante. L'adolescente se retrouve alors dos au mur et fait ce qu'elle fait de mieux à Poudlard depuis qu'elle y a mis les pieds : se renfrogner et refuser tout ce qu'on lui propose. Malgré l'insistance de son binôme, Luna n'en démord pas et campe sur ses positions avec une fermeté à la fois insupportable – selon lui – et admirable – selon sa meilleure amie. La menace de faire intervenir la professeure ne lui fait ni chaud ni froid : secouant de nouveau la tête, elle l'envoie paître et croise les bras pour lui faire comprendre qu'il ne parviendra pas à la faire changer d'avis. Bien sûr, l'autre l'assassine du regard mais ça n'émeut pas pour un sou la brune qui le toise avec une indifférence profonde. C'est consternant, ces gens qui pensent pouvoir l'obliger à devenir un mouton qui agresse ses camarades parce qu'on le lui demande.

Remonté, son binôme file alors mettre sa menace à exécution : de loin, Luna le voit fendre la foule en direction de l'enseignante. Agacée sous son air impassible, elle détourne le regard et s'appuie contre la table derrière elle. La plus proche de la porte, comme souvent. C'est une des stratégies qu'elle a trouvées pour se rassurer un peu durant ces maudits cours, surtout quand Kaelia n'est pas là. Il ne faut pas longtemps pour que Carter débarque, mais elle est seule : son binôme est elle-ne-sait-où dans la salle, sûrement trop heureux d'avoir rejoint un autre groupe pour devenir un mouton à son tour. C'est écœurant. Gardant les bras croisés, Luna ne bouge pas d'un iota, laissant l'adulte venir à elle même si elle n'a absolument aucune envie de lui parler. Peut-être qu'elle aurait dû se barrer pendant que son binôme était loin, finalement. Elle garde cette idée dans un coin de sa tête alors que Carter arrive à sa hauteur, l'insultant intérieurement d'avoir dix bons centimètres de plus qu'elle. « Quelque chose ne va pas, miss Williams ? Votre camarade m’a dit que vous ne souhaitiez pas vous entraîner avec lui. » Veillant à soutenir le regard de la professeur, Luna reste calme, le visage impassible. Elle n'a pas peur d'elle, elle refuse de courber l'échine sous prétexte qu'elle est une adulte. « Je ne veux pas qu'il m'attaque pour vérifier que je sais utiliser un Protego. Et je ne veux pas l'attaquer non plus. » Si Carter cherche des moutons à embrigader pour qu'ils rejoignent le Ministère comme elle, qu'elle aille chercher ailleurs : la brune n'est sûrement pas de ceux-là. Dire que c'est à cause de professeurs comme elle que son amie d'enfance envisage une carrière là-bas, ça la dégoûte. « Vous ne pouvez pas me forcer à agresser un camarade sous prétexte que c'est comme ça que fonctionne votre exercice. » Et si la voix de la Serpentard reste très neutre, le refus est clair et incontestable. Que ça dérange Carter, ce n'est pas son problème.

Luna était sûrement une élève moins pénible à son arrivée à Poudlard, plus perdue que contestataire, mais les années l'ont endurcie et l'ont poussée de plus en plus vers la protestation. Pas dans tous les cours, bien sûr, car comme tout élève elle a ses préférences. À n'en douter, l'Astronomie est la matière qui lui plaît le plus et elle se montre si angélique durant ces leçons que d'autres professeurs – au hasard, Carter – n'en reviendraient pas. À l'absolu opposé, il y a la Défense contre les forces du mal, un enseignement qu'elle déteste autant que celle qui en est chargée. Même lorsqu'elle la croise dans les couloirs, elle ne peut poser sur cette femme qu'un regard chargé de reproches et de mépris. Elle la hait parce qu'elle considère qu'elle se sert de sa position d'enseignante pour conditionner des enfants à utiliser leur magie contre leurs camarades. Elle prétend les préparer au monde extérieur, mais s'il n'y avait pas des viles sorcières pour leur apprendre à lancer des sortilèges d'attaque alors il n'y aurait même pas besoin de sortilèges de défense. Mais non, cette école à la moralité discutable accepte qu'une agente du Ministère vienne faire de la propagande dans un établissement scolaire et endoctrine des gamins pour les recruter ensuite. Pas étonnant que Luna veuille s'enfuir dans un lycée moldu pour y terminer sa scolarité, après ce qu'elle a vu ici.

En première année, Luna acceptait encore de participer à cette mascarade, trop jeune et naïve pour comprendre l'ampleur du scandale que constituait Poudlard. Paraît-il que c'était important, d'apprendre à se défendre, et puis Lysea lui disait qu'elle finirait pas s'y faire. Mais maintenant qu'elle a grandi et enfin compris – contrairement à la majorité de ses camarades – que c'était aberrant de leur demander d'attaquer leurs camarades, il en est hors de question. Elle se moque bien de se mettre son binôme du jour à dos, ou même son enseignante : elle ne veut pas faire cet exercice. « Miss Williams, il ne s’agit pas de s’attaquer mutuellement, je ne souhaite pas remplir l’infirmerie avec les élèves de ce cours. J’ai demandé à ce que les attaques soient modérées pour pouvoir vous exercer sans vous blesser. Je peux suggérer des idées de sorts au tableau qui ne causent pas le moindre mal si c’est cela qui vous inquiète. » La brune n'en revient pas de la mauvaise foi dont fait preuve la professeure. Bien sûr que cela consiste à s'attaquer mutuellement, c'est l'essence même de cet exercice absurde ! Et le fait de parler d'attaques modérées ne rend pas ça moins scandaleux, contrairement à ce que semble penser son interlocutrice. « Je n'ai pas envie de vomir des limaces ou de me mettre à danser comme punition pour avoir raté un sortilège, » conteste-t-elle d'une voix toujours aussi froide. Elle ne crie pas, Luna, elle n'en a pas besoin pour se faire entendre, mais elle ne fait pas non plus l'effort d'être aimable. De toute façon, Carter ne peut pas la forcer à faire tout ça. « Je n’ai jamais demandé à utiliser la violence et je ne vous inciterai jamais à vous agresser mutuellement, j’ai bien peur que vous ne noircissiez le tableau. Le but de cet exercice est justement de maîtriser le sortilège de protection pour que chacun puisse se défendre un minimum en cas d’attaque. Trouvez-vous cela complètement aberrant que de vouloir enseigner aux élèves l’art de préserver leur vie ? » « Je trouve ça aberrant d'apprendre à des élèves de s'attaquer les uns les autres sous ce prétexte, oui, » maintient-elle fermement, croisant les bras sous sa poitrine. C'est comme ça qu'on crée des monstres comme sa génitrice, en laissant entendre que c'est normal de lever sa baguette contre un autre être humain, même sans défense. « Je pense que les camarades qui ont péri à Pré-au-Lard auraient aimé avoir un peu plus de pratique en ce qui concerne les Protego, vous ne croyez pas ? » Les yeux de la Serpentard s'écarquillent face à une telle remarque, scandalisée. « Ils ne seraient pas morts non plus si Poudlard n'apprenait pas à des enfants à attaquer tout le monde ! » Est-ce qu'elle pousse le bouchon un peu loin ? Peut-être bien mais elle s'en moque, bien décidée à faire comprendre à cette femme qu'elle devrait avoir honte d'elle. De toute façon, il ne lui reste qu'un peu plus d'un an à passer ici  – elle fêtera son dix-septième anniversaire l'été prochain et ne remettra dès lors plus un seul orteil dans ce château de malheur. Elle peut bien le passer à être détestée par Carter, ça ne lui fait ni chaud ni froid.

« Sinon, nous pouvons parler de ce qui vous bloque réellement, miss Williams. Pourquoi rechignez-vous tant à utiliser votre baguette ? C’est naturel chez les sorciers de Grande Bretagne… » Bien sûr que c'est naturel, quelle question ! Quoi de plus naturel en Grande-Bretagne que balancer des éclairs dans la tronche d'autres personnes avec un bout de bois ? Ensorceler une voiture pour provoquer un accident, sans doute... « Si vous trouvez ça naturel d'utiliser un bout de bois pour vous sentir puissante, c'est votre problème, pas le mien. » Elle rétorque aussi sèchement que froidement, Luna, non sans asséner à son enseignante un regard électrique.