She got a sweet touch that a man never gave me
⚘ Été 1973
— Holkham, comté de Norfolk, Angleterre
Elle ne sait plus trop comment elle est arrivée ici, Garance, le cerveau enveloppé dans une brume cotonneuse qui lui donne l'impression de ne plus toucher le sol. Elle se souvient du portoloin qu'elle a pris avec son groupe d'amies, du petit village dans lequel elles ont atterri, de l'immense manoir qu'elles ont loué toutes ensembles – c'est l'un des avantages d'avoir des familles fortunées. Des vacances entre copines, avant d'entrer en septième année puis dans la vie
d'adulte. Pas de parent, juste elles et des discussions d'adolescentes sur les trois canapés du salon, le balcon depuis lequel elles voient la mer ou la plage déserte. Cette même plage sur laquelle se trouve en ce moment Garance, mais seule. Elle a perdu le reste du groupe, ou peut-être s'en est-elle éloignée, elle ne sait plus vraiment.
Tout ce à quoi elle pense, ce sont ces lèvres contre les siennes qui lui donnent l'impression de revivre. Le cœur qui bat plus fort, les papillons dans le ventre, l'envie que cet instant dure éternellement. Un baiser comme elle n'en a jamais connu avec les petits-amis qu'elle a eus à Poudlard. C'est tout ce que décrivait le dernier roman à l'eau de rose qu'elle a lu. La seule différence, et elle ferait sans doute défaillir les parents MacMillan, c'est que c'est une femme qui l'enlace. Pourtant, Garance elle ne s'est jamais sentie aussi bien en étant si proche de quelqu'un. C'est juste une amourette de vacances, elle le sait, ça ne pourra pas durer. Mais ça suffit à lui faire comprendre pourquoi elle n'a jamais rien ressenti dans les bras d'un homme. Et c'est aussi terrifiant que grisant, d'enfin se sentir à sa place.