Cela faisait une semaine que j’étais cloitré à l’appartement. Dobby me suppliait tous les jours d’aller voir la médicomage de l’Ordre du phénix. Il ne supportait pas me voir souffrir. Mais, j’en avais besoin. J’avais honte de ce que j’avais fait. Honte de m’en être pris à une gamine de dix ans qui n’avait rien demandé à personne. «
Je l’ai observé, vous savez, je la trouve très gentille » Dobby, en elfe libre, allait à ses occupations comme il l’entendait. «
Je sais qu’elle est gentille, Dobby… pas aujourd’hui » J’ai grimacé en parlant. Mon avant-bras était noir de lave, il luisait même dans l’ombre.
Je commençais à être plus à l’aise avec ma main droite. C’est ce que je voulais me faire croire. La lettre écrite pour mon directeur ne ressemblait à rien, mon neveu de six mois l’aurait bien mieux écrite. La dragoncelle m’avait rattrapée. Bien sûr qu’il ne croirait pas à ce nouveau bobard, mais que pouvais-je lui dire d’autre ? Je n’oserais même plus le regarder en face, tant j’avais honte de ce que j’étais devenu. J’avais trahi mon métier. Il n’y avait que ça à retenir. Mes convictions et mon métier. Je me sentais si misérable. Lucius et Circée étaient venus. J’aurais préféré que cela ne soit pas le cas. J’avais honte que Circée m’ait vu dans cet état. Cela me faisait mal. Mais je lui avais tout déballé. Limpide. Je lui devais bien ça. Je crois.
Allongé dans mon canapé, le bras gauche collé contre mon ventre, j’observais le plafond, une cigarette à la main. Je n’étais pas un grand fumeur, mais je devais reconnaitre que la mandragore me faisait du bien. Cela apaisait un instant la douleur que j’éprouvais. Le poignard trainait toujours sur la table basse. J’ignorais encore pourquoi Rodolphus me l’avait laissé. Je me disais que je ne méritais pas que la malédiction soit levée. La sonnette m’a fait tourner la tête à gauche. Je n’attendais aucune visite Et pour tout dire, je n’en voulais aucune. J’étais habillé d’un vieux jogging bordeaux, un peu trop grand pour moi. Mon tee-shirt, propre du matin, était froissé d’avoir trop trainer dans le canapé. J’avais essayé de lancer un sort de dissimulation sur ma marque, mais de la main droite ma magie restait aléatoire, et j’avais l’impression que même efficace, cela n’aurait rien donné. Comme si la malédiction empêchait toute dissimulation de la Marque des Ténèbres. Elle n’avait jamais été autant dans la lumière.
J’ai entendu Dobby passer dans le couloir. «
Laisse Dob’ » Trop tard. L’elfe avait déjà ouvert. Il faisait absolument ce qu’il voulait. Et je n’allais pas lui en vouloir. C’était un elfe libre, il était donc libre d’aller ouvrir la porte. La voix, je ne l’ai pas reconnu tout de suite. Pendant une seconde, j’ai cru que c’était mon directeur. Mais, après réflexion, Louis Selwyn ne se serait jamais déplacé jusqu’ici. Circée avait, évidement, la voix bien plus féminine. Lucius n’aurait certainement pas parlé ainsi à Dobby. Pourtant, la voix ne m’était pas inconnue. Je l’avais déjà entendu. Mais je n’arrivais pas à la remettre. «
Monsieur Nox est dans le salon, Monsieur Julius »
Et merde. Fut ma seule pensée. Après Lucius, voici l’indésirable numéro deux. Pas que je l’aimais pas le Julius Bulstrode, mais c’était le meilleur ami de mon frère. Et rien que pour ça, je n’aimais pas l’avoir dans mon appart’. Même si depuis une semaine, j’avais compris des choses venant de lui, il n’en restait pas moins le meilleur ami de mon frère. J’ai soupiré. Dobby est entré dans le salon. «
Monsieur Julius désire boire quelque chose ? » demanda Dobby. «
Et vous Monsieur Nox ? » J’ai soupiré à nouveau. «
Tu ne devrais pas t’occuper de ça, Dob’ » «
C’est pas avec votre unique main que vous réussirez à faire chauffer de l’eau » Le pic envoyé me fit hausser les épaules. L’elfe disparut du salon. J’ai fini par passer de la position allongée à la position assises.
«
T’es venu pour qui ? Pour toi, ou mon frère ? » Connaissant Lucius, il était capable de m’envoyer quelqu’un pour s’assurer que je tenais ma promesse. «
Je vais bien. Tu peux retourner chez toi, Julius ». J’ai pas envie d’avoir de la visite. Peut-être que je devrais mettre un écriteau sur ma porte d’appart’ « Arrêtez de sonner, je vais bien ». J’ai tiré sur ma cigarette, alors que Dobby revenait avec deux énormes tasses de thé. Dobby avait toujours vu les choses en grand. «
Apparemment, Dobby veut que tu restes » ai-je lancé en désignant la tasse de Julius. Oserais-je dire qu’en cet instant, je regrettais d’avoir libéré mon elfe ?