I don't wanna fight right now ♦ Almaddy

Blonde aux yeux clairs, elle était si belle que Maddy n'a pas pu résister à l'idée de l'aborder. Alors la voilà qui s'approche de l'inconnue avec un sourire aux lèvres, confiante, entamant sans mal une discussion comme elle sait si bien le faire. Elle aime draguer, la joueuse de Quidditch, et elle sait y faire, que ce soit dans le monde moldu ou dans le monde sorcier. Ce soit c'est du côté moldu de Londres qu'elle se trouve, passant la soirée dans un bar de Camden Town qu'elle ne connaît pas plus que ça mais dont l'ambiance est sympa. Après quelques minutes de discussion, Maddy propose à la charmante Alice de lui offrir un verre puisqu'elle semble seule. Elle n'a pas le temps d'obtenir une réponse qu'un grand gaillard apparaît derrière la jolie blonde – un grand con, plutôt –, la toisant d'un regard furieux tout en lui demandant ce qu'elle fout. Et la brune, ne sachant qu'être provocatrice, ricane. « Ça se voit pas ? » Les hommes sont aussi incompétents qu'aveugles, apparemment. « Dégage, elle est avec moi. » Et alors ? « Quoi, t'as peur qu'elle prenne plus de plaisir au lit avec moi qu'avec toi ? » C'était peut-être la phrase de trop, ça, mais elle ne s'en rendra compte que plus tard. « Dégage j't'ai dit. » Il répète, grogne, en poussant la brune en arrière pour l'éloigner. Celle-ci claque sa langue contre son palais et roule des yeux d'un air moqueur, récupérant son verre avant de s'éloigner en sifflant un « Bon courage. » à Alice qui a très mauvais goût.


Clope au bec, contemplant avec une drôle de fascination les gouttes de pluie qui tombent sur le bitume, Maddy ne l'a pas vu venir cet abruti. Pas plus que son poing qui s'est écrasé contre sa joue, la sonnant assez longtemps pour qu'il parvienne à la balancer par terre. C'est là que les choses ont vraiment dégénéré – parce qu'avant ça allait, bien sûr. Alors que la brune avait encore la tête qui tourne à cause du choc de sa tête contre le béton, elle a senti un pied s'écraser contre son abdomen. Puis un autre, et encore un autre – elle a cru qu'ils étaient vingt, mais dans les faits elle ne saurait pas dire si l'ordure était seule ou accompagnée. Elle s'est sentie bien impuissante, protégeant sa tête de ses bras sans avoir la moindre occasion de se relever face à toute cette haine qui cognaient violemment son ventre, ses côtes, son dos, ses jambes.

Lorsqu'enfin le déluge de coups s'arrête, elle tente tant bien que mal de reprendre sa respiration et découvre son visage. L'abruti, qu'elle peine à reconnaître à cause de l'obscurité et de sa vision floue, en profite alors pour lui cracher dessus, avant de s'éloigner en lui balançant une insulte qu'elle n'entend qu'à moitié. Et si Maddy voudrait se relever pour le rattraper et lui casser le nez, elle a bien trop mal pour faire quoi que ce soit dans l'immédiat. C'est donc couchée sur le bitume humide qu'elle reste plusieurs minutes, essuyant son visage et reprenant son souffle. La pluie s'est arrêtée mais elle est déjà trempée, tant ses vêtements que sa crinière brune qui ne doit plus ressembler à rien. Lorsque finalement elle se sent capable de se remettre sur ses jambes, la douleur la tiraille mais elle refuse de l'écouter. Ça va aller. Elle se le répète pour se convaincre alors qu'une quinte de toux la fait grimacer de douleur. Elle se le répète parce qu'il est hors de question qu'elle aille à l'hôpital : si Aaron l'apprend, demain il refusera qu'elle joue comme batteuse alors que c'est tout ce à quoi la brune pense depuis qu'il lui en a parlé. Elle se le répète et finit par y croire, si bien que lorsqu'elle se sent capable de se relever elle est déjà certaine qu'elle n'ira pas à l'hôpital.

Elle ne sait pas vraiment comment elle parvient à rejoindre le côté sorcier de Londres – sans doute n'était-elle pas bien loin de la frontière entre les deux parties de la ville, ayant bien du mal à marcher. Elle pousse la porte du premier établissement ouvert qu'elle trouve, demandant à utiliser leur cheminée tout en tendant une poignée de mornilles et de gallions – elle saurait même pas dire combien elle a donné, elle s'en fout, elle veut juste pouvoir prendre une cheminée. C'est à Syndrigasti que les flammes vertes la conduisent malgré l'heure tardive, faisant partie des quelques privilégiés pouvant s'y rendre même une fois l'établissement fermé. Elle parcourt l'établissement avec une lenteur terriblement agaçante, pas bien capable d'aller plus vite car chacun de ses membres la lance, et finalement elle pousse la porte du bureau d'Alma sans toquer. La voilà au centre de la pièce, le corps douloureux, les fringues et les cheveux trempés, et la lèvre inférieure en sang à cause du poing qui s'y est écrasé. « Alma ? » Il ne faut pas longtemps pour que la brune sorte de sa chambre, pas bien longtemps non plus pour que Maddy se dise qu'elle la trouve vraiment magnifique. « Salut. » Elle sourit, fait comme si tout allait bien – car tout va bien, évidemment. « T'aurais une ou deux potions de soin ? » Surtout pour soigner ce qui se voit, et atténuer la douleur, le reste ça ira. « Et un mouchoir ? » Parce que c'est tout ce dont elle a besoin, bien sûr. « S'il te plaît. » C'est qu'elle en oublierait d'être polie, la née-moldue.

Sainte-Mangouste n'étant pas une option, c'est à Syndrigasti que Maddy décide de transplaner. Elle en arpente les couloirs jusqu'à un bureau où elle saurait se rendre les yeux fermés, mais dans lequel l'ambiance ne sera pas aussi sympathique que d'habitude. Elle n'a pas envie qu'Alma s'inquiète mais c'est la première personne à qui elle a pensé pour l'aider lorsqu'elle a enfin réussi à se relever de ce trottoir trempé. Dirigeant un pensionnat rempli d'enfants, elle a forcément des potions pour la soigner et de quoi l'aider à dormir malgré la douleur. C'est donc dans cette optique que l'ancienne Poufsouffle pousse la porte du bureau de son amante. Dans un état déplorable, certes, mais qu'elle s'obstinera à nier parce qu'il est hors de question que ce qu'il s'est passé ce soir sorte d'ici. « Maddy ! Qu’est-ce que… » La terreur dans les yeux d'Alma laisse penser qu'elle n'est pas bien convaincue par le joli sourire que lui offre la poursuiveuse, aussi étonnant que ça puisse paraître. Elle s'approche d'elle pour la soutenir et glisser une main sur sa joue, et de si près Maddy peut remarquer qu'elle tremble. Si elle n'avait pas si mal, elle regretterait presque de ne pas avoir plutôt transplané à son appartement pour ne pas lire une telle inquiétude dans ses jolis yeux. « Viens, assieds-toi. » Pour une fois, la forte tête ne se fait pas prier et se laisse conduire jusqu'au canapé où elle s'assoit, incapable de retenir une grimace. Par Merlin, pourquoi tout son corps lui fait-il si mal ? Elle lui demande alors si elle n'aurait pas une ou deux potions pour aider son corps à s'en remettre – il n'aura pas besoin de plus, bien sûr. « Ca ne suffira pas… » « Mais si... » murmure-t-elle, comme toujours convaincue par sa propre connerie. « Reste là, je reviens. » La joueuse de Quidditch a le droit à un baiser sur le front avant qu'Alma ne disparaisse du bureau.

Maddy ne saurait pas dire combien de temps elle s'est absentée. Le corps affreusement douloureux, elle n'a pas eu la force de faire plus qu'essorer ses cheveux trempés et essuyer son nez qui coule avec sa manche puisqu'elle n'en a plus rien à faire. Lorsque son amante revient les bras chargés, elle l'observe s'agiter en étalant tout ce qu'elle a récupéré sur le canapé et ne peut pas s'empêcher de vouloir la rassurer. « C'est pas grand chose, arrête de paniquer, » affirme-t-elle, absolument pas dans le déni. Elle n'a pas si mal que ça après tout – si on oublie ses jambes, son ventre, ses côtes, sa mâchoire... Bon sang, heureusement que les cheveux ça ne peut pas faire mal sinon elle aurait vraiment mal partout en fait. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » La poursuiveuse la laisse essuyer sa lèvre ensanglantée avec ce qui semble être une compresse. « Rien, j'suis juste tombée sur un con, » assure-t-elle d'un ton qui laisse à croire qu'elle a simplement glissé dans les escaliers. Mais des escaliers qui l'ont bien agacée. Faut dire que des escaliers seraient moins cons que ce type-là, c'est certain. « Je vais t’aider à enlever ça et te prêter des vêtements secs. Et ensuite, je t’emmène à Sainte Mangouste. » Si Maddy s'apprêtait à la remercier, tremblante dans ses vêtements imbibés par la pluie qui recouvrait les pavés sur lesquels elle a passé un bout de sa soirée, la dernière affirmation lui fait plutôt secouer la tête de gauche à droite. « J'ai pas besoin d'y aller, ça va. » Bien sûr que ça va, ça va très bien même – elle voudrait juste des vêtements secs et de quoi dormir, en fait. « Mais je veux bien des vêtements, s'il te plaît. » L'hôpital par contre, c'est hors de question. Si elle s'y rend, ils ne la laisseront jamais se rendre à son entraînement de demain et elle sait pertinemment qu'Aaron ne lui laissera pas de seconde chance pour récupérer, même temporairement, son poste tant désiré de batteuse. Elle va se débrouiller sans ça, elle en est parfaitement capable – ou en tout cas elle est convaincue de l'être. Alors elle poste son regard un brin trouble sur tout ce qu'Alma a posé sur le divan, essayant de reconnaître le contenu des fioles ou ne serait-ce que d'en lire les étiquettes à travers ses cheveux trempés. « Tu as quoi comme potions ? » Est-ce qu'elle peut toutes les boire, juste pour être sûre d'être en forme demain ?