Somewhere in the middle - Sirius Black

L’univers des serveuses londoniennes était à la fois infini et intime.

Il s’y ajoutait sans cesse de nouveaux visages, de jeunes femmes en quête d’un peu d’argent, pendant leurs études ou à défaut d’autres choses, des apprenties comédiennes (ou journalistes), des jeunes mamans célibataires, des sans attaches, des oiseaux de nuit, des écorchées. Il aurait été vain d’en tenir un relevé précis, d’espérer les connaître toutes, elles qui formaient la force vive des pubs et des clubs de la capitale, son sang. Elles étaient les presque-anonymes, les invisibles qui vous capturaient le cœur et qui disparaissaient du jour au lendemain, comme avalées par la nuit, ou, il fallait le souhaiter, par d’autres opportunités.

Et pourtant, ce monde était aussi celui dans lequel on trouvait un invariable, une famille d’adoption. D’une serveuse à l’autre, on était solidaire des galères, des clients avinés, des mauvais payeurs, des mains lestes, des horaires à rallonge, des propretés toutes relatives, des patrons pas forcément mieux que les clients. D’une serveuse à l’autre, on se parlait, aisément. Des rêves, des possibles, des envies, des petites choses, mais aussi des agacements, des difficultés et…

Des signaux d’alerte.

Des établissements à éviter, qu’on ne conseillerait pas à sa pire ennemie, même pas à celle qui vous aurait fait perdre 100 livres de pourboire.

Gâchons la surprise : le Chelsea Potter n’était pas de ceux-là.

Mais il se murmurait dans les conversations de celles qui savaient que le patron avait des pratiques de recrutement un peu particulières.

….d’accord, Mayra extrapolait un peu. Personne ne lui avait dit EXACTEMENT ça. Cela dit il y avait eu trois ou quatre filles, qui connaissaient le patron, et qui avaient eu ce genre de phrases qui disaient sans dire, ces petits regards qui se détournaient, cette façon de se triturer un peu la bouche.

Elle parait dix noises qu’il en profitait un peu beaucoup, quand il recrutait, ou au quotidien avec les filles qu’il employait.

Il suffisait de le prouver.

Ca tombait bien, elle commençait à en avoir assez du Crime & Consorts.

Ce fut avec cette idée qu’elle se présenta au Chelsea Potter, avant l’ouverture, dûment armée. A la main, son atout offensif numéro un : un CV à jour, avec quelques-uns des établissements qu’elle avait écumés ces dernières années. Sur elle, son atout numéro deux, à même de piéger ce qu’elle pouvait : la jupe la plus courte qu’elle ait pu trouver dans son armoire, un t-shirt très décolleté et à demi-transparent, que venait couvrir un blouson en jean (parce que c’était adorable, mais elle comptait prendre le métro, et une enquête de terrain n’allait pas se transformer dès les premières minutes en gestion d’incident fâcheux). Une fois devant la devanture du pub, elle déboutonna le blouson, remonta encore un peu plus la mini-jupe, et… tapotant du bout des doigts sur la poignée, elle sourit en constatant que la serrure lui cédait, comme d’habitude, la laissant libre d’entrer.

« Salut… ? Y a quelqu’un… ? »

Et puis, avec juste ce qu’il fallait d’air ingénu :

« Je viens déposer un CV… si vous cherchez du monde… ? »

La veille au Chelsea Potter avait été plus que rude. J’avais accueilli des étudiants de Poudlard, (ainsi que des jeunes adultes), en mal de sociabilisation. Et je faisais pas de distinction entre les Maisons (pour une fois). Puis, j’estimais que si un Serpentard (ou un ex Vert et Argent ; ça dépendait du point de vue) se rendait de son plein gré dans un Pub tenu par son ennemi juré, c’était qu’il était pas trop con. Ou qu’il y avait moyen d’être ‘correct’. Du coup, y’en avait qui étaient pourvus d’une certaine descente hier soir. Et, vu que le patron, -le seul et l’unique Sirius Orion Black- devait goûter ses produits ou ce qu’il servait à ses clients … baaaah … j’avais un peu exagéré. UN. PEU. SEULEMENT.

Mais, j’étais habitué à la gueule de bois. Ça faisait partie intégrante du job de tenancier. Puis, c’était pas comme si y’avait pas des potions pour empêcher tout ça. J’étais passé maître dans l’art et la manière de les créer. Et parfois, y’avait des petits étudiants (ou étudiantes hein) qui étaient pas contre de s’en faire prescrire une petite fiole. D’ailleurs, c’était pas impossible que je croise durant ces interactions sociales sous couvert du prisme de l’alcool, une perle rare qui pourrait bosser pour moi. Et, j’avais un style en particulier. C’était pas compliqué. Parce que je prenais TOUJOURS des figures féminines avec du caractère.

Fallait qu’elles puissent résister aux clients chiants et au patron qui était relou parfois. Certaines avaient du répondant et ça me plaisait. Elles se laissaient pas marcher sur les pieds. Et à quoi bon ? Shannon Mayfair faisait partie de ces âmes-là. C’était une rousse flamboyante et au caractère de feu. Elle m’avait tenu tête durant l’entretien d’embauche. Pendant une bonne dizaine de minutes au moins. À partir de ce moment, je m’étais dit une chose, je m’étais fait une réflexion : c’était elle que j’allais garder. Et, je crois que j’avais bien fait.

Ce matin, donc … c’était son congé. Alors que moi, j’avais pas vraiment dormi et que j’accusais la descente aux Enfers de la veille. Je rangeais un peu au sous-sol, avec un brin de musique. Parce que j’adorais ce groupe et que cette chanson avait l’art et la manière de me correspondre. Sans que je sache vraiment pourquoi. Mais, elle m’allait. Avec un fond sonore que j’appréciais, j’étiquetais par magie, les derniers contenants d’alcool, pour les poser sur les étagères. Alignés. Si ma comptabilité n’était que pur désordre, en ce qui concernait le reste en revanche, j’étais putain d’appliqué. Jetant une œillade sombre à ce rangement impeccable, Pad’s m’offrit un léger signal d’alerte.

Quelqu’un venait de pénétrer dans mon établissement. Sans y être invité. Ou du moins, sans qu’il (ou elle), ne se précipite à son ouverture. Y’avait une pancarte qui certifiait que c’était fermé. Alors quoi ? J’avais droit à de la visite ? M’étonnerait que ça soit ma daronne. Qui serait pas peu fière de voir son fils adoré réussir sa vie d’Héritier modèle dans la négoce de boissons ?

Allez, putain. Même dans mes pires cauchemars, ça arrivera jamais ‘ça’.

Avec un petit ricanement, je montais les quelques marches de la cave, pour accéder à l’étage du Chelsea Potter. Et m’apercevoir que …
… non. C’était clairement pas ma mère. Mais une nana, genre très court vêtue. Jolie donc, mais qui n’avait pas vraiment froid aux yeux … ou ailleurs, vu sa tenue. Affriolante ? Or, je sentais que j’allais un petit peu m’amuser avec cette demoiselle. Du moins, me faire plaisir avec cette situation incongrue. Tandis que je me glissais derrière le zinc, tentant de conserver un air neutre. Malgré le sourire que j’avais au bord des lèvres et mes prunelles sombres qui pétillaient d’impertinence.

Let’s go, donc.

- Bonjour, Miss. Que je lançais innocemment, tout en servant deux verres d’alcool pur. Un devant moi. L’autre, négligemment glissé devant elle. Si c’est pour de la passe, faut voir du côté de l’Allée des Embrumes, ça embauche salement à ce niveau. Évidemment, que je la taquinais, l’Inconnue. Parce que, quelle idée de pénétrer chez les honnêtes commerçants à des heures pareilles, hein ? Et … y’avait pas encore plus court au niveau de la tenue ? Parce que si c’est pour être embauchée, le patron … il préfère que ses filles soient entièrement nues. C’est pour faire grimper le chiffre d’affaires. Et … autre chose, chez les clients.

Je posais mes doigts sur les mini verres de shots alcoolisés, les enflammant par magie. Ceux-ci produisant une belle flamme bleue.

- On va boire jusqu’à ce que le Chelsea Potter ouvre officiellement ses portes. Parce qu’il n’y a pas de raison, à ce que je ne t’y soumette pas. Étant donné, qu’un Alohomora a été énoncé en Informulé. N’est-ce pas ? Mon intuition ? Pad’s. Et à chaque petit verre, tu devras reconnaître l’alcool. Ça me semble être un bon deal, ça. Non ? Avec une lenteur extrêmement bien calculée, je posais à nouveau mes doigts sur les contenants, en haussant les épaules. Est-ce qu’elle avait du cran la demoiselle ?

C’était à ça, que je jaugeais d’une bonne ou d’une mauvaise serveuse. Rien d’autre.
Puis genre … c’était amusant.

On avait beau se trouver à quelques temps de l’ouverture, le propriétaire des lieux se montra rapidement. Elle n’eut aucun doute sur son identité. D’abord, il semblait seul ici ; ensuite, son langage corporel traduisait une certaine décontraction, un contrôle subtil. Le maître en son royaume. Ou le mâle qui se savait bien fait de sa personne et avait appris qu’il pouvait en jouer.

Car, soyons honnêtes, au premier regard : cet homme avait un charme élégant, qui n’était qu’amplifié par l’intelligence étincelant dans un regard aussi noir que celui de Mayra.

Certains sangs-purs sortaient gagnants de la loterie de la consanguinité. C’était le cas d’Isaac. Et c’était manifestement le cas de Sirius Black, héritier (répudié) de la célèbre famille, propriétaire de pub sur le Chemin de Traverse.

Sourire aux lèvres, non sans avoir détaillé la tenue de l’infiltrée en mission, il se glissa derrière son comptoir, méchant loup au charme racé, qui dévorait sans doute moins qu’il ne dégustait avec des couverts en argent. Ne restait plus qu’à le prendre en flagrant délit. Ce qui ne tarderait manifestement pas, à la façon dont, gentleman charmant, il lui servait un verre, et entamait la-

Elle s’étrangla sur un cri de protestation muet, avant de réaliser qu’elle avait peut-être effectivement forcé la dose. De toute façon, il y avait dans le regard noir un amusement qui invitait à répondre dans le même style, quoiqu’avec un peu plus de mordant tout de même (oui, il l’avait piquée au vif) :

« Je pense que je vais tenter ma chance dans quelques pubs de plus, avant de me résigner à l’Allée des Embrumes, mais- merci pour ce conseil. Ca fait chaud au coeur de voir que les conseillers d’orientation ont des recommandations si appropriées. »

Il n’était clairement pas de ceux qui y allaient de façon forcée. Etait-ce pour cela que la plupart des filles avaient refusé de s’étendre ? Parce qu’au fond, il avait manié sa barque avec tant d’habileté qu’elles n’avaient pas eu conscience d’être manipulées ? Or, Mayra, elle, était lucide.

« J’espère que… le patron n’est pas avare en chauffage alors. Ce serait dommage pour son chiffre d’affaire que ça renifle au-dessus des pintes. »

Elle en avait vu et entendu d’autres, même si, avouons-le, il attaquait fort dans la tentative de déstabilisation. Il avait un certain art. Dans le maniement des mots mais aussi… joli tour de passe-passe. Et elle pensait ça de façon honnête, cette fois. Il avait enflammé les verres dans un mouvement qu’on aurait qualifié de sensuel, faisant paraître la manœuvre aisée. Hmmhm. Ce petit tour là, elle devait l’avouer, elle l’enviait un peu. Il était subtil, doué. Intelligent.

Car tout comme elle avait décrypté un geste, lui-même semblait avoir analysé la situation tout en s’amusant un peu. Elle joua les innocentes, feignant de ne pas comprendre, plutôt que de révéler son petit talent personnel.

« J’ai juste appuyé sur la poignée. Vous aviez dû oublier de fermer correctement…. Ça arrive quand on a la tête ailleurs. »

Il ne la croirait sans doute pas, mais bon. Mayra était là pour collecter de l’information, pas pour en dévoiler. Et pour atteindre cette vérité, il semblait que, comme dans les bons romans, on la soumettait à un défi. Sautant sur un tabouret haut, elle roula des yeux, appuyant son menton sur sa main.

« Vous embauchez une serveuse ou une goûteuse ? Mais très bien, j’accepte le défi. »

….défi qui était très clairement une manœuvre pour l’amener à réduire le niveau de ses barrières ou pour se délester d’autre chose, n’est-ce pas ? Mayra serait suffisamment rusée pour éviter de dépasser ses propres limites.

Menton relevé avec impertinence, elle prit le petit verre et, évitant de réfléchir à la brûlure possible, le vida d’un coup, laissant la brûlure courir le long de sa gorge, avant d’annoncer après avoir repris son souffle :

« Ogden's Old. 5 ans d’âge. »

Pas de question, une affirmation. ….au culot.

Dans la tanière du grand méchant loup, se terrait une bien étrange créature. Arrivée là, totalement par hasard. Sans que j'y prenne vraiment garde. Habillée dans une tenue peu commune pour ce qu'elle pensait être un entretien formel d'embauche. Parce que, c'était ça, n'est-ce pas ? Elle venait au Chelsea Potter à une heure indue, quémandant une entrevue implicite, qu'elle-même avait amorcée. Et ... heureusement, que j'étais présent. Parce que ça se sentait à des kilomètres, qu'elle avait des petits doigts de fée pour passer outre les sortilèges servant à fermer l'édifice.

En ça, elle était diablement douée. Pour le reste, j'attendais de voir. Car la toilette de la jolie brune présente en face de moi, appelait à quelques idées peu chastes la concernant. Et, je m'étais vraiment pas caché pour les signaler. Que sa place, aurait été toute trouvée dans l'Allée des Embrumes avec des commerçants très très soucieux de l'apparence de ce qu'un si joli lot pouvait vendre. Évidemment, je la taquinais. Attendant de voir, comment elle réagirait à ma petite boutade, auréolée d'un sourire provocant et d'un pétillement de défi dans mes iris sombres.

Eh bien. Eh bien. J'étais pas vraiment déçu.
Parce que je tentais de contenir mon fou rire, dans un sérieux que j'allais pas tarder à faire disparaître. Elle était piquante la demoiselle. Une véritable petite épice. Et ... j'aimais quand mon interlocuteur ou interlocutrice avait de la répartie. C'était ... grisant.

- Toujours de bons conseils. Toujours dans les bons plans. C'est ce qui se disait à Poudlard. D'ailleurs ... en parlant de Poudlard, -si tant est qu'elle y avait été-, quelle Maison l'aurait accueillie ? Pas Serpentard, clairement. Gryffondor, j'avais un doute. Et quant à Poufsouffle et à Serdaigle, la Maison des Aigles avait étrangement ma préférence. On pouvait mettre ça, sur le compte de l'Intuition. Ma petite dame ... comment je peux vous appeler ... J'attendais avec un sourire, qu'elle m'offre son identité. Le patron, n'a généralement pas de demoiselles habillées de la sorte dans son établissement. Même si c'est pour faire une première impression. Chose qui a été réussie, soit dit en passant.

Là, je me laissais aller à un rire entendu. Parce que soyons un petit peu honnêtes, mes serveuses pouvaient revêtir sur leurs silhouettes ce que bon leur semblait. Avec juste l'obligation d'avoir autour de leurs tailles, un tablier noir avec l'effigie du Cerf qui ornait la devanture de mon Pub. Le reste, je m'en fichais. C'était juste que comme j'étais le Patron, il était hors de question que mes filles soient emmerdées de près ou de loin par des clients hyper lourdingues. Ça arrivait encore, parfois. Mais, je veillais.

- J'oublie jamais de fermer correctement mon établissement. Sachant, qu'il y a quelques bouteilles qui valent à elles seules, le salaire mensuel d'un employé du Ministère. Un large sourire, parce que c'était entièrement vrai, ça. Or, elles étaient scellées par des sortilèges qui empêchaient toute reconnaissance. Y'avait que moi, qui était en droit de savoir, où ces dernières pouvaient se trouver.

Et ... en parlant d'alcool, j'avais hâte que mon interlocutrice, si tant est que le boulot de serveuse l'intéressait vraiment, me montre l'étendue de ses talents. Parce que j'avais enflammé les shots d'alcool par un petit tour de passe passe qui faisait toujours son petit effet, j'attendais qu'elle me démontre son savoir en matière de breuvages alcoolisés. Et dans le regard noir, -aussi sombre que le mien-, j'y voyais une lueur d'insolence rebelle. Autant dire que ça me convenait.

Whut ?
Oh. J'étais ... bluffé. Mais, je mettais ça, sur la chance du débutant. Ou de la débutante.

- Bien joué. Toutefois, je comptais pas m'arrêter là. Alors que je m'enhardissais à reproduire la même technique. Un autre shot. Un autre rasade de flammèches sur ce dernier. Bonne chance. Et, par Godric, c'était peu de le dire.

Quand elle était en infiltration, Mayra Alushi ne rechignait pas à mentir un peu. Beaucoup. Cependant, elle n’avait pas la renommée qui aurait fait qu’en entendant son nom, les plus grands véreux du monde se seraient exclamés « oh non ! Alushi est sur nos traces ! ». C’était véritablement dommage, mais son prénom ne signifierait rien pour lui. ...du moins, pas avant qu’elle ne sorte un papier retentissant sur ses petites affaires, et là, sans doute s’étranglerait-il sur son comptoir, en découvrant le nom imprimé au bas des colonnes toutes en noir et blanc qui signeraient sa fin. Du moins, à supposer que le rédacteur en chef, pour éviter de brusquer son lectorat masculin, n’ait abrégé son identité en M. Alushi.

Quoiqu’il en soit, elle offrit sa réponse dans un sourire sucré :

« Mayra. Vous pouvez m’appeler Mayra. »

L’assonance fut soulignée d’un clin d’oeil qu’il penserait invitant mais qui était surtout une façon pour elle de signer son futur méfait de redresseuse de torts.

« Ah oui ? Le patron préfère-t-il d’autres uniformes ou est-ce que par hasard, il s’en passerait ? »

Elle pouvait se permettre d’attaquer un peu plus fort. Après tout, il avait apprécié son entrée en matière, elle avait marqué des points pour ce qui était d’endormir un peu sa méfiance. Là, elle tendait une énorme perche, mais à son sourire appréciateur et amusé, elle devinait qu’il ne s’offusquerait pas.

Par contre, elle n’avait pas suffisamment bien joué pour qu’il prétende ne pas avoir remarqué son mensonge. Autant enchaîner par une pirouette, dans ces conditions.

« Hm, ça ressemble à un joli montant. Heureusement que je ne suis pas allée fouiller dans la réserve, alors, n’est-ce pas? »

Pour faire bonne mesure, elle offrit un rire, un brin d’insolence légère, de provocation, sans pour autant se montrer insultante avec lui. Juste le suivre sur le même terrain, peut-être le provoquer pour l’amener à dévoiler ses véritables cartes plus rapidement. Comme elle aurait agité un chiffon rouge sous le nez d’un taureau.

Elle avait plutôt intérêt à se montrer tout aussi talentueuse que le meilleur des toreros, parce qu’il avait bien l’air décidé de tester ses limites. Au premier shot d’alcool succéda un second, sans qu’il paraisse vouloir lui faire de fleur. A nouveau, il ajouta ce qu’elle devinait à présent être sa signature ; les flammes étaient-elles purificatrices ou infernales ? Difficile pour l’instant de trancher, alors qu’elle prenait le petit verre entre ses doigts, menton levé d’un petit air bravache.

Une inspiration, un petit mouvement d’épaules pour se donner du courage avant de le vider d’une traite. Verdict :

« Vodka. Hm… Zubrowka… ? »

Elle se mordit la lèvre inférieure. Son expertise en matière d’alcool de pommes de terres était plutôt étendue, mais distinguer l’une de l’autre était parfois un défi ; il lui semblait bien avoir reconnue la version polonaise, mais elle pouvait s’être fourvoyée. Cela dit, c’était en réalité le cadet de ses soucis, même si elle était en train de se prendre au jeu. Elle avait encore un peu de marge avant que l’alcool ne fasse effet, mais s’il continuait sur cette lancée, son enquête de terrain allait se compliquer.

« Je ne comprends pas bien. Les serveuses sont payées pour consommer, ici ? Il n’y a aucune autre compétence à tester ? »

Encore une fois, elle se faisait un peu piquante. Par stratégie. Pour adoucir la provocation, elle se pencha un peu en avant, sans chercher à vérifier sa tenue, posant son menton sur la paume de sa main.

Mon inconnue avait ce quelque chose de caustique que j'aimais bien chez les demoiselles. Elle avait ce fort caractère et ce piquant, qui démontraient à eux deux, qu'elle ne se laissait pas potentiellement marcher sur les pieds. Après ... pourquoi être venue spécialement ici ? J'en avais encore strictement aucune idée mais je demanderais en temps voulu. Pour l'instant, c'était simplement une phase d'apprivoisement. Parce que je la connaissais pas la jolie brune, elle m'avait pas encore décliné son identité. Avec un sourire en coin, j'attendais que l'erreur en soit réparée, tiens.

... et, j'attendis pas trop longtemps. Elle s'appelait alors Mayra et je devinais que c'était pas typiquement britannique, ça. Qu'il y avait des inspirations autres, pour son prénom. Qu'elle n'était pas cent pour cent, anglaise. Et ça, ça me plaisait. J'aimais bien faire la connaissance d'autres âmes, celles-ci ne se limitant aucunement aux vingt-huit sacrées présentes sur la liste de ce connard de Nott. Moi, j'aimais les esprits aventureux, les âmes baroudeuses. Et, si elle se trouvait là, à cet instant T, c'était qu'il y avait forcément une raison. Non ?

- Eh bien. Enchanté Mayra. Que je lui rétorquais avec un sourire avenant, avant qu'elle ne me fasse pouffer de rire sous son interrogation quelque peu cinglante, qui eut le mérite de me faire encore plus apprécier cette rencontre impromptue. Le patron est droit dans ses bottes, concernant l'état vestimentaire de ses serveuses. Nulle plainte pour attentat à la pudeur dans un établissement public, notamment.

Étais-je ce genre d'établissement ? Non. Je crois pas. Pour en trouver de ce genre, il fallait se rendre plus en profondeur, plus dans les ténèbres. L'Allée des Embrumes, en était coutumière ainsi que les tréfonds du Londres Moldu. J'espérais au moins, que mon invitée, n'y avait pas été confrontée. Instinctivement, j'en venais à froncer mes sourcils. Elle était jolie, et il était de coutume pour certains jeunes hommes de se servir à bien mauvais escient d'atouts ainsi octroyés par Dame Nature. Mais, on ne se connaissait pas assez, pour que j'en vienne à poser cette question et qu'elle se confie, si jamais.

- Il est préférable de ne pas fouiller dans ma réserve, non. J'ai un inventaire à faire, à chaque fin de mois. Et autant dire, que ça me casse assez bien vite les couilles sans en rajouter. Même si j'adorais le Chelsea Potter, je détestais les à-côtés, qui allaient de pair. Comme la comptabilité, faite par Remus Lupin, par exemple ...

Mais, j'étais pas dans l'inventaire (barbant) ni dans mes chiffres (encore plus barbants), j'étais concentré sur cette interlocutrice. La fixant de mon regard sombre, sans qu'il ne se détâche d'elle pour autant. Elle avait encore quelque chose à trouver. Une boisson. À laquelle, j'avais offert quelques flammes. Avais-je, inconsciemment, une affinité avec le feu ? Ça, je le saurais bien plus tard. Or ici, elle venait de me lâcher encore un nom, qui eut tôt fait de me faire avoir un sifflement appréciateur. Encore un.

- Ouais. Exactement. Que je soufflais avec un petit rire, buvant mon verre à mon tour, le faisant claquer sur le comptoir en bois vieilli. Les serveuses sont payées pour leurs compétences et la manière de se tenir en société avec des clients. Je m'avançais un peu vers elle, mon regard noir devenu amplement sérieux. Je crains que tu n'aies pas abattu toutes tes cartes, chère Mayra. Mon petit doigt me dit que tu n'es pas là pour que je te serve des verres. Alors ? Est-ce que je me trompe ?

Pad's, me soufflait dans l'oreille que 'non'. Et, encore une fois, j'étais totalement d'accord avec lui.

« Pourtant, ça vend toujours plus. J'ai vu des clients devenir des habitués sur la base de la longueur d'une mini - jupe. Deux centimètres de plus, et ils passaient à la concurrence. »

Anecdote vécue, pour le coup. pas de pipotage de la part de Miss Alushi , qui haussa les épaules, et revint discrètement sur le sujet qui l'intéressait.

« Sans attentat à la pudeur, vous me diriez ce qui pourrait me faire marquer des points, pour un recrutement ? Peut-être que le patron lui aussi est attentif aux centimètres.... »

Elle lui adressa un clin d'œil complice, le genre d'œillades qui mettaient en confiance les hommes. Et, désarmante :

« J'ai véritablement besoin de ce travail... »

Il y avait dans sa voir une nette supplication, due en parti au fait que cette déclaration était empreinte de vérité. Quoi que probablement pas de la façon dont la situation et ses mots ne le sous-entendaient de prime abord. Elle avait besoin d'un papier, du croustillant (mais du véridique, elle avait ses principes), qui lui permettrait de payer ses factures. ... elle n'en était pas encore à vouloir dépendre de la générosité d'autres personnes. Même pas d 'Isaac ou de sa Lionne. Et si, au passage, elle pouvait dénoncer et faire cesser certaines pratiques, tant mieux.

Le gérant du Chelsea Potter, cela dit, n'était pas si facile que ça à attendrir. Il passait dans ses yeux, successivement, un amusement sombre et des avertissements muets . Il restait en contrôle et était loin d'être bête. alors même qu'il était sensiblement plus jeune qu'elle. si Mayra avait en croyait les recherches qu'elle avait effectuées sur l'ancien héritier des Blacks.

« Pas d'emprunt dans la réserve, c'est noté ! D'autres règles auxquelles est soumis le personnel ? »

La question était accompagnée d'un petit sourire sucré, innocent.

Si l'enquête d'investigation ne la menait, pour l'instant, pas bien loin, l'ironie de l'affaire était qu'elle semblait ne pas trop mal se tirer de l'entretien d'embauche concocté par le propriétaire du pub. Un alcool sorcier, un moldu, tous deux reconnus. Il aurait coincé, cependant, quelqu'un qui n'aurait eu d'expérience que dans un monde ou l'autre. Un point pour Mayra Alushi, qui ne perdait pas la main, sur cet aspect, semblait- il.

Son auto-glorification interne marqua un point d'arrêt abrupt lorsque l'homme au regard sombre se pencha vers elle, et, alors qu'elle se pensait parvenue à un point de bascule de son enquête, à l'instant où la vérité éclate... il révéla que son jeu était en partie percé à jour.

Hum. Voilà pourquoi elle ne referait pas la santé de ses comptes bancaires à une table de
poker.

Une pirouette. Ça l'avait sauvé de nombreuses fois par le passé. Une pirouette, un soupçon de vérité, une moue.

« Des bruits circulent. J'ai pensé qu'ici, si le patron est un peu... compréhensif avec les filles, j'avais mes chances. Est- ce que je me suis trompée ? »

- Si ça vend toujours plus avec ce stratagème, c'est que le patron en lui-même est bien peu scrupuleux. Et, c'est pas le cas ici. Ça me rendait malade d'entendre de tels propos hyper fatalistes sortir de la bouche pulpeuse d'une si jolie fille. Parce qu'apparemment, ça semblait être du vécu, vu l'aplomb avec lequel, elle me partageait ces quelques mots. Y'avait pas à dire, y'avait décidément des connards partout. Et certains, avaient même pas besoin de porter de masques pourvus d'ombres pour se considérer comme tels. Attentif aux centimètres ? Mais que voilà, une plaisanterie bien grivoise. J'eus un ricanement suite à son clin d’œil, aussitôt suivi d'un avertissement : ... attention à certains sous-entendus, qui pourraient être clairement très mal interprétés. Et, je parle pas pour moi.

Je parlais pour ceux, qui n'étaient pas contre de voir des demoiselles servir des consommations très peu vêtues. Dont les breuvages alcoolisés n'étaient qu'une vitrine aseptisée pour ce quelque chose de bien plus glauque qui se tramait en coulisses. Fallait pas être sorti de l'École Supérieure du Ministère pour piger un truc pareil. Et c'était ce genre-là, qui faisait clairement honte à ma profession. Me mordant l'intérieur des joues, j'haussais un sourcil suite à cette imploration qui n'avait plus rien de déguisée.

Elle voulait, ce travail. Et moi, j'avais peut-être besoin d'une serveuse en plus. Jolie et qui savait différencier certains alcools qui passeraient sous son charmant nez. Il me semblait qu'on partait sur du donnant-donnant, là. Non ?
Peut-être bien.

- Ça tombe bien, me faut du renfort. C'était pas encore tout à fait un 'oui', mais c'était pas un 'non' catégorique non plus. C'était un entre-deux. Parce que je me devais de tester la demoiselle présente en face de moi, surtout ... si elle avait VÉRITABLEMENT besoin de ce travail. Un emprunt dans la réserve, c'est une retenue automatique sur salaire. Et, si ça se reproduit ... c'est le licenciement direct. Je donnais pas ma confiance à n'importe qui. Et, je détestais de devoir la reprendre pour essayer de la confier à nouveau. Même si avouons-le, c'était perdu d'avance. Les horaires, mademoiselle. Tant que tu fais tes heures, moi, ça me va. Et, par politesse envers le Patron, c'est-à-dire moi-même, tu préviens quand t'as un empêchement ou que tu tombes malade. Je peux tolérer une fois, mais pas deux. Question d'honneur et de principe.

C'était comme ça, que ça fonctionnait avec moi. Je pouvais être ma foi assez tolérant mais, j'avais quelques limites et ces dernières étaient minimes. Surtout quand on s'avisait de me la faire à l'envers et que j'étais clairement pas dupe. Comme c'était le cas ici. Croisant les bras sur mon torse, j'écoutais mon interlocutrice tout en fronçant légèrement mes sourcils. Qu'est-ce que c'était encore que ces conneries ? Qu'est-ce que c'était encore que ces inepties ? Ça commençait à me faire chier. C'était pas contre elle, mais c'était envers le reste.

- Des bruits ? Quel genre de bruits ? T'es largement obligée de me le dire, ça. Le Patron est très compréhensif mais pas quand on veut la lui faire à l'envers. Mais, tu t'es pas trompée Mayra. Explique-toi. Un sourire qui masquait sciemment un ordre. Explique-toi, si t'as véritablement besoin de ce travail ... pour reprendre tes propos. Là, un sourire en coin et un clin d’œil, plus qu'assumés.

Un point pour Mr Sirius Black : il avait l’esprit vif et le sens de la répartie. La bouche de la jeune femme s’ouvrit sur un air mi indigné mi admiratif, quand il éclaira d’une autre lumière sa propre remarque concernant les centimètres appropriés. Avec un rire pétillant, elle s’apprêta à répondre, qu’elle n’avait pas les mêmes informations concernant les goûts du propriétaire, manifestement, mais… le visage de son interlocuteur se transforma, comme un paysage qui se plonge soudain dans l’ombre. La plaisanterie oubliée, sans pour autant changer de registre, il parsema sa voix de quelque chose de plus dangereux. Une forme d’avertissement, clair.

Elle opta, sagement, pour garder pour elle sa petite répartie. Le regard noir ne le quitta pas, et sans pour autant perdre de sa superbe, elle ne se laissa pas impressionner :

« Je suis grande. Je n’ai ni besoin ni envie qu’on me protège… Mais merci pour l’avertissement. J’imagine que vous avez des règles pour… tout ça. Le client est roi, ou… on ne peut commander que ce qui se trouve sur la carte ? »

La souris avait beau continuer à sourire, son attention était piquée. Et ses questions cherchaient à provoquer, innocemment, sur ce même ton à demi-amusé, à demi imprégné du monde de la nuit. Elle cherchait, le moindre détail, la moindre preuve qui permettrait de comprendre la part de vérité derrière les bruits qui circulaient. Sur le patron qui semblait avoir un lien particulier avec celles qui auraient pu travailler ici… ….mais peut-être y avait-il d’autres histoires, derrière le comptoir ? Peut-être le Chelsea Potter se distinguait-il pour d’autres raisons. Que le patron soit scrupuleux sur la longueur des jupes ou non.

Pour autant, Mayra était aussi en train de se prendre au jeu du recrutement. Le jeune homme menait l’entretien avec sérieux et avec un charisme certain. Il était plus jeune qu’elle, mais son attitude ne le laissait pas supposer. Il savait ce qu’il voulait, exprimait clairement les règles du jeu, et quelque chose amenait Mayra à supposer qu’il ne transigeait pas avec celles-ci. Mais pour s’en assurer :

« Les punitions sont appliquées sans négociation ? Sans aucune recherche d’arrangement à l’amiable ? »

Elle se mordit la lèvre inférieure, pour faire bonne mesure, faussement ingénue, pleinement maline, jouant avec le feu, par désir d’obtenir les plus gros gains. Intérieurement, la part de son esprit qui passait *réellement* cet entretien avait noté que les règles de Mr Black en matière de gestion de planning allaient forcément entrer en conflit avec les règles de Miss Alushi concernant les priorités à donner à tout potentiel scoop. Il la virerait en moins d’un mois.

….cependant, de toute façon, dans le cas présent, il y avait peu de chances qu’il finisse par lui verser un quelconque chèque. L’instinct de la journaliste s’emballa quand, dans la même minute, il la suivit, les pieds dans le plat, tout en confirmant qu’il avait une certaine approche vis-à-vis des filles. ….restait à confirmer que l’on parlait bien de la même chose.

Elle espérait, vraiment, que son enregistreur captait bien chaque détail de cette conversation.

Bon. Leurs positions respectives ne lui facilitaient pas la tâche. Passer derrière le comptoir lui paraissait maladroit à tout le moins, et l’amènerait un peu trop près. Elle n’avait pas vraiment l’intention de se dénuder plus qu’elle ne l’était déjà (si elle devait sortir d’ici en courant, ce serait handicapant). Hmmmm… on allait tabler sur l’intelligence avérée du maître de maison, pour décrypter le message implicite. Dans un joli numéro, elle baissa les yeux, s’humecta les lèvres, et vint caresser du bout des doigts l’un des petits verres demeurés vides. Une moue.

« Certaines filles parlent de lui… pour d’autres raisons que sa sévérité sur les horaires. Si je comprends bien… si on se montre… un peu gentille… il doit y avoir la possibilité de trouver un arrangement ? Et un contrat de travail ? ….si on en a vraiment besoin. »

Elle releva ses yeux noirs.

Là. Elle avait abattu ses cartes. Mordrait-il à l’hameçon ?

Cette nouvelle venue au sein de mon établissement, je l'aimais assez bien. Elle avait de la discussion et surtout, des attitudes quelque peu malines qui semblaient la tirer de situations que tout un chacun auraient jugé inextricables. Et ça, c'était une qualité notable inhérente aux Maraudeurs, d'ailleurs. Mais, quelque chose me faisait penser qu'elle avait pas fait partie de cette Maison rehaussée de rouge et d'or, mais plutôt quelque chose à voir avec une descendante de Rowena. Parce qu'elle me semblait intelligente. Pas une stratège, comme l'avait pu être mon propre frère ou Circée. Ou encore Sulpicia. Mais, quelqu'un se rapprochant d'un intellect affiné en matière de compétences humaines.

... en plus de savoir déverrouiller des portes par un Informulé, entendons-nous bien.
Ça, ça méritait que je me penche un peu plus sur la question, alors que j'écoutais la demoiselle portant des iris semblables aux miens. Même si, au fin fond des siens ne se terrait pas une forme de noirceur, comme cela pouvait l'être chez moi. Elle était plutôt mutine, piquante et acérée. Et ça, ça lui mettait automatiquement quelques petits points en plus. Alors qu'elle tentait le tout pour le tout pour se dédouaner d'une quelconque envie de protection. Mais ça, j'y pouvais rien.
La forme de mon Animagus ayant parlé pour moi, depuis un temps déjà.

- T'es grande mais ça t'empêche pas de courir un grave danger, au vu de ce qui se passe dans notre société. Je n'énonçais qu'une vérité, conscient qu'elle pouvait se croire au-dessus de ça, mais non. Elle était bien comme tout le monde. Enfermée dans cette guerre singulière. Y'a certaines règles, comme dans tout commerce. Celle du client est roi, je l'applique pas toujours. Car s'il dépasse les bornes, je le sors de mon établissement, un coup de pied bien senti au cul. Un silence, et un léger froncement de sourcils, suite à son interrogation. ... le client commande ce qui se trouve sur la carte. Seulement, ce qui se trouve sur la carte.

Une pause, et puis :

- T'insinuerais donc que mon établissement emploierait des demoiselles bien peu vêtues pour être servies en pâture à mes chers clients ? Je tentais de garder mon sérieux, avant d'ajouter sur le ton de la confidence :  ... et que j'utiliserais un certain droit de cuissage pour tester la marchandise en amont ?

Je laissais ces quelques mots faire leur cheminement alors que nous repartions tous deux, vers ce qui moi, me poussait à l'énervement et au dépassement de ma patience. J'aimais pas qu'on me trahisse. Qu'on puisse se jouer de ma loyauté sans en payer le prix. Généralement, j'octroyais une seule et unique chance, à mes détracteurs de pas se rater. Même si Pads, me soufflait dans mon Inconscient qu'il pouvait y avoir des exceptions. Là encore, je l'écoutais pas. Parce qu'il avait probablement raison.

- J'apprécie juste pas, qu'on me prenne pour un con. Et, je pense pas être le seul dans ce monde. Un silence, alors que je ne pus m'empêcher de lui offrir un sourire en coin. L'accueillant derrière mon précieux zinc. Y'a pas d'arrangement à l'amiable, Miss. C'est ... on se foire, plus de retour en arrière. Et ça, ça fait partie de mon intransigeance. Croisant mes bras sur mon torse, je la contemplais me faire son numéro de charme, ou qu'est-ce que j'en savais ?

Certes, elle était somme toute splendide, mais ça s'arrêtait là.
À nouveau un rire sec et bref, s'échappant de ma gorge car là voilà, sa pensée. Ainsi donc, j'étais perçu comme le Patron qui pouvait profiter de certains avantages en nature ? Ç'aurait pu mais non. J'avais bien trop de respect pour l'espèce humaine. Sauf celle, qui se mettait en tête de buter son prochain, tout ça pour faire valoir une suprématie qui n'avait pas lieu d'être.

- Les contrats de travail sont rédigés avec des clauses spécifiques. Qui n'incluent pas de passer sous mon bureau, pour me tailler une pipe. Un silence. Par contre, si t'as besoin de bosser ... je me ferais une joie de t'accueillir dans mon équipe. Tu m'as l'air piquante et le genre de nana qui n'hésitera pas à conseiller aux clients les derniers alcools en date. Je tendais ma main vers elle. Prête à pactiser avec le Diable en personne ? Mais attention, l'offre expire dans peu de temps ... À peine une vingtaine de secondes, à tout casser. Tic-tac.