Fillan Bane ~ Tuck your innocence goodnight

Des souvenirs au renouveau
L’année scolaire s’achevait, et avec elle reprenait le calvaire du pensionnat. La première fugue de Fillan s’était soldée par un échec; s’étant égaré dans les rues de la capitale anglicane, il avait fini par être retrouvé au bout de quelques jours, ce qui n’avait en rien arrangé le ressenti du fuyard. Pire, il avait quitté Emma deux semaines plus tôt, alors devoir se retrouver en huis clos deux mois auprès d’elle mettait le garçon particulièrement mal à l’aise. Ces derniers mois avaient été éprouvant pour les nerfs du Bane, et la Poufsouffle en avait payé le prix à maintes reprises. Ce n’était pas ce que le garçon souhaitait pour elle, et n’étant plus en capacité de dire s’il éprouvait encore de réels sentiments pour Emma, il avait préféré mettre fin à leur relation avant qu’elle n’empire. Alors devoir rester tout l’été au pensionnat et près d’elle ?  Hors de question. Au bout de deux jours, et cette fois-ci mieux préparé, le jeune loup prit une fois de plus la poudre d’escampette.

Il fallut six jours à Fillan pour rejoindre le petit village non-loin duquel se situait sa maison, et ce en alternant marche et auto-stop. Un fois là-bas, il apprit qu’un voisin, un vieux monsieur vivant à un kilomètre de chez lui, était régulièrement venu nourrir les animaux. La chaumière, quant à elle, était intacte et seule une grosse pellicule de poussière et quelques toiles d’araignées avait marqué le temps passé sans habitants. Les bocaux étaient toujours sur les étagères, les plantes attachées en bouquets séchés sur les murs… Fillan se serait attendu à ce que sa mère surgisse soudainement derrière lui, et cette pensée lui serra le cœur.
Le garçon resta dans la chaumière les jours suivants, la remettant en état tout en étant conscient qu’on finirait par venir le chercher ici. Mais ce ne furent ni les personnes, ni pour les raisons auxquelles il pensait, car ce fut Solomon Greyback qui en franchit le seuil, pour lui annoncer que des démarches étaient en cours pour qu’il devienne son tuteur, et que s’il le voulait il ne manquait plus que son accord. Pour Fillan, c’était l’espoir de pouvoir rester chez lui qui se profiler, alors il accepta. Quelle ne fut pas sa désillusion lorsque le lycanthrope refusa qu’il reste seul dans la chaumière !

Les deux mois d’été au sein de la Meute furent complexes pour le garçon, qui remettait sans cesse en cause l’autorité de son nouveau tuteur en s’absentant sur des durées bien plus longues que celles que Greyback autorisait. Et régulièrement, il se fit ramener par la peau du cou par des membres de la Meute, non sans se faire copieusement reprendre par certains.

Fillan n’accepta de mettre de l’eau dans son vin que lorsque Solomon accéda à une requête particulièrement osée du jeune sorcier. Son tuteur consentit à aider l’orphelin à illégalement exhumer le corps de sa mère au beau milieu de la nuit, pour lui offrir la fin qu’elle aurait souhaitée.
Ce ne fut aisé pour aucun d’eux, car après cinq mois sous terre, le corps de la défunte était en piteux état. La peau parcheminée fût drapée d’un linceul, et la dépouille fût amenée dans une clairière au milieu des bois que la femme chérissait de son vivant. Au coeur de la nuit, sur un tapis de fleurs, un brasier funéraire fut allumé, et au petit matin… une partie des cendres fut dispersée dans la forêt, et l’autre disposée au coeur du tronc de l’arbre creux accolé à la chaumière. A partir de ce jour, bien que toujours endeuillé, le coeur de l’adolescent fut un peu plus léger.