High School Sweethearts ♦ Almelia

Progressant toute seule dans l'un des mille couloirs de Poudlard, Laelia cherche du regard une silhouette bien particulière. Fine, plus grande qu'elle, une chevelure sombre allant merveilleusement bien avec les couleurs de Serdaigle, des yeux si beaux qu'on s'y noierait – enfin pour ça, il faudrait déjà les croiser. La recherche lui prend un petit temps mais finalement elle la trouve, la jolie brune, et s'arrête alors avant de jeter un coup d'œil à son acolyte qui est postée non loin et la fixe avec de grands yeux bien trop amusés. Comme pour la pousser à se bouger les fesses, elle mime un cœur avec ses deux mains, le tout assorti d'un immense sourire qui manque de faire ricaner la Griffith. Au lieu de ça, elle se remet en marche, direction la Serdaigle aux sublimes iris – et cette fois elle accélère le pas, pour la rattraper.

Jane a toujours des défis improbables à lui proposer. La dernière fois, elle a dû faire croire à un professeur que si elle dansait tout en lui parlant c'était parce qu'elle avait été ensorcelée. La fois d'avant, c'était discuter avec un arbre du parc pendant cinq minutes en pleine pause déjeuner – rien de difficile pour la jeune Poufsouffle qui rend visite toutes les semaines aux botrucs qui bordent la Forêt Interdite. Laelia avait rétorqué en la défiant de balader une peluche dans les couloirs de l'école tout en lui faisant la conversation – la peluche était un niffleur que la rouquine avait appelé Kyle pour l'occasion, et elle lui parlait de la météo et de son choix de tenue, c'était hilarant. En général, les deux amies se lancent des défis que l'autre ne pourra pas prévoir. Et celui d'aujourd'hui ne fait pas exception.

Ça doit bien faire deux semaines que Laelia lui parle de sa crush actuelle, Serdaigle tout aussi studieuse que discrète et d'un an leur aînée. Alors forcément, Jane a fini par retenir son prénom. Alma. Alma qui est la cible du défi du jour, défi qui ne vise évidemment pas à blesser qui que ce soit : Laelia est simplement censée soit lui révéler ses sentiments, soit l'inviter à sortir – soit les deux. La Griffith ne voit pas le mal à cela, ayant réellement développé des sentiments pour sa camarade malgré leurs maisons différentes et leur écart d'âge. Et malgré le fait qu'elles soient deux femmes – bien qu'à ce sujet, la blonde n'ait pas idée du problème sociétal auquel elle risque d'être confronté en grandissant. Faut dire que la fille de baroudeurs peine encore à réaliser que tout le monde n'est pas aussi ouvert que ses parents. La bulle dans laquelle elle a grandi du fait de ses nombreux voyages ne lui a jamais permis de vraiment réaliser à quel point certains n'acceptent pas du tout qu'une femme puisse en aimer une autre. Elle n'a jamais été confrontée à ça, du haut de ses seize ans, et elle ne sait pas ce que c'est. Mais même si elle savait, elle trouverait ça con.

Laelia elle s'en fout, elle se laisse guider par son petit cœur. Et son cœur, il s'est épris de la jolie Serdaigle, de sa douceur et de sa timidité. Et puis il bat la chamade à présent, distribuant de l'adrénaline dans tout le corps de l'adolescente – le défi, les sentiments, l'excitation se mélangent dans ses veines pour créer un joyeux bordel. Souriante comme à son habitude, la Griffith se poste devant sa camarade pour l'aborder. « Salut ! » lance-t-elle avec enthousiasme. « Moi c'est Laelia. » Elle se présente, pleine d'entrain mais polie tout de même, avant d'enchaîner avec une idée qu'elle cogite depuis le défi de Jane. « J'ai parié avec une amie que j'arriverai à convaincre quelqu'un de m'accompagner nourrir les botrucs cet après-midi même s'il fait moche, et comme on dirait que tu n'as pas cours non plus... Ça te dirait de venir avec moi ? » propose-t-elle avec toute la bonne humeur qui la caractérise. Vrai qu'il fait moche dehors. Faut dire que c'est le mois de novembre et qu'il y a des contrées où le temps est bien plus agréable que l'Écosse en cette saison. La pluie a cessé de tomber mais le ciel est gris, l'air humide, les nuages menaçants. Mais au moins ça rend crédible le défi dont elle vient de parler, d'autant plus que son ami Poufsouffle aurait vraiment pu choisir celui-là. Mais non, elle a choisi Alma. En même temps, si Laelia ne parlait pas autant d'elle ces derniers temps, elle ne se serait pas retrouvée piégée si bêtement.

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AVATARS PAR bambieyestuff et ooolympia

High school sweethearts

Ce vendredi après-midi est peu chargé pour les septième années car les professeurs ont consenti à supprimer les cours les plus tardifs. En effet, comme demain se jouera un match de Quidditch très important entre Serdaigle et Poufsouffle, ils connaissent la détermination des joueurs et madame Bibine a demandé à ses poulains de renforcer les entraînements en fin de semaine. Considérant que trop de septième années s’illustrant dans cette discipline seront absents et manqueront des cours essentiels à leurs ASPICs, deux heures de cours ont été reportées à la semaine prochaine. Et sachant que l’enthousiasme insatiable de leurs camarades les poussera à aller les encourager samedi durant tout l’après-midi (puis à fêter la victoire d’une des équipes), ce sera du temps grapillé sur leurs révisions du weekend. Or selon le corps professoral du château, les septième année se doivent de ressasser leurs cours tout au long de l’année et être assidus pour relever haut la main le grand défi des ASPICs. Ainsi donc, ce trou dans leur emploi du temps est officiellement réservé aux révisions, mais en cette fin de semaine, difficile de convaincre les étudiants de retourner potasser leurs notes et de lourds grimoires dans la bibliothèque. L’ambiance est plutôt au relâchement face à l’arrivée de ce weekend.

Pas pour tout le monde, cela dit. Alma n’a jamais été très attirée par le Quidditch et compte bien profiter de ce temps calme pour étudier. Oh elle ne restera pas dans la salle commune ce samedi… Que Serdaigle perde ou gagne, ce lieu sera le théâtre de tous les commentaires ou des festivités, envahi par ses petits camarades fardés de bleu et de bronze pour l’occasion. Même si elle est profondément attachée à sa maison, la jeune fille de nature introvertie préfère autant ne pas être mêlée au chahut de ses semblables. En temps normal, la salle commune des héritiers de Rowena est assez studieuse mais le Quidditch a le don de faire vriller les esprits les plus sages. Elle préfèrera donc la bibliothèque pour réviser en toute quiétude. Ou peut-être la salle commune de sa sœur si Mordrana accepte de passer du temps auprès d’elle.

Pour l’heure, l’héritière des Black traverse le château, son sac pendu à l’épaule, pour rejoindre les quartiers des Bleu et Bronze. Elle vient de quitter son cours d’Histoire de la Magie, un enseignement qu’elle apprécie énormément et qu’elle compte bien approfondir ce weekend lors de ses révisions. D’ailleurs, elle compte s’octroyer une petite pause avant de s’y remettre cette après-midi. Elle comptait rejoindre ses amies dans leur aller commune et bavarder un instant mais une tornade blonde déboule soudain sous son nez, l’arrêtant net dans son élan. La jeune fille est un peu plus jeune qu’elle mais Alma ne parvient pas à mettre un prénom sur ce visage qui lui est pourtant familier. Elle l’a déjà croisée dans les couloirs ou dans la Grande salle, c’est sûr. La gamine se présente sous le nom de Laelia, lui indiquant ainsi que c’est bien elle qu’elle comptait alpaguer et non pas qu’il s’agit d’une erreur ou d’un malentendu. "Oh, heu… Enchantée, moi c’est Alma." La Serdaigle se trouve toute décontenancée, ignorant ce que la Poufsouffle peut bien lui vouloir. Peut-être souhaitait-elle narguer la maison adverse avant le match de samedi, qui sait ?

L’esprit paranoïaque de la jeune Black lui fait voir le mal partout. En permanence sur la défensive, elle se retrouve encore plus désarçonnée lorsque Laelia lui parle d’aller nourrir les botrucs. Elle tique sur le mot “parier” et se demande s’il s’agit d’une blague de mauvais goût ou d’un mauvais tour pour se moquer d’elle. "Mais… Pourquoi t’as parié ça ? Ya un piège là-bas ? " L‘air absolument sincère de la petite blonde l’incite à croire que tout le monde ne peut pas être mal intentionné et surtout, Alma ne lui a jamais adressé la parole auparavant, il serait donc difficile de croire qu’elle est devenue le bouc émissaire d’une élève de Poufsouffle bien plus jeune qu’elle. Alma est une élève assez discrète et effacée, elle ne représente une menace pour personne.
…
A moins qu’elle ne la prenne pour sa jumelle ?
…
Dans le doute, elle préfère préciser. "J’ai une jumelle, si c’est à elle que tu voulais parler, elle est à Serpentard." Même si au fond, ça lui ferait plaisir d’aller voir les botrucs. Depuis sa scolarité à Poudlard, elle n’a eu l’occasion d’en voir qu’à deux reprises lors des cours de Botanique lorsqu’ils s’étaient glissés par inadvertance dans les feuillage de plantes à étudier. Il faut dire que si la jeune Serdaigle sortait un peu plus, elle en verrait davantage (et son teint ne serait pas si blafard à force de rester cloîtrée dans sa salle commune).

Pour Laelia, aborder une camarade – même d'une autre maison et d'une autre année – dans le château n'a rien d'aberrant. Au contraire, elle aime l'idée qu'il n'y ait pas de frontières entre les étudiants et qu'ils puissent tous discuter ensemble, bien qu'avec les années elle ait petit à petit remarqué que des tensions existent entre certaines maisons et même certains élèves. Du haut de ses seize ans, et forgée par une éducation très peu conventionnelle prônant l'amour des autres et l'acceptation des différences, la blonde est encore trop naïve pour avoir conscience de tout un tas de choses. Elle ne réalise pas à quel point ces barrières qui séparent parfois deux élèves – ou tout un groupe contre un ou une seule, malheureusement – existent aussi en dehors de l'école : elle n'a jamais eu honte d'être une née-moldue, au contraire elle en a fait une fierté dès la découverte de ce terme, pourtant beaucoup se serviraient sans mal de son statut de sang pour l'insulter s'ils en avaient l'occasion. Laelia est encore jeune et, surtout, elle est terriblement innocente : lorsqu'elle songe à aborder Alma, l'étudiante pour qui elle a un béguin depuis des semaines, elle n'envisage absolument que les choses puissent mal se passer.

C'est donc la bouche en cœur et armée de son rayonnant sourire qui contraste avec le temps maussade qu'elle accoste Alma. Polie, elle la salue et se présente, supposément qu'elle ne connaît pas plus que son visage puisqu'elles se sont déjà croisées tout un tas de fois – dans les couloirs, la bibliothèque, le parc... « Oh, heu… Enchantée, moi c’est Alma. » La blonde hoche la tête même si elle le savait déjà, se disant que ce serait peut-être étrange de répondre qu'elle le sait déjà. D'autant plus que la Serdaigle a l'air un peu surprise qu'elle vienne lui parler et que Laelia ne veut pas l'effrayer. « C'est joli comme prénom. Est-ce que c'est parce que ça veut dire âme qu'on t'a appelé comme ça ? » En Portugais comme en Espagnol, le prénom de la septième année a une très jolie signification, alors elle espère que le lui mentionner la détendra un peu. Peut-être même qu'elle aura le droit à un timide sourire ?

Une fois les présentations faites, Laelia a une chouette proposition à lui faire : l'accompagner pour nourrir les botrucs. Elle sait bien que ce n'est pas son défi en soi – et Jane ne manquerait pas de le lui rappeler si elle s'en contentait –, mais elle voudrait être tranquille avec la Serdaigle pour lui parler. Elle n'a pas eu de mal à remarquer que cette dernière est timide et plutôt réservée, alors elle se dit qu'elle sera plus à même de l'écouter si elles sont en tête-à-tête avec des botrucs plutôt que dans un couloir du château. « Mais… Pourquoi t’as parié ça ? Ya un piège là-bas ? » La blonde secoue la tête de gauche à droite, ne comprenant pourtant pas bien pourquoi elle voudrait piéger une camarade d'école. « Parce qu'elle m'a dit que personne n'accepterait de venir avec moi à cause du mauvais temps. » C'est vrai qu'il fait moche, mais aux yeux de la Griffith ce n'est pas une raison pour ne pas aller voir les botrucs. Au contraire, c'en est une d'y aller, notamment pour les rassurer si un orage éclate. Mais ce serait encore mieux si Alma acceptait de venir avec elle. Pour l'instant, la Serdaigle semble cependant sceptique, comme si elle ne comprenait toujours pas de quoi il s'agit. « J’ai une jumelle, si c’est à elle que tu voulais parler, elle est à Serpentard. » De nouveau, Laelia secoue légèrement la tête de gauche à droite. « Non non c'est à toi. » Elle en est même sûre, parce qu'elle a déjà vu sa sœur et qu'en plus de leurs cravates différentes, les deux n'ont pas du tout la même aura. « Je t'ai déjà vue lire dans certains coins tranquilles du parc, alors je me suis dit que peut-être tu aimais la nature en plus des livres... et donc que tu aimerais voir les botrucs, » explique-t-elle avec cette innocence qui pour beaucoup pourrait être louche chez une adolescente de seize ans. « Mais je t'espionne pas, hein, c'est juste que je vais souvent dans le parc aussi. » Elle y parle même à des arbres, beaucoup de camarades pourraient en témoigner. « Tu veux bien m'accompagner alors ? Je suis sûre que les botrucs seront contents de voir quelqu'un d'autre que moi, ils aiment bien rencontrer de nouvelles personnes. » Tant qu'elles sont gentilles, et Alma l'est forcément donc les choses ne peuvent que très bien se passer. « En plus il ne pleut pas alors on ne rentrera pas toute mouillées, » ajoute-t-elle en jetant un coup d'œil au ciel à travers une des fenêtres du couloir.

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High school sweethearts

Aux antipodes de l’éducation stricte et puriste qu’elle a reçue, la fraîcheur de Laelia déstabilise Alma. Elle semble innocente, sans arrière-pensées alors que ce n’est pas ainsi que fonctionne le reste du monde. Et quand elle la complimente sur son prénom, la Serdaigle est agréablement surprise qu’elle connaisse la signification de sa traduction en langues latines. "Merci ! Mon père a décidé qu’on m’appelle comme ça après l’avoir lu dans un livre." Certainement un livre sur la colonisation ou l’Histoire de l’Amérique du Sud, difficile à dire. Cela étant ce fut bien la seule fois où son paternel avait fait preuve de subtilité et de poésie dans sa vie. "Tu parles d’autres langues que l’anglais ?" Avant d’entrer à Poudlard, la petite Alma avait appris le latin grâce au précepteur de la famille Black. Pas très utile jusqu’ici à part pour déchiffrer les devises des maisons de Sang pur.

Très vite, la brune devient suspicieuse, ne comprenant pas qu’il n’y a jamais de sous-entendu ou de blague de mauvais goût avec Laelia. Elle est bien trop habituée aux farces des gens de leur âge, et en particulier les petits camarades de Mordrana qui la taquinent souvent sur le fait qu’elle aurait dû aller à Serpentard et que manifestement, elle n’en est pas digne. La Poufsouffle n’est pas comme eux. Alma l’ignore encore mais commence à le comprendre en constatant sa douceur et la sincérité qui trône dans son regard. "C’est vrai qu’il fait pas très beau," relève la brunette en esquissant un sourire. Mais ce n’est pas un amoncellement de nuages qui l’empêchera de sortir. Tant qu’il ne pleut pas, cela lui convient.

Laelia poursuit et lui avoue qu’elle l’a remarquée lorsqu’elle lisait seule dans le parc. Alma est à la fois étonnée, gênée et flattée. D’ordinaire, c’est sur Mordred que les gens se retournent. Sa jumelle a un tel charisme qu’elle attire tous les regards et prend toute la place. La Serdaigle ne lui en veut pas, au contraire, cela l’arrange de grandir dans son ombre. Elle préfère qu’on l’oublie pour avoir un peu de tranquillité et ne pas être assignée à des obligations familiales qui lui font horreur. "C’est vrai, on s’est déjà croisées ? Désolée, souvent je ne fais pas attention, j’ai la tête dans mes bouquins…" Alma esquisse un sourire gêné. Elle trouve sa réaction défensive du départ assez impolie, finalement. Et la proposition de sa cadette plutôt plaisante, tout compte fait. "D’accord, je veux bien ! J’en ai pas vu souvent en plus !"

Ajustant son sac sur son épaule, la Serdaigle suit sa guide, plutôt heureuse de s’être fait aussi facilement une nouvelle amie. Dehors, le ciel est couvert mais pas forcément menaçant, une aubaine pour les deux étudiantes. "Tu t’en occupes souvent des botrucs ? Il paraît qu’ils sont assez craintifs en général… Moi j’aime bien les créatures magiques mais comme j’ai peur de faire un truc qu’il faut pas et de les effrayer, ils doivent sentir que je ne suis pas à l’aise." Comme avec la plupart des gens, en fait. Alma n’est guère douée pour les relations sociales. Les seuls êtres avec qui elle sait parfaitement se comporter, ce sont les tout petits et en particulier les bébés. C’est son refuge lors des grands repas de famille pour éviter d’avoir à faire face aux adultes qui s’attendent à ce qu’elle soit aussi merveilleuse que sa jumelle.

Laelia a toujours été très spontanée. Déjà enfant, elle abordait sans difficulté ses camarades de classe à l'école – et ce qu'importe qu'elle y soit depuis deux jours ou deux mois – ou même les enfants qu'elle croisait dans les pars à jeux. Ses parents n'ont jamais cherché à réfréner cette part d'elle qui lui faisait vivre tant d'aventures et de découvertes, considérant que ces dernières étaient ce que la vie pouvait offrir de plus précieux. Leur fille était comme un petit soleil, haute comme trois pommes mais toujours un immense sourire aux lèvres et les yeux pétillants. À présent adolescente, elle n'a pas vraiment changé : elle continue d'aller vers les autres sans difficulté parce que ça lui semble tout à fait naturel, les abordant sans le moindre filtre et surtout sans aucune mauvaise intention en tête. Elle n'est pas comme ça, Laelia : elle ne complote pas, elle ne se moque pas, elle ne juge pas. Elle découvre les différences de chacun avec le sourire et elle s'émerveille de tout, comme du joli prénom de cette septième année qui la fait craquer. « Merci ! Mon père a décidé qu’on m’appelle comme ça après l’avoir lu dans un livre. » « Il a bien choisi, » affirme-t-elle, espérant que ses compliments l'aident un peu à se détendre. Et ça semble fonctionner, au moins un petit peu, car la belle Serdaigle ne la fixe plus avec de grands yeux paniqués et sa langue se délie un peu. « Tu parles d’autres langues que l’anglais ? » « Je parle aussi Portugais ! » Sa voix témoigne d'une certaine fierté de maîtriser déjà deux langues. Ses parents l'ont toujours encouragée à ce sujet et elle aime l'idée de pouvoir parler à plus de personnes grâce à ça, ayant vécu une partie de son enfance à découvrir le monde entier aux côtés de ses parents. « J'essaie aussi d'apprendre le Français mais c'est duuur. » En tout cas bien plus que l'Anglais et le Portugais, les deux langues dans lesquelles elle a été bercées, ce qui d'après ses parents est tout à fait normal.

Si elle veut pouvoir inviter sa camarade à sortir, ou même lui révéler ce qu'elle ressent pour elle, Laelia se doute qu'elle doit le faire dans un endroit plus tranquille. Sans surprise, l'idée qui lui est tout de suite venu se trouve en extérieur et ce qu'importe les gros nuages qui couvrent le ciel écossais aujourd'hui. Elle pense aux botrucs auxquels elle rend régulièrement visite et qui apprécieront sûrement de voir une nouvelle tête, inventant alors un défi qu'aurait parfaitement pu lui donner Jane. Ça pourrait presque être un défi préalable, en réalité, mais ça la Griffith préfère ne pas l'expliquer pour ne pas effrayer Alma. « C’est vrai qu’il fait pas très beau. » Est-ce que ça veut dire qu'elle va accepter de la suivre ? Pour l'instant, la Serdaigle ne semble pas convaincue que Laelia ne se soit pas trompée de jumelle. Alors la sixième année insiste, expliquant que ce n'est pas la première fois qu'elle remarque son aînée bouquiner dans le parc. Est-ce que c'est flippant, dit comme ça ? Elle espère que non, n'ayant en tout cas jamais penser à mal lorsque son regard se posait sur la jolie Serdaigle à l'air si studieux. « C’est vrai, on s’est déjà croisées ? Désolée, souvent je ne fais pas attention, j’ai la tête dans mes bouquins… » « C'est pas grave ! » assure-t-elle aussitôt qu'elle remarque qu'Alma a l'air embarrassée de ne jamais l'avoir remarquée. C'est alors que, sans se départir de son sourire, la jeune Poufsouffle renouvelle sa proposition d'aller voir les botrucs ensemble, soulignant que ces derniers seront sûrement ravis de rencontrer une nouvelle personne. « D’accord, je veux bien ! J’en ai pas vu souvent en plus ! » Le sourire de Laelia s'agrandit au point de barrer son visage tandis que ses yeux se mettent à pétiller. Un premier rendez-vous autour de botrucs, c'est parfaitement romantique, pas vrai ? « Chouette ! Tu vas voir, ils sont très gentils. Il ne faut juste pas parler trop fort avec eux, » précise-t-elle, non pas parce que sa camarade semble particulièrement bruyante – bien au contraire – mais parce que c'est souvent l'erreur que font les élèves qui veulent les approcher. Même des pas un peu lourds peuvent les effrayer, ces adorables petites créatures.

C'est cependant d'un pas léger que Laelia conduit son aînée jusqu'au parc, aux anges d'avoir réussi à la convaincre. Elle lève le nez par le ciel qui est encore couvert mais devrait leur épargner la pluie, en tout cas c'est ce qu'elle espère. « Tu t’en occupes souvent des botrucs ? Il paraît qu’ils sont assez craintifs en général… Moi j’aime bien les créatures magiques mais comme j’ai peur de faire un truc qu’il faut pas et de les effrayer, ils doivent sentir que je ne suis pas à l’aise. » Plaçant ses cheveux emmêlés sur l'une de ses épaules pour dégager son champ de vision et mieux observer Alma, elle lui offre un sourire. « J'y vais souvent oui, j'aime bien discuter avec eux. Et je crois qu'ils aiment bien me voir. » Cela fait en tout cas bien longtemps qu'ils ne se cachent plus dans les crevasses des arbres en l'entendant approcher. « C'est vrai qu'ils sont très craintifs, mais ils apprennent à faire confiance aux humains qui sont gentils avec eux. Au début, ils se cachaient quand j'arrivais, alors que maintenant ils râlent quand je n'ai pas le temps de venir à cause des cours,  » raconte-t-elle avec un rire. « Je vais te les présenter, tu vas voir ce sera chouette. Et je suis sûre qu'ils vont t'aimer. » Elle ne peut pas en douter, imaginant la Serdaigle comme aussi douce qu'elle-même et donc forcément compatible avec la présence de botrucs. Ces dernières partagent d'ailleurs avec elle un grand point commun : une timidité certaine.

Lorsque Laelia repère finalement l'arbre où elle sait pouvoir trouver de nombreux botrucs, elle le pointe du doigt. « Il y en a plein qui vivent ici. » Inconsciemment, elle s'est mise à parler plus bas. Aux côtés de Laelia, elle franchit les derniers mètres qui les séparent de l'arbre en question, s'assurant de ne pas faire trop de bruit en marchant. « Coucou. » Certains botrucs, reconnaissant la voix de l'adolescente qu'ils ont l'habitude de voir, s'approchent déjà des branches les plus accessibles. D'autres, plus méfiants, restent immobiles voire cachés et semblent fixer la Serdaigle à ses côtés. « Je vous ai amené une copine. Elle s'appelle Alma et elle est très gentille. » Elle se tourne alors vers la principale concernée. « Tu peux leur dire bonjour, » Naturellement, la Griffith tend la main vers l'arbre et un botruc vient s'y poser, habituée à ce qu'elle le mette ensuite sur son épaule – ce qu'elle ne tarde pas à faire. Rendre visite à des botrucs et discuter avec eux, c'est normal pour elle, mais qu'en sera-t-il pour Alma ?

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